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Critiques de Lilyane Beauquel (26)
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Avant le silence des forêts

1915, en Lorraine. Dans les tranchées, la boue, confronté à l’ennemi, à la solitude et finalement à soi-même, Simon, tout comme ses trois amis d’enfance, découvre l’infamie et l’angoisse de la guerre. Ils ont à peine connu la vie qu’ils apprennent à côtoyer la mort.



La guerre est un véritable chaos, elle dépouille les soldats de leurs rêves et de leurs espoirs, blesse plus profondément leur âme que leur chair. Il y a certes les assauts, les explosions qui tuent vite mais il y a aussi « quelque chose d’autre qui tue lentement ». Tout est imprévisible pour ceux qui ont à peine quitté l’adolescence, tout est aussi plus fort, plus intense, plus douloureux. Face à ces émotions qui ne peuvent s’exprimer à voix haute et qui ne peuvent être partagées, Simon les consigne par écrit dans un journal de guerre, comme pour soulager une conscience meurtrie et résignée.

Pas de récit chronologique, ni de reconstitution historique, encore moins de trame factuelle millimétrée. De manière inédite, le roman s’inscrit dans la densité humaine. Il explore les replis de l'âme damnée de quatre jeunes soldats allemands sur le front de l’est. C’est un concentré d’émotions, « d’avalées de tristesse » et de rêves renoncés, mais aussi de tendres souvenirs, de rires dérivatifs ou d’enchantements intérieurs pour abandonner pour quelques instants la réalité qui vrille l'estomac.



Lilyane Beauquel c’est une leçon de style époustouflant. Loin des canons du genre, le récit qu’elle nous propose est une plainte, un lamento, une élégie. C’est un chant d’âmes damnées sublimé par l’obstination de l’auteur à extraire le beau, la grâce lorsque la réalité est sombre. Les sentiments de joie, de résignation ou d’espérance ne sont jamais aussi beaux que lorsqu’on les devine fragiles. Avec une prose contemplative et poétique, elle parvient à magnifier la fragilité de l’instant, à sublimer ces vies anonymes pour en faire des destinées.

Ce style si particulier produit même l’impression d’un réalisme patiné (sans pour autant épargner le lecteur de l’horreur), il se dégage comme une délicatesse et une sérénité quelque peu à contre-courant des faits.

Pour certains ce serait peut être une écriture trop sophistiquée ou trop féminine au regard du thème choisi. Pour d’autres, un style magnifique qui veut faire percevoir la réalité des choses par les émotions, rappelant ainsi que la beauté de la guerre est rare, la marche forcée vers la haine réellement destructrice pour ces armées d’invisibles.



En reliant l’intime à l’universel, Avant le silence des forêts constitue une leçon de littérature autant qu’une réflexion sur la barbarie de la guerre.



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Avant le silence des forêts

Donner mes impressions sur ce récit m’intimide : mes mots seront indigents devant la beauté troublante de cette écriture qui dit l’indicible. c’est l’une des proses les plus poétiques qu’il m’ait été donné de lire depuis longtemps. Avec des accents rimbaldiens : on croit apercevoir ce «trou de verdure où chante une rivière» lorsque la nature exhibant inexorablement ses saisons ignore les déflagrations et la chair offerte dans les tranchées infâmes. La vie s’accroche aux souvenirs et aux bribes des nouvelles lointaines, et à l’espérance d’un avenir meilleur, pourtant mutilé par les oublis impossibles, et les séquelles physiques. Mais la mort est là, présente, inéluctable, fauchant une à une les âmes qui ne sont plus certaines d’être humaines; l’ennemi n’est qu’un autre soi-même, et parfois l’alliance est à portée d’un tir : les officiers sont là pour détruire cette aspiration tacite.

Un mot-clef ouvre chaque chapitre, qui égrène le temps qui passe au rythme des saisons, impression furtive, acte de barbarie, joie infime...., bribes et lambeaux d’une mélopée funèbre, requiem pour une jeunesse immolée sur l’autel de vains idéaux belliqueux.



