Un grand merci aux Editions Stock et à Babelio pour cette masse critique.
Voilà un premier roman qui mérite l’attention, La première guerre mondiale et ses tranchées de l’horreur. Thomas jeune soldat et narrateur décrit la peur, les conditions atroces, les moments d’accalmie entre deux feux terrifiants avec un sens aigu du détail, le quotidien de ces hommes sacrifiés pour une parcelle de no man’s land. L’échappatoire par le rêve pour ne pas sombrer dans la folie et le désespoir. Le souvenir de la belle Colombe, source de douceur et de joliesse, pour effacer le champ de bataille ne serait-ce que quelques minutes. L’écriture de Laurence Campa fait merveille, elle capte ces moments de terreur ou tout bascule, génération massacrée dans d’horribles conditions.
Laurence Campa signe un premier roman à l’écriture poétique et imagée pour tenter de gommer les blessures béantes laissées par la guerre. A découvrir.
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Le sous titre- "la poésie perpétuelle"- , invite à mettre très vite le livre tout en haut de la PAL.
Premier plaisir à la découverte des premières pages qui reprennent des photographies de manuscrits: promesse d'une lecture différente.
Promesse tenu par les nombreuses insertions pertinentes (au sens de "en rapport avec le texte" et pas seulement comme "décoration") de photographies, caricatures, dessins, tableaux , fac-similés, particulièrement adaptées à la poésie "graphique" de Guillaume Apollinaire.
Et le fond? Développement chronologique de la vie de Guillaume Apollinaire, influences croisées avec d'autres auteurs, peintres ... sont attendus et présents.
Mais un autre intérêt majeur de cet ouvrage est l'invitation à un voyage plus vaste, permettant de "humer" l'air de l'époque, en évitant les stéréotypes ou simplifications outrancières, en donnant à voir les tendances contradictoires, leurs avancées ou évanouissement, parfois liés à des événements très prosaïques!
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«Hommes de l’avenir souvenez-vous de moi
Je vivais à l’époque où finissaient les rois.» (G. A.)
800 pages de bonheur de lecture en compagnie d’Apollinaire.
Ce n’est pas rien, ça ne se refuse pas.
Wilhelm de Kostrowitzky, né de père inconnu et d’Angelica de Kostrowitzky, sombre et vénéneuse, poursuivie par ses rêves et ses créanciers.
Une belle errante qui travaillait «à la mue des jeunes gens en les dispensant de promesses en mariage ou épargnait aux hommes respectables les risques du jupon fangeux.»
«Ton père fut un sphynx et ta mère une nuit.» (G. A.)
Le poète dut s’inventer comme il inventa la poésie.
Apollinaire, l’enchanteur du réel, né à la poésie dans le symbolisme finissant, héritier de Villon et Nerval.
«Je voudrais qu’aimassent mes vers un boxeur nègre américain, une impératrice de Chine, un journaliste boche, un peintre espagnol, une jeune femme de bonne race française, une jeune paysanne italienne et un officier anglais des Indes.»
Apollinaire, français depuis huit jours, quand un obus lui troua la tête en mars 1916 dans les tranchées de Champagne.
Des amours : Annie l’inaccessible anglaise, l’excentrique Marie, la perverse Lou, la prude Madeleine, la dévouée Jacqueline.
«Je me croyais mal aimé, tandis que c’est moi qui aimais mal.»
(G. A.)
Des amis : Alfred Jarry et Arthur Cravan, deux fous à lier, le fidèle Max Jacob, Cendrars le vagabond…
Des petits boulots alimentaires comme celui, éloquent, de rédacteur anonyme au «Guide du rentier pour la défense des petits capitalistes». Tout un programme pour Guillaume le poète libertaire.
«Non au lieu de travailler, j’ai fait des vers, j’ai eu des rêves, je me suis occupé de littérature, merde, merde.» (G. A.)
Apollinaire, l’ami des peintres : Picasso, Braque, le Douanier Rousseau, Delaunay, Picabia…
Montmartre, Montparnasse, la vie de bohème avec plumes et pinceaux, caprices de Fortunes, ateliers et soupantes, scandales et soucoupes volantes, gros rouge qui tache et noir opium qui fâche.
Le Paris des fauvistes, cubistes, futuristes et autres…fumistes !
Puis vint la guerre.
Obus-Roi plus tragique qu’un Ubu-Roi.
«Le soleil est là c’est un cou tranché.» écrit le poète poilu.
Puis le trou dans la tête…vision du peintre De Chirico.
L’éclat d’obus le laissera affaibli pour toujours.
Trépané, en convalescence, il reçoit une lettre d’un certain Hugo Ball, signée Dada.
