Le temps et les heures ne semblaient pas avoir de prise sur cette femme un peu boulotte, entre deux âges, qui paraissait ne pas se soucier de son aspect physique, encore moins de trouver un mari.
Pour l’heure, elle devait prendre des allures de veuve et se pencher sur la vie d’une femme vieillie prématurément, d’une femme qui se laissait aller pour mieux se laisser cajoler.
Elle se voyait plutôt vivre une de ces histoires d’amour comme on les racontait autrefois, dans les contes, avec un homme venu de loin, un homme qui garderait une part de mystère, un parfum d’ailleurs accroché à sa peau. Au lieu de cela, le seul qui aujourd’hui lui faisait ouvertement la cour se saoulait tous les soirs chez elle ! Il se croyait homme, il n’était qu’enfant.
Il ne manquait pas de soupirants, sans doute autant attirés par la jeune femme que par la perspective de devenir l’homme de l’auberge, nourri et soigné par les trois femmes, tel un coq en pâte.
L’automne avait laissé brusquement la place à l’hiver. Le soleil perçait difficilement la couche de nuages et aucun feu ne parvenait à réchauffer quelque maison que ce soit.
Le Maurice, c’est une vipère. Il emmerde tout le monde ici depuis des années, à chercher des histoires à Pierre et Paul pour rien, toujours à guetter pour faire du tort… Il comprend pas que quand c’est pas chez lui, c’est pas chez lui. Il faudrait tout lui céder, et pour rien encore !