Ils enterreront leurs rêves de paix dans la boue mêlée de sang, Otto, Heinrich le photographe, Nathan et Simon le poète narrateur et des millions d’autres qui n’ont pas eu le temps de comprendre l’enjeu de leur présence sur ces terres étrangères, de réaliser l’immensité du mensonge qui les a précipités au sein de ce carnage



J’aurais hésité à me plonger dans ce livre si j’en avais connu le thème : encore un livre sur la guerre....Cela aurait été une erreur. C’est un livre sur la conscience, sur la fragilité du destin, sur la possibilité d’éprouver un sentiment de beauté devant un détail aussi ténu qu’un brin d’herbe si celui-ci affleure au creux d’un sillon de terre souillée de sang humain.


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Avant le silence des forêts

Ce livre m’a perturbée au point qu’une fois fermé, je suis restée pensive .Qu’en penser ?

Ai-je aimé cette lecture ?

Je serais tentée de faire une réponse de normand ni oui ni non. Le thème, quatre amis de 20 ans du même village de Bavière sont appelés sous les drapeaux en 1914.Otto, Simon, Heinrich et Nathan vont se retrouver dans cet enfer que furent ces tranchées séparant les deux fronts de quelques mètres à peine. Chaque sortie vouée au massacre. Lilyane Beauquel avec une écriture ciselée travaillée, trop travaillée ? nous permet d’accompagner ces 4 amis dans cette tourmente. Simon sera le narrateur, Heinrich, le photographe, Otto l’amuseur de service, Nathan l’officier. Une succession de très courts chapitres, voir de paragraphes, chacun avec un nom propre rire, balle, cloche, boue, eau, violon…

Cette lecture m’a parue très ,très longue ; je me suis vue à plusieurs reprises relire la phrase précédente, ou même le chapitre car arrivée au bout je me suis rendue compte que j’avais décroché !Lecture éprouvante donc ,le sujet bien sûr ,l’émotion de certains pages et surtout cette écriture que d’aucun ont comparé à celle de Verlaine excusez du peu !Ecriture trop , trop ou pas assez ,à mon sens du moins, adaptée à une narration car il est écrit qu’il s’agit ici d’un roman et non pas d’un poème .

Rendons justice à ce texte de soulever une fois encore l’horreur de toutes ces guerres, du devenir de ces hommes dans leur vie , de la résurgence des pires instincts meurtriers de l’individu lambda. Bref il est bon que ces choses là soient dites.

Peut être suis-je passée à côté d’une pépite ? je pense sincèrement que ce texte doit se lire petit à petit afin que le lecteur puisse en apprécier toute la beauté je me réserve le plaisir de suivre les autres parutions de Lilyane Beauquel

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Avant le silence des forêts

Un poème en prose.

Nous sommes en 1915, quatre jeunes allemands, Otto, Simon, Heinrich et Nathan, quittent leur Bavière pour venir combattre, en Lorraine, les français. Ils sont amis et ne comprennent pas bien ce qu’ils vont faire en France, ils n’ont rien à reprocher aux habitants de ce pays.

Devant l’horreur qui les attends, Simon, le poète écrit tout ce qui se passe, c’est avec douceur, sans haine qu’il décrit les horreurs qui les entourent un peu comme s’il planait au-dessus de la terrible réalité.

Ils sont dans les tranchées, sous les bombes, les obus, ils voient tomber leurs compagnons d’infortune mais Simon conte ce qui se passe comme si tout n’était que douceur. C’est à peine si on entrevoit la triste réalité. Il écrit ses pensées comme elles lui viennent, c’est son journal, mais quel journal.

Il s’agit d’un récit très poétique, ce n’est pas un roman, c’est une suite de faits, d’événements, d’horreurs, de drames. Mais on ne retrouve pas une histoire, juste des mots qui s’alignent et forment des phrases parfois tarabiscotées, de petites histoires dans l’histoire.

Les chapitres sont courts.

Elle a une écriture particulière, très sophistiquée, originale et belle Lilyane Beauquel. Tout n’est que poésie dans ce livre.

Mon ressenti est paradoxal, j’ai trouvé l’écriture originale et très belle, elle mériterait d’être lue à haute voix. Mais malgré tout je me suis lassée et j’avoue avoir sauté pas mal de passages, trouvant le temps long. Et j’ai triché pour en connaître la fin. Mais j’y reviendrai pour lire des passages qui se lisent comme on lit certains extraits d’un recueil de poèmes.

