Philippe Jordan, directeur musical de l'Opéra national de Paris, a donné une master class, avec la participation des artistes en résidence à l'Académie.
Plus d'informations :
https://www.college-de-france.fr/site/college-de-france-opera-national-paris/Master-class-Philippe-Jordan.htm
Don Giovanni (1787)
(extraits)
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Livret
Lorenzo Da Ponte
avec les artistes en résidence à l'Académie de l'Opéra national de Paris :
Maciej Kwanikowski (ténor), Angélique Boudeville (soprano), Marie Perbost (soprano), Danylo Matviienko (baryton), Mateusz Hoedt (basse-baryton), Benjamin d'Anfray (piano), Alessandro Praticò (piano)
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LA COMTESSE
Ah, le cruel ne m'aime plus!
SUZANNE
Comment alors
Peut-il être jaloux?
LA COMTESSE
Comme le sont
Les modernes époux: par système,
Infidèles ; capricieux par nature ;
Et puis, par vanité, tous jaloux.
Mais si Figaro t'aime, lui seul pourra...
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CONTESSA
Ah, il crudel più non m'ama!
SUSANNA
E come, poi
É geloso di voi?
CONTESSA
Come lo sono
I moderni mariti: per sistema
Infedeli, per genio capricciosi,
E per orgoglio, poi, tutti gelosi.
Ma se Figaro t'ama, ei sol potria...
il déclara à Joseph II:" J'écrirai pour Mozart la nuit en lisant quelques pages de "l'Enfer" de Dante; le matin pour Martini en lisant Pétrarque,et le soir pour Salieri avec l'aide de Tasse".
C'est ainsi qu'entre le vin de Tokay, le tabac de Séville, la sonnette sur ma table et la belle Allemande semblable à la plus jeune des muses, j'écrivis la première nuit pour Mozart les deux premières scènes de "Don Juan", deux actes de "l'arbre de Diane", et plus de la moitié du premier acte de "Tarar", titre que je changeais en celui"d'Assur".
Dans la matinée, je portai ce travail à mes trois compositeurs, qui n'en pouvaient pas croire leurs yeux.
Don Juan :
Laisser les femmes ! Insensé !
Laisser les femmes ! Ne sais-tu pas qu'elles me sont
Plus nécessaires que le pain que je mange,
Que l'air que je respire !
Leporello :
Et vous avez le cœur
De toutes les tromper ?
Don Juan :
C'est tout amour :
Qui pour l'une est fidèle
Envers l'autre est cruel.
Et j'éprouve en moi-même
Un sentiment si grand
Que, toutes, je les aime.
Mais les femmes, hélas, ne sachant point juger,
De mon bon naturel font une tromperie.
« Au fur et à mesure que je composais les paroles,
Mozart composait la musique ; en six semaines
tout était terminé. La bonne étoile de Mozart
voulut que les partitions manquassent au théâtre.
Je saisis l’occasion d’aller voir l’empereur, sans en
parler à personne, et lui offrir Les Noces de Figaro.
« Comment, me dit-il, vous savez que Mozart,
remarquable pour la musique instrumentale, n’a
jamais écrit pour la scène, une seule fois exceptée,
et cette exception ne vaut pas grand chose.
-Moi-même, répliquai-timidement, sans la bonté de
l’empereur je n’eusse jamais écrit qu’un drame à
Vienne.
-C’est vrai ; mais cette pièce de Figaro, je l’ai
interdite à la troupe allemande.
-Je le sais ; mais, ayant transformé cette comédie
en opéra, j’en ai retranché des scènes entières,
j’en ai abrégé d’autres, et je me suis appliqué
surtout à faire disparaître tout ce qui pouvait
choquer les convenances et le bon goût ; en un
mot, j’en ai fait une œuvre digne d’un théâtre que
sa majesté honore de sa protection. Quant à la
musique, autant que j’en puisse en juger, elle me
semble un chef-d’œuvre.
-Bien, pour la musique je m’en remets à votre bon
goût, et pour la morale à votre prudence ; remettez
la partition aux copistes. » L’instant d’après j’étais
chez Mozart. Je ne lui avais pas encore fait part
de cette bonne nouvelle qu’une dépêche lui
apportait l’ordre de se rendre au Palais avec sa
partition. Il obéit et fit entendre à l’empereur divers
morceaux qui l’enchantèrent et, sans exagération,
l’étourdirent. Joseph II avait le goût très sûr en
musique, et généralement pour tout ce qui se
rattachait aux beaux-arts. Le succès prodigieux
qu’a eu dans le monde entier cette œuvre
merveilleuse est une preuve qu’il ne s’était pas
trompé.
