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Critiques de Li-Chin Lin (38)
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Formose

Une bande dessinée sur Taïwan d'habitude ne m'aurait pas tentée du tout, et c'est

encore un billet d'un ami babeliote, gonewiththegreen, qui me l'a fait acheter, et s'est avéré relativement une bonne décision. Car à vrai dire j'avais peu de connaissances sur cette île, à part les quelques notions d'histoire, forcément connues un tant soit peu par qui s'intéresse à cette partie du globe.

L'histoire en elle-même ne m'a pas vraiment emballée. Les injustices, la corruption politique, les mensonges, l'ambition des parents qui ne correspondent pas à celle de leur progéniture...... bref rien de nouveau, ni de passionnant. Par contre j'ai appris sur les problématiques de langues ( les langues aborigènes, le hakka, le holo, le mandarin ), les cultures taïwanaises étouffées au profit de la culture chinoise, l'histoire de l'île avec la colonisation japonaise, le massacre du 28 février 1947 ( Massacre 228 - 20000 à 30000 morts), la dictature de Chiang Kai-Chek aussi redoutable que celle de Mao.... Colonisées par les hollandais puis par les japonais, gouvernées par les régimes Chiang, père -fils, les taïwanais n'ont jamais pu décider par eux-mêmes .

Mais en faites qui sont ces taïwanais ? Aborigènes, Hakka, Holo, WSR ???

L'auteure, qui a un père Holo et une mère Hakka se présente comme taïwanaise

"De souche " ?

Bref une île à la personnalité confuse, à l'histoire compliquée et à la relation délicate avec la Chine, que les Chinois ont anéanti avec leur langue et leur "inculture". Quand à la BD je l'ai trouvé graphiquement intéressante, simple mais efficace comme expression à part la grosse coquille déjà signalée par mon ami babeliote gonewiththegreen, une coquille impardonnable page 224.

Plus je lis, plus je m'en rend compte que démocratie, égalité, fraternité, liberté. honnêteté sont des notions que beaucoup de monde déclame en théorie mais une fois qu'on arrive à la pratique, au concret , elles se volatilisent.......L'insoutenable attraction de l'ego, du pouvoir, de l'argent ...... éradique tout ! Pourtant existe encore quelques

personnes qui vivent dans leur propre monde, hors de ces sphères qui arrivent quand même à nous donner l'espoir que tout n'est pas encore perdu !

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Formose

Formose est un roman graphique en noir et blanc assez épais (250 pages) dont les dessins sont réalisés au crayon avec une assez grande liberté, tantôt dans des cases bien délimitées, tantôt dans un format qui rappelle un peu la case mais sans le cadre habituel et tantôt avec un abandon total de la délimitation.

Artistiquement, ceci permet d’offrir, par moments, des dessins en pleine page.

L’auteur, Li-Chin Lin, une jeune indigène émigrée depuis en France, nous ouvre les yeux, au travers de cette autobiographie, sur la situation politique et culturelle de son île natale, Taïwan.

On en apprend donc beaucoup (sauf si l’on avait au préalable de solides bases sur l’histoire de l’île) sur la façon dont l’île a été peuplée, colonisée par vagues successives : aux origines par des aborigènes (langue Holo), puis par des Mandchous (langue Hakka) au XVIIème siècle après une brève intrusion occidentale des Hollandais et des Espagnols, puis par des Japonais à la fin du XIXème, et enfin par des « républicains » Chinois au milieu du XXème suite à la prise du pouvoir en Chine par les communistes de Mao Zedong.

Li-Chin Lin, née en 1973, nous fait partager son chemin personnel de prise de conscience et d’édification, par poussées successives, décrivant tour à tour l’endoctrinement de la jeunesse, l’asphyxie programmée des cultures présentes dans l’île avant l’arrivée des chinois, le gant de fer des autorités dictatoriales, le formatage systématique, le sentiment d’infériorité des ruraux du sud face aux citadins du nord, le fractionnement culturel et idéologique des familles, le système scolaire stakhanoviste, le circuit occulte de l’argent et son lien avec la politique, et bien d’autres aspect encore.

L’ouvrage n’est pas exactement présenté de façon chronologique, bien que l’on s’en approche, mais plutôt par thèmes ou par événements. Cela produit une vision parfois un peu brouillonne, un peu fourre-tout, pas très organisée ni hiérarchisée, qui a tous les inconvénients de la spontanéité, mais aussi, pour notre plus grand plaisir, qui en a aussi tous les avantages.

On navigue entre une vision clairement engagée et une vision qui se voudrait plus objective, entre une vision personnelle et familiale et une vision historico-politique plus documentaire, ce qui m’a donné une sensation d’inachèvement où l’angle d’attaque n’a pas été clairement défini. Comme ces œuvres de jeunesse où l’auteur veut tout dire, en une seule fois, en un seul ouvrage.

Cependant, puisqu’il s’agit d’un récit autobiographique, on peut comprendre le travail si spécifique de la mémoire, les souvenirs qui affluent par vagues et par anecdotes plutôt que selon un fil plus linéaire comme on en a l’habitude lors des évocations historiques ou politiques.

