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Critiques de Leni Zumas (121)
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Les heures rouges

Dans des Etats-Unis au futur proche, les femmes tentent de vivre leur vie comme elles l’entendent. Mais ce n’est pas toujours facile entre les pressions de la société et des lois. On va suivre Ro, enseignante de 42 ans qui rêve d’avoir un enfant et met tout en œuvre pour y parvenir avant qu’une loi ne vienne l’en empêcher. Il y a aussi Susan, qui est passée à deux doigts d’être avocate mais qui a dû se contenter d’une vie de femme au foyer avec deux enfants. Puis, Gin, la « guérisseuse » ou « la sorcière » aux yeux des gens. Elle prodigue des soins et produit des mixtures pour calmer les tourments de ses congénères de manière naturelle. Il y aussi Mattie, une lycéenne qui va découvrir qu’elle est enceinte d’un garçon qui n’en vaut pas la peine et qui va courir de gros risques en souhaitant avorter.

Parallèlement à ces destins de femmes du 21ème siècle, on suit le destin d’une exploratrice du 19 ème qui elle a aussi a eu fort à faire en son temps pour tenter d’imposer sa parole de femme.

Un roman polyphonique au propos résolument féministe très agréable à lire. On se glisse facilement dans la peau et dans l’esprit de ces femmes qui aimeraient qu’on leur laisse vivre leur vie sans leur mettre des bâtons dans les roues.

Un grand merci aux Presses de la Cité et à Babelio pour l’envoi de ce livre.

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Les heures rouges

Bonjour les lecteurs ….

Voici ma 1° lecture de cette rentrée et une belle découverte.

Etats-Unis, dans un futur pas si lointain.

Nouveau président, nouvelles lois législatives.

Désormais, l'avortement est interdit, les adoptions et PMA bientôt réservées uniquement aux couples ( sous le prétexte qu'un enfant à besoin d'un papa et d'une maman)

4 femmes, 4 destins.

Elles vont subir de plein fouet ce retour en arrière.

Il y a RO, célibataire, la quarantaine et qui tente de concevoir un enfant.

Mathie, 16 ans, son élève et qui se retrouve enceinte.

Susan, "amie" de Ro, mariée et deux enfants. Susan dont le coupe vacille et qui rêve de se retrouver seule.

Et enfin, Gin , la guérisseuse, qui, entre autre , aide les femmes à avorter.

Voici un récit polyphonique où chaque chapitre donne la parole à l'une des femmes.

Nous les suivons dans leurs craintes, leurs convictions, leurs désirs.. leurs espoirs.

Il y a un peu de Margaret Atwood dans ce roman au futur bien sombre pour les femmes.

Si au début la lecture ne semble pas captiver, on est cependant très vite happé par cette histoire si proche de la réalité que cela en est presque effrayant.

On se rend compte que la place des femmes dans notre société est loin , vraiment loin d'être une évidence.

Comment réagirions-nous, nous les femmes, si de telles lois se mettaient sur notre chemin? Courberions-nous l'échine ou oserions-nous revendiquer notre liberté ?

Ce livre résonne un peu comme une mise en garde .. attention les filles.. rien n'est jamais acquis .. restons vigilantes !
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Les heures rouges

Quatre femmes, quatre portraits et pourtant tout est lié. Ro, diminutif de Roberta, prof qui veut a tout prix un enfant. Oui mais voilà, l'horloge juridique joue en sa défaveur puisque le 15 janvier, une loi rend l'adoption possible s'il y a un papa et une maman. Et Ro est célibataire. Susan, amie de Ro, a deux adorables enfants. Mais Susan en a ras le bol de son rôle de mère au foyer et souhaiterait mettre un peu de piment dans sa vie. Mattie, pour Matilda, à peine 16 ans, prête pour l'académie des mathématiques se retrouve enceinte. Grossesse non désirée mais à cette époque, l'avortement est interdit aux États Unis et toute femme voulant attenter à la vie d'un fœtus est considérée comme une meurtrière et risque la prison. Mais Mattie ne veut pas de cet enfant. Et puis Gin Percival est une guérisseuse qui connait les herbes, qui peut soigner diverses maladies féminine et interrompre une grossesse. Gin pourrait aider Mattie mais la voilà arrêtée et jugée pour sorcellerie. Et puis, en arrière plan, il y a Dolores, femme battue qui est la cause de ce procès et qui ne peut librement s'exprimer. Et Yasmine, amie de Mattie, dont on découvre au fur et mesure du livre qu'elle est incarcérée pour avoir tenté un avortement.

Comme vous l'aurez compris, nous ne sommes pas en 2018 mais quelques années plus tard. Et la femme, qui a si durement gagné le droit à la procréation et à l'avortement, tient le devant de la scène parce qu'elle redevient un objet sans aucun droit.

