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Citations de Le Cardinal de Retz (82)


C’est la conjuration de Jean-Louis de Fiesque, comte de Lavagne, qu’il faut reprendre de plus loin, pour en connoître mieux les suites et les circonstances.
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Le Cardinal de Retz
La vérité jette, lorsqu'elle est à un certain carat, une manière d'éclat auquel on ne peut résister.
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Je priai M. de Beaufort de demeurer à la porte du parquet des huissiers pour empêcher le peuple d’entrer et le Parlement de sortir. Je fis le tour par la buvette, et quand je fus dans la grande salle, je montai sur un banc de procureur, et ayant fait un signe de la main, tout le monde cria silence pour m’écouter. Je dis tout ce que je m’imaginai être le plus propre à calmer la sédition [...] Il me fallut jouer, en un quart d’heure, trente personnages différents. Je menaçai, je caressai, je commandai, je suppliai ; enfin, comme je crus me pouvoir assurer du moins de quelques instants, je revins dans la Grande Chambre, où je pris Monsieur le Premier Président que je mis devant moi en l’embrassant. M. de Beaufort en usa de la même manière avec M. le président de Mesmes, et nous sortîmes ainsi avec le Parlement en corps, les huissiers à la tête. Le peuple fit de grandes clameurs ; nous entendîmes mêmes quelques voix qui criaient : « République ! » Mais l’on n’attenta rien, et ainsi finit l’histoire.
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J’oubliais presque M. le prince de Conti, ce qui est un bon signe pour un chef de parti. Je ne crois pas vous le pouvoir mieux dépeindre, qu’en vous disant que ce chef de parti était un zéro, qui ne multipliait que parce qu’il était prince du sang. Voilà pour le public. Pour ce qui était du particulier, la méchanceté faisait en lui ce que la faiblesse faisait en M. le duc d’Orléans. Elle inondait toutes les autres qualités, qui n’étaient d’ailleurs que médiocres et toutes semées de faiblesses.
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La Reine avait, plus que personne que j’aie jamais vu, de cette sorte d’esprit qui lui était nécessaire pour ne pas paraître sotte à ceux qui ne la connaissaient pas. Elle avait plus d’aigreur que de hauteur, plus de hauteur que de grandeur, plus de manières que de fond, plus d’inapplication à l’argent que de libéralité, plus de libéralité que d’intérêt, plus d’intérêt que de désintéressement, plus d’attachement que de passion, plus de dureté que de fierté, plus de mémoire des injures que des bienfaits, plus d’intention de piété que de piété, plus d’opiniâtreté que de fermeté, et plus d’incapacité que de tout ce que dessus.
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Le Roi sortit de Paris justement à ce moment, et je l’appris, à cinq heures du matin, par l’argentier de la Reine, qui me fit éveiller, et qui me donna une lettre écrite de sa main, par laquelle elle me commandait, en des termes fort honnêtes, de me rendre dans le jour à Saint-Germain. L’argentier ajouta de bouche que le Roi venait de monter en carrosse pour y aller, et que toute l’armée était commandée pour s’avancer. Je lui répondis simplement que je ne manquerais pas d’obéir. Vous me faites bien la justice d’être persuadée que je n’en eus pas la pensée. […]
... je jugeai à propos de chercher une couleur au peu de soumission que je témoignais à la Reine en n’allant pas à Saint-Germain. Je fis mettre mes chevaux au carrosse, je reçus les adieux de tout le monde, je rejetai avec une fermeté admirable toutes les instances que l’on me fit pour m’obliger à demeurer ; et, par un malheur signalé, je trouvai, au bout de la rue Notre-Dame, Du Buisson, marchand de bois, et qui avait beaucoup de crédit sur les ports. Il était absolument à moi ; mais il se mit ce jour-là de fort mauvaise humeur. Il battit mon postillon ; il menaça mon cocher. Le peuple accourut en foule, renversa mon carrosse ; et les femmes du Marché-Neuf firent d’un étau* une machine sur laquelle elles me rapportèrent, pleurantes et hurlantes, à mon logis. Vous ne doutez pas de la manière dont cet effort de mon obéissance fut reçu à Saint-Germain. J’écrivis à la Reine et à Monsieur le Prince, en leur témoignant la douleur que j’avais d’avoir si mal réussi dans ma tentative.

*étau : étal.
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Ma première fonction fut la visite des religieuses de la Conception, que la Reine me força de faire, parce que n'ignorant pas qu’il y avait dans ce monastère plus de quatre-vingts filles, dont il y en avait plusieurs de belles et quelques-unes de coquettes, j’avais peine à me résoudre à y exposer ma vertu. Il le fallut toutefois, et je la conservai avec l’édification du prochain, parce que je n’en vis jamais une seule au visage, et je ne leur parlai jamais qu’elles n’eussent le voile baissé ; et cette conduite, qui dura six semaines, donna un merveilleux lustre à ma chasteté. Je crois que les leçons que je recevais tous les soirs chez Mme de Pommereux la fortifiaient beaucoup pour le lendemain. Ce qui est admirable, est que ces leçons, qui n'étaient plus secrètes, ne me nuisaient point dans le monde.

