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Critiques de Louise Roullier (54)
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Album Culte

Après Infiniment, une nouvelle vertigineuse, Louise Roullier revient dans la collection Chronopages avec Album Culte, une petite histoire tout en musicalité.



Laura Matelle, quarante ans après la mystérieuse disparition de son père Alexandre, contacte Fabien Pinatti l'un de ses amis d'enfance. Alex était un passionné de musique et vouait en particulier un culte au groupe anglais Khron. Depuis plusieurs années il essayait de dénicher leur troisième album, quasiment introuvable. Un album culte puisqu'il s'agit du dernier du groupe dont tous les membres se sont volatilisés juste avant sa sortie...



A partir d'une histoire très classique agrémentée d'une petite touche de fantastique, Louise Roullier nous entraine doucement dans son univers musical. A travers cette nouvelle efficace et de toute beauté, habilement construite, l'autrice trace son sillon jusqu'à cette chute inévitable qui même si elle se dessine rapidement ne peut que nous émouvoir.



Album Culte est une ode à la musique, à la fois poétique et délicate, un récit sans fausse note, un réel plaisir de lecture qui confirme tout le talent de l'autrice dont on surveillera de près les prochaines parutions.


Lien : https://les-lectures-du-maki..
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Album Culte

Très chouette nouvelle sur fond de rock progressif.



Un père disparu du jour au lendemain, sans rien emporter. Sa fille qui, des décennies plus tard, interroge son meilleur ami de l'époque.

Alexandre, le père, est un passionné de musique, à un niveau... envahissant. Il voue un culte à un groupe anglais, dont les membres ont disparu avant la sortie de leur troisième album. Cet opus représente le Graal pour Alex, qui donne tout ce qu'il peut pour mettre la main - et surtout l'oreille - dessus.



Le récit se déroule entre témoignages de l'ami, focalisation interne du père... puis d'autres petites choses vers la fin !

La construction est agréable et les émotions procurées par la musique finement rendues.

Très sympathique lecture. Classique, mais efficace.
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Album Culte

La petite histoire



Laura, année 2018, veut comprendre pourquoi son père a disparu il y a quarante ans en laissant sa mère enceinte, seule.

Alex, dans les années 70, est un éternel adolescent, fan de rock et qui collectionne les vinyles, il vient de trouver la perle rare d'un groupe mythique et disparu.



Mon ressenti



L'autrice joue encore une fois avec le temps avec Album culte. J'ai bien aimé plongé dans le rock des années 70 et les références culturelles. Cette métaphore de la musique qui est une parenthèse enchantée est bien vue.
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ChronoPages - Morceaux choisis

S'il en fallait une, ce recueil est donc une preuve par cinq - où plutôt par quatre en ce qui me concerne - que la littérature de genre à la française à de beaux jours devant elle.

L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
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ChronoPages - Morceaux choisis

Cela fait un petit moment que je vois passer les chroniques des blogopotes sur les parutions des éditions 1115 sans que je ne franchisse encore le pas. Grâce à l’Opération Bol d’Air qui a offert des ebooks gratuits pendant le confinement, c’est chose faite! Et bien que les cinq textes soient très différents les uns des autres, globalement j’ai beaucoup apprécié ma lecture.



Visite fantôme de Lucie Basseterre



Alors que les travaux avancent et que la vieille bâtisse a été rasée, le chef de chantier Lorenzo Da Silva disparaît sans laisser de traces. Sa remplaçante est perplexe et doit non seulement faciliter l’enquête de la police mais aussi rassurer ses ouvriers : en effet, certains d’entre eux très superstitieux voient parfois réapparaître la vieille maison telle un mirage…



J’ai beaucoup apprécié cette nouvelle aux accents fantastique et gothique, elle fait partie de mes préférées. Le style d’écriture est très fluide et les descriptions de l’intérieur du manoir m’ont personnellement fait rêver.