Je dois dire que c'est une lecture dérangeante et qu'il m'a fallut un certain temps pour entrer dans l'histoire et en apprécier sa juste valeur. L'auteur distille, intelligemment et tout en finesse, tout au long du récit un droit fondamental pour la femme : disposer librement de son corps. Nous découvrons au cours des différents récits toute la complexité d'être une femme : combattante, désespérée, charmante, effrontée, indisciplinée, imprévisible, fragile mais tellement vivante. Chaque récit semble indépendant les uns des autres mais c'est pour mieux se rejoindre et ne faire qu'une histoire.

Entre Trump et la montée de l'extrémiste et du fondamentaliste, on se dit qu'une telle chose n'est pas impossible. Des droits si chèrement acquis peuvent disparaitre d'un simple claquement de doigt, par la volonté d'hommes qui savent tout mieux que tout le monde et surtout mieux que la femme. N'oublions pas que nous, LES FEMMES, sommes avant tout des êtres humains avec des envies, des droits, des désirs et des rêves. Alors, faisons en sorte de les conserver et profitons pleinement de ces acquis. La régression des droits n'apporte rien de bon, ni aux êtres humains, ni au monde.
Lien : https://jelisquoi.blogspot.c..
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Les heures rouges

L'auteure conjugue ici sa vision d'un récent passé avec son imagination d'un proche avenir pour nous livrer une intrigue aussi puissante qu'inquiétante pour être d'une redoutable crédibilité. Dans une Amérique tristement régressive, la femme voit ainsi les droits qu'elle a mis tant de temps et d'acharnement à obtenir réduits à néant à grands coups d'idées particulièrement rétrogrades et archaïques.



Et au milieu de ce chaos, c'est plus précisément le destin de quatre femmes qui s'en trouve bouleversé et nous bouleverse à notre tour... Chacune voit ses espoirs, ses ambitions, ses rêves remis en question pour de mâles considérations, chacune résonne et raisonne en nous, tant leur histoire peut faire écho en nous.



Au-delà de cette couverture et son titre qui prennent tout leur sens au fil de la lecture, l'intrigue se voit servie par une plume forte, soignée, ciselée, un style à la fois simple et soigné, brut et élégant, faisant de ce roman un moment de lecture intense, puissant, prenant, à l'instar des thèmes particulièrement forts ici abordés.
Lien : http://deslivresetmoi7.blogs..
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Les heures rouges

Un plongeons dans les États-Unis de demain, où l’avortement est interdit, tout comme vont bientôt l’être l’adoption et la PMA pour les femmes célibataire.

En Oregon, dans un petit village de pêcheurs près de Salem, quatre destins de femmes s’entremêlent. Roberta, surnommée Ro, la biographe, une professeure célibataire de 42 ans essaie d’avoir un enfant grâce à une PMA, sans succès. Face à l’urgence que crée la nouvelle loi qui entrera en vigueur le 15 janvier, elle désespère. Susan, l’épouse, mère de deux enfants, est lassée de sa vie de mère au foyer et regrette de ne pas avoir poursuivi ses études de droit. Souvent, elle pense à divorcer ou à se jeter en voiture du haut de la falaise. Mattie, la fille, une brillante adolescente d’une quinzaine d’année qui rêve de devenir scientifique, apprend qu’elle est enceinte ce qui pourrait grandement compromettre ses désirs professionnels. Gin, la guérisseuse, à qui l’on prête des pouvoirs de sorcière, vit dans une petite maison au fond des bois et se sert de ses connaissances de la nature pour aider les femmes.

Et puis il y a Eivor Minervudottir, exploratrice féroïenne ayant vécu au 19ème siècle n’ayant jamais pu publier le résultat de ses recherches dans la Grand Nord simplement parce qu’elle était une femme, dont Roberta écrit la biographie.

Les nombreux sujets importants abordés dans ce roman dystopique, tel quel la place des femmes dans la société ou leur droit à disposer de leur corps, en font une lecture intéressante.
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Les heures rouges

Belle surprise que ce roman criant de réalisme et lucide. Et pourtant il s’agit d’une dystopie – dont je ne suis pas friande habituellement

Le texte est habile car il n’assène pas de pseudos vérités et ne se place pas sur la plan de la morale, simplement il explore les dérives possibles d’une société conservatrice privant les femmes de leurs droits élémentaires.

Nous sommes dans une petite bourgade américaine bien banale où certains destins vont être bousculés. En effet, un amendement récent sur l’identité de la personne interdit désormais aux femmes d’avorter, de recourir à la procréation médicalement assistée et limite aux couples mariés la possibilité d’adopter.

Le lecteur découvre alors le parcours de quatre femmes :

La guérisseuse, une femme qui vit en ermite dans la forêt et qui apporte une aide désintéressée à d’autres femmes ; une « sorcière » bientôt livrée à la vindicte populaire.

La biographe, professeur, célibataire, la quarantaine qui désire plus que tout un enfant en dépit de la législation à l’heure où son horloge biologique la place en situation d’urgence.