Enfin, Li-Chin Lin, qui vit désormais en France depuis une dizaine d’années, nous place un miroir devant les yeux et nous fait sentir le rôle et la position troubles des "démocraties", avec Paris qui ferme les yeux sur l’espionnage et l’intimidation chinois des indépendantistes taïwanais et les méthodes plus que musclées de la réputée très calme Suisse, qui n’est pas sans rappeler certains aspects de la dictature que les Taïwanais dénonçaient en 2009 à Genève.

Pour conclure, un roman graphique plaisant, riche et parlant, que je conseille volontiers, un peu dans l’esprit de Persepolis de Marjane Satrapi ou de Pyongyang de Guy Delisle, sans être toutefois aussi al dente à mon goût, mais ceci n’est que mon avis, c’est-à-dire, pas grand-chose.
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Formose

Il y a des bandes dessinées dont le mérite est de nous plonger sans difficulté dans des situations, des épisodes historiques que nous ne connaissons que partiellement, ou mal.

Ici, c'est le cas de cette petite île ayant vocation à déclencher le prochain conflit planétaire : Formose, Taïwan...

Une belle réussite revêtant un double intérêt : nous faire découvrir un épisode historique souvent assez mal maîtrisé et nous plonger dans la tête d'un habitant "lambda" de l'île.

Contradictions, allégeances multiples, langues, famille, éducation, tout est prétexte à la réflexion.

Les dessins noir et blanc sont simplistes, mais transmettent parfaitement les dilemmes auxquels sont soumis l'héroïne, l'auteure alors jeune.

Dommage que cela s'arrête en 2011, nous aurions besoin d'un volume 2 pour comprendre l'évolution d'un citoyen Taïwanais "de base" avant que les propagandes croisées ne nous fabriquent des caricatures servant leurs récits à venir.

Mais ce volume-ci me semble presque indispensable...
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Formose

Taïwan , qu'est ce que cela évoque pour vous ? Les frégates , le célèbre "made in ". Éventuellement une grande tour et le refuge des vaincus de Mao. On en est là pour la majorité d'entre nous.



A travers un roman graphique , Li_Chi Lin nous raconte son enfance , jusqu'à l'université .Elle qui a quitté son pays pour venir vivre en France.

elle nous raconte la mixité culturelle de son pays et les minorités que l'on a "chinisées" à partir de 1945 et la cession par le Japon de l'ile aux Chinois.

Elle raconte la dictature de "Chiang", père et fils et le devoir de se plier à la culture chinoise pour réussir.

La culture du mythe par le Kuomintang fait peur mais finalement ne surprend pas.

L'auteur traduit bien son changement d'attitude et sa compréhension du monde dans des discussions rêvées avec Chiang Kai Tchek ou Mao.

La corruption, la propagande , les débuts balbutiant de la démocratie, la délation, le "massacre 228" en 1947 , tout est relaté à travers un graphisme particulier qui fait une large part aux pensées de l'auteur et rend l'ouvrage singulier.

Une belle porte d'entrée dans l'histoire de ce pays, largement méconnu et qui vit dans la terreur des missiles que l'omnipotent voisin a pointé sur lui.

Je me permets quand même une remarque .il est écrit à la page 224 que Sun Yat Sen (fondateur du Kuomintang et un des principaux artisans de la fin du pouvoir des empereurs Qing) a été expulsé de Chine en 1949.

Or il est mort en 1925. Dommage, mais peut être est ce moi qui fait erreur.
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Goán tau, chez moi

Li-Chin est une dessinatrice taïwanaise installée en France depuis plus de 20 ans. Dans Goan tau, chez moi, elle se met à nu pour nous raconter sa double culture et son statut fragile d'expatriée, toujours tiraillée entre deux pays et deux origines, pas tout à fait d'ici et plus tout à fait de là bas.



Ce qui frappe le plus quand on ouvre ce roman graphique, c'est la qualité du dessin. La couverture est déjà magnifique avec cette jeune femme au double visage qui prend littéralement racine dans deux pays et chaque page révèle de superbes surprises. Moi qui lis beaucoup de BD et œuvres graphiques, cela fait longtemps que je n'avais pas été autant soufflée par les dessins : on a envie de rester en contemplation devant plusieurs pages ou vignettes tellement le trait est fin et tellement l'auteur exprime de choses et de sentiments à travers un seul dessin crayonné en noir et blanc qui paraît pourtant si simple au premier abord. La mise en page rend le récit très vivant, la construction passant d'un découpage classique en vignettes à des dessins pleines pages ou même à cheval sur deux pages quand l'histoire l'exige.



Les réflexions, souvenirs et scènes de vie que l'auteur partagent avec nous sont également très intéressants et touchants. On découvre le racisme latent anti asiatique auquel elle est parfois confrontée, de ces jeunes qui l'accusent de manger des chiens à ceux qui se moquent de son accent, on partage son combat (très drôle et bien rendu en images) pour maîtriser la langue française et affronter ses peurs pour parler en public, enfin on ne peut qu'être ému par son amour de la France et ses rêves de voyages et de pays lointains quand elle était enfant qui l'ont conduite jusqu'ici aujourd'hui. Les pages que j'ai trouvées les plus frappantes sont celles qui décrivent ses retours à Taïwan, les difficultés qu'elle a à s'intégrer à nouveau à sa famille , les scènes parfois violentes avec ses frères et sœurs qui lui font payer son absence et son éloignement, elle nous fait partager ainsi également le prix à payer pour une expatriation et l'impossible retour tel quel au pays natal. Et puis en filigrane transparaissent toutes les différences de culture entre les deux pays et l'incompréhension qu'elles génèrent parfois pour des personnes qui n'ont pas conscience de ces spécificités (mention spéciale pour les français fanas du bisou qui s'acharnent à serrer dans leurs bras tous ceux qu'ils croisent !). Petit bémol pour la dernière partie racontant le combat de l'auteure contre le bar situé sous son appartement et le tapage nocturne qui lui pourrit la vie, que j'ai trouvé plus anecdotique et moins forte que les précédentes, même si pour elle ce combat représente sans doute sa première victoire en temps que française à part entière.



