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Citations de Linda Lê (328)


La philosophe se lève de table, et dans sa chemise de nuit salie, va dormir, mais d'un oeil, pour attendre la visite de Dieu et Lui cracher à la gueule.
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"La vérité d'un homme, c'est assurément ce qu'il cache. Mais ce secret n'est pas forcément ce qui blesse. Pénétrer dans le sombre royaume des secrets, c'est aussi connaitre le côté obscur des choses et attendre quelqu'un avec qui le partager."
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Je chérissais ma solitude, ma chaloupe de sauvetage, mais je ne désespérais pas de rompre mon esseulement, je faisais deux pas en avant et trois en arrière, mon introversion m'inclinait à la froideur, toute effusion me paraissait grotesque, les caresses, les hypocoristiques, les débordements de tendresse étaient à proscrire.
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Mon immaturité est à l'origine de ma résolution de rester stérile : j'ai peur d'endosser les conséquence d'une sublimation de mes instincts mortifères, de ne plus être gouvernée pas Thanatos qui m'entraîne vers un confortable néant , où je ne serai comptable de rien : je serai toujours la fille, libre d'entraves, et non la mère aux multiples obligations.
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Si en Asie le blanc symbolise, comme en Occident, la pureté, il est aussi l’inquiétante couleur du deuil.
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[…] Le Métier de vivre est le livre de toutes les ruptures – Pavese s’y révèle, bien avant d’atteindre le point de non-retour, comme celui qui tend, chaque jour un peu plus, à faire sécession. En cela, il est l’étranger radical.
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Il est difficile de lire [Thomas Bernhard] sans tendre l’oreille pour écouter la voix de ceux qui ne sont pas les représentants de la multitude. Il est difficile de le lire sans avoir l’impression qu’est menacé l’univers bien ordonné que nous nous sommes efforcés de construire autour de nous, car il l’attaque à coups de réflexions acerbes, et c’est avec une ironie d’aristocrate des antitraditionalistes qu’il ruine tout ce en quoi nous avons mis jusqu’alors nos espoirs.
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C’est avec un lyrisme phosphorescent qu[e Saint-John Perse] exaltait les « trouveurs de raisons pour s’en aller ailleurs ». Il sondait les blessures de ceux qui, désarrimés, ont fait leurs adieux aux rives familières et jeté provisoirement l’ancre loin du lieu de leur naissance : « Nous diras-tu quel est ton mal et qui te porte, un soir de plus grande tiédeur, à prendre pied parmi nous sur la terre coutumière ? »
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Créer, c’est aussi faire un pas de côté, ne pas adhérer à ce qui est décrété conforme à l’usage, ne pas s’en tenir à ce qui est plébiscité, quitte à être toujours un contestataire intranquille, qui n’accepte pas de déposer les armes, mais s’attaque sans arrêt à ce qui nous amoindrit en nous ménageant une existence sans nulle trace de remise en cause. L’artiste sera alors un risque-tout ou ne sera pas.
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En art, qui ne s’expose pas va au-devant d’une fossilisation, qui n’écrit pas contre pourrait bien ne plus trouver en soi la force de s’opposer à ce que dicte la moutonnerie.
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La littérature telle que l’entend Olivier Rolin se veut dérèglement, déracinement : aucune œuvre d’envergure ne devrait se laisser enfermer dans un « déterminisme de terroir ». Lire une de ces œuvres, c’est accueillir en soi le galvanisant sentiment d’intranquillité que nous apporte tout art tumultueux, et c’est savoir que l’écriture aspire aussi à être de nulle part.
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Christian Bourgois, qui publia Fernando Pessoa en français, disait souvent qu’un livre naît de l’inquiétude et doit susciter un sentiment d’intranquillité, jeter le lecteur hors de ce qui lui est habituel en l’obligeant à sortir des cadres rigides qui ont pu l’asphyxier.
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[Louis Wolfson] n’était pas seulement un polyglotte dément jonglant avec des vocables étrangers, il était comme sur une île déserte, comme un Robinson Crusoé qui n’apprendrait pas l’anglais à Vendredi, il était unique au monde et magnifiquement altier, possesseur d’un secret inaccessible à ceux qui sont bien chez eux, bien dans leur langue.
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[...] Bartleby n’est-il pas aussi une fable sur la tentation du silence ?
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Pour Roberto Bolaño, l’inexplicable Bartleby, le scribe de Melville qui finalement préfère renoncer aux écritures mais préfère aussi ne pas s’en aller, est un extraterrestre sur la planète Terre. Y a-t-il plus étranger à notre univers d’acceptation et de résignation que ce solitaire, plein d’austère réserve, qui refuse, sans véhémence, avec une douceur « cadavéreuse », de dire qui il est, d’où il vient, si même il a des parents ?
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Nous sommes tous des émigrants qui crient dans la nuit, des exilés qui se heurtent au silence du troupeau, des délogés qui se cognent contre les fanatismes, des passagers en transit que guette la folie, des renégats hantés par le souvenir d’un autrefois où ils avaient confiance en l’avenir, des fantômes qui errent, nostalgiques d’un ailleurs babélien où étancher leur soif de l’inouï. Benjamin Fondane est notre contemporain.
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Exilé en 1923, à l’âge de vingt-cinq ans, à Paris, où [Benjamin Fondane] vivait en transfuge, Roumain détaché de toute préoccupation patriotarde, cosmopolite débarrassé de tous les liens assujettissants, explorateur des antipodes renversant les frontières et nous incitant à nous évader : « L’homme serait-il seul à ne rien / savoir quitter, épris de ses racines, / comme quelqu’un qui se souvient / à peine du pays qui l’avoisine ? »
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Benjamin Fondane était un lecteur qui n’avait de goût que pour les hérétiques, les pirates de l’esprit, un poète dont la vocation profonde, selon ses propres termes, était d’être au-delà, un philosophe en lutte contre les évidences érigées par la raison, un esprit en éveil qui sonnait l’alerte en excellant dans l’art de révoquer en doute ce qui est communément admis.
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Sans être naïf au point de croire que le renoncement à ce qui fait partie de son passé s’accomplit sans douleur, l’étranger qui passe par l’apothéose du dépaysement désoriente à son tour et, en étant celui-là qui questionne et remet en cause, sème un trouble salutaire. Mis mal à l’aise au départ parce qu’il a dû laisser derrière lui ce qui lui était connu depuis l’enfance, il est à l’origine d’une perturbation parce qu’il est, précisément, à la fois dedans et dehors, émigré qui migre sans cesse entre des espaces imaginaires, transfuge qui brouille les frontières, empêcheur de se complaire ensemble dans un certain triomphalisme national.
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Pour qui n’a plus de patrie, l’écriture peut devenir le lieu qu’il habite, note Adorno dans Minima Moralia. En étant en émigration, l’écrivain le moins nostalgique fait l’expérience d’une double dépossession, car il n’a ni point d’appui ni centre de gravité, et subit une espèce de mutilation, impression douloureuse qui se fixe en lui et dont il ne triomphe qu’en passant, intérieurement, par-dessus les barrières, par-dessus les frontières.
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