Lize Spit

Ma chemise de nuit, humide, me collait à la peau. Ce n'était pas le chagrin, ni la pluie. J'étais restée si longtemps immobile, raidie de honte et de remords, que le matin m'avait prise pour une plante ou un arbuste, pour un élément du jardin, et il m'avait moi aussi couverte de rosée.

Plus quelqu'un a besoin de temps pour réfléchir, moins on peut en attendre de la sincérité.

Je sors de la grange au pas de charge. Le verrou de tout à l’heure, en travers de ma gorge, se bloque.

J’aurai beau m’éloigner tant que je veux de ces garçons, tout le monde croira que ce sont eux qui m’ont laissé tomber.

C'était comme si je ne me sentais pas coupable envers Laurens en tant que personne, mais envers chacun de ces détails qui faisaient de lui un tout.

J'ai lu il n'y a pas si longtemps qu'un fumeur pourrait se payer des vacances chaque année rien qu'avec l'argent dépensé en cigarettes. Personne ne cherche à savoir s'il y a aussi des gens qui fument pour ne pas avoir à partir en voyage avec leur famille.

Le bonheur, tout comme le soleil, avait été créé de sorte qu'on ne puisse jamais le regarder en face.
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Évidemment, le malheur et les nausées n'avaient rien d'un sac à provisions, ils n'étaient pas munis de poignées qui permettaient de se partager la charge. Mais l'idée que quelqu'un connaisse le poids exact de votre cabas, ça pouvait quand même bien vous aider, non ?
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L'espoir est cet air qu'on bat en émulsion pour alléger les choses et les rendre supportables, pour nous permettre de respirer, mais c'est aussi ce qui peut justement les faire retomber comme un soufflé.

C'est sûrement comme ça que se sentent les poissons rouges, une fois que l'eau de leur bocal ou de leur aquarium a été changée - pendant un temps, tout est clair et net, ça vaut la peine de recommencer à tourner en rond.

On croit toujours que la trahison devient moins dure à supporter dès qu'on la partage, mais ce n'est pas vrai, elle s'amplifie, justement, et plus il y a de monde au courant, plus ça fait de dégâts.

Et ce n'était pas seulement la maladie qui le rendait malade, mais aussi mon regard sur lui. Si je l'avais perdu, je m'étais perdue tout autant. C'est ce qu'il voulait me faire comprendre en m'envoyant "Tu me manques" par SMS alors que j'étais dans la pièce d'à côté.
"On va s'en sortir", a-t-il dit.
Il s'est recouché, et je suis restée plantée là, sans pouvoir dormir.
J'ai pris la résolution de ne plus jamais regarder une seule image, photo ou vidéo, de ce week-end, il fallait que je nous protège de ma tendance machinale à tout réévaluer par le prisme du moment présent.
Car c'était ce que faisaient les amants trompés: aller fouiller dans le passé pour chercher depuis quand l'autre était infidèle et, rétrospectivement, se sentir encore plus dupe.
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Ce devait être un signe, un code, un message ne pouvant pas être intercepté sur écoute, un SOS provenant de la cave la plus microscopique de son corps, celle où l'aimable Simon était enfermé. Le pauvre rassemblait ses dernières forces pour cogner contre la vitre, pour tambouriner sur le radiateur : "Ne pars pas, je suis encore là, ne me laisse pas tomber, fais venir les secours!".
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Elle n’était pas à l’aise avec le principe : il aurait fallu parler et faire l’amour en même temps, pour commencer. Et parler crûment, pour couronner le tout. Deux habitudes qu’elle n’avait pas.

Elle soupçonnait même s’être endormie pendant quelques secondes sans s’en apercevoir. Depuis une demi-heure, elle regardait la même page de Muchachas, de Katherine Pancol. Elle ne lisait pas. Parce que son mari envoyait des photos de son sexe à une Rousse toute nue.

C’est peut-être un cliché pathétique, mais un cliché vient toujours d’une part de réalité.
C’est triste mais c’est la vie.

Elle voulait revenir en arrière, rien que pour découvrir l’infidélité de son mari d’une manière plus originale. Elle aurait tellement préféré quelque chose de plus… différent de toutes les autres histoires d’adultère. Mais non. Ils étaient comme tout le monde.

Je ne savais pas quoi faire, à part attendre que ça passe. J’avais toujours trouvé ça plus facile que d’intervenir.

Il y avait tant de choses à voir, tant de choses à goûter, bien plus que je ne pouvais assimiler en une journée, en une semaine. J’en oubliais parfois ma propre existence, tellement je me laissais absorber.

Désormais, je ne parlais plus des bons moments que j’avais vécus, ils ne méritaient pas autant d’être mentionnés que les mauvais, ils m’avaient moins formée, juste empêchée de devenir insignifiante, et j’avais tout conjugué au passé, tournant ainsi la page de mon enfance.