L’épouse qui constate amèrement qu’elle a abandonné ses rêves pour se vouer à des enfants capricieux et un mari qui ne rate pas une occasion de la rabrouer. Elle envisage le divorce et plus dangereusement, au suicide en guise de fuite.

La fille, lycéenne brillante dont l’avenir pourrait être compromis quand elle se découvre enceinte. Elle tente alors de franchir le « mur rose » qui sépare les Etats Unis du Canada afin d’avorter…. à ses risques.

Le propos est intelligent sans être démonstratif, les situations touchantes. J’ai tourné les pages avec fébrilité et hantise, redoutant l’issue. L’écriture est fluide et ciselée, sans maniérisme.

Le texte est habilement entrecoupé d’extraits de la biographie d’une exploratrice islandaise du XIX siècle évoluant dans un monde d’hommes.

A l’heure où des droits fondamentaux pourraient être remis en question, où un certain rigorisme plane dans les discours, ce texte est salutaire et place le lecteur en situation de vigilance.

Une belle surprise de cette rentrée littéraire à découvrir sans réserve !

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Les heures rouges

Très bon livre lu dans le cadre de la rentrée littéraire 2018, sortie prévue pour le 16 août.



Un roman qui dénonce le quotidien des femmes (veilles, épouses, jeunes, mi-jeune mi-vieille...).



Plusieurs personnages sont présentés et si au début, j'ai eu un peu de mal à m'attacher à toutes ses personnes, petit à petit, on se rend compte qu'elles sont toutes liées et c'est ce qui donne à l'intrigue toute sa richesse.



Les 4 femmes représentées sont intéressantes et chacune subit les injustices de la société, la pression sociale, les violences, les lois totalement absurdes, les regards et tout le reste...



Mais elles sont fortes et n'hésitent pas à hausser le ton pour se battre et pour aller plus loin. Il y a des choses contre lesquelles elles ne peuvent se battre, mais d'autres sur lesquelles elles peuvent avoir raison et n'hésitent pas à le faire savoir.



Je le recommande fortement, un roman puissant et simple, qui porte un regard engagé sur les femmes de tout âge.
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Les heures rouges

Je remercie l'éditeur Presse de la Cité et Babelio de m'avoir proposé ce livre.

Il faut le souligner, ce livre est d'actualité entre le refus de la légalisation de l'avortement en Argentine et l'hôpital de la Sarthe en France qui ne pratique aucun avortement à cause de la clause de conscience des gynécologues.



Pour commencer le style d'écriture est impeccable et très fluide. C'est un livre qui se lit assez rapidement. Sans être aussi dystopique que la servante écarlate, ce récit décrit une Amérique sous Trump qui pénalise l'avortement et interdit l'adoption et la PMA pour les femmes célibataires. C'est dans ce contexte que nous allons suivre quatre personnages féminins qui correspondent chacune à un stéréotype.



Je tiens à préciser que mon reproche se situe à ce niveau: les personnages féminins sont désignés exclusivement sous les termes suivants: l'épouse (Susan), la guérisseuse (Gin), la fille (Matie), la biographe (Ro) et honnêtement j'ai détesté. Je trouve que cela créer une distance avec les personnages et ça prend plus de temps à s'y attacher. Je comprends qu'il s'agit d'une volonté de démonter des clichés mais je n'aime pas ce mode de narration. Je pense que des lecteurs ou lectrices moins patients pourraient ne même pas chercher à remettre les identités en place selon les points de vue. Parce que, à part le résumé, on découvre les liens qui unissent ces quatre femmes grâce à un système de point de vue: par exemple l'épouse (Susan)fait garder ses enfants par une adolescente du nom de Mattie et on sait en lisant e point de vue de "la fille" qu'elle garde deux enfants chez une femme s'appelant Susan. Vous voyez ce que je veux dire ? Il faut être attentif au récit. C'est vraiment le seul point noir du roman.



Ce livre aborde énormément de thèmes liés à la condition féminine: la contraception, l'IVG, la procréation, le mariage, la maternité et aussi le fait que la société met souvent les femmes en situation de compétition. Pendant tout le long du livre, Ro va sans cesse envier Susan pensant que sa vie est parfaite. Susan insatisfaite de sa vie d'épouse au foyer en vient à ne pas souhaiter la réussite de Ro dans ses projets d'adoption. Pourtant, elles sont amies mais elles sont également dans une société qui les empêche de s'accomplir.



J'ai trouvé un passage particulièrement fascinant dans le point de vue de Susan, c'est lorsqu'elle refuse de faire la cuisine pour son mari Didier. celui-ci insiste et finalement, c'est leur fille Bex (qui n'a même pas 10 ans je crois) qui propose de cuisiner pour son père. Ce n'est pas le fils qui s'est dévoué et cela montre bien les rouages du sexisme intériorisé.



