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Citations de Lionel Groulx (48)


Nous pourrions nous occuper, par exemple, de l'état intellectuel de nos pères, démontrer aisément qu'ils ne furent point les illettrés que l'on pense, que ce petit peuple de paysans encore défricheurs, grandi dans la guerre permanente et la misère, possédait, toute proportion gardée, autant de petites écoles qu'en France, avait créé son enseignement secondaire et moyen, ébauché même un embryon d'enseignement supérieur ; qu'entre autres choses, et dès le commencement du dix-huitième siècle, on parlait ici le plus joli français du monde, sans impropriétés, sans le moindre accent, non seulement parmi l'élite, mais même, au témoignage exprès de Montcalm, chez les petites gens de la campagne. Et ce serait, par la suppression radicale de son fondement historique, l'écroulement de la légende du patois hérité de nos premiers pères.
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Mais prenons garde de nous tromper nous-mêmes. Il est de plus alarmantes menaces que ces périls de l'extérieur. Une race ne meurt point par décret. Aujourd'hui même le monde n'est-il pas témoin de la suprême revanche de races anciennes sur lesquelles, pendant de longs siècles, la_ tyrannie s'est usée ? En notre pays, les plus clairvoyants parmi les assimilateurs ne se font pas illusion sur l'étendue de leur puissance. Goldwin Smith s'en ouvrait un jour avec un vif désappointement : « Les
forces du Canada seul, disait-il, ne sont pas suffisantes pour amener l'assimilation de l'élément français, ou même empêcher la consolidation permanente et la croissance d'une nation française.» {The Canadian question).
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Non.l'Action française n'est pas une oeuvre de bataille. Elle est peut-être tout le contraire. Oh ! assurément nous ne sommes point si pacifistes que d'aller nier les périls évidents. L'orangisme et le soleil sont deux choses qui nous paraissent bien exister. Attaqués nous ne sommes pas libres de ne pas nous défendre. Et la défense n'a pas le loisir de n'être pas énergique. Depuis ces derniers temps — ai-je à vous l'apprendre ? — ils ne s'en prennent plus à l'un ou à l'autre de nos droits; ils s'en prennent à tous. Voulez-vous entendre toute la vérité ? Non, la liberté des petites nationalités ne sera pas pour nous. Nous sommes une nuisance qu'il faut faire disparaître.
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Cependant un coup de foudre s'abat sur la colonie naissante. En 1613, Samuel Argall vient ravager Port-Royal. Et l'Acadie à peine née, passe pratiquement à la puissance anglaise jusqu'au traité de Saint-Germain-en-Laye en 1632. A partir de 1614, on perd tout espoir de secours du côté de la France.
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L'histoire acadienne est le chef-d'oeuvre de la survivance française. Nul groupe français au Canada ne fut plus brutalement assailli; aucun n'eût été plus excusable d'un oubli ou d'un reniement de ses origines.; aucun cependant n'a montré plus de constance héroïque dans la volonté de survivre.
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Nous continuons, cette année, l'histoire de la race française du Canada. Par ce dernier mot, avons-nous besoin de le répéter, nous n'entendons nullement un groupe humain autochtone et tout neuf, surgi magiquement, aux environs de 1760, en rupture totale avec ses origines et ses transmissions héréditaires. « Race » veut dire ici cette chose très simple, très objective et indépendante de notre pensée : un type ethnique qui s'élabora lentement au cours du dix-huitième siècle, qui gardait l'empreinte de la vieille race et de sa civilisation originelle, qui n'a cessé d'y appartenir, mais qui, modifié toutefois par le milieu et les circonstances historiques, détaché politiquement de la France, possède une âme et une existence distinctes dans la grande famille française.