Une belle expérience littéraire. Ce livre mériterait d’être classé en littérature parmi les grands classiques, ceux qu’on étudie à l’école.

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En remontant vers le Nord

Des histoires de retour au pays, la littérature en regorge. Mais qui mêlent poésie contemporaine, âpre et minérale, et superstitions paysannes presque incantatoires, j’en ai peu lu jusqu’à présent.



En remontant vers le nord est le récit d’un jeune homme, Sven, qui en supervisant la construction d’un tunnel dans la région que son père a fui alors adolescent, découvre un monde autrement plus exotique que celui qu’il a parcouru pendant les dix dernières années.

Une contrée isolée au fond d’une vallée étroite où on est pêcheur, éleveur ou mineur, un coin où vie et mort se nourrissent de la banalité du quotidien. Une terre sauvage de Scandinavie où des générations se sont succédées avec une permanence jamais altérée et des montagnes jamais franchies.

Fasciné, Sven découvre alors une communauté de clans façonnée par des histoires venues des temps anciens et qui se transmettent même avant la naissance.

Il suffit d’une succession d’évènements malheureux au cours du chantier d’une ampleur inédite dans la région pour que les clans puisent dans ces histoires de famille les explications à donner aux morts. Mortifiés, ils guettent les signes annonçant le malheur, comme pour vérifier leurs superstitions et y trouver du réconfort…





Comme souvent, le retour aux origines est l’occasion pour l’auteur de donner à lire une véritable aventure humaine inédite pour celui qui n’a cessé de repousser sa ligne d’horizon. Car en creusant le flanc de la montagne, imposante et éternelle, Sven déterre également l’histoire de sa famille et toutes les vieilles rancunes qui lui étaient étrangères et retiennent prisonniers les habitants de la vallée. La communauté apparaît si archaïque que l’on se demande continuellement si le tunnel ne projette pas ces habitants dans un avenir trop grand pour leurs épaules.…



Au-delà de la trame fascinante, il y a un trait particulier qui retient l’attention, celui d’un langage qui donne au récit une coloration étrange : une poésie sèche et exigeante qui se heurte au flanc des montagnes, des mots qui s’entrechoquent sous lesquels expirent le souffle d’une violence impénétrable et une émotion toute en repli. Liliane Beauquel c’est un style d’écriture d’une extrême pureté, aussi tranchante que le cristal. Il n’y a rien de rond, généreux ou d’ondoyant dans les phrases même si progressivement l’écriture s’adoucit lorsque Sven se découvre lui-même.





Si j’avais été séduite par le style du premier roman de l’auteure, je dois admettre que le charme s’est rompu. Je ne sais pas exactement pourquoi. L’espoir de retrouver quelque chose de familier. Peut-être. Mais pas seulement.

Le mysticisme de ces paysans nordiques n’a certes rien d’extravagant mais c’est ce qui m’a attiré.

C’est certainement le procédé narratif qui m’a parfois découragée, trop aride dans les premières pages peut-être, invitant à une lecture trop lente sûrement…il me laisse le sentiment de n’avoir rien de commun avec l’écriture féminine et sublimée découverte dans Avant le silence des forêts.



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Avant le silence des forêts

Ce livre là est un gros coup de coeur que pourtant je n'ai pas dévoré. Je l'ai lu avec attention, dans la lenteur de ces lectures puissantes, ai goûté l'âpreté des faits et l'empathie du style et j'en suis époustouflée!



Le propos de l'ouvrage tient en peu de mots : Quatre jeunes bavarois, amis d'enfance, partent pour la guerre en 1915. A partir de là, c'est toute une variation sur le quotidien des tranchées ; les peurs, la faim, l'amitié malgré tout, la douleur. Plongé au coeur même de la boue, sans début ni fin, on vit avec eux des instants volés.



Tout y est excellent. La perfection du style ne fait aucune concession à la cruauté du quotidien, simplement cela prend une autre couleur et devient oeuvre d'art. Lilyane Beauquel invente et joue des mots tout en usant de ces petits accents dix-neuvièmistes si savoureux. Rien n'est caricaturé, tout est dans l'instant et le vrai.