[Les deux dernières phrases ont été censurées dans le manuscrit mais l'emploi de réactif en a permis la lecture.]
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Le bon homme M. de Morangis me disant, dans la cellule du prieur des chartreux, que je faisais trop de dépense, comme il n’était que trop vrai que je la faisais excessive, je lui répondis fort étourdiment : « J’ai bien supputé ; César, à mon âge, devait six fois plus que moi. » Cette parole, très imprudente en tous sens, fut rapportée, par un malheureux docte qui se trouva là à M. Servien qui la dit malicieusement à Monsieur le Cardinal. Il s’en moqua, et il avait raison ; mais il la remarqua, et il n’avait pas tort.
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Il [Mazarin] parut encore plus modéré, plus civil et plus ouvert le lendemain de l’action. L’accès était tout-à-fait libre, les audiences étaient aisées ; on dînait avec lui comme avec un particulier ; il relâcha même beaucoup de la morgue des cardinaux les plus ordinaires. Enfin il fit si bien qu’il se trouva sur la tête de tout le monde, dans le temps que tout le monde croyait l’avoir encore à ses côtés. Ce qui me surprend, c’est que les princes et les grands du royaume, qui pour leurs intérêts doivent être plus clairvoyants que le vulgaire, furent les plus aveugles. Monsieur se crut au dessus de l’exemple ; M. le prince, attaché à la cour par son avarice, voulut aussi s’y croire ; M. le duc était d’un âge à s’endormir aisément à l’ombre des lauriers ; M. de Longueville ouvrit les yeux, mais ce ne fut que pour les refermer ; M. de Vendôme était trop heureux de n’avoir été que chassé ; M. de Nemours n’était qu’un enfant ; M. de Guise, revenu tout nouvellement de Bruxelles, était gouverné par madame de Pons, et croyait gouverner toute la cour ; M. de Bouillon croyait qu’on lui rendrait Sedan de jour en jour ; M. de Turenne était plus que satisfait de commander les armées d’Allemagne ; M. d’Epernon était ravi d’être rentré dans son gouvernement et dans sa charge ; M. de Schomberg avait été toute sa vie inséparable de tout ce qui était bien à la cour ; M. de Gramont en était esclave ; et MM. de Retz, de Vitry et de Bassompierre se croyaient, au pied de la lettre, en faveur, parce qu’ils n’étaient plus ni prisonniers ni exilés. Le parlement, délivré du cardinal de Richelieu qui l’avait tenu fort bas, s’imaginait que le siècle d’or serait celui d’un ministre qui leur disait tous les jours que la Reine ne se voulait conduire que par leurs conseils. Le clergé, qui donne toujours l’exemple de la servitude, la prêchait aux autres sous le titre d’obéissance. Voilà comme tout le monde se trouva en un instant mazarin.
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Il me semble que je n'ai été jusques ici que dans le parterre, ou tout au plus dans l'orchestre, à jouer et à badiner avec les violons ; je vas monter sur le théâtre, où vous verrez des scènes, non pas digne de vous, mais un peu moins indignes de votre attention.
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Il y a loin de la velléité à la volonté, de la volonté à la résolution, de la résolution au choix des moyens, du choix des moyens à l'application.
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J'écris, par votre ordre, l'histoire de ma vie, et le plaisir que je me fais de vous obéir avec exactitude a fait que je m'épargne moi-même.
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Il paraît un peu de sentiment, une lueur, ou plutôt une étincelle de vie, et ce signe de vie, dans les commencements presque imperceptible, ne se donne point par Monsieur, il ne se donne point par Monsieur le Prince, il ne se donne point par les grands du Royaume, il ne se donne point par les provinces : il se donne par le Parlement, qui jusqu'à notre siècle n avait jamais commencé de révolution, et qui certainement aurait condamné par des arrêts sanglants celle qu'il faisait lui-même, si tout autre que lui l'eût commencée.
Il gronde sur l'édit du tarif; et aussitôt qu'il eut seulement murmuré, tout le monde s'eveilla. L'on chercha en s'eveillant, comme à tâtons, les lois: l'on ne les trouva plus; l'on s'effara, l'on cria, l'on se demanda; et dans cette agitation les questions que leurs explications firent naître, d'obscures qu'elles étaient et vénérables par leurs obscurité, devinrent problematiqyes; et dès là, à l'égard de la moitié du monde odieuses. Le peuple entra dans le sanctuaire ; il leva le voile qui soit toujours couvrir tout ce que l'on peut dire, tout ce que l'on peut croire du droits des peuples et de celui des rois qui ne s'accordent jamais si bien ensemble que dans le silence. La salle du Palais profana ces mysteres
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Les monarchies les plus établies et les monarques les plus autorisés ne se soutiennent que par l'assemblage des armes et des lois; et cet assemblage est si nécessaire que les unes ne se peuvent maintenir sans les autres. Les lois désarmés tombent dans le mepris; les armes qui ne sont pas modérées par les lois tombent bientôt dans l'anarchie.
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Le grand secret de ceux qui entrent dans les emplois est de saisir d'abord l'imagination des hommes par une action que quelques circonstances leur rende particulière.
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...tant il est vrai qu'il n'y a rien qui soit si sujet à l'illusion que la piété. Toutes sortes d'erreurs se glissent et se cachent sous son voile; elle consacre toutes sortes d'imagination ; et la meilleure intention ne suffit pas pour y faire éviter les travers.
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Le Cardinal de Retz
«Faire une loi et ne pas la faire exécuter, c'est autoriser la chose qu'on veut défendre. »
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On ne sort de l'ambiguité qu'à son détriment.
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Le Cardinal de Retz
"Ce qui est nécessaire n'est jamais ridicule."
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Il n'y a rien qui soit si sujet à l'illusion que la piété. Toutes sortes d'erreurs se glissent et se cachent sous son voile ; elle consacre toutes sortes d'imaginations ; et la meilleure intention ne suffit pas pour y faire éviter les travers.

Première partie.
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