Le personnage que j'ai préféré est Mattie, une jeune adolescente de 16 ans qui a un bel avenir de mathématicienne devant elle mais qui cherche à avorter. Elle se réfère souvent à une de ses amies Yasmine qui pourrait quasiment être le cinquième personnage de cette histoire. La relation que Mattie va nouer avec Ro est touchante car elles sont assez opposées sur les questions de maternité.



J'ai plutôt apprécié Gin qui est guérisseuse et qui aide de nombreuses femmes et surtout l'intrigue qui tournera autour d'elle et qui est particulièrement intéressante.



C'est intéressant de voir toutes ces femmes évoluer dans une société qui a retiré les droits dont elles disposaient. C'est une société américaine dans un futur peut-être très proche et très réaliste. C'est vraiment un livre que je recommande pour celle et ceux qui apprécient les dystopies féministes.



Avis légèrement plus détaillé:
Lien : https://lutinreveurblog.word..
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Les heures rouges

Tout d'abord merci à Babelio et aux Presses de la Cité qui m'ont fait parvenir ce livre.

J'ai du mal à rédiger cette critique car depuis que j'ai refermé ce livre, je réfléchis et plus je réfléchis moins mon sentiment brut reste solide. Spontanément, je dirais que j'ai aimé lire ce livre. Je l'ai lu en quelques jours, il m'a accrochée et je ne me suis pas ennuyée. L'histoire des quatre femmes de l'Oregon est touchante, dans leur lien les unes avec les autres et dans leur propre identité. Il est question ici du futur, mais qui ressemble finalement à un simple retour dans les années 60. La maternité est au coeur de ce roman et de cette maternité (refusée, rejetée, obsessive, enviée, cachée, adorée, obligée...) découle la place des femmes dans cette société. La place des femmes par rapport aux hommes mais aussi par rapport aux autres femmes.

Les personnages sont attachants, on est amené à s'y reconnaître ou à y reconnaître les stéréotypes des femmes en souffrance. De ce fait, autour d'elles gravitent les stéréotypes des hommes abusifs, brutaux, violents, égoïstes, indifférents, inutiles ou névrosés. Ce roman est politique et polémique je pense, il est donc centré sur ces problématiques et les gens qui pourraient aller bien dans cette histoire vont trop bien, sont trop "parfaits"...

Là où j'ai bloqué, c'est que ce roman n'es pas tellement poussé, on nous parle d'un futur proche qui comme je l'ai dit pourrait être un passé proche. L'auteure excuse ces femmes en dressant leur portrait et nous laisse avec des caractères finalement assez creux, dépendants toujours des hommes.

Enfin, les deux fils rouges entremêlés de ce livre sont rouges sombres à mes yeux. La vie de l'exploratrice féringienne et les baleines jalonnent le récit. Si j'ai eu l'impression que le "grindadrap" du XIXè siècle était expliqué et justifié, celui du XXIè aurait du être condamné. Pas banalisé. C'est ce qui rend cette lecture amère pour moi finalement. Critiquer la violence faite au corps des femmes sans remettre en question la barbarie inutile d'une tradition insulaire, quand on sait que la cruauté sur les animaux est liée à la violence aux personnes, c'est se voiler la face.

Malgré tout je garde précieusement ce livre pour me rappeler de l'importance de parler de respect, de contraception, de consentement à mes fils !
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Les heures rouges

Les héroïnes de ce roman sont désespérées. On vit avec elles, on connaît leurs envies, leurs besoins et leurs pensées. On est vraiment dans leur tête et grâce à cela, j’ai compati. J’ai eu envie que ça finisse bien pour chacune d’entre elles.

Le sujet est d’actualité ce qui rend l’histoire encore plus terrible.

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Les heures rouges

Leni Zumas offre le récit éclaté d’un futur qui ne semble pas très éloigné, dans lequel les droits des femmes sont menacés — les valeurs réactionnaires ont pris le dessus.
Lien : https://www.madmoizelle.com/..
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La couleur du trois

Je ne peux pas dire que cette lecture m'ait plu. Je me suis plutôt sentie comme envoutée, prise en otage.

Au début, on est déconcerté par l'écriture : des phrases et des chapitres très courts (une ou deux pages), jamais de contexte, pas de date, peu de descriptions. Et des allers-retours entre passé et présent, des pensées qui se bousculent, presque incohérentes. On est dans la tête d'une narratrice qui ne va pas bien et depuis longtemps, qui a ce qui ressemble à des bouffées délirantes. Elle est malheureuse, bourrée de culpabilité. Et pas aidée par un entourage pas très soutenant, à part son petit frère qu'elle méprise un peu. D'ailleurs, bel usage du stéréotype de l'archiviste afin de souligner qu'il a une vie chiante et sans saveur. On s'en serait passé, Leni Zumas ...

C'est néanmoins un récit très puissant sur le deuil impossible, sur une vie gâchée dans laquelle on est trop cabossé pour réussi à avancer. Je ne crois pas qu'on s'attache à Quinn l'héroïne mais on a envie de voir où elle va, si elle va réussir à trouver une forme d'apaisement.