La page se tourne, déjà…
Breton, Soupault, Char trinquent leurs vers automatiques en buvant les oracles d’Apollinaire.
Les nouveaux insolents.
Ils sentent déjà la prochaine guerre…
Tout près couve la révolution russe.
Le 9 novembre 1918, le Kaiser vient d’abdiquer.
Tête blessée, poumons gazés, grippe espagnole.
Il est cinq heures du soir.
Dehors le peuple français chante la victoire.
L’entend-il ?
Max Jacob, Cocteau et Jacqueline veillent.
Le poète va mourir.
Quand Cendrars arriva au Père-Lachaise, la cérémonie était terminée.
«Regardez, dit-il à Raymonde et Léger, regardez, c’est prodigieux ! On dirait la tête d’Apollinaire.»
Une motte de terre «avait exactement la forme de la tête d’Appollinaire. C’est bien lui. Nou l’avons vu. Apollinaire n’est pas mort. Bientôt il va se manifester. N’oubliez pas ce que je vous annonce.»
Ce livre est remarquable.
Ce livre est aussi notre mémoire.
Ne l’oublions pas.
«Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours, faut-il qu’il m’en souvienne ?
La joie venait toujours après la peine. (G. A.)
Ne l’oublions pas.
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Lu dans le cadre de la Rentrée Littéraire Cultura.
D’emblée le lecteur se retrouve dans les tranchées, dans ce qui est la vie des poilus de première guerre mondiale entre deux attaques.
Mais si vous croyez avoir tout lu ou vu sur cette période le livre de Pierre Lemaître notamment il n’y a pas si longtemps, et plus anciennement le magnifique « Un long dimanche de fiançailles » de Sébastien Japrisot et sa belle adaptation cinématographique, ainsi que le film « Joyeux Noël », je peux vous assurer que vous serez surpris.
C’est Thomas qui raconte et il est vraiment très jeune, il a devancé l’appel, la tête pleine d’aventures qu’auraient vécues ses ancêtres, il est l’ordonnance du capitaine Dupray.
Ce jeune homme est rempli de rêves et de chagrins, il s’est jeté dans la guerre comme on se jette à l’eau. Il se retrouve dans un monde d’hommes, il est apprécié, mais c’est la vie des tranchées où la réalité ne laisse pas de place aux rêves et peu à l’espoir.
C’est avant tout la boue des tranchées que l’auteur appelle « l’étoile de mer », les tactiques, les morts, et l’attente longue très longue pour savoir ce qui va ressortir du no man’s land. Ce sont des ombres, des bruits et surtout des odeurs, celle de la mort qui rode.
C’est l’histoire d’une jeunesse perdue, des femmes qui ont fait rêver et de celles qui seront là si l’on revient de l’enfer.
C’est aussi cette vie qui se fait dans ces tranchées, celle du compagnonnage, de la fraternité « compter les morts et guetter les vivants ».
C’est cette vie d’une densité extraordinaire sous ces « orages d’acier ».
Un roman court et compact où l’auteur a fait un remarquable travail de reconstitution en sachant garder une plume littéraire et poétique.
Les métaphores sont à ce roman ce que les rimes sont au poème, une respiration.
Une belle émotion.
Chantal Lafon-Litteratum Amor 22 août 2017
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Au moment où certains, à commencer par un gouvernement français tout occupé à satisfaire la droite, voire à séduire les électeurs d'extrême-droite, s'apprêtent à relever encore plus haut les frontières, au moment où tant de propos odieux et xénophobes s'entendent, jusque sur les bancs de l'assemblée, pour condamner les immigrés et les rejeter à la mer, un livre magnifique en hommage aux mères migrantes, à ces nomades arrivées des quatre coins du monde et qui ont élevé, parfois dans de grandes difficultés, leurs filles en territoire étranger... Les textes illustrés de documents retrouvés dans les tiroirs familiaux sont souvent très émouvants, quand on retrouve toute la poésie du coeur, sous les plumes sensibles d'Ananda Devi, d'Hélène Frappat, de Laurence Campa, de Leïla Sebbar ou de Véronique Tadjo. Il n'y manque, peut-être, dans ce recueil de femmes exaltant la fierté de leurs mères voyageuses, que la voix des filles de l'exil républicain espagnol...
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Merci à Net Galley et aux éditions Stock de m'avoir permis de découvrir ce roman en avant première :)
Colombe sous la lune est un très bon roman sur la première guerre mondiale, un ouvrage très bien écrit et vraiment touchant.
Je connais mal cette première guerre, j'ai bien sur lu des romans dessus, mais beaucoup moins que sur la seconde guerre mondiale.
Et j'ai aimé ce roman, on a vraiment l'impression d'être dans les tranchées avec le narrateur, Eugène.
