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Citations de Lauren Groff (122)


C’est grâce à un message d’Antoinette qu’une idée lui vint, un petit article découpé dans un magazine au sujet de Han Van Meegeren, ce faussaire qui avait réussi à convaincre le monde entier que ses propres tableaux étaient de Vermeer, bien qu’il ait donné à tous ses Jésus son propre visage. Antoinette avait entouré la radiographie d’un faux tableau où, à travers le visage fantomatique d’une fillette, on voyait apparaître l’image peu inspirée du XVIIe siècle par-dessus laquelle Meergeren avait peint : une scène de ferme, avec des canards et des abreuvoirs. Une image fausse recouvrant une mauvaise base. Cela me rappelle quelqu’un, commentait Antoinette.
Mathilde se rendit à la bibliothèque un week-end où Lotto était parti camper dans les Adirondacks avec Samuel et Chollie, virée qu’elle avait elle-même organisée pour être tranquille. Elle trouva la reproduction qu’elle cherchait dans un gros livre. Au premier plan, un magnifique cheval blanc portant un homme en robe bleue, une foule confuse de têtes et de chevaux, un étonnant bâtiment sur une colline, sur fond de ciel. Jan Van Eyck, avait-elle découvert quelques années plus tôt à l’université. Quand on leur avait montré la diapositive en cours, son cœur s’était arrêté.
Mon Dieu, elle l’avait tenu entre ses mains dans la minuscule pièce sous l’escalier chez son oncle. Elle l’avait humé : bois ancien, huile de lin, siècles lointains.
« Volé en 1934, avait annoncé le professeur. Ce panneau appartenait à un retable. On pense qu’il a été détruit il y a fort longtemps. » Il montra ensuite une autre diapo représentant un chef-d’œuvre volé, mais elle n’avait plus que des étoiles dans les yeux.
À la bibliothèque, elle paya pour faire une photocopie en couleur et tapa une lettre. Pas de salutations. Mon oncle*, commença-t-elle.
Elle envoya par courrier la photocopie et la lettre.
Une semaine plus tard, elle préparait des spaghettis et du pesto, tandis que sur le canapé Lotto fixait Fragments d’un discours amoureux d’un œil vague, respirant par la bouche.
Il décrocha quand le téléphone sonna. Écouta. « Oh, bonté divine, dit-il en se levant. Oui, Monsieur. Oui, Monsieur. Oui, Monsieur. Bien sûr. Je ne pouvais me réjouir davantage. Demain, à neuf heures. Oh merci. Merci. »
Elle se retourna, une cuillère fumante à la main. « Qu’est-ce qui se passe ? »
Il était pâle et se frottait la tête. « Je ne sais pas. » Il se rassit lourdement . Elle s’approcha, s’agenouilla devant lui, le prit par les épaules. « Chéri ? Il y a un problème ?
– C’était Playwrights Horizons. Ils veulent monter Les sources. Un producteur privé en est dingue et il est prêt à payer. »
Il appuya la tête contre Mathilde et fondit en larmes. Elle embrassa ses cheveux pour dissimuler son expression, qui, elle le savait, était sombre, féroce.
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"... car le temps est impassible, plus animal qu'humain. Le temps se moque que vous tombiez en dehors de sa sphère. il continuera sans vous. Il ne peut pas vous voir; il s'est toujours montré aveugle aux humains, à toutes vos tentatives de l'arrêter, taxonomie, nettoyage, rangement, ordre."
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"Le mariage est un tissu de mensonges. D'omissions. Si tu devais exprimer ce que tu penses au quotidien de ton conjoint, tu réduirais tout en miettes"
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Ce sommeil paisible, quand on est né homme, riche, blanc, américain, en ces temps de prospérité, à une époque où les guerres se déroulent au loin.
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Lancelot Satterwhite baignait dans l'adoration comme un canard dans sa mare. Il voulait juste nager dans un océan d'adoration, mais sans jamais se mouiller, en restant à la surface.
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Elle avait toujours détesté les femmes enceintes. Le cheval de Troie originel.
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Le doyen avait des sourcils semblables à des chenilles capables de ravager des pommiers en une seule nuit.
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Un instant, elle envisagea de tout lui raconter, mais cela le blesserait, pensa-t-elle, et elle sut qu’elle se tairait. Qu’elle le protègerait. Mieux valait qu’il croie sa mère dure plutôt que cruelle.
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- Sacré ego que le tien. C'est affreux que tu n'aies pas été le seul homme pour elle. Cette femme a récuré tes toilettes pendant vingt-trois ans et tu lui en veux pour la vie qu'elle a menée avant de te connaître.
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Une bruine épaisse tombant du ciel, tel un soudain mouvement de rideau. Puis les oiseaux cessèrent d'accorder leurs cris, l'océan se tut. Sur l'eau, les lumières des maisons s attenuerent.
Deux personnes s'en venaient sur la plage. Elle était blonde et osseuse dans son bikini vert bien qu'on fût en mai dans le Maine et qu'il fit froid. Il était grand, vif; une lumière l animait, qui attiraitle regard, le capturait.ils s'appelaient Lotto et Mathilde........
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Il s’occupait de son éducation. Voilà comment on doit couper sa nourriture, commander le vin. Voilà comment on laisse croire aux gens qu’on partage leur opinion sans rien dire.