Il y a également une réflexion sur la marginalité, qu'est-ce qui fait que c'est si dur pour certains de rentrer dans le rang. Et en parallèle des injonctions normatives avec le petit frère qui va enfin tirer son coup. Vraiment trop de sarcasme méprisant autour de ce personnage, dommage.

C'était une lecture ... déroutante. Je préfère largement Leni Zumas dans la dystopie féministe !
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La couleur du trois

Dans ce roman spectral, nous suivons Quinn, trentenaire paumée bouffée par une vie qui ne lui à pas fait de cadeaux. Oscillant entre réalité et imagination enfantine, entre temps présent et souvenirs, le texte m'a, pendant les 50 premières pages, légèrement perdue. Il faut s'accrocher. Mais ensuite, quelle claque !

J'ai été happée par l'histoire, souvent surprenante. L'autrice distille des indices, des pistes tout au long du roman qui s'assemblent soudainement au détour de l'un de ces courts chapitres. Passé les premières pages, le récit devient d'une fluidité déconcertante, et nous livre une histoire aussi glaçante que captivante.

A lire.

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La couleur du trois

Ce roman est déroutant. J'ai pensé l'abandonner mais il se lit vite et m'a fait l'effet d'un casse-tête qu'on veut quand même comprendre. On a une succession de phrases courtes, percutantes, dérangeantes aussi, sans forcément de lien logique avec ce qui précède ou suit. On sent un malaise physique et psychologique chez Quinn, la narratrice. On sait pourquoi (c'est dit dans la 4eme de couverture) alors où cette histoire va-t-elle nous emmener ? L'auteur alterne des flash-back : enfance/adolescence avec des scènes entre les trois frères et soeurs ; adolescence/adulescence quand Quinn faisait partie d'un groupe de musique ; l'âge "adulte" actuel, la vie décousue et névrosée de Quinn, ses anciens acolytes musiciens, ce que sont devenus les membres de sa famille...



Je ne saurais pas à qui conseiller ce livre : ce n'est pas que ce n'est pas bien, c'est juste... étrange et à la fois hypnotique. Si, peut-être à ceux qui aiment Twin Peaks (que j'aime aussi d'ailleurs) : un lecteur qui accepte de lire en sachant que des choses vont lui échapper, qui voit lui aussi les chiffres en couleurs ou qui peut sentir un arbre de goji pousser dans une forêt !
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La couleur du trois

Je vais commencer par vous dire que j'ai beaucoup aimé ce roman mais en vous prévenant que j'ai failli l'abandonner au bout d'une soixantaine de pages car je ne comprenais rien! Alors, il faut dire que j'ai commencé ma lecture en plein déménagement, en le picorant et c'était une grosse erreur! Pour entrer dans ce roman, il faut se plonger dedans et lire au moins les 60 premières pages presque d'une traite pour suivre. Avant d'abandonner, j'ai lu la 4eme de couverture pour essayer de situer un peu à quoi m'attendre et j'ai relu tout ce que je venais de lire en 3 jours d'une seule traite et je n'ai plus arrêté!



Dans ma première tentative de lecture, une deuxième chose a failli me détacher de l'histoire : la traductrice a choisi d'utiliser le mot « branchu » à tour de bras pour parler de ce que je comprenais être des gens « branchés », « bobos » « hipsters « … Mais personnellement je n'avais JAMAIS entendu ce mot… (« les branchus », « un branchu »…) Et du coup, ça m'énervais, je ne voyais plus que ça : j'ai retrouvé 7 fois le mot entre les pages 21 et 77!) J'en ai parlé sur les réseaux sociaux et une copine (Eva, merci!) m'a trouvé un article super intéressant où Leni Zumas explique qu'elle a inventé beaucoup de mots et, dans ce cas précis, elle a utilisé « spark » ou « sparkle » un mot ancien, familier, du 17 ou 18e siècle voulant dire « quelqu'un de bien habillé comme un dandy »car elle ne voulait pas utiliser hipster trop vu. J'ai d'ailleurs effectivement trouvé le mot « spark » dans le Webster Dictionnary 1828 où ça a bien ce sens et j'ai trouvé aussi une traduction du sens ancien qui serait « gaillard », « noceur »… Personnellement, je trouve que la traductrice n'a pas choisi le bon mot en prenant « branchu » qui donne un côté grotesque plus que le côté un peu prétentieux et méprisant que l'auteur a sans doute voulu donner, j'aurais plus vu une invention l'idée d'éclat comme dans spark… Une fois que j'ai compris cela, c'est passé car à part ça, l'autrice a de très belles trouvailles de texte, des images originales et une construction inhabituelle (qui nécessite une lecture attentive au début, le temps de s'en imprégner, c'est vrai!).