Orwell m’a tu de Bruno Pochesci



Dans un futur proche, la France est dirigée par un parti d’extrême-droite et mène une politique répressive qui n’est pas sans rappeler les heures plus sombres du pétainisme, dans les années 40. Les immigrés sont leur cible et qu’importe que ces derniers soient nés sur le territoire français ou en possède la nationalité. Non seulement, ils sont déchus de leur droit mais ils sont sommés de quitter le territoire…



Une nouvelle immersive dont le titre fait référence à George Orwell et probablement à son roman 1984 et dont chaque petit chapitre a pour titre la devise de l’Etat français (Liberté, Egalité, Fraternité) entremêlée à celle du Régime de Vichy (Travail, Famille, Patrie). La chute est glaçante.



Odregan #1 de Nicolas Le Breton



Odregan voyage à travers l’espace et le temps pour fuir trois poursuivants.



Une nouvelle très nébuleuse à laquelle je n’ai accroché ni au style d’écriture très spécial, ni à l’intrigue alambiquée. Dommage.



Bois Hurlants de Frédéric Czilinder



Un vieil homme raconte son enfance pendant la Seconde Guerre Mondiale, dans le sud de la France. Admis à quatorze ans à l’orphelinat des bois hurlants, il fait la connaissance d’une jeune fille de son âge pour le moins étrange. Cette dernière errait dans les bois quand elle a été trouvée par un chasseur : la jeune fille qui ne parle pas français, a alors été surnommée Sylvia. Le narrateur s’est senti irrésistiblement attiré par elle et son petit côté sauvageon…



Mon texte préféré du recueil : j’ai beaucoup aimé la description du contexte historique très immersif et la petite touche de fantastique qui vient réhausser le récit.



Infiniment de Louise Roullier



Dans le futur, des scientifiques ont pour projet de donner la vie à un être humain immortel. Si leur expérience rencontre le succès, ils n’en verront malheureusement jamais les résultats car le fœtus se développe extrêmement lentement. Les années passent et laboratoire est abandonné. Heureusement, tout est automatisé et cela permet la prise en charge de l’être humain qui grandit loin du monde et hors du temps…



Un texte étrange et mélancolique auquel je n’ai pas complètement adhéré.



En conclusion, les éditions 1115 ont pioché dans leur catalogue cinq textes très différents que ce soit dans le genre (Fantastique, Gothique ou Science Fiction) ou les sujets évoqués. Comme dans tout recueil de nouvelles, l’ensemble peut s’avérer inégal mais pour ma part, j’ai été emballée. Je vais donc continuer ma découverte avec la lecture de la novella Sur Mars d’Arnauld Pontier également offert dans le cadre de la même opération.
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Contes nippons au coin du feu

Dommage que je n’ai pas de cheminée car je me serais bien installée dans mon rocking chair, emmitouflée dans un plaid, une tasse de thé bien chaud (thé japonais évidemment) à la main, et ma liseuse dans l’autre. Qu’on soit en presque été ou pas, d’ailleurs ! Vive le thé et les plaids ! Si on rajoute à ça le doux ronronnement d’un chat, le combo parfait pour apprécier une lecture !



Japooooooon…

Vous me lisez, vous me suivez, vous savez donc ! Je suis une inconditionnelle de l’Asie et surtout du Japon. J’avoue que quand j’ai vu l’article des Lectures Familiales sur ce recueil, je suis allée discuter avec Magali du dit blog pour avoir plus d’informations, puis je suis allée quémander directement auprès de la maison d’éditions. Ah, parce que ce recueil se devait d’être chroniquer sur ce blog, comprenez. Enfin, se devait surtout d’être lu par ma petite personne. J’apprécie beaucoup la culture japonaise, j’aime lire des documentaires sur leur système scolaire, si différent du nôtre, sur leurs anecdotes liées à leur style de vie. J’avais d’ailleurs réalisé un article sur un petit documentaire traitant de ce sujet. Mais plus encore, je suis fan de manga, d’animé et de film à la japonaise. Si vous l’êtes également, vous avez sans doute déjà entendu parler des Yokai, des Tanuki, et autre Renard à neuf queues (Narutoooooooooooo !). Néanmoins, j’avoue que je ne connaissais pas vraiment les légendes qui se rapportaient à ces créatures, juste les bases. Je connais la Fille des toilettes, enfin, ces histoires dans les écoles japonaises qui en font frémir plus d’un. Mais celles de ces créatures imaginaires (vraiment ?)… J’ai donc été tellement ravie de découvrir ce recueil !



