AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.61/5 (sur 14 notes)

Nationalité : Israël
Né(e) à : Minsk - Mazowiecki, Pologne , 1918
Mort(e) : 1978
Biographie :

Leïb Rochman (en hébreu לייב רוכמן), est un journaliste et écrivain yiddish.

Né dans un milieu hassidique, il poursuit des études talmudiques à la cour du rabbi de Parisov puis dans une yechiva à Varsovie.

En 1936, il s’éloigne du milieu hassidique et se consacre au journalisme pour l’hebdomadaire yiddish Varshever radio.

Le 25 octobre 1940, il se trouve enfermé avec sa famille dans le ghetto établi par les Allemands pour les 5.242 Juifs de Minsk Mazowiecki.

Après la liquidation du ghetto par les SS le 21 août 1942, il est transféré dans un camp de travail d’où il s’évade avec sa femme. Ils se cachent jusqu’à la fin de la guerre chez une paysanne.

Son journal Un in dayn blut zolstu lebn (Et dans ton sang tu vivras), décrit cette période.

Après la libération de la Pologne, il s’installe alors à Lodz où il reprend son activité de journaliste et travaille pour le journal Naye Lebn (La Vie nouvelle).

Victime du Pogrom de Kielce en juillet 1946, il se rend en Suisse pour se faire soigner.

Après avoir voyagé à travers l'Europe, il s’installe à Jérusalem en 1950, où il travaille notamment pour l’hebdomadaire Forverts. Il a reçu le prix Israël en 1975.
+ Voir plus
Ajouter des informations
Bibliographie de Leïb Rochman   (3)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
« Ce n’était pas seulement son sort à lui, celui de sa souche calcinée, c’était le destin aboli de toutes les générations à venir sur cette terre. » (p. 81)
Commenter  J’apprécie          60
Le soir, il se rendit rue Kurczewa. Maintenant que le mur du ghetto était abattu, la rue restait exposée, dépouillée de la force protectrice de ses pierres. Les maisons- nues, ouvertes, leurs entrailles dilacérées- trainaient dans un champ ou quelque lointain faubourg, offertes aux yeux de tous. Il sentit, toute proche, la maison de sa mère. Quelques pas encore, il lui fera face. Il se détourna, emprunta le sentier qui la contournait. Il suivit la clôture de la cour. Il tournait autour du jardin envahi de plantes et de mauvaises herbes, il s’éloignait de la façade. Une longue main le tirait en arrière. Elle n’allait pas tarder à le saisir par les épaules. Pourquoi fuyait-il ?
Il était loin, maintenant. Il était libre. Il ralentit le pas. Il s’arrêta devant un trou dans la haie. Il y colla un œil pour voir l’intérieur du jardin. Tout était visible, miraculeux. Soudain, immobile, il fut assailli par son passé. Il y plongeait son regard comme dans un monde lointain. En cet instant, il sut que dans toutes ses fuites, dans ses heures les plus solitaires, dans les lieux les plus invraisemblables, ce jardin lui ferait signe, l’appellerait. C’est ici qu’il a découvert le monde ; et jamais il ne pourra se libérer de cet endroit. Et quel que soit le lieu où ses yeux se fermeront à jamais, ils s’éteindront sur cette vision. Il voulait pénétrer dans ce jardin de tout son être, ne jamais s’en séparer. Il voulait que rien ne pût l’en détourner. Il était de nouveau dans la réalité, il était lui.
Comme à travers une loupe, il voyait la lumière chatoyante des lilas. Il pouvait les regarder en toute liberté, leur tendre les bras dans le rêve. Au milieu de ces arbres, il courait avec d’autres enfants juifs. Peut-être vont- ils arriver ? Il entendit distinctement les trilles des oiseaux dans les branches. Il se surprit à rire. Rien ne s’était passé entre temps. Il aurait voulu que ce moment se prolonge éternellement.
Commenter  J’apprécie          30
La pendule le berçait et le ramenait à son enfance. Elle ranime les berceuses oubliées. Sa mère lui chante « dodo, mon petit garçon, dodo mon enfant » il répond en silence « ma petite Myriam, dodo
Maman », et la pendule l’accompagne. La voix de sa mère n’est plus. Seule la pendule bat, monotone, et il chantonne : « Dodo mon enfant, dodo, mon garçon ; dodo ma petit Myriam. » Il comptait sur ses doigts au rythme de la pendule : ma mère-un ; Myriam- deux ; Esther- trois ; Dinah- quatre et lui-cinq. Lui, il était en vie. Dinah- quatre. Oui, un instant… Il allait laisser la pendule émettre son tic- tac ; plus tard, il reprendrait son compte. Il voulait compter tous les siens assassinés- les oncles, les tantes, les cousins. I fallait se souvenir de tous. Ici, dans cette maison, il allait dire kaddish, la prière pour les morts, pour eux tous. Il va rappeler leur nom et ceux de leurs mères. Il va reprendre à partir de Dinah- quatre ; leur frère, Meïer, Meïer avec ses cheveux d’un roux de bronze- cinq. Pourquoi avait-il un souvenir si vague de Meïer ? Continuons. Et Esther, comment était-elle ? Il devait ramener à lui chacun de leur visage et le contempler un instant. Ils défileront tous devant lui.