Comme ma lecture de la 4e de couverture m'a permis de me replonger dans le roman, je vous la recopie ici :



« Quinn, la trentaine passée, est célibataire, sans enfants, et sur le point de perdre son emploi. Comme si sa précarité financière n'était pas suffisamment angoissante, elle doit faire face au retour en ville de Cam, son premier petit ami, dont elle s'est séparée dans des circonstances qu'elle préférerait oublier. Cette réapparition fait remonter à la surface le traumatisme de ses années adolescentes ̶ la mort violente de sa soeur cadette ̶ , qu'elle croyait pourtant avoir enfoui au plus profond d'elle-même par des tactiques toutes personnelles…

Hypnotique et dérangeant, La Couleur du trois explore un monde fait de souvenirs chers et de blessures ouvertes qui dessinent la présence vacillante d'un fantôme. Sur fond de musique grunge, ce roman introspectif décalé, à l'héroïne marquée du sceau de la tragédie, nous parle de ce qui est tapi dans l'ombre. Et affirme le talent d'une auteure incandescente, dont l'oeuvre est à la fois intime et engagée. »



Donc, dans ce roman, plusieurs époques s'alternent, parfois dans un même chapitre. Dans chacun, Quinn est au centre. Nous sommes dans son enfance avec son frère et sa soeur, dans le présent dans sa vie quotidienne, dans le passé plus proche quand elle était membre d'un group de musique ayant eu un petit succès, et nous sommes aussi dans ses délires obsessionnels… Car Quinn est une jeune femme traumatisée qui a du mal à vivre une vie normale. On apprend assez vite que sa soeur est morte et cette mort, tragique à plus d'un point va créer des névroses terribles chez Quinn. Puis, au lycée, elle, va rencontrer Cam, qui va devenir son petit ami et avec qui elle va monter un groupe. Dans son présent, elle est n'est plus musicienne mais vie plutôt une vie assez inadaptée, entourée de Mink, son amie barmaid et Geck son ami junkie, tous les deux anciens membres du groupe… Aucun d'entre eux n'est vraiment inséré dans la vraie vie. Ils trimbalent tous un lourd bagage lié à leurs années de jeunesse. le retour de Cam en ville, va réveiller chez elle des souvenirs liés à cette époque.



Et puis, il y a aussi Riley, son frère qui a une vie bien rangée pour sa part mais sans doute trop bien rangée et ses parents, Mert et Fod qui semblent faire comme s'ils n'avaient jamais eu d'autre fille et ne comprennent pas forcément les névroses de Quinn.



Quinn est en fait obsédée par la mort de sa soeur, elle s'est créé des stratégies pour vivre avec mais elle imagine une sorte de ver qui est après elle, ou bien est-ce le fantôme de sa soeur qui la poursuit?



En relisant ce résumé, je comprendrais que vous n'ayez pas envie de le lire car j'ai beaucoup de mal à en parler et pourtant c'est vraiment une histoire et un roman que j'ai aimés malgré ou grâce à sa complexité car comme dans la vraie vie, on a l'impression qu'une pensée en amène une autre. Ce n'est pas forcément linéaire mais les divagations de Quinn finissent par dresser le portrait d'une vie, une histoire de famille, une histoire du passage de la jeunesse à l'âge adulte avec de nombreux traumatismes qui n'ont jamais été vraiment pris en compte et qui déteignent sur le présent.



Bref, laissez vous tenter, gardez l'esprit ouvert car cette autrice a une plume qui vaut la peine d'être suivie. Je l'avais déjà aimée avec « Les heures rouges« .
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La couleur du trois

Après Les heures rouges, qui m'avait surprise mais enthousiasmée, j'avais hâte de découvrir le premier roman de Leni Zumas, The Listeners, très justement traduit par La couleur du trois. Pas de dystopie ici mais un texte très juste sur les fantômes qui nous hantent.



Quand Quinn apprend que la librairie qui l'emploie va fermer ses portes, ce qui signifie pour elle quitter son appartement qu'elle n'aura plus les moyens de payer, et qu'elle apprend dans le même temps que son ancien petit ami est de retour dans leur ville natale, c'est un bouleversement total.

Quinn va se remémorer son adolescence tout en luttant contre ses vieux démons et en convoquant l'esprit de sa sœur disparue.



La narration alterne entre le passé et le présent et les chapitres, courts, sont entrecoupés de scènes du Jeu des Questions cher à Quinn, sa sœur et son frère, lorsqu'ils étaient enfants. Le voile se lève page après page sur les drames ayant marqué la vie de la jeune femme.



L'auteure distille habilement des informations au détour d'une phrase, d'une scène, des informations qui ont toute leur importance. Elle n'insiste pas dessus, au lecteur de décider comment les interpréter, les absorber.



La plume de Leni Zumas est percutante, le désespoir de Quinn, sa souffrance, suintent de chaque phrase, de chaque mot. On ressent physiquement son mal-être.

Le texte est lourd de sens et la symbolique est présente dans chaque paragraphe.