Pas vraiment pour les enfants…

Une idée fausse sur les mythes et légendes japonais : ce ne sont pas des contes pour enfants. Ou alors pour les effrayer quand ils font des bêtises. Attention, le méchant Kappa va venir te chercher… Vous voyez le genre (j’ai été traumatisée dans mon enfance par le méchant Pé’Lapouch’ qui habitait, selon les dires de mes parents, dans la maison délabrée là, au fond de la forêt, brrrrr !). J’ai été extrêmement surprise par l’horreur de certaines nouvelles, et je me suis rendue compte que oui, les créatures mythiques japonaises ne sont pas de belles fleurs en plein épanouissement. Ce qui m’a choqué est de découvrir qu’un Kappa c’est pas très gentil avec les enfants. Yokai Watch nous ment !! J’étais tellement heureuse d’être devenue amie avec un Kappa… Vous connaissez le film « Un été avec Coo » ? Et bien, les Kappa sont bien loin d’être si mignon et inoffensif que cet ami là ! Les Kappa ont la fâcheuse tendance de vous noyer dans les profondeurs aquatiques… Merci à Audrey Calviac donc, qui nous révèle la face cachée des Yokai, des êtres mythiques mais tellement menaçants…



Ma nouvelle préférée…

Parce que je ne vais pas vous parler de long en large de chaque nouvelle, j’ai décidé de vous faire un petit zoom sur ma nouvelle préférée : « De soie et de Fourrure » de Dola Rosselet. On a ici un Renard à neuf queues ! J’ai adoré cette nouvelle car elle est racontée sous forme de légende, avec une chute qui laisse flotter un mystère. L’auteur a une plume très fluide et agréable à suivre, on est transporté en plein cœur du Japon et de sa magie.



Au final, vaut mieux que je m’arrête là sinon je vais digresser encore longtemps, j’en suis sûre. Ce recueil est une excellente découverte, on découvre un Japon caché, et plein de couleurs. Une plongée en plein cœur d’un monde oublié fait de contes et de légendes.
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Contes nippons au coin du feu

Très bon recueil de nouvelles sur le thème du Japon. La nouvelle de vanessa Terral est particulièrement intéressante et prenante.
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Contes nippons au coin du feu

" Contes nippons au coin du feu" est une anthologie issue du salon Japan Impact ( dont l'histoire nous est servie en préface) , elle fait suite à un partenariat entre la maison Hystérie Edition et L'académie de minuit. Je remercie la maison Hystérie Edition et le site Livraddict, pour l'envoi de ce roman !



Ce recueil regroupe 11 nouvelles écrites par différents auteurs :

Le pays des Yôkai Audrey Calviac,

So Leng et le pouvoir venu du Levant Laurent Combaz,

De soie et de fourrure de Dola Rosselet,

Tetsuya de Marine Stengel,

Les trois coups du spectre de Louise Roullier,

L'empereur solitaire et le cadeau du corbeau rouge d' Anthony Boulanger

Le yürei de Maud Wlek,

Huit pattes, sept queues de Vérène Devanthéry,

Haha Naru Shizen de Nimu,

Sokushinbutsu de Célia Haro,

L'héritage de Susanoo de Vanessa Teral.



Ces nouvelles souvent horrifiques sont toutes sur le thème du Japon, et de sa mythologie. Contrairement à un certain nombre de personnes qui liront ce livre, je ne suis pas passionnée par la culture japonaise en général. Elle est certes très intéressante mais ce n'est pas la raison qui m'a poussée à lire ce roman. En effet, je suis assez fan des contes, traditions et fables en tout genre, qu'elle soit grecque, romaine, asiatique, amérindienne, moyenâgeuse...



