Citations de Leena Lehtolainen (36)
Vers où t'emporte l'eau,
Frêle esquif sur les flots,
Toi que les remous malmènent et ballottent?
De quoi l'homme est-il fait?
De virevoltants feux follets
Et sous ses pas le sable se dérobe.
Certains naissent dans la joie, certains dans le malheur,
Mais la même horloge pour chacun égrène les heures
Et quand elle s'arrête sonne l'instant de la mort.
Vers où t'emporte l'eau,
Frêle esquif sur les flots?
Parmi les hommes nul n'en a la prescience.
Tout sur terre, ciel et mer,
Tout, oui, tout est éphémère.
Pourquoi l'âme serait-elle si différente?
Pourtant il est si doux de rêver voir encore
Naître au prochain printemps une nouvelle aurore
Et sentir souffler dans les collines les vents.
Ou tout serait-il faux?
Vers où t'emporte l'eau?
Eino Leino
Les Russes avaient renié leur âme slave, toute leur fantaisie, pour s’« enfinlandiser » dans leurs villages de vacances : retranchement derrière des clôtures de sécurité et fil barbelé jusque dans le lac Saimaa pour tenir à l’écart les importuns.
Regarder les hommes bien roulés fait partie de mes distractions favorites.
Quand tu as trouvé Jukka dans l'eau , tu as remarqué quelque chose de particulier ?
De particulier , non j'ai rien remarqué de spécial, mais j'ai plutôt évité de regarder ,à vrai dire .......et avec la gueule de bois que j'avais , je me suis mis à vomir.
Jukka était bon conducteur , il m'a fait un petit peu peur, par moment , en doublant comme un fou.........
De la terrasse, on entendit sa profonde voix de contralto essoufflée appeler la police, et ensuite seulement une ambulance.
Elle reste, la culpabilité. On ne s'en débarrasse sans doute jamais. Il faut juste vivre avec, même s'il y a forcément des matins où on n'ose pas se regarder dans la glace.
Sept ans plus tôt, j'étais sortie major de ma promo de l'Acacdémie de sécurité du Queens, à New York, et les femmes bodyguards ne courant pas les rues, en Finlande, j'avais eu la liberté de choisir contrats et employeurs. Anita Nuutinen avait besoin d'une protection rapprochée lors de ses déplacements mensuels voire bimensuels entre Helsinki et Moscou ou Saint-Pétersbourg, de plus, elle me payait le double de mes précédents patrons. L'idéal. Certes, ses transactions immobilières frisaient l'illégalité, mais tant que je restais en dehors de ses combines, je ne risquais pas de perdre ma carte professionnelle. Maintenant, retrouver du boulot sans certificat de travail ou recommandation de sa part, c'était emmerdant.
Finalement, quand on y réfléchissait bien, qu'est ce qui forçait les gens à coller leur cul dans une boîte volante ? En réalité, ils étaient désormais tellement habitués à voyager vite d'un point à l'autre du globe que les longues nuits en car ou en train relevaient désormais de l'héroïsme.
Aucun de nous ne voulait poursuivre la conversation sur le sujet. Le responsable de notre brigade, le commissaire Kalevi Kinnunen, était alcoolique .Point. J'était le suivante dans la hiérarchie et je devais m'occuper de l'affaire jusqu'à ce qu'il se remette de sa dernière cuite ou de ses séquelles .Point.
Anita acheta son précieux œuf de Pâques. Au prix qu’elle le paya, sans ciller – trois fois mes honoraires mensuels –, je faillis m’étrangler. Je savais pertinemment qu’un authentique œuf de Fabergé lui coûterait dix ans desdits honoraires. Anita ne s’arrêta pas en si bon chemin : il fallut aller jeter un œil au magasin de fourrure à côté de la joaillerie.
Tu n'as qu'à remettre ta nuit de noces à plus tard et venir avec nous à Turku, aucune révélation ne t'attend, de toute façon, a suggéré Pertsa, encore plus mufle que d'habitude.
Mais c'est la première fois de ma vie que je me ferai baiser légalement, ai je répondu sans me démonter, et j'ai souhaité bonne route à mes collègues.
À vingt ans, j'étais certaine que je n'aurais jamais ni mari ni enfants. J'étais tout aussi sûre, à l'époque, que je ne porterais jamais de tailleur ni n'écouterais de musique classique. Enfin, tant que je ne possédais pas de bigoudis, il restait quand même quelque chose de mes principes.
J’avais toujours été effrayée par l’extrémisme religieux. Mon propre rapport à Dieu était froid et poli, nous nous laissions mutuellement en paix.
Je bus, pris un antiémétique et deux kétoprofènes, puis palpai prudemment mon cuir chevelu. A priori, ni bosses ni plaies. Je me déshabillai, me plaçai devant le grand miroir et me détaillai de la tête aux pieds. Écorchures aux genoux comme si j’étais tombée, en revanche, paumes intactes. Aucune douleur ni contusion à l’entrejambe : on ne m’avait pas violée.
À mon avis, elle avait drogué Paskevitch, à moins que ce dernier n’ait pas bien compris, pour une raison obscure, les papiers qu’elle lui fit signer. Quoi qu’il en soit, la signature de Paskevitch ayant force exécutoire, Anita eut la loi de son côté. Paskevitch spolié envoya ses cadors à ses trousses, en conséquence de quoi Anita n’osa pas quitter la Finlande pendant deux ans.
Ils étaient convaincus que la riche clientèle russe allait profiter de la bonne aubaine et franchir la frontière finno-russe, qui se trouvait à une poignée de kilomètres de là.
En Finlande, à cette époque, la construction de résidences secondaires et touristiques était presque au point mort, et le taux de chômage, élevé.
Au début des années quatre-vingt-dix, au pire de la récession économique qui avait sévi en Finlande à la suite de la perte brutale de ses marchés dans l’ex-URSS, Anita avait hérité d’une bonne centaine d’hectares de terrain qui appartenaient depuis belle lurette à sa famille, côté maternel, et se trouvaient en Carélie du Sud : le lot comprenait une île sur le lac Saimaa et de grandes parcelles le long du littoral de Savitaipale – la ville qui le bordait à l’ouest.
Le vin rouge de Géorgie était rayé sur la carte des vins : sans doute une conséquence du conflit russo-géorgien qui avait éclaté début août. En revanche, une bière forte de Lituanie était proposée. J’en commandai une, vidai ma chope d’un trait et en commandai une seconde.