FURIES Chapitre 10.

C'est la pire des citations dont je me souvienne.
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« Léo n’avait pas encore écrit de musique, mais il avait fait des dessins sur du papier d’emballage volé en cuisine. Les feuilles s’enroulaient sur elles-mêmes, accrochées au mur de son cottage, esquisses d’entrelacements, extensions du corps mince et léger du jeune homme. La forme de la mâchoire de Léo quand il se mettait de profil, dévastatrice ; cette manière qu’il avait de se ronger les ongles jusqu’au croissant, les fins cheveux éclatants au creux de sa nuque. Son odeur, de tout près, pure et propre, blanchie. [ Les êtres nés pour la musique sont les plus aimés de tous. Leur corps est le réceptacle de l’esprit qui l’anime ; le meilleur en eux, c’est la musique, le reste n’est qu’instrument de chair et d’os.]
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Dans la mélancolie de ces après-midi, Pot pépiait jusqu’à ce que ma mère rentre à son tour de sa dure journée au lycée de Van Hornesville, où elle enseignait la biologie. Non, d’ailleurs ma mère ne rentrait pas : elle s’engouffrait telle la tornade qu’elle était, tapant des pieds pour faire tomber la neige de ses bottes, faisant s’envoler de grands nuages gelés de ses épaules. « Oh, mon Dieu, Lollie, toujours rien ? » disait-elle en ôtant son bonnet, libérant ses abondants cheveux gris.
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Dans vingt ans, ils auraient des maisons de campagne et des enfants aux noms littéraires prétentieux, ils prendraient des leçons de tennis, auraient des voitures affreuses et des liaisons avec de jeunes stagiaires sexy. Des tornades de passe-droits, tout en tourbillon. bruit et destruction, avec du vide au milieu.
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« Peu importe. Je suis tout ce que tu auras jamais. Diablesse", ils t'appelaient. Je dois dire que je n'ai vu aucun démon en toi, à ma grande déception. Donc, soit il n'existe pas, soit tu as appris à le dissimuler, comme toutes les personnes réellement mauvaises. -Peut-être que vivre dans la peur chasse les démons qui nous habitent. L'exorcisme par la terreur.» Elle avala son eau, remplit son verre de vin et le but.
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Car c’est là une vérité humaine et profonde que les âmes terrestres en général ne se sentent pas à l’aise tant qu’elles ne se trouvent pas en sécurité entre les mains d’une puissance supérieure à la leur.
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Ce soir, il comprenait sa mère qui s'était enterrée vivante dans sa maison sur la plage. Ne plus risquer les souffrances qu'inflige le contact avec les autres. Il écouta la force noire qui battait au-dessous de ses pensées, elle était là depuis toujours, depuis la mort de son père. Lâcher prise
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Lotto ne pouvait oublier sa femme, mais elle existait dans une autre dimension, constante, inchangée,il avait son rythme gravé dans ses os. A chaque minute, il savait où elle était (là, elle battait des œufs pour faire une omelette ; là, elle traversait les champs gelés pour aller fumer en cachette au bord de l'étang, comme toujours lorsqu’elle était en colère.) Or Lancelot existait, en cet instant, dans une dimension où tout ce qu'il était, tout ce qu'il savait, avait été mis sens dessus dessous et, chose prévisible, avait explosé.
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Jude vivait seul dans la maison. Il laissa crever les souris, puis il jeta les serpents dans les marais, hautes paraboles frétillantes.
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On attendait. Le Monsieur Météo à la télé imitait le tourbillon du cyclone en un mime courageux et inepte. Toutes les autres créatures terrestres s'étaient aplaties, enterrées. De ma fenêtre, je guettais, capitaine à la barre, quand la première bourrasque a atteint les chênes à l'autre bout de l'étang et a balayé l'eau. Elle a fait frissonner ma pelouse, mon jardin et secoué comme des cloches les courgettes qui n'étaient pas encore cueillies. Puis le vent a frappé la maison. Allez, vas-y lui ai-je crié. Á moins que ce ne soit encore une de ces choses que j'ai seulement murmurées au cours de ma vie absurde.
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