Je n'ai pas été déçue par la richesse de ces légendes, qui n'ont rien à enviées aux autres cultures, entre le chats à 9 queues et autres monstres, aux noms imprononçables et parfois difficile à retenir ( pour vous en convaincre, observez les titres !). Heureusement un petit glossaire en fin de livre,est là pour nous aider. Petite suggestion ici, pourquoi ne pas proposer des dessins représentant les différentes histoires ou simplement les esprits (comme une sorte de galerie à la fin ou en début de roman) ?



J'ai parfois regretté que dans certaines anthologies, le niveau des nouvelles soit très hétérogène, ici ce n'est pas le cas. Bien sûr, j'ai quelques préférées, mais dans l'ensemble, elles sont pour la plupart passionnantes.

Si vous voulez tout de même connaître mon top 3, c'est par ici :
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Contes nippons au coin du feu

Autant le dire tout de suite. J'ai adoré cette anthologie sur le thème des contes et légendes nippons. Je l'ai dévorée ^^ .



Pour une fois, j'ai lu la préface d'un livre ! Ce n'est pas mon truc, et ça ne m'a pas fait changer d'avis là-dessus. On nous y apprend comment est né ce salon du Japan Impact, les difficultés rencontrées au fil des années, son agrandissement, les prises de risque. Voilà.



Pour les nouvelles. Je ne vais pas vous en faire un résumé pour chacune, ça n'aurait aucun intérêt. J'ai vraiment pris plaisir à lire chacune d'elle. La plume de chaque auteur a su retranscrire les paysages, l'ambiance qu'il peut ce dégager de tels contes. Je ne sais pas si vous avez déjà lu ou vu des films sur ce thème : pour moi, d'entrée je sens un mal être, quelque chose d'indicible. Tous les auteurs ont su me rendre cette impression !



Les contes sont bien écrits, et nous transportent dans l'univers de l'histoire. Même si nous ne sommes pas familier de cette culture, ils ont expliqué les coutumes, ou les termes japonais, soit en l'incluant dans la narration, soit en se référant à des notes. Et c'est appréciable. Je n'ai pas eu de mal à me représenter les personnages, les esprits, les paysages. Vous y croiserez des Yokaï, un dragon empereur du monde, des Tanuki, des Kitsune, des Rokurokubi. Nous sommes loin des gentils contes, les esprits japonais cherchent le repos ou la vengeance, les démons sont mû par des valeurs différentes des nôtres, ils sont farceurs, cherche leur âmes soeur…



Bref nous sommes vraiment plongés dans le folklore japonais ! Aux amateurs et curieux, foncez !
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Dionysos le conquérant

Dionysos, dieu du vin. Jusque là, vous vous le représentiez certainement comme un petit satyre ventripotent au nez rougeaud et complètement bourré. Pas très glam, quoi. Et bien vous vous trompez. Avant d’être le dieu de la picole, Dionysos a été un beau jeune homme, un demi-dieu issu des amours illégitimes de Zeus, et il a dû gagner sa place parmi les dieux de l’Olympe. Pour cela, il a dû relever un défi: conquérir les Indes. Ouais, rien que ça. Sans parler du fait qu’il partait avec un sérieux handicap: la haine viscérale que lui voue Héra, la femme de Zeus, hors d’elle à l’idée qu’un bâtard de son mari puisse avoir l’arrogance de briguer le séjour céleste. Mais le petit Diony est bien décidé à prouver sa valeur et à répandre la belle et cordiale boisson divine chez ces buveurs de thé indien. C’est parti pour la Croisade Alcoolique. Oui, bon, on ne se refait pas complètement non plus. Mais si vous saviez comment Dionysos est devenu le dieu de la boisson, vous ne vous gausseriez pas tant. Car la jeunesse de Dionysos n’a pas été un long fleuve tranquille, entre l’obligation de se cacher aux yeux de sa furie de belle-mère et sa tragique histoire d’amour avec Ampélos, un jeune satyre.