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Lionel Groulx
« Nous étions élevés dans le culte du courage, de l’endurance quotidienne, silencieuse. Pas la moindre nervosité dans notre éducation. Nos parents étaient de nerfs solides. Je ne les ai jamais vus abattus, découragés devant l’épreuve, la tâche trop lourde. Il arrivait à notre mère d’essuyer une larme du coin de son tablier. Sa calme énergie rebondissait aussitôt sous le coup d’un ressort merveilleux, celui d’une foi simple, vivante, en la Providence qui n’abandonne jamais. Oh ! le courage de ces anciens ! Quand je ressuscite en ma mémoire ces jours de jadis, je me demande encore par quel miracle nos parents parvenaient à joindre les deux bouts. Quels muscles solides, physiques et moraux, il leur fallait pour résister à leur vie harassante ! Debout à cinq heures du matin, ils trimaient tout le jour, et tard dans la soirée, presque jamais sans la moindre détente. Notre père n’était pas seulement un agriculteur ; c’était aussi un artisan. Il travaillait le bois, le cuir, le fer. Rien des instruments de la ferme ne se fabriquait ailleurs que dans l’atelier familial. Notre mère boulangeait, cousait, tricotait, tissait, blanchissait. Elle faisait tous nos habits, en tissait au métier une bonne part ; elle trouvait même le temps de tisser de la catalogne pour les autres, pour arrondir le pécule ; elle tressait nos chapeaux de paille, plissait nos souliers de bœuf, entretenait son jardin, fabriquait son savon, voyait à la basse-cour, trayait les vaches, et les jours de presse, elle trouvait encore le temps d’aller donner un coup de main aux travaux des champs. Un soir qu’après l’école je m’en allais chercher les vaches, je me souviens d’avoir vu ma mère sur un haut mulon de grain, en plein champ. La fourche à la main, elle servait la batteuse. Oui, race de braves gens, dont la race paraît éteinte, et qui se proposait bien de ne pas faire de nous des mauviettes. »

Tome 1 "Mes Mémoires"
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Qu'est-ce qu'un intellectuel? Un ecclésiastique peut-il être un intellectuel? Et un traditionaliste? L'intellectuel existe-t-il dans le Québec du début du siècle? Après avoir esquissé une réponse à ces questions, on dressera l'inventaire des obstacles et des contraintes qui contrarient le goût de l'action intellectuelle chez Groulx. En même temps, on suivra l'itinéraire au cours duquel s'est bâtie sa notoriété et on s'attardera aux étapes qui, dans sa carrière, sont autant de préparations à la fonction d'intellectuel.
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Les années qui précèdent le professorat universitaire sont, pour lui, une période de préparation au rôle d'intellectuel. Ce rôle, le désir de servir la nation et la religion le pousse à y aspirer, même un peu confusément au début. Aussi saisit-il toutes les occasions de s'extérioriser7. Une volonté se porte au-devant des caprices du hasard. Groulx porte la toge blanche du candidat.
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Vaudreuil, 9 août 1906
Monsieur l'Abbé PA. Sabourin, Prêtre
Directeur du Collège de Valleyfield, Que.
Monsieur le Directeur,
Je me permets de vous offrir en très modeste «hommage d'auteur», un exemplaire d'une conférence que de mes amis viennent de faire mettre en brochure à Montréal. Je l'ai écrite pour nos élèves. On m'a dit qu'elle pourrait faire du bien à d'autres. Et pour ma part, j'ambitionne seulement qu'elle ne compromette pas trop sérieusement la réputation de mon collège et celle de son personnel.
Bien à vous humblement en N.S.
L.A. Groulx, Prêtre
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Après l'arrivée au pouvoir de l'Union nationale avec Maurice Duplessis en tête, en 1936, Groulx écrit à René Chaloult qui venait d'être élu député de Kamouraska :
Cette victoire a eu, hélas, son lendemain. Je m'en attriste profondément sans en être trop surpris. Je n'ai jamais pu partager, sur votre chef, à aucun moment, ni la confiance optimiste du Dr Hamel, ni la confiance enthousiaste de M. Oscar Drouin à qui il plaisait d'en faire « le plus grand national ». Non, cet homme m'a toujours paru vieux-jeu, vieux moule. Il est resté de la génération des hommes de soixante ans, avec tous les bobards de la bonne-entente et de la « coopération entre les deux grandes races ». Et il est tel, je veux être juste pour lui, non par malignité d'esprit ou de caractère, mais par manque de formation et d'impuissance morale. Il n'a pas assez de personnalité pour être de son temps. C'est ce qui est grave chez lui. Nous aurons, je le crois bien, quelques réformes administratives, quelques essais timides de politique économique et sociale. Il nous faut faire notre deuil de la grande politique nationale que nous avions rêvée. Quelle restauration en profondeur attendre de la part de gens qui n'entendent faire justice à leurs compatriotes que si la minorité anglaise l'a d'abord pour agréable ? Oui, c'est un grand désenchantement.
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La vie de Groulx a été longue, riche et fertile en événements de toutes sortes et dans des domaines divers et la correspondance témoigne de cette richesse et de cette diversité.
Malgré son rôle d'homme public où il s'est impliqué, pas encore assez souvent et encore trop peu au gré de ses amis, de ses disciples et de ses admirateurs, et, par contre, beaucoup trop souvent et, selon une habitude fâcheuse, à contretemps, au goût de ses détracteurs et de ses adversaires, son engagement sacerdotal le cantonnait malgré tout dans une certaine circonspection.
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Lionel Groulx (1878-1967), cet homme qui a, confie-t-il, « tellement et jusqu'à la fin de ma vie [...] rêvé grand, désespérément grand, pour mon pays, et pour les hommes, mes frères, qui l'habitent », mérite à coup sûr qu'on déploie une nouvelle bannière marquée de son chiffre. Qu'on la déploie non seulement en son honneur et comme un hommage mais comme un service encore à rendre.