Un album reçu grâce à une Masse Critique pour laquelle je remercie grandement Babelio et l'éditeur, Ça et là. J'ai adoré découvrir l'histoire de Li-Chin, cette BD est un vrai régal à conseiller à tous. Je pense que j'y reviendrai pour le simple plaisir d'admirer encore ces dessins si justes. Et en attendant, je vais de ce pas me procurer Formose le premier album de l'auteure.
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Goán tau, chez moi

Difficile de ne pas vexer, voire blesser une personne étrangère installée en France depuis des années en voulant lui poser des questions sur son... "exotisme". Et c'est ce que vit régulièrement Li-Chin Lin, taïwanaise et arrivée en France en 1999 pour ses études. Depuis, elle a vécu à Montpellier, Angoulême et près de Valence, s'est mariée et a divorcé, a fini ses études et travaille maintenant dans son pays d'adoption; Elle participe même à des manifs, bref, une vraie Française. Et pourtant... pourtant son visage, son accent sans doute et ses origines qu'elle ne renie pas la renvoient sans cesse vers son étrangeté. "Et quand est-ce que tu retourneras chez toi?"

Mais chez elle, c'est ici!

Tiraillée entre deux cultures très différentes, sa famille à Taïwan et ses amis en France, difficile de s'enraciner. Li-chin Li compare les deux pays d'un oeil critique, revient sur ses débuts en France (la bise notamment, le cauchemar de la plupart des étrangers!) avec des illustrations d'une grande expressivité. C'est d'ailleurs sur ce point que je serais un peu moins positive: je les ai parfois trouvées un peu trop bordéliques, et l'ensemble visuellement désorganisé, en tout cas trop à mon goût.

Le dernier chapitre, où elle s'affirme en vraie citoyenne de la France, raconte ses déboires avec le bar situé sous son appartement dont le vacarme l'empêche de fermer l'oeil et l'oblige, après plusieurs plaintes, à s'adresser aux autorités, seule, autonome: sa plus grande victoire en matière d'intégration?

Un témoignage captivant en tout cas.

Merci à Babelio et aux éditions Cà et Là pour cette lecture.

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Formose

Li-Chin Lin se considère comme une rescapée miraculeuse de la propagande taïwanaise en faveur du régime dictatorial du Kuomintang. La première partie de Formose nous donne une vision de cet endoctrinement, tel qu’il le fut vécu par l’âme innocente d’un enfant –qui pourrait être également l’âme innocente d’un adulte ignorant. Mais au fait, est-il possible de n’avoir jamais connu autre chose que les discours manipulateurs du parti au pouvoir ? Après réflexion, l’existence d’une telle catégorie de taïwanais semble improbable. Les habitants de Formose, soumis à la colonisation depuis le IIe siècle, n’ont jamais perdu l’unité d’une culture qui leur est propre et que les nombreuses vagues de peuplement n’ont jamais réussi à dissiper. Si les discours officiels du Kuomintang sont convaincants, ils ne le sont toutefois pas assez pour faire disparaître des siècles de traditions.





Au moment où Li-Chin Lin est enfant, Taïwan est soumise au joug chinois. Celui-ci succède directement à la colonisation japonaise et s’évertue à vilipender les gouvernements précédents pour mieux imposer la légitimité de sa domination. Le 20e siècle voit s’affronter l’âme taïwanaise, l’ombre japonaise et le corps chinois. Entre ces trois cultures, définies par trois langues et trois paradigmes différents, la petite fille voit apparaître ses premières contradictions identitaires. Richesse ou schizophrénie destructrice ? Li-Chin Lin semble avoir personnellement peu pâti de ces affrontements culturels -elle a plutôt su en percevoir la richesse- mais l’identité de la Formose millénaire n’est pas du même avis.





Sans haine ni regrets, Li-Chin Lin raconte la crédulité et l’aveuglement –couplé au silence de sa famille- de ses années d’enfance et d’adolescence. Le réveil n’est permis qu’à ceux qui auront survécu à la pression des exigences lycéennes et qui auront négligé la voix royale des études techniques pour se lancer dans une formation obsolète –dans l’étude de l’histoire, par exemple. La propagande se dévoile, révélée par les discours de professeurs intègres qui cessent enfin d’être à la solde du régime. Même ainsi, l’apprentissage de la réalité est violent –pourquoi croire en ces discours plutôt qu’en ceux du Kuomintang ? Le temps viendra à bout des dernières réticences de l’auteure, jusqu’à ce qu’elle prenne progressivement conscience de l’oppression vécue par Taïwan, et jusqu’à ce qu’elle comprenne les raisons de la pérennité dictatoriale. Aucun pays puissant au monde n’a intérêt à défendre les intérêts d’une île aussi économiquement insignifiante que Formose. La faute aux taïwanais silencieux ; aux japonais obséquieux ; aux chinois tyranniques ; au monde indifférent ; la faute à tout le monde et à personne, car nul endroit au monde n’est meilleur ou pire que Taïwan. C’est la conclusion à laquelle aboutit Li-Chin Lin lorsqu’elle se rend à une manifestation pacifique à Genève pour défendre les droits de l’homme –où elle finit menottée !