On vibre, on est là, on se prend des claques et on essaye d'avancer.



C'est tout à la fois : une leçon de vie, une leçon de littérature. Merveille, merveille, merveille. Lilyane Beauquel dit de son style qu'il est une musique de mort. Je ne peux alors m'empêcher de penser à Baudelaire (tiens, tiens, comme c'est étrange et original) et à l'une de ces fleurs maudites à laquelle elle fait écho : "tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or".







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Avant le silence des forêts

« Avant le silence des forêts » est un texte sublime qui raconte, à travers le regard de Simon, jeune allemand d’une vingtaine d’années, la vie dans les tranchées lors de la première guerre mondiale. C’est avec beaucoup de réalisme et de dureté qu’il décrit la sauvagerie des hommes, pire que celle des bêtes, la destruction du corps et de l’âme et l’impossibilité de ressortir indemne d’une telle violence.

Il offre un regard lucide et terriblement humain sur ce qui l’entoure. Parfaitement conscient de l’absurdité et de l’injustice que comportent les ordres lancés, il déplore le meurtre et la surenchère de violence auxquels aucun des soldats présents n’étaient préparés mais auxquels chacun doit se résoudre. Ainsi, Simon nous entraîne aussi bien dans les coulisses de ses réflexions que sur le terrain fangeux de la guerre. Il décrit avec douleur le froid, l’attente, la faim, la solitude et la folie qui guettent les moins résistants, comme les plus forts. Il raconte la punition mortelle réservée aux déserteurs. Il reconnaît l’accoutumance à l’horreur et au désastre qui déshumanise inévitablement l’homme le plus pur. Vivre devient une punition. Il dit la barbarie des armes utilisées, la violence de la baïonnette, la sournoiserie des gaz et la destruction causée par les obus. Face à toute cette violence, aucun espoir n’est possible. La tranchée censée protéger les soldats de l’ennemi, devient peu à peu une tombe pour chacun…

Malgré la dureté du sujet, Lilyane Beauquel parvient à faire de son texte un magnifique moment de poésie et de beauté. Elle sublime l’horreur par la justesse et la pureté des mots qu’elle emploie. Les phrases sont fluides et résonnent avec beaucoup de musicalité. C’est un texte qui se récite plus qu’il ne se lit et fait montre d’un incroyable talent d’écriture.

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Avant le silence des forêts

Premier livre, premiers pas en littérature, Liiyane Beauquel n'a pas à avoir d'appréhension : elle impose déjà son style, infiniment poétique. Ses phrases sont autant d'invitations à une relecture plus attentive, afin de découvrir des images cachées.

Et c'est la grande guerre qui constitue l'inspiration de cet hymne à la candeur et à la nature. J'ai hâte de continuer ma lecture !
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L'apaisement

Un roman sombre et poétique, sous le signe de la pluie et de la nature. Au départ, une catastrophe qui remet en cause une vie imparfaite. A travers la disparition de sa femme, Jim entame une quête personnelle au bout de laquelle il va se révéler à lui-même. Jouant avec les codes de la littératures japonaise, mais aussi du dessin, l'auteure met en opposition l'ultra-modernité et la nature immaculée
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Avant le silence des forêts

C’est un beau roman dont il m’est difficile de parler.

Pourquoi ? Parce que je ne le ressens pas comme un récit mais comme un texte poétique magnifiquement écrit.

Je ne l’ai pas lu d’un bout à l’autre ni même entièrement non plus bien que je sois allée jusqu’aux dernières pages.

Je ne l’ai pas seulement parcouru, mais je l’ai savouré, dégusté, voire même dévoré par moments tant les pages sont belles. Toutes, sans exception. Seulement, je n’ai pas pu en lire trop à la fois et j’ai gardé longtemps ce livre auprès de moi, non par ennui mais par plaisir. J’en lisais quelques passages puis le reposais tant étaient fortes l’émotion et l’admiration provoquées par cette lecture. Après il me fallait un temps de silence, de méditation, m’imaginer les moments évoqués dans la réalité vécue non plus par les personnages mais par toute cette génération, allemande ou française, de ces années-là, une génération perdue.

