C'est l'attente, et plus particulièrement l'attente indéterminée, qui nous donne la conscience du temps pur.
J’ai tort sans doute si je me plains du traitement que les autres me font subir. Car il est toujours un effet et une image du traitement que je leur inflige. Mais si je m’attriste de n’être pas assez aimé, c’est que je n’éprouve pas moi-même assez d’amour.
Le silence est un hommage que la parole rend à l'esprit.
Que d’hommes qui les laissent inemployées et ne deviennent jamais tout ce qu’ils pourraient être ! Mais nul d’entre eux ne réussit à réaliser jamais la totalité même de l’être dont il portait en lui la possibilité. Et il semble que chacun de nous meure toujours inachevé.
Le langage n'est pas, comme on le croit souvent, le vêtement de la pensée. Il en est le corps véritable.
Pourtant, à la formule cartésienne : « Je pense, donc je suis », il faudrait opposer une formule biranienne semblable à celle-ci : « J’agis ou je veux, donc je suis. » Il semble, en effet, que, selon Descartes, partout où je suis, j’apporte avec moi la connaissance et la lumière, tandis que, selon Maine de Biran, partout où je suis, j’introduis une modification originale du réel, un témoignage personnel de ma propre puissance créatrice.
Les relations que les autres hommes ont avec nous sont toujours une image des relations que nous avons avec nous-mêmes.
Chacun de nous a l’ambition d’embrasser par sa pensée la totalité de l’univers. Mais il ne peut le faire que dans une perspective qui lui est propre.
Il faut être souple comme une liane, mais comme elle, impossible à rompre, et doux comme une surface parfaitement polie, mais parfaitement dure.
Narcisse cherche en lui le secret du monde et c’est pour cela qu’il est déçu de se voir. Ce secret divin est plus intime à lui que lui-même : il est l’intimité de l’Être pur. De lui, il n’y a point d’image.