Dans cette perspective apparemment pessimiste, l’auteure laisse toutefois l’espoir se manifester. Quoique tyrannique, injuste et violente, l’histoire fonde durablement une trame culturelle qui nourrit sa population, à condition que celle-ci soit consciente des processus qui se jouent trop souvent à son insu. Et pour commencer à pallier à cette ignorance, cette bande dessinée étonnante, accessible et enrichissante mérite le détour.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Formose

Li-Chin Lin est une Taïwanaise qui anime des ateliers de création de BD en Rhône-Alpes où elle réside. La reconstitution de son regard d’enfant et d’adolescente de l’époque qui précède la transition démocratique constitue l’ossature du récit de Formose. Le graphisme est donc de tonalité naïve. Le lecteur commencera par lire l’avant-dernière page intitulée “Repères“ car elle résume l’histoire de l’île du début du XVIIe à nos jours puis la postface qui la précède juste avant. Sa première lecture en deviendra ainsi plus pertinente. L’ouvrage montre combien l’éducation à Taiwan survalorisait la culture chinoise traditionnelle et que celle-ci était parfois bien étrangère à l’univers tropical taïwanais. Ainsi les élèves devaient reproduire des thèmes paysagers reflets de la Nature d’entre le Fleuve bleu et le Fleuve jaune alors que leur univers était tropical. L’auteure (née en 1973) est d’origine chinoise mais ses ancêtres, comme la majorité des habitants de l’île, sont venus de la province continentale voisine du Fujian entre 1650 et 1850 et deux générations de sa famille ont connu l’occupation japonaise. Aussi son univers culturel est bien différent de celui imposé à l’école par un gouvernement nostalgique de la Grande Chine ; obligée d’y adhérer formellement, elle trouve des poches d’oxygène pour s’en détacher partiellement. Le contenu de l’ouvrage est essentiellement un rappel de l’endoctrinement et de la mainmise politique du Kuomintang (Guomintang) depuis son retour à la Chine en 1945 jusque dans les années quatre-vingt. L’époque de transition démocratique dans les années 1990 est vue à travers la personnalité du président Li Teng-hui et le développement des radios libres. La fin de l’ouvrage évoque les efforts de certains citoyens pour construire (non sans risque pour leur vie) une alternative politique. Celle-ci permet l’élection puis la réélection d’un président autonomiste (en 2000 et 2004) sans toutefois que l’ensemble de son camp n’obtienne jamais la majorité au parlement. Ce livre sert de point d’appui solide pour comprendre les tensions intérieures et extérieures à venir d’une île aux populations fort diverses. Il constitue un point d’appui solide pour comprendre les tensions autour de l’avenir d’une île, tensions qui pèsent sur toutes les relations entre les USA et la Chine. Ce livre reflète l’inquiétude de la majorité des Taiwanais (et pas seulement de ceux qui votent pour les partis d’opposition) face à leur devenir politique et une situation économique qui a vu nombre d’hommes d’affaire de l’île opérer une délocalisation de leurs activités sur l’île.



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Formose

Bien sûr, vue d’Europe et de France, Taïwan est une ile lointaine, pas très grande, en tous cas sans commune mesure avec la Chine continentale. De Taïwan, je ne connaissais que l’histoire récente, essentiellement le fait qu’à la toute fin des années 40 les nationalistes chinois, avec à leur tête Tchang Kaï-Chek, se replient sur l’ile de Taïwan. La victoire des communistes de Mao Zedong est totale sur le continent et la République populaire de Chine est déclarée à Pékin. En écho, à Taïpei, c’est la République de Chine qui est déclarée. Et bien sûr depuis cette époque la presse relate de manière sporadique les difficultés entre les deux pays et la valse-hésitation des positionnements diplomatiques des pays du monde entier, la RPC considérant que la l’ile de Taïwan (RDC) fait partie intégrante de son territoire.

Je vais bientôt devoir aller à Taïwan et en cherchant à lire sur le pays, je suis tombé sur cet excellent roman graphique d’une jeune taïwanaise installée à Paris. J’y ai appris beaucoup. En particulier, sur la vie quotidienne des taiwanais des années 50 à nos jours : la propagande officielle ; le caractère autoritaire du régime ; la manière dont le KMT (Kuomintang) s’est maintenu au pouvoir ; les luttes pour la domination culturelle et linguistique sur l’ile ; les anciens aborigènes ; les vagues successives de de migrations ; et le fait que la dernière en date celle des nationalistes chinois a maintenu les autres sous une chape. Un très bon roman autobiographique, un témoignage éclairant non dénué d’humour.
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Fudafudak : L'endroit qui scintille

Li-Chin Lin est née à Taïwan en 1973. Après des études d'histoires, elle quitte son pays pour la France, où elle vient étudier l'Art de l'image, à Angoulême puis à Valence. Elle réalise des courts métrages d'animation, puis se met à l'illustration en 2002 en collaborant à des fanzines. Elle réalise 2 livres pour enfants qui seront publiés à Taïwan.