C’est un livre à tenir près de soi, à lire et à relire. Un livre de textes précieux, ciselés dans une belle langue classique, forte mais simple, fière et pourtant attendrie.

Les soldats sont jeunes et pleins de vie, d’espoir, d’enthousiasme et de naïveté aussi, des deux côtés, peu importe, c’est pareil.

Ils savent vite que leur jeunesse se passera là, coincée dans ces boyaux boueux, avec pour seule perspective la mort en face mais il faut vivre et occuper le temps qui passe «Avant le silence des forêts»

Alors, rêver, écrire, crier et rire, en attendant.

C’est grand et c’est beau ! Il faut juste le lire
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Avant le silence des forêts

La première guerre mondiale vécue "de l'intérieur", du côté allemand.

Quatre jeunes gens d'une vingtaine d'années quittent leur Bavière natale pour leur "premier voyage à l'étranger"; c'est ainsi que ces 4 amis d'enfance nomment leur départ en 1915 pour la France, sans vraiment comprendre ce vers quoi ils sont envoyés. Le choc en est d'autant plus rude.

Simon consigne alors dans des carnets ce qu'est l'enfer du quotidien dans les tranchées; Heinrich photographie ce qu'il voit; Nathan joue parfois de la musique avec les moyens du bord. Une façon propre à chacun de rester vivants au coeur de l'horreur de de l'absurde.

Car ce livre rappelle avec force combien cette guerre était aussi indigne qu'inutile; une boucherie pour des millions de gosses qui ont servi de chair à canon pour une cause qui les dépassait.

Les courts récits de Simon rédigés avant que, pour lui et ses camarades, "le silence des forêts" de Lorraine ne s'installe pour toujours, sont porteurs en tant que tels d'une importante charge émotionnelle. Toutefois, l'écriture particulièrement sophistiquée de l'auteure en diminue considérablement l'intensité. C'est dommage.
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Avant le silence des forêts

Ils sont 4... enrôlés, contre leur gré, envoyés au front. Au Mort-Homme, lieu mythique de la guerre des tranchées de 14-18. Ils sont allemands, mais c'est un détail. Ils tentent de survivre entre les ordres absurdes, les snipers, lmes marmites ou les corps piégés, les puces, la vermine, les infections, le froid.



Simon a laissé Anke bien loin. Elle lui donne un fils pendant qu'il est au front. Un est musicien. Un autre est photographe. Simon, lui, va écrire pour ne pas sombrer. Pour ne pas être atteint de folie, de cette folie qui va pousser certains à se lever pour se faire abattre par l'ennemi. Le Français, c'est l'ennemi. Et pourtant, Simon ne leur veut pas de mal, enfin tant que sa survie n'est pas en cause.



Les chapitres, courts, sont des réflexions, des états d'âme, des bribes de poésie en prose, morbide et glauque parfois, belle et lumineuse de temps en temps. C'est intelligent de Lilyane Beauquel qui signe un premier roman puissant, dérangeant, perturbant, qui questionne et s'est agrippé à moi comme un morpion à un poilu.



Déjà le titre est tout un programme. Avant le silence des forêts... un des 4 amis immortalise tout ce qu'il peut, dont une forêt au début de leur périple. Forêt qu'ils retrouvent 15 mois plus tard, et qui n'existe plus. Alors, avant le silence des forêts, c'est quand? Déjà là, il y a une réflexion sur le sens des choses. Pour le silence de la forêt, il faut que les plaines soient reboisées... Pour qui se balade en Lorraine (région de Lilyane Beauquel), les échos des combats sont toujours bien là, le silence pesant, oppressant, des forêts autour de Verdun s'impose comme une évidence au promeneur. Il est clair que la prochaine fois, je penserai à Simon et aux autres.