La première raison pour laquelle on ouvre ce livre, c’est pour son ton si original. Si vous voulez dépoussiérer la mythologie, vous êtes servis: à grand coup d’humour, de dérision, d’irrévérence envers les dieux grecs (bien fait!), d’anachronismes hilarants et assumés, les grandes batailles de Dionysos sont tout simplement tordantes. Un récit-cadre plante soigneusement le décor: Dionysos et Poséidon se disputent la main (et autres petites choses que la décence interdit de citer ici) de Beroé, fille d’Aphrodite (on fait pire comme héritage). Et pour prouver qu’il la mérite, Dionysos fait raconter par Silène sa conquête de l’Inde. Alors il faut souvent rappeler à Silène que tutoyer le petit Diony devant ses adversaires n’est pas très bon pour son image, et surtout ne pas négliger les annotations signées par tous les dieux de l’Olympe qui n’hésitent pas à se crêper le chignon dans les notes de bas de page. Le fond, la forme, tout est adapté pour transformer ce récit épique en long moment de rigolade. La petite cerise sur le gâteau est apportée par les introductions de chapitre versifiées d’Apollon qui aime mettre de l’art un peu partout, comme pour le chapitre 8:



On voit au premier jour de l’affreuse bataille

Les bacchants bien se débrouiller,

Mais dès le second jour, quand Dionysos déraille,

Ils se font plutôt dérouiller.



Oui, je sais, je cède toujours devant un tel mélange d’intelligence virtuose et de gros n’importe quoi.



Là où c’est fort, c’est qu’on apprend vraiment des choses. Grâce à Athéna qui nous situe les lieux dans la géographie actuelle, et grâce à toutes les digressions qui nous permettent de resituer les mythes les uns par rapport aux autres, on redécouvre la mythologie riche, glorieuse, pleine de nuances, d’action et d’aventures. On met en lumière les “passages oubliés” des livres scolaires et on fait tomber quelques clichés sur le personnage (en contrepartie, on n’hésite pas à en créer d’autres, tels Arès et ses “bastooooon”). La deuxième partie de l’ouvrage, quant à elle, change complètement de ton et nous propose, elle aussi, de lever le voile sur la jeunesse de Dionysos, sur les stratagèmes mis en place pour le protéger de la folie d’Héra et sur les raisons qui ont fait de lui le dieu du vin. Et le ton change radicalement: plus une trace de l’humour parfois potache des pages précédentes, c’est la sobriété, parfois teintée de lyrisme ou de poésie, qui prime dans le récit des amours de Dionysos et d’Ampélos, avec un final tragique qui touche au sublime. Si le but était de rétablir un portrait honorable de Dionysos, il est atteint haut la main.
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Dionysos le conquérant

Ecrit par une diplômée de lettres classiques amoureuse de mythologie, Dionysos le conquérant regroupe deux histoires aux tons résolument opposés : l'une joyeuse et hilarante, La croisade alcoolique de Dionysos, la seconde plus grave et dramatique, Ampélos. Deux histoires bien différentes, deux tons à l'opposé l'un de l'autre, mais un plaisir de lecture égal : j'ai dévoré les aventures de Dionysos avec beaucoup de plaisir et j'ai passé en excellent moment entre détente et culture...



La croisade alcoolique de Dionysos :







« Qu'on ne se méprenne pas sur moi [...] Je ne suis pas la caricature d'ivrogne dont se souviendront les incultes des temps futurs. Je ne suis pas un dieu ventripotent qui titube avec une coupe à moitié vide en main. Comme vous le voyez, je suis un beau jeune homme aux cheveux blonds, au visage envoûtant, plein de grâce et de charme. Et, plus qu'un dieu, je suis un héros ! J'étais un simple humain mais, devant la grandeur de mes hauts faits, on m'a accordé une place sur l'Olympe auprès des autres divinités. Et puisque personne ne semble connaître mes exploits, je vais demander à un témoin objectif de raconter, en détail, l'histoire de ma conquête de l'Inde. »



Ainsi parla Dionysos. Racontée par Silène, son fidèle précepteur toujours à moitié ivre depuis l'invention du vin, la conquête de l'Orient a pour but de civiliser les peuples barbares buveurs de thé, et de les convertir à l'alcoolisme. A la tête d'une armée chahuteuse et hétéroclite composée de bacchantes, ménades, faunes, satyres et cyclopes, sans oublier de mortels totalement acquis à la cause alcoolique, Dionysos part vers l'Est accomplir sa mission civilisatrice. C'est sans compter sur l'intervention de certaines divinités qui feraient tout pour l'empêcher d'accéder à l'Olympe !