En 2012 elle publie son 1er roman graphique, Formose, où elle raconte son enfance et l'histoire de son pays.

Elle vit à Valence.

Là elle revient sur le pays de son enfance, et plus particulièrement sur la région de Dulan, plage paradisiaque appartenant aux Amis, une tribu aborigène de l'ile.

Cette plage s'est vue défigurer par la construction d'un hôtel gigantesque, les Chinois sont à l'origine du projet, et les habitants, mal informés, ont été spoliés.

C'est le livre d'une lutte, de la lutte d'une minorité contre une majorité écrasante : les Amis contre le capitalisme, le progrès envahissant.

Il faut aussi lutter contre le projet d'implantation d'une déchetterie nucléaire sur l'ile aux orchidées.

Tout une écosystème en danger. Sachant aussi que la région est sujette aux tremblements de terre et aux tsunamis, on se demande pourquoi les erreurs du passé ne servent toujours pas à se remettre en question pour l'industrie du nucléaire...

Ce livre raconte les combats de minorités tribales contre les autorités locales, obnubilées par l'appât du gain. Une histoire vieille comme le monde.



Le dessin de Li-Chin Lin est inégale : déployé sur une page, il est beau, expressif, vibrant. Ramené à des petites cases, il perd sa lisibilité, il est parfois moche, et brouillon.

Mais j'ai appris des choses sur ce peuple fier et libre. Et j'aime bien l'esprit positif de Li-Chin Lin et de ses amis Amis.

Livre à échanger, dans un esprit de libre-partage et circulation de l'information.
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Formose

Mon tour du monde littéraire passe par Taïwan avec ce roman graphique découvert grâce aux conseils de Babeliotes.

Li-Chin Lin nous raconte son enfance de l’école primaire à l’université. Elle décortique pour nous le système scolaire de Taïwan et l’influence du discours de l’école sur les idées des élèves. Il s’agit d’un véritable parcours initiatique puisqu’après avoir renié ses origines et avoir eu honte des traditions de sa famille, après avoir cherché à se modeler et à se conformer à l’image que l’école et les médias attendent d’elle, elle devra attendre ses cours universitaires et surtout le discours de ses professeurs d'université pour ouvrir les yeux sur le système politique de Taïwan.

Très simplement, l’auteure nous raconte l’histoire de son île. L’occasion pour moi de me rendre compte que j’en savais très peu et de compléter ainsi mes connaissances. Les faits historiques, culturels et idéologiques sont servis par un dessin sobre mais efficace qui se concentre beaucoup sur les émotions et sentiments de l’auteure.

Je regrette simplement que la bande dessinée ne raconte pas ce qui s’est passé pour la jeune fille après l’université. De nombreuses questions restent en suspens après avoir refermé le livre : comment s’est-elle retrouvée en France ? Comment se sont terminées ses études ? De plus, la bande dessinée date d’il y a un peu plus de 10 ans déjà et elle m’a donné envie de découvrir ce qui s’est passé pour Taïwan pendant ces dix dernières années, si les choses ont évolué et comment elles ont évolué.

J’ai bien apprécié la postface et les repères à la fin du livre qui nous présentent chronologiquement l’histoire de Taïwan de manière succincte mais très claire. C’est bien appréciable pour bien resituer les propos de l’auteure.
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Formose

(...)

Pourtant, si la forme ne m’a pas convaincue, le fond est intéressant une fois qu’on a lu l’intégralité du témoignage. Formose est l’occasion pour le lecteur de découvrir Taïwan d’une manière tout à fait originale. Au fil des pages, les pensées et réflexion de la jeune fille s’affinent, se structurent. Très tôt, on remarque que les enfants sont conscients de la nécessité d’investir dans leurs études pour pouvoir atteindre un idéal de société : la Réussite sociale. De même, on ressent très fortement, comme dans de nombreuses œuvres d’artistes asiatiques, l’importance du Paraître et celle du respect des traditions. Progressivement, de nouvelles notions intègrent son discours, elle nous fera également profiter de son expérience et de son analyse de la situation dans les derniers chapitres. La petite fille espiègle, devenue adulte, comprendra tardivement les tenants et les aboutissants politiques, médiatiques, éducatifs… de son pays. Censure, propagande, système éducatif contrôlé, endoctrinement… sont ici abordés sans tabous.