Voilà un roman atypique dans sa construction, profond dans sa réflexion, poétique dans sa langue, raffinée, et pourtant violent dans les non-dits. Wouaw.
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L'année des nuages

Une histoire d'amour tragique qui pourrait sortir des Mille-et-une nuits, mais se passe aujourd'hui, sur fond de guerre en Syrie. Adam a choisi de partir, Nora de rester, chacun à sa façon aspire à la liberté. Un roman transcendé par un amour fou, où désir, jalousie, colère, tristesse, espoir, folie se côtoient. Ce sentiment puissant peut-il unir pour toujours Adam le rêveur et Nora la solaire ?
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Avant le silence des forêts

Nous bataillons pour un bout de paysage déserté, dans un bois loin des collines de vignes pillées, sans autre motif que d'épuiser une armée contre une autre, c'est le but de notre présence ici, sans limites au prix de nos vies. Nous traînons les cervelles sous nos semelles. »



C’est le quotidien de Otto, Simon, Heinrich et Nathan, quatre jeunes allemands tout juste sortis de l’adolescence, quatre amis qui se connaissent depuis l’enfance, venant du même village bavarois, et qui se retrouvent ensemble sur le front de Lorraine en 1915.



Quatre garçons qui ne connaissent pas encore grand-chose de la vie, qui ont tout juste eu le temps d’aimer, mais qui vont apprendre dans ce paysage de boue la souffrance et la désolation, qui vont découvrir le Mal, et l’enfer. Innocents encore, mais meurtriers parce qu’on leur en donne l’ordre, chacun d’eux, au fil des très courts chapitres de ce roman, va partager ses sentiments face à cette guerre, ses souvenirs, ses espoirs d’un avenir meilleur. La voix douce de Simon raconte, et le jeune homme consigne dans son carnet les paroles échappées, les confidences, les rêves, les désespoirs aussi.



« Drapés de froid, mordus de faim, bourrés de mauvaise soupe, oubliés de tous, paupières déjà scellées, à l'instant de l'ordre crié encore et encore, nous atteindrons le haut de la tranchée, avec moins de conscience de nous-mêmes. Héritiers des guerres des temps d'avant, tuer, se laisser tuer est devenu notre besogne. Les lendemains, les reflets de cristal, les contentements du destin ? Non : la fange, l'évidence de l'enfer. »



Il est étrange qu’un style si poétique, si étudié puisse dire la guerre et ses horreurs, décrire les bombes qui sifflent (celles-là ne sont pas dangereuses, ce sont celles que l’on n’entend pas qui vous tombent dessus), la boue, le froid, le silence de la mort. Une écriture belle, mais presque trop. Qui en rajoute dans l’indicible, qui étale ce carnage au grand jour tant et si bien que lire m’est devenu vite difficilement supportable.



« La tristesse ne niche avec le désespoir, roulé sur lui-même, et nous l'amadouons en silence, couchés côte à côte, hébétés dans les nuits où l'étoile du berger est de plus en plus difficile à repérer. »



J’avais adoré Cris de Laurent Gaudé sur le même thème, mais j’avoue ici ne pas avoir accroché du tout. Autant Gaudé, par sa sobriété, la délicatesse avec laquelle il suggérait plutôt que peignait à gros traits m’avait émue, bouleversée même, autant j’ai ressenti ici une sorte de nausée à me repaître de l’horreur de ces garçons. L’écriture est travaillée – trop à mon goût. Et même si l’exercice de style est réussi, je pense qu’il réduit l’émotion, qu’il nous éloigne sans le vouloir du cœur même du roman. J’ai d'ailleurs eu un mal fou à le terminer roman, et j’avoue l’avoir fait en diagonale, passant d’un chapitre à l’autre en les survolant. A tenter pourtant, parce que j’ai lu d’autres avis diamétralement opposés au mien et que, peut-être, je suis juste passée à coté de ce texte…


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Avant le silence des forêts

Le récit est poignant et bouleversant. La beauté de la langue l'illumine et restitue l'humanité des personnages, les rend très proches. On vit avec eux les épreuves, les chagrins, l'épouvante, la perte.

