Je suis seule. Vivante devant elle, et je ne le supporte pas. Tous les visages que j'aime défilent dans ma tête. Ma mère, mes frères, j'ai lutté pour la leur ramener, j'ai lutté pour elle, à cause d'elle. Sans ma fille, je n'aurais peut-être pas tenu le coup, elle était mon trésor, ma vie.
Affronter cela, c’était bien trop gigantesque. J’étais allée beaucoup trop loin. J’ai repoussé l’horreur dans un coin de mon esprit et j’ai serré les dents.
Mais je me suis rendu-compte à temps à quel point je donnais dans l'auto-apitoiement et j'ai fait un effort colossal pour alléger mon ton.
"Les relations humaines sont des toiles d'araignées fragiles et ténues, tissées de fils de confiance qui les maintiennent debout, des fils si fins qu'un souffle de vent peut les rompre,et pourtant on fonce là-dedans sans prendre la moindre précaution et on s'étonne de tout casser."
Elle remarqua rapidement qu’il y avait une demi-douzaine de « super utilisateurs » du forum, des filles – du moins, elle le supposait – dont les posts étaient les plus lus et les plus commentés et qui répondaient à presque tous les posts du forum. C’était vraiment un petit monde. Cette demi-douzaine de fans dominaient les discussions et déterminaient l’opinion du groupe, soutenues en cela par un groupe plus étendu de soutiens qui les encourageaient et les imitaient en tout. Si quelqu’un s’avisait d’avoir une autre opinion ou d’écrire quoi que ce soit de négatif, le groupe lui faisait un sort immédiat. Parfois, des disputes avaient lieu entre les nouveaux inscrits et l’élite du forum, des pages et des pages de réparties et d’arguments qui se poursuivaient jusqu’à ce que le nouveau se décourage ou qu’un modérateur intervienne. C’était un univers impitoyable.
J’avais sans doute toujours eu un penchant pour le mensonge, que je n’avais pas voulu voir. J’estimais que ce genre de mensonges n’était que des mots qui rendaient les choses plus acceptables pour les autres, comme si je leur faisais une fleur en mentant.
Être triste parmi des milliers de gens qui s'amusent est une forme de désolation très particulière et l'absence de Gavin m'a paru encore plus cruelle. Au moins, s'il 'était montré, j'aurais eu une épaule sur laquelle pleurer.
Nous avions tous les deux peur de la familiarité terrible de l’histoire ; de l’espoir qui monte avant d’être pulvérisé en mille morceaux.
Ils sentaient mes échecs comme un virus qui aurait flotté dans l’atmosphère pour mieux se mélanger à la poussière ambiante…
J’ai haussé les épaules, sentant le voile noir de la dépression s’abattre doucement sur moi, écœurant, gluant.