(...)
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Formose

Li-Chin Lin est née à Taïwan en 1973. Une île à l’histoire mouvementée, au départ uniquement peuplée d’aborigènes mais très rapidement annexée par les chinois (dès le IIème siècle). Au XVIème siècle, les portugais la rebaptise Formose, nom qu’elle gardera jusqu’à la création de la république de Taïwan en 1895. Cette même année, la Chine cède la toute jeune république au Japon. Il faudra attendre 1945 et la défaite japonaise pour que l’île retourne dans le giron chinois. En 1949, lorsque les nationalistes dirigés par Chiang Kaï-Chek sont chassés du pouvoir par l’Armée Populaire de Mao Zedong, le gouvernement des vaincus s’exile sur l’île. Taïwan devient alors officiellement la république de Chine (à ne surtout pas confondre avec la République Populaire de Chine de Mao). Pendant près de 50 ans la famille Chiang, farouchement anti-communiste, va régner sans partage sur l’île en instaurant la loi martiale. Il faudra attendre 1996 pour voir les premières élections au suffrage universel. Aujourd’hui, si la dictature a disparu, la démocratie reste fragile.





Cette remise en contexte historique un peu lourde est un préalable nécessaire pour bien comprendre cet album autobiographique. Au début des années 80, la petite Li-Chin vit dans le sud de l’île. Difficile pour elle de s’y retrouver entre la propagande officielle anti-communiste, la nostalgie de ses grands parents qui regrettent l’époque de la colonisation japonaise ou encore le dédain affiché à l’égard des autochtones que les chinois considèrent comme des êtres inférieurs. A la maison, sa mère parle le holo (le taïwanais) et sa grand-mère le japonais tandis qu’à l’école seul le mandarin est autorisé. La petite, endoctrinée par ses enseignants, pense que cette dernière langue est la plus noble et la plus à même de faire d’elle une chinoise de Taïwan modèle. Passionnée par le dessin, Li-Chin tombe amoureuse des mangas. Un vrai dilemme pour elle, conditionnée pour mépriser tout ce qui n’émane pas de la république de Chine. La culture japonaise dans son ensemble la fascine malgré elle, ce qui lui pose quelques soucis « patriotiques ».



La suite sur : http://litterature-a-blog.blogspot.com/2011/11/formose.html




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Formose

Formose est un roman graphique qui fourmille d'informations passionnantes sur Taïwan, sa population et son histoire. Je n'ai cependant pas accroché au dessin crayonné qui n'aide pas à s'y retrouver dans cette masse d'éléments. J'ai heureusement vu un documentaire sur le même sujet il y a quelques temps et n'était donc pas totalement ignorante sur le sujet. Sans ça, je pense que je n'aurais pas réussi à aller au bout de la BD. Ça aurait été dommage car elle est malgré tout très intéressante. Avec un contenu aussi touffu, j'aurais juste apprécié une forme plus lisible et d'avoir la chronologie au début de l'album plutôt qu'à la fin.
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Goán tau, chez moi

J'ai découvert ce roman graphique dans une boîte à livres, et j'en suis ravie.

Ce roman autobiographique permet à la dessinatrice de nous parler de ses origines taïwanaises et de sa vie française. Depuis plus de 20 ans, elle vit en France et pourtant elle doit souvent justifier sa présence dans ce pays qu'elle considère aujourd'hui autant comme le sien, que Taïwan, son pays d'origine. Elle y a laissé une famille avec laquelle les relations se dégradent au fil des années, car la différence culturelle qui s'installe entre eux devient difficile à gérer.

Le thème est très intéressant et j'ai beaucoup apprécié d'avoir le regard de l'autrice sur cette double culture.

Dans les BD et les romans graphiques, j'aime beaucoup les dessins naïfs, mais plutôt quand ils sont très colorés. J'avoue avoir plus de mal à apprécier le noir et blanc qui est le choix dans ce roman graphique, et j'ai aussi parfois eu du mal à comprendre certaines planches qui sont sans parole. C'est très certainement la volonté de la dessinatrice, mais j'ai parfois manqué d'explications.

Cependant j'ai beaucoup apprécié cette lecture.
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Formose

Formose, est une île dont le nom a été donné par les Portugais au 16ème siècle (du portugais. ilha formosa : « la Belle Île »)

Formose fut colonisé par les Hollandais qui ont chassés les Espagnols. Formose s'est vu ensuite emparé par un pirate Chinois. Puis, ce sont les Japonais qui ont débarqués sur cette île... Mais au final, Formose devint une province Chinoise.

Rien ne s'arrangea avec et après la Seconde Guerre Mondiale : révolte, annexion, accord de défense, conseil de sécurité, intégration pacifiste, Chine Nationaliste, Chine Communiste, état de guerre, état d'urgence, loi martiale, reconnaissance, indépendance, intégrité territoriale de Chine, KMT (Kuomintag), DPP (Parti démocratique progressiste), RDC (République De Chine)...



Formose , un terre de conquête et d'invasions, autant de qualificatif pour une île loin d'être paisible et ce, depuis ses origines !



Formose, est donc l'ancienne appellation pour l'île de Taïwan.

Elle est située à 160 km de la côte Sud-Est de la Chine.

La superficie est de 36000 km².

A Taïwan, il y a 23 millions d'habitants.

On y parle le mandarin comme sur le continent chinois.

Il existe aussi du chinois hakka, des langues aborigènes et du japonais...

Il reste environ 300 000 aborigènes provenant de 9 ethnies différentes.

La devise nationale est : « Fermeté dans la dignité et dynamisme dans l'indépendance. ».

Voilà pour la situation géopolitique. Ça à l'air pas mal cette île, non ?



