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Citations de Linda Lê (324)


Unica regarde l’étrangère, qui chante dans une langue incompréhensible, et soudain elle se dit que cette jeune femme est venue à Paris pour s’immoler par le feu, en signe de protestation contre la guerre dans son pays. Cela lui a valu cet internement d’office.
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Otto Freundlich, exécuté à Sobibor en 1943, avait lui aussi fui devant les nazis. Il conçut durant ses derniers jours la maquette en carton d’un Phare des sept arts. C’était le testament de l’auteur de la mosaïque Hommage aux peuples de couleur : il cherchait à traduire, à travers ce Phare, l’idéal d’un monde qui aurait conservé l’esprit du siècle des Lumières et demandé à des artistes sans compromis d’être les guides de leur époque.
(p. 153)
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Lorsqu’il rencontra le jeune Hô Chi Minh, Mandelstam se doutait-il que les idéaux de ce frère jaune seraient trahis par ses successeurs qui appliqueraient à la lettre les principes de la terreur stalinienne ? Hô Chi Minh avait-il la plus petite idée des épreuves par lesquelles était passé son interlocuteur, loin d’être acquis à ce qu’il découvrait avec un enthousiasme certain : le mirage d’une société prétendument égalitaire mais en réalité impitoyable envers ceux qui, comme lui, ne cachaient pas leur dissidence ?
(p. 131)
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Mandelstam ne faisait corps qu’avec la poésie, se transformant au fil des ans en défenseur de la seule liberté qui lui restait, la liberté d’incarner une littérature frondeuse, au risque de payer ce qui était aux yeux des hommes de Staline un crime méritant châtiment. Hô Chi Minh ne faisait corps qu’avec l’obsession de délivrer coûte que coûte son peuple et, au-delà, tous les peuples asservis, des soi-disant civilisateurs. Il ne faisait corps qu’avec une certaine conception du nationalisme : un Vietnam souverain serait, croyait-il, un Vietnam où l’amour de la patrie rimerait avec l’amour de la liberté.
(pp. 113-114)
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Ceux-là sous-estimaient la connaissance qu’avait Hô Chi Minh de notre besoin de consolation impossible à rassasier, pour reprendre l’expression de Stig Dagerman, mais aussi de notre aspiration à ne plus jamais nous laisser déchiqueter par des prédateurs convaincus de la supériorité de tel individu sur tel autre, rejeté dans les bas-fonds à cause de sa couleur de peau.
(pp. 104-105)
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Les livres sont notre immortalité, devait écrire, [dans Récits] de la Kolyma, Varlam Chalamov.
(p. 95)
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[...] Mandelstam, lui, avait voulu consacrer un essai à André Chénier, qui à ses yeux était parvenu à libérer la poésie dans les limites d’un canon le plus étroit possible.
(p. 40)
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Stig Dagerman l’anarchiste, l’enfant brûlé, aussi double, trouble que droit, douloureux et plein d’un refus de tout compromis, dirait que le pouvoir d’un homme est redoutable tant qu’il peut opposer la force de ses mots à celle du monde, car celui qui construit des prisons s’exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté.
(p. 28)
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[...] le jeune Hô Chi Minh aspirait à provoquer un chambard qui, sans qu’il le voulût, amena des cataclysmes dans la société vietnamienne, jusqu’à ce que le dieu dollar remît tout en ordre.
(p. 18)
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Toujours, Mandelstam refusait d’être un écrivain qui aurait été un serviteur de l’État, un courtisan rétribué. Sa vie durant, il observa cette ligne de conduite, au risque d’être banni. Tout au long de ce chemin de croix, il était accompagné par sa femme Nadejda qui non seulement le soutiendrait dans tous ses combats, mais veillerait sur le devenir de ses poèmes.
(p. 17)
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Ils se souciaient peu, Hô Chi Minh et Mandelstam, de la réputation qui leur était faite. Le premier, paria, combattant, stratège meneur d’hommes, devint le libérateur auréolé d’une gloire qui, sur le tard, semblait lui peser. Le second, démiurge blessé, traîna sa mauvaise réputation jusqu’à sa mort, jusqu’à ce qu’une fosse commune reçût sa dépouille.
(p. 144)