C'est bien écrit (je sais, je l'ai déjà dit ;) ), et on sent que l'auteur s'est beaucoup documenté pour livrer ici un roman qui peut ressembler quelque part à un témoignage de ce que les jeunes gens de l'époque ont vécus dans les tranchées.
J'ai trouvé le narrateur très touchant, j'ai par moment frissonné avec lui car j'avais vraiment l'impression de vivre moi aussi cette guerre.
Certains passages sont assez durs, ce qu'il a vécu n'est pas une partie de plaisir.
C'est un livre sur ce qui c'est passé pendant la guerre mais aussi sur l'après blessure, car le jeune garçon blessé va devoir s'en sortir... Et c'est pas si facile que ça quand on a vécu tant d'horreur.
Nous même nous attachons à certains de ces camarades en nous doutons bien que certains ne survivront pas... mais qui ?
On se doute que le narrateur survivra.. à moins que...
Colombe sous la lune est un roman très bien ficelé, très prenant, touchant, et que je recommande chaudement.
Je mets quatre étoiles et demie, et décidément cette rentrée littéraire est très prometteuse, avec de jolies découvertes :)
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Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Apollinaire, dont la vie fut si brève, a fasciné ses contemporains et continue de nous émerveiller par sa singularité et sa liberté créatrice. Laurence Campa restitue la trajectoire de celui qui se « savait fils du mystère et du hasard ». Le livre est riche d'une abondante documentation qui plonge le lecteur au coeur même de la genèse et de l'oeuvre de celui qui, né « Guglielmo Alberto Wladimiro Alessandro Apollinare de Kostrowitzky » en 1880, meurt en 1918, emporté par la grippe espagnole. C'est un vrai bonheur que de découvrir les facsimilés de ses poèmes manuscrits, tel « Acousmate » où le jeune homme de vingt ans s'essaie à signer du nom qu'il s'est inventé.
Tout un univers est ainsi offert par ses portraits, les photos de celles qu'il a aimées, de ses nombreux amis artistes et de leurs oeuvres, le contexte d'une époque tumultueuse et d'une créativité exceptionnelle. On y lit son goût pour « les images et les associations d'idées, qui disent mieux sa vérité personnelle et poétique » que des discours théoriques. En fin de volume, des témoignages et documents sont autant d'éclairages sur l'homme et le poète qu'il fut, suivis d'une bibliographie sélective, d'une table des illustrations et d'un index. Il faut absolument lire et relire ce livre tout en se plongeant dans l'oeuvre de Guillaume Apollinaire ! Colette Broutin
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Intéressant si on adore la littérature, comme nous le sommes tous a priori sur Babelio.
Le classement par ordre alphabétique peut être pratique pour des études de lettres, le lycée ou sa curiosité personnelle, les biographies des auteurs sont bien faites ainsi que l'explication des mouvements littéraires.
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Je tiens à remercier les Editions Stock et l'action Masse Critique de Babelio pour m'avoir envoyé et permis de lire ce livre!
Que dire, nous suivons le point de vue d'un jeune homme enrôlé de plein gré dans les troupes françaises pendant la première guerre mondiale.C'est un roman très bien écrit, sur la guerre, et l'après-guerre.
En commençant ce livre, on se retrouve directement dans les tranchées, sans aucun préambule.
On y découvre l'horreur des ripostes entre les deux camps ainsi que l'horrible attente lorsque les ordres sont donnés et qu'il faut attendre.
Parfois, on ne sait pas si ce qu'on raconte est la réalité ou un rêve, car notre protagoniste oscille souvent entre les deux, ce qui est pour moi un témoignage poignant de ce qui peut se passer dans la tête d'un soldat quand il est confronté au danger permanent.
Pendant la période après-guerre, on peut avoir un aperçut de comment les soldats peuvent se reconstruire (ou non), on suit leurs pensées et on se rend compte de la guerre qui les hantent encore longtemps.
On apprend pas mal de choses sur les poilus et on sent vraiment que l'auteur a fait des recherches au préalable.
J'ai passé un très bon moment de lecture, malgré le thème difficile. Je le recommande à tous.
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Ce n'est pas la première biographie d'Appolinaire que je lis mais j'ai un faible pour cette collection que je trouve très ludique. Tous les documents qui sont intégrés permettent de rentrer dans l'époque et dans la vie de l'auteur. Un livre riche d'info sur la vie d'artiste d'Appolinaire, ses rencontres, ses amis. Moins sur sa vie privée hélàs ...car je pense que c'est ce qui est à la base de tout oeuvre. Mais comme j'ai aussi acheté le "gros bouquin " ( dédicacé herself ) de Campa sur Appolinaire, je pense que j'en saurais un peu plus.
Un bon petit bouquin à avoir.
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