ACTE 2, Final
FIORDILIGI, DORABELLA (indiquant Don Alfonso)
Voici le barbare
Qui nous a trompées !
DON ALFONSO
Je vous ai trompées, mais la tromperie fut
Une « détromperie » pour vos amants,
Qui seront désormais plus sages
Et feront ce que je voudrai.
Donnez-moi vos mains, vous êtes maris et femmes.
Embrassez-vous et taisez-vous.
Tous quatre riez à présent,
Car j'en ai déjà ri et j'en rirai encore.
PREMIER ACTE
SCÈNE I
Un café à Naples.
Trio
FERRANDO
Ma Dorabella
N'en est pas capable;
Le ciel l'a faite
Aussi fidèle que belle.
GUGLIELMO
Ma Fiordiligi
Ne saurait me trahir;
En elle je crois égales
La constance et la beauté.
DON ALFONSO
J'ai déjà les cheveux gris,
Je parle «excathedra»,
Mais que de telles disputes
Finissent là.
FERRANDO, GUGLIELMO
Non, vous nous avez dit
Qu'elles peuvent être infidèles;
Vous devez nous le prouver
Si vous êtes honnête homme.
DON ALFONSO
Laissons de telles épreuves.
FERRANDO, GUGLIELMO
Non, non, nous les voulons.
Ou sortons l'épée,
Mettons fin à notre amitié.
DON ALFONSO (à part)
Ô fou désir
Que de chercher à découvrir
Ce mal qui, une fois trouvé,
Nous rend malheureux.
FERRANDO, GUGLIELMO (à part)
Il me touche au vif
Celui qui de sa bouche
Laisse sortir un seul mot
Qui leur fasse du tort.
SCÈNE IV
Jardin agréable. Deux bancs d'herbe sur les côtés.
Finale
FIORDILIGI, DORABELLA
Ah, comme en un moment
Tout mon destin s'est trouvé changé I
Ah, combien désormais la vie est pour moi
Une mer pleine de tourment!
Aussi longtemps qu'à mes côtés
Le ciel ingrat m'a laissé le cher bien-aimé
Je ne savais pas ce qu'étaient les peines,
Je ne savais pas ce qu'est languir.
FERRANDO, GUGLIELMO (de l'intérieur)
Mourons, oui, mourons
Afin de satisfaire les ingrates.
(Tenant chacun une fiole, Ferrando et Guglielmo entrent, suivis par Don Alfonso.)
DON ALFONSO
Il y a encore un espoir;
Ne faites pas cela, ô dieux, ne faites pas cela !
FIORDILIGI, DORABELLA
Ciel, quels cris épouvantables !
FERRANDO, GUGLIELMO
Laissez-moi !
DON ALFONSO
Attendez!
FERRANDO, GUGLIELMO
Que l'arsenic me libère
De tant de cruauté!
(Ils boivent et jettent les fioles. En se tournant, ils voient les
deux femmes.)
FIORDILIGI, DORABELLA
Ciel, était-ce un poison?
DON ALFONSO
Un poison bel et bon,
Qui en peu d'instants
Va leur ôter la vie !
FIORDILIGI, DORABELLA
Ce tragique spectacle
Me glace le cœur.
FERRANDO, GUGLIELMO
Barbares, approchez-vous:
Voyez le triste effet
D'un sentiment désespéré
Et ayez au moins pitié.
FIORDILIGI, DORABELLA
Ce tragique spectacle
Me glace le cœur.
TOUS
Ah, comme les rayons du soleil
Deviennent pour moi ténébreux !
Mes fibres tremblent et mon âme
Semble s'évanouir,
Et ni ma langue ni mes lèvres
Ne peuvent articuler un son !
(Ferrando et Guglielmo tombent sur les bancs d'herbe.)
DON ALFONSO
Puisque ces jeunes malheureux
Sont près de mourir,
Au moins essayez
De leur montrer de la pitié.
FIORDILIGI, DORABELLA
Quelqu'un, venez vite, quelqu'un !
Personne, oh Dieu, ne nous entend !