De courts chapitres rappelés dans le mémento à la fin du livre : des instantanés de la guerre, mais aussi des odeurs, des couleurs, des rappels, des rêves de la vie d'avant, des souvenirs, des jeux d'enfance. Des éclats de vie renvoient ainsi les soldats vers des moments de joie, de bonheur perdu, des choses infimes de la vie, du quotidien qui prennent des proportions immenses avec le recul avec une intense nostalgie.
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Avant le silence des forêts

Quatre jeunes amis,Simon le narrateur poète à ses heures,Heinrich, le bon en maths,passionné de photographie,Nathan, le violoniste,Otto, le plus pauvre,quatre allemands âgés de 20 ans quittent leur pays , naïfs et insouciants,pour découvrir de nouveaux horizons et rentrer très rapidement.

Nous sommes en1915, en Lorraine. Ils vont vite comprendre vers quoi on les a envoyés. La réalité de l'horreur des tranchées va les rattraper très vite........

C'est Simon, le narrateur qui fait partager au lecteur son expérience dans cette guerre où les soldats se demandent ce qu'ils sont venus faire. La poésie, la photographie, la musique, vont leur permettre de s'accommoder du quotidien que la vie dans les tranchées leur réserve.

Je ne connais pas Lyliane Beauquel mais son écriture est magnifique sous forme de courts paragraphes tous titrés. Ceux- ci donnent une grande beauté au contenu à la fois poétique, musical, infiniment touchant, nuancé même dans les descriptions les plus violentes.

Son élégance,sa maîtrise nous ferait citer la plus grande partie de son livre.

Avec une aisance stylistique, une tendresse infinie, elle nous montre la part d'humanité de ces jeunes gens confrontés au pire, à l'horreur.



Ils conservent leur liberté de jugement, sans haine vis à vis de "l'ennemi" , se demandant sans cesse ce qu'ils sont venus faire là. Cette sobriété, sans phrase de trop nous émeut infiniment. L'amitié les soude et les aide dans cet enfer. C'est un ouvrage très prenant, que je conseille fortement , ciselé ,fin, élégant, original,dans sa forme, sa construction,ces procédés littéraires décuplent nos émotions.Cet auteur au grand talent nous donne envie de la rencontrer pour lui poser des questions et converser avec elle.. C'est un grand coup de cœur et un livre magnifique, puissant , qui ne laisse pas indifférent.
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L'année des nuages

Indifférent à la douce Chloé, Adam aspire à trouver LA maison qui accueillera Nora, le grand amour lumineux qu'il a laissée en Syrie, où elle continue le combat qu'il a délaissé pour des études de médecine. Sous la métaphore se révèle le drame déchirant de l'exilé arraché à sa terre et aux siens. Lilyane Beauquel nous livre ici un quatrième roman à l'écriture limpide et sensuelle, semée d'éclats d'une poésie illuminée par le soleil de Montpellier. Magnifique roman d'un amour assassiné, L'Année des nuages, proche parfois du roman policier, est aussi un puissant cri de révolte contre l'insupportable brutalité du monde.
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Avant le silence des forêts

La qualité d'écriture fait de ce livre un petit bijou loin des modes parisiennes de la rentrée. Le sujet aurait pu rebuter les lecteurs à l'âme fragile qui préfèrent lire les turpitudes sexuelles d'une enfant de 13 ans au dur labeur de soldats de 20 ans, embarqués dans la première guerre mondiale.



Le temps, le paysage, l'amitié, le chaos, tout s'enroule par enchantement dans une langue douce et précise.



Un pur bonheur.

Et comme l'a si bien écrit Sandro dans sa critique, ce texte est autant fait pour être lu à haute voix.


Lien : http://www.letemps.ch/Page/U..
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Avant le silence des forêts

Jolie critique Sando.
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Avant le silence des forêts

La première guerre mondiale vécue du côté allemand (pas si courant)

4 jeunes, de la même région, qui ont tout quitté comme des millions d'autres pour un conflit qu'ils ne comprennent pas, essayant de survivre dans "l'enfer des tranchées".



Ce livre à l'inspiration poétique, dans ces courts récits nous raconte une belle histoire d'hommes, d'amitié, de survie, en décrivant aussi les souffrances physiques, psychiques, psychologiques de ces soldats et nous rappelle à nous français habitués à lire l'histoire de cette guerre côté français, que les allemands eux aussi ont souffert de ce conflit meurtrier.



Auteur maitrisant le style à la perfection, ce livre est épatant, un gros coup de cœur.
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