Née à Taïwan en 1973, Li-Chin Lin vit et travaille en France depuis 1999. Dans un premier temps, réalisatrice de courts métrages d'animation, elle collabore ensuite avec de nombreux fanzines et réalise en parallèle des livres pour enfants. Formose est son premier roman graphique. Un beau livre pour dessiner une belle île.



Le dessin, au crayon de mine, est sous forme de strip. Pas ou peu de case, donnant ainsi beaucoup de liberté à la lecture, à l'histoire... La notion sur l'autonomie Formosiènne semble d'ailleurs très importante pour l'auteur. Le dessin peux passer enfantin. En même temps, nous allons suivre les aventures et mésaventures d'une petite fille. L'auteur s'est mise en scène elle-même, du temps de sa jeunesse. Formose est donc aussi une auto-biographie.



Cette lecture est chapitrée au rythme des souvenirs de notre petite Lin. Élève intelligente, vive et rigolote, elle va nous aider à comprendre et à apprendre sur les particularités du pays, en mal de reconnaissance face au géant Chinois. C'est bourré d'informations et parfois un peu compliqué, pour nous européen... Mais si tu commences par lire la page « Repères » en fin d'ouvrage, la compréhension n'en sera que plus juste.



Cet album est un apprentissage sur la culture taïwanaise où il faut parler « une langue cousue » : le Holo (Taïwanais), le Mandarin (Chinois), mais aussi le Hakka ou encore le Japonais, et bien sûr l'Anglais voir le Français... Sans parler que l'accès aux connaissances n'est pas donné à tous le monde... Li-Chin va y arriver, tout en s'amusant sur son propre sort. Sa curiosité va faire la différence et son goût de dessiner, très vite, très jeune, va aiguiser son intérêt de comprendre Formose, et nous aussi !



L'auteur va insister sur les blessures de l'Histoire de la Chine, sur la mémoire, la vérité, la justice, l'argent, mais aussi sur des sujets plus léger comme les radios libres, le manga. Sur ce dernier thème, j'ai retrouvé des informations données par Yoshihiro Tatsumi, dans Une Vie dans les marges, concernant les mangas en location.



Un ouvrage axé sur l'humour pour mieux passer la pilule d'une vie où, tout autour de soi , tout semble compliqué.

Un ouvrage de lutte et de révolte. C'est riche et même si j'ai regretté de ne pas ressentir le personnage véritablement évoluer, c'est peut-être parce que Li-Chin Lin garde une âme d'enfant, en elle.



Où quand Formose rime avec métamorphose, il y a juste à dire, ose !!
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Fudafudak : L'endroit qui scintille

Je voulais d'abord remercier Babelio qui m'a permis, grâce à la Masse Critique, de découvrir cette auteure de bande dessinée taïwanaise.

Après un premier roman graphique consacré à Taïwan (Formose en 2011), Li-Chin Lin réalise avec Fudafudak un reportage passionnant sur l'une des communautés aborigènes de l'île, les Amis.

Avant l'arrivée des immigrés chinois au 17e siècle, Taïwan était habitée par une vingtaine de groupes aborigènes, pour la plupart aujourd'hui assimilés. Les Amis sont l'une des tribus indigènes qui subsistent.

En 2013, une amie de Li-Chin, Hsiao-Ching, décide de quitter la capitale, Taipei, pour s'installer à Dulan, un village Amis de la côte Est.

Elle y monte un projet de ferme bio et noue rapidement des relations fortes avec les Amis. Elle en vient à défendre leurs intérêts, et milite avec eux contre un énorme projet de complexe hôtelier sur la plage de Fudafudak, proche de Dulan.

Réalisé entre 2013 et 2015, Fudafudak décrit l'installation de Hsiao-Ching dans ce village, la mise en place de son projet de ferme bio, ses relations avec les aborigènes, ainsi que l'histoire du conflit avec les autorités locales jusqu'à la conclusion de l'affaire Fudafudak.

Li-Chin a vécu avec Hsiao-Ching et les Amis pendant plusieurs mois. A travers le récit de leurs quotidien, elle montre comment une minorité tente envers et contre tout de préserver ses coutumes et son cadre de vie, face à un gouvernement obnubilé par des intérêts financiers.

Li Chin est née à Taïwan en 1973. Après des études artistiques en France, elle se lance dans la bande dessinée en 2002 (Fanzines, livres pour enfants). Son premier roman graphique (Formose paru en 2011) est totalement autobiographique : sa jeunesse passée sous le régime dictatorial, son attrait pour le dessin... Aujourd'hui, elle vit à Valence.
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Formose

L'une des plus chouettes raisons pour lesquelles j'aime la bande-dessinée, c'est qu'elle me permet de découvrir des sujets sur lesquels je ne me serais certainement jamais penchée sous une forme plus littéraire ou documentaire.



Cette fois-ci, grâce à Li-Chin Lin, j'ai embarqué sur l'île de Taïwan (Formose étant son ancien nom), que certes je ne confondais pas avec la Thaïlande mais dont j'ignorais complètement la situation historique et politique et que j'aurais eu un peu de mal à situer précisément sur une carte.

"Made in Taïwan", ok, mais c'est où exactement ?

Quelque-part en Asie... oui mais encore ?