Despina !
DESPINA (de l'intérieur)
Qui m'appelle?
FIORDILIGI, DORABELLA
Despina !
DESPINA (entrant)
Que vois-je !
Je crois les malheureux morts
Ou sur le point d'expirer !
DON ALFONSO
Ah, ce n'est que trop vrai !
Furieux, désespérés,
Ils se sont empoisonnés !
Oh, amour rare!
DESPINA
Abandonner ces malheureux
Serait honteux pour vous.
Il faut les secourir.
FIORDILIGI, DORABELLA, DON ALFONSO
Que pouvons-nous bien faire?
DESPINA
Ils donnent encore signe de vie;
De vos mains secourables
Faites-leur un peu de soutien.
ACTE I, SCENE 8 : FIGARO « NON PIU ANDRAI »
FIGARO
REFRAIN :
Tu n’iras plus, petit papillon amoureux,
Flâner nuit et jour, autour
Des belles dont tu troubles le repos,
Petit Narcisse, petit Adonis d’amour.
C’en est fini de ces plumets coquets
De ces chapeaux frivoles et élégants,
De cette belle chevelure, de cet air
nonchalant]
De ce teint rose de jeune fille.
REFRAIN
Chez les guerriers, Palsembleu !
De grandes moustaches, un sac pesant,
Le fusil sur l’épaule, le sabre au flanc,
La tête droite, la mine fière,
Un grand casque, un grand turban,
Beaucoup d’honneurs et peu d’argent,
Et au lieu du fandango
Une marche dans la boue,
Par les monts et les vallons,
Sous la neige ou la canicule.
Au concert des tromblons,
Des bombardes et des canons,
Qui font siffler aux oreilles
Les boulets sur tous les tons.
Chérubin à la victoire,
À la gloire militaire.
FIGARO
REFRAIN :
Non più andrai, farfallone amoroso,
Notte e giorno d'intorno girando;
Delle belle turbando il riposo
Narcisetto, Adoncino d'amor.
Non più avrai questi bei pennacchini,
Quel cappello leggero e galante,
Quella chioma, quell'aria brillante,
Quel vermiglio donnesco color.
REFRAIN
Tra guerrieri, poffar Bacco!
Gran mustacchi, stretto sacco.
Schioppo in spalla, sciabla al fianco,
Collo dritto, muso franco,
Un gran casco, o un gran turbante,
Molto onor, poco contante!
Ed invece del fandango,
Una marcia per il fango.
Per montagne, per valloni,
Con le nevi e i sollioni.
Al concerto di tromboni,
Di bombarde, di cannoni,
Che le palle in tutti i tuoni
All'orecchio fan fischiar.
Cherubino alla vittoria:
Alla gloria militar.
ACTE 2, scène II
FERRANDO
Dieux ! Tant de promesses,
De larmes, de soupirs, de serments,
Comment, en si peu de temps,
L'impie a-t-elle oublié?
GUGLIELMO
Parbleu, moi je ne le sais pas.
FERRANDO
Que dois-je faire à présent?
À quel parti, à quelle idée m'accrocher?
Aie pitié de moi, donne-moi un conseil.
GUGLIELMO
Ami, je ne saurais
Quel conseil te donner.
FERRANDO
Barbare ! ingrate !
En un jour ! en quelques heures !
GUGLIELMO
Certes, c'est une chose stupéfiante.
Air
Mes chères femmes, vous faites le coup à tant d'hommes
Que, si je dois vous dire le vrai,
Si les amants se plaignent.
Je commence à compatir.
J'adore votre sexe,
Vous le savez, chacun le sait;
Chaque jour je vous le prouve,
Je vous donne des marques d'amitié.
Mais cette façon de faire le coup à tant et tant d'hommes
Me décourage en vérité.
Mille fois j'ai pris les armes
Pour sauver votre honneur;
Mille fois j'ai pris votre défense
Par la parole et plus souvent encore par le cœur.
Mais cette façon de faire le coup à tant et tant d'hommes
Est un travers bien ennuyeux.
Vous êtes jolies; vous êtes aimables,
Le ciel vous a donné nombre de trésors.
Et les grâces vous entourent
De la tête jusqu'aux pieds.
Mais vous faites le coup à tant et tant d'hommes
Que, si les amants crient,
Ils ont certes une bonne raison à cela. (Il part.)