En deux romans, Leni Zumas est devenue pour moi une auteure à suivre
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La couleur du trois

Ce roman est une invitation à découvrir un style et une narration bien particulière. À charge au lecteur de saisir cette invitation et à découvrir la plume de Leni Zumas.



Une plume pour le moins originale, constitué de chapitres courts, tels des flash-back subliminaux et incontrôlables. Une narratrice unique qui se décompose en trois temporalités différentes, pour celles que j'ai pu clairement repérer. L'œuvre ne se laisse pas apprivoiser facilement mais dissimule un récit à fleur de peau.



Bien que l'auteure possède une plume créative, la narration respecte quand même une certaine linéarité. On fait la connaissance de Quinn, ancienne chanteuse d'un groupe de rock, jeune femme à la dérive, hanté par un passé qui menace de refaire surface. Au fil des saynètes que Quinn partage avec nous, les détails des tragédies de sa vie nous sont délivrés. Une souffrance sourde mêlée de culpabilité menace d'engloutir toute son existence tel le leviathan biblique.



Ce récit n'est pas celui d'une guérison, c'est à peine si la fin du roman apportera une lueur d'espoir pour Quinn, mais celui d'une prise de conscience. La montée à la surface de la souffrance enfouie sera l'occasion de solder une partie des comptes.



Une œuvre qui ne laisse pas indifférente mais qui restera hermétique à certains tellement la proposition est risquée.
Lien : https://culturevsnews.com/
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Les heures rouges

Je publie des chroniques littéraires sur lavisqteam.fr et celle de ce roman est présente au lien suivant : http://www.lavisqteam.fr/?p=38182

J'ai mis la note de : 14.5/20



Mon avis : Les heures rouges est un roman qui choque, qui perturbe et qui fascine à la fois. Le vocabulaire employé est cru, violent et parfois même humiliant. Rien n’est laissé au hasard. L’auteur veut marquer ses lecteurs et exprimer les choses telles qu’elles le sont et telles que la vie nous les donne. Le sujet du roman est lourd en lui-même : lourd en conséquence, en histoire, en révolution et en souffrance. Ce roman n’est pas à poser dans toutes les mains, et pas seulement à cause du vocabulaire employé. En effet, pour le comprendre et savoir y percevoir tous les messages cachés ou non, cela demande de la maturité et un esprit critique assuré.



L’auteure a imaginé un univers où l’avortement est interdit et où il est même défendu à des femmes d’avoir des enfants via fécondation in vitro. Une des futures lois à venir n’améliore rien en empêchant aussi l’adoption par des parents célibataires. L’embryon est considéré comme ayant une conscience et donc des droits. Ce dernier a ainsi le choix de vivre ou non et avorter est un meurtre. Ce sujet, toujours à débat dans certains cercles aujourd’hui, est perturbant et bannit tout contrôle de leurs corps pour les femmes. L’auteure s’aventure sur de nombreux domaines politiques, religieux et existentiels, aux valeurs souvent inégales selon les traditions et les cultures.



L’histoire nous conte la vie de pas moins de 5 femmes : une exploratrice, une guérisseuse, une épouse, une adolescente et une biographe. Les chapitres reprennent ces quatre derniers descriptifs comme si l’identité légale des protagonistes importait peu. Et c’est en fait le cas. Concernant l’exploratrice, sa vie nous est narrée via des passages du prochain livre de la biographe qui s’échine à retracer la vie d’Eivør, une exploratrice islandaise du XIXe siècle qui mériterait d’être davantage connue. La biographe est incontestablement celle dont les chapitres s’intéressent le plus de par ses liens avec tous les autres personnages et de par les conséquences de ses envies.



Ce lien qui existe entre toutes ces femmes ne nous saute pas de suite aux yeux et c’est là que l’on voit le talent indéniable de l’auteure. Au fur et à mesure des chapitres, on comprend et visualise les différentes relations en identifiant les rôles de chacune. La meilleure élève de la biographe, aussi professeure, est en fait l’adolescente ; la femme d’un des amis professeurs de la biographe est celle qui est appelée l’épouse ; etc. Certains liens sont plus vicieux et feront l’objet de révélations qui n’étonneront pas les plus futés d’entre vous. On se laisse malgré tout prendre au jeu avec facilité.



Le ton est dur, sombre, tout comme le quotidien des protagonistes qui évoluent dans une petite ville de pêcheurs. Le lecteur se sent happé par cette atmosphère malsaine et les premières pages ne sont clairement pas faciles à lire. Les héroïnes ne semblent pas heureuses dans leur vie, pour des raisons différentes, et ce malaise nous atteint en plein cœur. Il est dur de s’attacher à toutes ces femmes et cette proximité dépendra beaucoup de l’esprit du lecteur et de sa propre empathie. L’adolescente est certainement celle que l’on finit par le plus apprécier de par sa naïveté et sa grandeur d’âme.



