Leili Anvar

La spiritualité shî'îte substituera à Marie, mère de Jésus, une autre figure féminine: Fâtima, la fille de Muhammad.Elle percevra en la personne humaine de fâtima l'épiphanie achevée de la Sophia créatrice.Objet de méditation et de dévotion, fâtima al-zahra (fâtima l'éclatante) sera homologuée à l'entité médiatrice de la Création (...), l'image parfaite du Principe féminin primordial.

Si toute chose procède de la théophanie, si tout être est une image de l'Etre divin, n'y a-t-il pas, cependant, un existant qui s'excepte des autres, au titre d'image parfaite de la divinité se révélant, comme épiphanie achevée du réel divin?
Ibn'Arabî conçoit un tel existant (...) comme un Principe féminin cosmique qui constitue la suprême manifestation de la théophanie (...), qui réunit en soi les deux dimensions d'activité et de passivité constitutives du Dieu révélé.

Méditant le processus de la théophanie, Ibn'Arabî fait une place essentielle à quelque chose qui s'apparente à un Principe féminin primordial.(...)
En tant qu'elle se révèle et se manifeste, la divinité comporte nécessairement une double dimension active et passive.L'Etre divin, en libérant les Noms qui le constituent et le définissent de leur état d'occultation, est actif.C'est par son action qu'adviennent les existants, c'est-à-dire les différentes formes qu'investiront les Noms pour acquérir une réalité effective.L'action divine correspond à l'acte de création et désigne ce qu'il convient d'appeler le dieu Créateur.
Mais alors même qu'elle est active et fait advenir à l'être la totalité des essences éternelles portés par les Noms divins, la divinité est passive, puisqu'elle se fait la substance des formes qu'elle fait exister et dans lesquelles elle se contemple.(...)
La passivité divine découle de la théophanie, c'est-à-dire de la dimension apparente de Dieu.elle désigne ce qu'il conviendrait d'appeler le Dieu crée.

Ibn 'Arabî soutient que Dieu se met en lumière et devient visible, sans pour autant que son essence insondable soit déflorée.Son exégèse du texte révélé fait place à l'idée d'apparition divine.elle voit dans la totalité des existants qui constituent la Création autant de miroirs et de réceptacles du Dieu révélé.Toutes les réalités doivent être comprises comme des formes de manifestation et des lieux d'apparition.

La conviction fondamentale d'Ibn'Arabî rompt avec les conceptions abstraites de Dieu, celles que dispensent les théologiens et les philosophes de métier.Elle se construit sur une herméneutique du Coran et veut tirer tous les enseignements de la Révélation.Celle-ci, dans le même mouvement où elle soutient les représentations d'un Dieu absolument transcendant et inconnaissable, affirme que Dieu est "Lumière", qu'Il est "le Caché" et "l'Apparent".Il s'agit pour Ibn'Arabî de penser cette réalité paradoxale qui veut que Dieu soit à la fois transcendant et immanent.La notion centrale de tajallî ilâhî, que nous traduisons littéralement par le mot "théophanie", vient satisfaire cette exigence, en conciliant le principe d'un Dieuu caché avec l'idée d'une révélation qui est une manifestation.

Le contact avec la nature faisait naître en lui l'impression très forte qu'un esprit universel animait toutes choses.

Rabindranath Tagore et l'éveil de la conscience

" Ce moyen d'ébranler les consciences assoupies existe. C'est l'art! C'est la littérature ! Les artistes ont la clef de ce miracle. Ils peuvent triompher de ce défaut caractéristique de l'homme qui ne tient compte que de son expérience personnelle et ne fait pas le moindre cas de celle des autres. D'un homme à l'autre, au cours de son bref séjour sur cette terre, l'art transmet tout le poids de l'expérience d'autrui, avec toutes ses angoisses, ses nuances et ses sèves vivifiantes. Il réincarné ce que d'autres ont vécu et nous permet de l'assimiler comme un bien personnel et inaliénable. "

Alexandre Soljenitsyne

L'un et l'autre d'ailleurs, Albert Camus, en 1957, et Alexandre Soljenitsyne, en 1962, lorsqu'ils ont reçu le prix Nobel de littérature, ont affirmé avec une vigueur farouche cette capacité ou ce pouvoir spirituel de la littérature. (...)
Il existe une conscience étonnante entre ces deux écrivains qui ne se sont jamais rencontrés. L'un et l'autre attestent ce pouvoir mystérieux qu'aurait l'art et spécialement la littérature sinon de changer l'homme, du moins de révéler tout ce qu'il porte en lui de souffrances et d'espoirs, et par ce travail de révélation intérieure,de contribuer à sa libération.

Se tenir auprès des hommes silencieux
Ce que peut la littérature pour notre humanité commune

Des mots pour provoquer une commotion des émotions et éveiller ainsi les autres âmes à leur propre infini.

Rumi, Moïse et le berger ou les vertus transformatrices du verbe.