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Écrire. Hô Chi Minh avait laissé aux futures générations son Carnet de prison, manière aussi de rappeler qu’il n’était pas seulement un militant, un stratège, le chef de cette armée de loqueteux qui allait désarçonner les généraux de deux grandes puissances occidentales. Digne fils d’un mandarin, il se posait comme un lettré et se servait des mots comme autant d’armes qu’il mettait entre les mains de ses frères jaunes. Ses poésies sont à la fois l’appel à l’insoumission d’un opprimé et l’expression de la souffrance d’un captif atteint du mal du pays, elles disent aussi que s’il avait l’esprit militaire, il se voulait poète dans l’âme.
(p. 139)
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Dans L’Étrange Défaite de Marc Bloch, un jeune officier prétend qu’il y a des militaires de profession qui ne seront jamais des guerriers tandis que des civils, par nature, le sont.
(p. 128)
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Notre imaginaire a besoin des poèmes au cœur brûlant de Mandelstam le chaman, comme il se nourrit des légendes colportées à propos de Hô Chi Minh le libérateur. La rencontre de ces deux résistants d’exception ouvre un espace à la fois politique et littéraire qui permet au lecteur du XXIe siècle de ne rien oublier ni des luttes pour l’indépendance des peuples dits arriérés ni des contre-feux allumés par des créateurs déterminés à ne jamais capituler, même quand leur vie est en jeu.
(p. 119)
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Rien, écrivait Mandelstam alors qu’il était en relégation à Voronej, ne saurait le museler, il continuerait à inscrire ce qu’il avait loisir d’inscrire. L’essentiel, pour lui, était de ne pas entrer totalement en dissidence avec la vie, quand il pouvait encore s’accrocher à ce qui le rendait presque heureux, comme de lire la foule solitaire des étoiles. François Villon était son guide, traduire Dante, ce maître instrumentiste de la poésie, lui permettait d’apprendre l’italien. La langue étrangère, dit-il, était sa coquille : longtemps avant d’oser venir au monde / je fus lettre d’alphabet. Il ajoutait : Je fus le livre dont vous aviez rêvé.
(p. 78)
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Tout poète, disait Mandelstam, est un perturbateur d’idées.
(p. 77)
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[...] après les funérailles du Grand Guide, Anna Akhmatova devait dire à Lydia Tchoukovskaïa qu’il avait été le plus horrible bourreau de l’Histoire, même Hitler paraissait un enfant de chœur à côté de lui. Tout ce que les Russes avaient enduré dépassait en horreur les drames shakespeariens, des jeux d’enfants en comparaison de ce qu’elles, leurs amis, leurs compatriotes avaient vécu sous le règne du petit père des peuples [...]
(p. 73)
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Hô Chi Minh s’est essayé à la poésie, plutôt comme témoin que comme homme de lettres, ses vers ne sont peut-être pas les plus exigeants, mais ils décrivent la réalité d’un prisonnier anticolonialiste, ils montrent un homme de culture, plein d’appétence livresque. Hô Chi Minh comme Mandelstam ont tous deux été d’irrémédiables étrangers, inaptes à s’accommoder avec ce qui manque d’intransigeance dans cette existence.
(p. 14)
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Ce livre est dédié à ceux qui, de tout temps, sous un régime totalitaire, ont cherché refuge dans les livres, l’art, la beauté, au péril de leur vie
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Linda Lê
Cherche détresse vénale
Empoisonneuse au véronal
Cherche Vénus à valium
Tueuse munie de parabellum
Cherche solitude en alerte
Fugueuse inexperte
Cherche issue de secours
Impasse valant le détours
Cherche violence subite
Clandestine en transit
Cherche voyou faisant la belle
Voyelle dans poème fou
Cherche querelle à la vie
Esprit qui toujours nie
Cherche sel de la terre
Rabatteuse de l'enfer
Prière d'envoyer

Télégramme dévoyé
Prière de décliner
Identité falsifiée
Prière de rédiger
Lettre à couteaux tirés

Cherche fossoyeuse d'illusions
Trafiquante d'irraison
Cherche amante au désastre fidèle
Buveuse de champagne au fiel
Cherche égorgeuse aux mains pures
Petite sœur aux lèvres sûres
Cherche arnaqueuse sans remords
Collectionneuse d'amours mortes
Cherche meurtrière en sursis
Incendiaire dans la nuit
Cherche âme sœur pour noces vénéneuses
Prédateur pour alliance belliqueuse
Vous que l'odeur de mon sang remue
Venez à moi dans l'attente du pire
Je viens à vous les mains nues

(L’âme sœur, interprétée par Jacques Dutronc)
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