Chaque histoire porte sur un sujet différent et est en lien avec le fait d’avoir des enfants. L’une en voudrait absolument un par exemple, alors qu’une autre n’en veut surtout pas ; l’une d’elles a des petits mais n’en est pas heureuse, etc. Chaque femme nous livre un message de vie intéressant et complexe à la fois qui évolue tout au long de chacun de leur récit. Les fins de ces 5 tranches de vie sont plutôt positives et cela fait du bien. Le lecteur essoufflé peut enfin respirer tranquillement et se réjouir.



Etant donné la divergence de certains points de vue dans le livre, il est difficile d’y lire un message clair de la part de l’auteure qui donnerait son propre avis et c’est tant mieux. Le livre nous permet de modeler notre propre opinion et d’interpréter les différents éléments comme bon nous semble.



La féminité est le sujet central de ce roman qui, en plus de parler d’avortement, parle de sorcières d’une manière qui n’est pas anodine, dans une ville proche de Salem. Un hasard ? La guérisseuse est d’ailleurs traitée de sorcière simplement parce qu’elle sait soigner par les plantes. Longtemps, des massacres ont été perpétués pour empêcher les femmes de connaissance de partager leur savoir. L’auteure nous donne des repères, des signes et des alertes, d’une manière intelligente et souvent détournée sur la cause féminine et finalement sur l’histoire de notre civilisation.



L’écriture est élaborée et soignée. Le vocabulaire cru ne plaira pas forcément à tout le monde et enlèvera son charme à l’histoire. L’auteure est talentueuse dans l’expression de ses propos, dans la narration de personnalités bien différentes et dans son utilisation de divers moyens écrits pour faire avancer son histoire (extraits de livres, de journaux, passages biographiques, …). Certains flashbacks ne sont pas toujours faciles à identifier au premier abord et les pensées endiablées de plusieurs personnages ne sont pas toujours aisées à suivre. Le rythme obtenu est original et captivant, bien que par moment décousu.



Les heures rouges est un roman d’actualités qui fait réfléchir tout en finesse spirituelle et ambition littéraire. Il fera certainement parler de lui !
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Les heures rouges

4 femmes, 4 destins, 4 portraits qui se succèdent au cours de chapitres parfois très courts, hachurés, un rythme saccadé qui prend à rebrousse-poil au début de la lecture et déroute.



4 femmes qui sont définies non pas par leur nom, leur identité, leurs traits de caractère, mais par leur rôle : la biographe, la guérisseuse, la mère, la fille. Dans une Amérique où les femmes se sont vu refuser le droit de disposer librement de leur corps lorsque l’avortement a été interdit, tout comme l’adoption ou la PMA pour les femmes célibataires, la question de leur rapport à la maternité se retrouve au coeur de leur statut dans la société.



Leni Zumas brosse le portrait d’une dystopie pas si incertaine, pas si lointaine et pour cela d’autant plus sinistre et effrayante. Revenir en arrière sur une décision (l’arrêt Roe vs Wade dans la jurisprudence américaine a rendu l’avortement constitutionnel dans tout le pays), et c’est un véritable retour vers le passé pour les femmes représentées par les quatre héroïnes du roman. Désormais, elles semblent encore plus dépendantes des hommes… dépendantes à la fois d’eux pour éviter une grossesse non désirée avec la contraception comme elles le sont pour pouvoir avoir et élever des enfants…

Dès le début, l’auteure nous plonge dans un univers dont nous décodons les règles progressivement. La narration, la structure du récit déroutent au début et il faut passer cette barrière, apprendre à découvrir les personnages et s’habituer au passage d’une héroïne à l’autre dans des chapitres brefs pour ensuite lire ce roman avec plaisir.

Ce traitement à rebrousse-poil rend plus palpable la violence sourde qui règne dans cette histoire. Non pas une violence sanglante, mais une violence latente et coercitive qui contrôle la vie et les possibilités des femmes et réduit leurs choix à presque néant. Elles semblent prisonnières des événements, de ce que la société attend d’elles, sans pouvoir sortir de ces cases : la guérisseuse (qui est considérée comme la sorcière du village), la biographe, la mère, la fille.



Parfois, ces choix semblent ne laisser place qu’à la possibilité du renoncement. A force de se débattre pour faire entrer leurs rêves et leurs désirs dans ces cases bien étroites, c’est comme si elles perdaient peu à peu la force de se battre.



Le thème est sombre, mais le roman n’en demeure pas moins drôle : Leni Zumas fait mouche pour faire de situations absurdes des moments où l’on se surprend à sourire. Sans doute car son récit est tout à fait personnel : comme elle le racontait à une rencontre au festival America, les tentatives de procréation de la biographe font écho à sa propre expérience et des anecdotes du livre sont issues de ce qu’elle a réellement vécu.



C’est sans doute pour cela que son roman est poignant, prenant, fascinant, émouvant, énervant et empli d’une force qui touche le lecteur. Un livre d’actualité, même s’il a été écrit avant que le sujet ne prenne autant de place. Un roman qui marque.
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Les heures rouges

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