Commenter  J’apprécie          30
Chez les Nations de la terre, la loi n'est connu que par les juges et les juristes : chez nous, la Torah vit dans chaque Juif.
[...]
Les peuples qui n'avaient pas voulu prendre la Torah sur eux au mont Sinaï anéantissaient maintenant le peuple qui l'avait accepté.
L'effroi s'empara de lui : la Torah nous a perdu !
Et cependant, le Dr Scheter était persuadé que même si les Juifs avaient su, aucun n'aurait renoncé à la Torah. Si on pouvait ressusciter les exterminés et leur demander, ils secoueraient la tête pour dire que non, ils ne regrettaient pas d'avoir accepté la Torah - avant de s'évanouir le sourire aux lèvres dans leurs tombes aériennes. Maintenant, ils n'y renonceraient pas non plus. Ils seraient prêts à mourir pour elle une seconde fois. Car sans le Livre, le peuple du Livre ne peut vivre un seul jour.
Commenter  J’apprécie          30
Mais qui êtes-vous, vous tous rassemblés ici, mes frères, mes pères, mes sœurs, vous mes mères, mes enfants, mes grands-pères ? Qu'étiez-vous de votre vivant et qu'êtes-vous maintenant ? Pourquoi vos lèvres serrées se taisent-elles ? Quelqu'un pourrait-il encore insuffler un souffle de vie dans tous ces champs couverts de vos cendres ?
Un vieux chant liturgique montait en lui, voulant s'étendre sur tous ces champs, les inonder.
Ce chant lui disait leur extermination et sa propre solitude, qui ne le quitterait plus jamais.
Commenter  J’apprécie          30
Des hurlements montaient, comme venant d'une ville assiégée. En réalité, ils étaient assiégés par eux-mêmes. Ils étaient leurs propres captifs et lançaient des cris muets pour appeler à l'aide, au secours. Ces clameurs cherchaient à jaillir de leur gosier, mais en vain.
Et la nuit, couchés à même le plancher, ils entendaient les pleurs des millions de leurs proches assassinés. Ils s'efforçaient d'émerger de leur mort, ils voulaient encore engendrer des générations, peupler la terre. Eux, les vivants, voguaient sur ces planchers de pleurs.
Commenter  J’apprécie          10
- Hil, les cadavres se moquent-ils des vivants ?
- Oh, rabbi, non ! dit Hil, semblant soudain retrouver l'usage de sa langue. Eux non plus ne sont pas vivants. Ils sont tous comme moi. On nous a entassé et transportés ensemble, eux et moi. Dans les fosses aussi, on nous a emmêlés les uns aux autres - les hommes avisés et les imbéciles, les coupables et leurs accusateurs, et vous aussi, membres de ce tribunal. Vous aussi, avec votre éternelle sagesse, vous êtes là-bas, mêlés à nous. Mais ici, tout le monde fait le fier.
Commenter  J’apprécie          10
Les livres constitueront leur propre Tribunal. On ne sait pas encore pour qui ils réclameront justice, sinon pour le peuple dans sa totalité : la Torah n'a pas protégé les Juifs.
Depuis des heures, plongés en eux-mêmes, ils n'ont pas encore trouvé le Sens. Seule la culpabilité plane, de plus en plus lourde.
On voulut faire appel aux Livres de la Kabbale, qui avaient prévu l’Apocalypse. Mais seules les supplices des Jours messianiques s'étaient réalisés. Le Salut des temps messianiques n'avait pas eu lieu.
Commenter  J’apprécie          10
« Ce n’est pas lorsque les victimes écriront leurs mémoires que le monde sera délivré des bourreaux, c’est lorsque les bourreaux eux-mêmes les écriront. Mais eux n’écrivent pas. Lorsqu’ils écriront, ils cesseront d’être des bourreaux. Écrire signifie comprendre. […] Ce n’est qu’une fois qu’il se mettra à écrire qu’il comprendra sa victime : comprendre signifie sentir, sentir sa victime et sa douleur. » (p. 714)
Commenter  J’apprécie          10
S. savait que tous les documents sur les désastres étaient écrits pour les vivants, pour leur raconter les morts. Son livre à lui était écrit pour les morts et leur parlait des vivants, des rescapés. Il le lira dans les catacombes juives, racontera l'histoire de son peuple dans les jours d'après sa mort. Les morts ne pouvaient blasphémer. Ils étaient au-delà.
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Leïb Rochman (32)Voir plus

Quiz Voir plus

Pluriel de quelques mots composés (2e)

Les carottes sont crues

des épluche-légume
des épluches-légume
des épluche-légumes
des épluches-légumes

12 questions
73 lecteurs ont répondu
Thèmes : vocabulaire , orthographe , Accords , pluriel , noms , motsCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}