Avec ce récit plein d'humour, Louise Roullier nous entraîne sur les traces d'une armée antique en campagne et nous fait découvrir la Grèce et l'Orient à travers le prisme de la mythologie. Il y a un côté instructif indéniable (cartes, glossaire, index des noms et bibliographie sélective sont là pour nous permettre de bien comprendre les tenants et aboutissants de cette quête et d'approfondir le sujet) associé à un côté humoristique très agréable. Le récit de Silène, fantasque et farfelu, est entrecoupé de nombreuses interventions de divinités qui tiennent à ajouter quelques précisions à l'histoire : ces interruptions, qui prennent la forme de notes de bas de page, sont hilarantes et apportent beaucoup au roman.



Ampélos :



Dans cette seconde histoire, plus courte que la première, Louise Roullier revient sur les premières année de la vie de Dionysos, avant qu'il ne devienne un dieu : sa naissance empreinte de violence, son enfance insouciante auprès de sa grand-mère Cybèle, sa rencontre avec le satyre Ampélos et la découverte de ses sentiments à son égard. L'histoire est intéressante, le ton est juste et les sentiments des différents protagonistes sont bien retranscrits. L'auteur arrive à nouveau à marier divertissement et enseignement : on apprend une foule de choses sans s'en rendre compte, personnellement j'adore ça !



Pour conclure, j'ai adoré ce recueil et j'ai découvert une jeune auteur passionnante et pédagogue : la mythologie grecque est en général plutôt compliquée à appréhender, surtout les généalogies des dieux et des héros. Louise Roullier a réussi à travers ces deux courts romans à la rendre attrayante et accessible sans la dénaturer, du grand art !
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Dionysos le conquérant

Comment résister à l’attrait de cette superbe couverture qui est tout bonnement à tomber ? Un bel homme en robe jaune, sur un char, de gros félins, etc. Là, pour le coup l’image que je gardais de Dionysos, petit homme ventripotent au visage rougeaud (merci tonton Disney) a complétement été chamboulée. Louise Roullier sait mettre l’eau à la bouche de son lectorat qu’il soit féminin ou masculin (les nymphes mes amis, les nymphes !).

Dans la continuité des « Tribulations amoureuses de Posseidôn » cette jeune auteur nous propose d’en apprendre davantage sur le dieu de la bibine (entendez par là le mot « vin »), du plaisir et de la folie, un Dionysos conquérant, à la fois de l’Inde et du cœur.



Louise Roullier nous immerge dans l’univers de la mythologie grecque avec une plume qui lui est toute particulière. Une plume régie par l’humour, tantôt fripouillard, tantôt sarcastique.

Impossible de parler de ce roman, sans un petit rappel pour les « Tribulation amoureuses de Poseidôn », tout comme ce premier livre « Dionysos le conquérant » est divisé en deux parties, deux nouvelles, l’une est comédie, l’autre tragédie.



La comédie traite de la conquête de l’Inde entreprise par Dionysos afin d’atteindre son apothéose (étape ou un mortel devient un dieu). Le tout raconté avec l’humour mordant, particulier à l’auteur à travers les mots du vieux Silène (le précepteur du petit Diony ou un vieillard un peu trop porté sur la bouteille).

L’effet est là, le récit paraît d’une longueur impressionnante (merci papy Silène pour les digressions!), ce qui apporte une réelle authenticité au personnage.

Mention spéciale pour les notes en bas de pages, reflet des pensées des dieux, elles sont magnifiques et le plus souvent très drôles. Mais au-delà de ça, elles apportent de véritables connaissances et information au lecteur, afin d’éviter qu’il se perde dans les méandres de la mythologie grecque.



En ce qui concerne la tragédie, et bien il s’agit de ma partie préférée (c’est que je me prends au sérieux moi, non, mais ho !).