Car l'écriture et ses lettres ont pour lui été mission, peuple et pays à conquérir, valeurs à défendre, à affirmer. Prenant charge d'âme et de pays, parole et écriture sont déployées fortement, hautement, longuement, au paroxysme de sa passion et de son idéal, d'une gigantesque stature, à la grandeur de son pays, de ses frères et de son coeur.
Prêtre, éducateur, professeur, orateur, polémiste, humaniste et homme de lettres, c'est surtout comme historien et comme leader intellectuel et nationaliste que Lionel Groulx s'est illustré pendant près de cinquante ans, et qu'il a exercé une influence difficilement mesurable mais considérable, que peu de ses compatriotes contemporains ont réussi à surpasser ou même à égaler, au Canada français.
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Londres nous laisse, à ce bref et premier séjour, une impression bien faite pour humilier en nous le sentiment français. Cette correction de tout le personnel des services publics; ces policiers qui vous accueillent avec un salut, vous parlent souvent français, peuvent faire cent pas pour vous indiquer une rue, un autocar, un édifice, vous remettre sur votre chemin; dans les magasins de la grande ville, cet empressement à vous donner le meilleur service possible, à prendre même le téléphone pour vous trouver l'article cherché, autant de menues attentions qui ne nous font ressentir que plus vivement, hélas, les polissonneries des fonctionnaires d'Outre-Manche, polissonneries que, jusqu'au dernier moment, on s'était plu à ne pas nous ménager. Puis, je le répète, nous sommes toujours en 1909. L'ère victorienne n'est pas encore terminée.
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Paris a beau être Paris, c'est l'exil quand même. Et un pauvre petit Canadien se trouve bien seul dans ce monde. Avec le temps, quelques Canadiens vont, sans doute, me venir voir. Pour le moment, c'est la solitude que je m'en vais oublier en me mettant au travail.
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L'effort que leur destinée leur commande, c'est de se dégager de la sujétion étrangère et de l'inconsistance de leurs propres pensées; c'est de s'élever jusqu'à la personnalité nationale, jusqu'à l'état d'âme supérieur où ils prendront en eux-mêmes, dans la synthèse de leurs vertus natives, dans le commandement de leur histoire et de leur vocation, le gouvernement immédiat de leur pensée, l'essor souverain de leur vie.
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Mais une autre question se pose: comment suis-je devenu directeur de L'Action française ? Je l'ai noté plus haut: mes collègues de la Ligue, consciemment ou non, m'en ont peu à peu conféré le rôle. Ma collaboration à la revue est tout de suite passablement assidue. On me confie l'annonce de la première enquête: mode, méthode d'étude des principaux problèmes de notre vie française. Mes collègues ne tardent pas à pousser leur pointe. La petite revue a tôt fait d'acquérir de la notoriété. Elle compte déjà dans l'opinion.
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Écrire ses Mémoires ! J'y ai toujours vu la besogne d'un paresseux ou d'un impuissant. Pourtant j'écris les miens. La Providence a voulu qu'en mes soixante-seize ans, j'aie connu une période de fatigue. Le médecin m'a condamné au repos forcé. Pour me divertir, j'écris Mes Mémoires. On m'en a prié, depuis longtemps, de-ci, de-là. « Vous avez vu ou connu de près, m'a-t-on dit, la plupart des personnages qui ont tenu un rôle public à votre époque; vos souvenirs constitueraient un document historique de grand prix. » Et j'écris, comme j'ai écrit autrefois Les Rapaillages et les deux romans d'Alonié de Lestres, par pur divertissement.
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"La formation sociale a pour but de rendre le jeune homme apte à la vie sociale et au devoir social." D'où le corollaire s'impose : chaque individu doit être une personnalité robuste et active, un homme de combativité et de dévoûment.
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Le journal de Groulx représente , surtout dans la partie qui correspond aux années d'études collégiales, un document unique pour cerner l'histoire de l'accession d'un jeune paysan à la maîtrise de l'écriture. Il constitue un exemple privilégié pour l'étude d'un cas de mutation sociale à un niveau particulièrement raffiné, soit celui de l'analyse et de l'expression de soi, de ses valeurs et des valeurs du groupe auquel l'individu progressivement s'assimile. En ce sens, le Journal pourrait être utilisé pour mieux comprendre la stratégie du processus initiatique auquel la société québécoise conviait un certain nombre de sujets choisis, à l'intérieur d'un collège classique comme celui de Sainte-Thérèse, semblable à tous ceux du milieu canadien-français de l'époque, c'est-à-dire catholique, français, totalement masculin et bien sûr, le lieu privilégié des futures vocations sacerdotales.
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