Citations de Laure Noualhat (31)
Si le cycliste était socialement plus valorisé que le conducteur de quatre-quatre, peut-être que les hommes en manque de virilité lâcheraient le volant de leur SUV.
Faisons le point. C'est trop tard + je ne suis rien + je suis coupable + c'est bien fait pour nous + j'y pense 64 800 fois par jour (c'est-à-dire à chaque seconde éveillée) = je deviens zinzin. Et je tombe, logique! Ne nier ni la fin probable ni les possibles souhaitables, voilà l'espace inconfortable dans lequel batifolent les écolos. Forcément, après plusieurs années, l'épuisement et la dépression guettent.
En quinze ans de présence, j'ai écrit 1 522 articles dans Libération, dont 90% sur des questions d'environnement. Très peu d'eux témoignent d'une bonne nouvelle. C'est comme fossoyeur ou oncologue au pavillon des enfants, on ne se marre pas des masses en travaillant. Ce fut la valse de la sidération, le tournis des reportages qui transforment.
Le jour de sa mort, personne ne regrette de ne pas avoir passé assez de temps sur Instagram.
P 153 – Carolyn Baker « voilà pourquoi il est important de s’ouvrir à cette crise et de la laisser nous inculquer le plus grand enseignement de nos vies. Il faut vite cesser de croire que nous pourrons l’éviter. » Il s’agit d’une crise existentielle, c’est à dire d’une affaire de vie et de mort. « Nous ne pouvons pas affronter ces questions avec seulement de la science, des faits et de la raison. Il y a toute une série d’autres choses à explorer, comme l’amour, la mort, l’éternité, le sacré et la souffrance. »
P 165 – Aristote « il faut jouer pour être sérieux. »
Vouloir changer le monde? Un peu vain et déjà tenté mille fois. Se battre? Épuisant, même quand l'énergie est utilisé à bon escient. Alors que faire? Comment s'occuper dans les mois, les années, les décennies qui viennent? Agir dans les espaces de liberté restants, ceux où nous avons encore une prise, pour retrouver du sens au temps qu'il nous reste.
P 119 – tout se résume à une poignée de questions : quelle personne ai-je envie d’être dans les temps qui viennent, que puis-je offrir au monde ? Quel changement puis-je opérer ? (…) je veux bien qu’on ait désormais une ère géologique à notre nom, l’anthropocène, mais il ne faut pas exagérer, nous n’achèverons pas la vie ! Elle reprendra ses éprouvettes et réarrangera son cadre de créativité. Savoir qu’elle nous survivra a quelque chose d’intersidéralement rassurant (ou non). Alors un conseil : épargnez-vous quelques années an vous asseyant sur un tabouret.
P 145 – Honorer le sacrifice du vivant, partager notre peine pour le monde, faire le deuil du vieil avenir… voilà des programmes qui nous dépassent ! l’écopsychologie préconise d’accorder une certaine solennité à ces évènements et de les reconnaitre pour ce qu’ils sont » voilà pourquoi Weller propose qu’on ritualise ces moments, car la ritualisation répare, elle est un moyen de cimenter « l’être ensemble ».
P 147 – je me suis adressée à la petite fille ou au petit garçon que je n’ai pas fait. « Tu vois, c’est moche, lui ai-je glissé tout bas, j’ai manqué de courage…. Et d’amour aussi. Mais de courage surtout. Je n’ai pas voulu, moi, te voir violé(e), affamé(e), perdu(e), alors je ne t’ai pas fait monter au monde. (…) j’ai manqué de courage, mon amour, mais j’en ai aussi beaucoup. Il faut en avoir pour ne pas te vouloir ou, pire, te vouloir sans t’avoir. Des fois, tu me manques un peu. Le monde est moins doux, parait-il, sans toi. Il est aussi plus libre. Tu serais fier(e), car j’ai transformé beaucoup de mes peurs en énergie, ma colère en action, mon ventre vide en fertilité infinie. (…) tu es bien là où je t’ai laissé(e). »
P 152 – Imaginez l’histoire de la Terre rassemblée dans une seule journée : 1 heure représente 187,5 millions d’années, et 1 minute figue 3,125 millions d’années. Homo sapiens débarque dans les 5 dernières secondes (il y a 250 000 ans). Se souvenir de cela donne le vertige, en particulier quand on s’aperçoit que notre grande mue a commencé il y a quatre millièmes de secondes (si on considère que l’invention du moteur à explosion, il y a deux cents ans, fut décisive). Nous sommes autant le résultat d’un miracle que celui d’une malédiction.
P 156 – Michel Maxime Eger « les clés du réenchantement sont la gratitude et l’émerveillement »
P 157 – Nietzsche « nous avons l’art pour ne pas mourir de la vérité »
P 159 – Claire Nouvian « je me cogne le plus souvent possible à la beauté, elle me console »
P 160 – Rire – deux extraterrestres se promènent dans les vestiges de la civilisation humaine, un peu décontenancés. Le premier s’assieds et demande : _ et quand ils ont découvert que tout allait s’effondrer, qu’ont-ils fait ? _ Bah, des conférences, répond l’autre.
P 163 – Hubert Reeves « l’histoire de la petite planète bleue rencontrant la petite planète blanche. La première se sent fiévreuse et toute raplapla, la seconde l’ausculte du pôle Nord au pôle Sud avant de s’exclamer : _ Ah ! Mais je vois ce que tu as : tu as attrapé l’humanité. Je l’ai eue, moi aussi. _ Mince ! Et c’est grave ? _ Non, ne t’inquiète pas : ça part tout seul !
P 163 – l’humour est plus sage qu’il n’y parait : il marque les limites de nos espérances, se moque de nos déceptions ; avec lui, on assouplit la douleur, on conjure ses terreurs, on se rit de tout. D’un pas de côté, on évite le trente-trois tonnes psychologique qui nous fonce dessus. (…) des gens qui rigolent ne se laissent pas contrôler, contrairement à ceux qui dépriment ou s’enferrent dans la peur. (p 166 – le clown est tout de même un soldat pacifiste dont les seules armes sont les idées retournées »
P 170 – l’impermanence et l’interdépendance, voilà les deux lois que nous passons notre vie à oublier : l’impermanence parce que le vivant est sans cesse en mouvement, rien n’est figé, ni solide, ni définitif ; l’interdépendance, parce que nous sommes liés à tout ce qui existe.
P 171 – pascale Canobbio « notre monde est une solidification de nos refus. Il faut se dire « tais-toi ! » aussi souvent que possible. » Dire non au refus.
P 175 – Corinne « je cuisine, je plante, j’aménage, je fume, je lis, j’écoute beaucoup de musique (…) je me fais du bien » eh bien voilà, c’s dit : la fin d’un monde attendra.