Formose est un ouvrage que l'on peut qualifier d'autobiographique dans la mesure où, si elle ne nous raconte pas sa vie dans les moindres détails, l'auteure, née en 1973, traite néanmoins de tout ce qu'elle a ressenti dès l'école primaire face à la propagande officielle des autorités chinoises, visant à anéantir toute trace de culture japonaise (l'île a été sous domination du Japon de 1895 à 1945) et autochtone et à imposer une pensée unique.



Li-Chin Li nous explique au fur et à mesure la complexité de la situation de cette île, prise entre deux les feux politiques et culturels de la Chine et du Japon, et on appréciera le petit point historique qui figure à la fin du livre.

À lire de préférence en premier, si on veut bien suivre.

Après, Chiang Kaï-Chek (C.K.C pour les intimes) et sa lutte anticommuniste n'auront plus de secrets pour vous !



Jusqu'à ce qu'elle rentre à la fac, elle subit le bourrage de crâne auxquels ont droit tous les élèves taïwanais. Son objectif dans la vie est donc de faire de son mieux pour correspondre aux critères de réussite de la société (comme parler le mandarin/chinois parfaitement, surtout pas le holo/taïwanais, avoir les meilleures notes possibles).

Comme elle est douée en dessin, elle gagne les premiers prix de concours de dessins anti-communistes (ah la propagande ne fait pas dans la demi-mesure !), et doit faire ses autres dessins, inspirés de mangas japonais, en cachette.

Elle ouvre enfin les yeux en 1991, quand elle entre à la fac pour étudier l'histoire, au grand dam de sa grand-mère qui aurait préféré qu'elle choisisse l'IUFM pour devenir enseignante et avoir un emploi stable et respecté.

Non, Li-Chin nous dit que "même si j'avais toujours de bonnes notes à l'école, j'avais l'impression de suivre un chemin aveuglément. Pour la première fois de ma vie, je veux décider de ce que je veux vraiment faire."



critique complète sur mon blog, merci
Lien : http://linecesurinternet.blo..
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Formose

J'ai eu l'opportunité de lire Formose de Li-Chin Lin dans le cadre de Masse Critique BD, et c'est une excellente découverte. Merci donc à Babelio!



Il s'agit donc de l'histoire autobiographique de Li-Chin Lin, qui est née dans le sud de Taïwan au début des années 70. A travers elle, on découvre ce qu'ont vécu la plupart des petits taïwanais de sa génération: tiraillée entre trois cultures (taïwanaise, chinoise et japonaise) depuis l'enfance, l'école est un moyen pour le régime en place d'endoctriner davantage ces enfants. Mais en grandissant, et grâce à un excellent esprit critique et une grande curiosité, Li-Chin prendra peu à peu conscience des abus et des contradictions de ce régime. L'entrée à l'université sera pour elle symbole d'émancipation, dans la mesure où cette liberté nouvelle lui permettra de découvrir d'autres facettes de son pays, d'être confrontée à des opinions différentes et à des réalités dont elle n'avait pas conscience.

Elle se révoltera de différentes manières: en votant, en apprenant le hakka, ou encore en manifestant pour l'entrée de Taïwan à l'OMS.



J'ai beaucoup aimé le fait d'aborder l'histoire complexe de ce pays, malheureusement assez méconnue, sous la forme d'un roman graphique. Les dessins aident beaucoup à la compréhension et rendent même drôles certains passages qui ne le seraient pas forcément, racontés dans un livre classique.

Le style d'écriture est aussi très agréable: l'auteur critique et dénonce, mais tout est fait avec une tendresse, un humour et une volonté de rester simple et ludique, qui donnent au message encore plus de force.



En résumé, je parlerais de Formose comme d'une très belle découverte, qui m'a appris beaucoup sur un pays que je ne connaissais pas, et qui m'a donné envie de lire davantage de bandes dessinées et de romans graphiques, excellents moyens de s'instruire en s'amusant.
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Formose

Avec Formose, les éditions Ca et là me conquièrent totalement. Ce roman graphique témoigne d'une politique éditoriale remarquable, orientée vers le monde et vers l'humain. Formose est un roman graphique autobiographique composé par une dessinatrice taïwanaise, Li-Chin Lin, vivant en France depuis une dizaine d'années. Le récit nous conduit sur les pas de Li-Chin Lin depuis l'école primaire jusqu'à l'université. Le style, minimaliste et burlesque, est tout à fait adapté au propos de l'auteur, dans la mesure où il lui permet de dévoiler l'absurde de la situation taïwanaise sans peser sur le lecteur. Li-Chin Lin n'a aucune difficulté à nous intéresser à ce pays et cette culture que nous connaissons somme toute peu, et elle y parvient avec brio en plaçant au centre de l'histoire non pas l'histoire ou la politique mais l'humain, prisonnier impuissant d'une situation ubuesque et inextricable, en quête d'une identité qui lui échappe sans arrêt. A lire absolument.
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Détective consultant britannique, je suis connu pour mon sens aigu de l'observation. J'acquiers la célébrité grâce à mon collègue et ami, le docteur Watson, qui aime relater mes exploits dans le Strand Magazine. Quand je n'enquête pas pour arrêter de redoutables criminels comme Moriarty ou le Colonel Sebastian Moran, j'aime jouer du violon ou écrire de « passionnantes » monographies sur les cendres de cigarettes. Je suis... (Indice : c'est presque moi !)

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