Dyonisos n’est encore qu’un enfant mortel lorsqu’il découvre l’Amouuuuur (oui avec un grand A et beaucoup de u), je parle, bien entendu, de l’amour à la grecque avec un beau satyre.

Mais même pour un futur dieu, l’amour est une affaire fort compliquée. Tous les éléments sont réunis pour une parfaite tragédie grecque ; la perte d’un amour, la jalousie, une déesse furibard, etc.



Pour être la plus brève, je dirai que ce livre est une réussite. Agréable à lire, riche en apprentissage, et le tout avec humour (l’essence même de ce livre) !

Il réconciliera ceux qui sont fâchés avec la mythologie grecque, et sera une grande découverte pour les néophytes.



Petite information idiote, ce livre a fait preuve d’une résistance waterproof (une sombre histoire de baignoire mes amis) !
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Grain de sable

Lidia semble avoir tout pour être heureuse. Son père est un célèbre mage qui va emporter le tournoi des Sept Oriflammes. Grâce à cela, il obtiendra un poste important. La vie de cette famille semble toute tracée. Hélas, le mage Cobal ne forme pas bien un pentacle de protection et il se meurt sous l’effet de son propre sort. Le monde de Lidia s’écroule.



Quinze ans plus tard, les affaires de la famille de Lidia ne se sont pas arrangées. Au contraire. Les problèmes financiers deviennent ingérables ; son frère, colérique et bagarreur, risque de ne pouvoir entrer à l’école qui lui permettrait de trouver une place dans la société ; sa mère ne s’est pas remise du décès de son époux ; Lidia ne peut obtenir un poste rémunérateur parce qu’elle est une femme, ce qui la disqualifie pour nombre de décideurs. Les évènements s’enquillent mal, décidément. On sent la chute se préciser. Et elle arrive : Lidia se retrouve seule, sans le sou, sans appui, sans espoir. Un début classique en somme : tout doit aller extrêmement mal pour avoir une chance de se retourner à l’avantage du personnage principal. Mais cela semble tout de même bien mal parti pour la jeune fille. Car il ne lui reste plus qu’un espoir, insensé : elle a entendu parler d’une personne qui serait parvenu, d’après un conte, à inverser le cours du temps. À retourner dans le passé pour le corriger.



Et c’est là que j’ai été surpris. Je ne suis pas un grand spécialiste de fantasy. J’en lis, mais je suis davantage attiré par la SF. Donc, ce qui suit pourra paraître naïf à certain.e.s. J’espère que ceux-là me pardonneront (ou pas, mais en fait, je crois que je m’en moque). Revenons à notre propos. Lidia s’enfuit de sa ville natale et part en quête d’un moyen de changer le passé : permettre à son père de connaître le triomphe qui devait être le sien ; rendre leur vie à sa mère et son frère, vie qu’ils ont perdu suite à l’échec de son père. J’ai eu un peu peur à ce moment-là que le roman ne se perde dans un de ses voyages à travers plusieurs lieux dangereux, à la rencontre d’individus plus ou moins louches et mystérieux qui parlent par énigmes. Moi, c’est le genre de truc qui me lasse assez vite. Et là, bonne surprise, cela ne dure pas.



Car Lidia réussit. Largement avant la moitié du récit. Elle obtient le pouvoir (limité à un certain nombre de trajets, mais il ne faut pas exagérer) de voyager dans le temps. Et donc de le réécrire. Et je vais bientôt m’arrêter dans mon résumé, mais je signale juste qu’elle s’aperçoit rapidement que quelque chose cloche. Est-elle vraiment seule à posséder ce pouvoir ? On en est à ma surprise : le voyage, que dis-je, les voyages dans le temps en pleine fantasy. Je ne m’y attendais pas. Et le traitement qu’en a fait Louise Roullier m’a emballé.



En effet, la structure du texte est très intelligente et l’utilisation des voyages dans le temps utilisés pour réécrire le passé est fort bien vue. Cela donne lieu à des scènes pleines de suspens et de rythme, avec des trouvailles qui m’ont séduit. Et cela d’autant plus que ce dispositif vient au profit d’une histoire qui n’est absolument pas manichéenne. Lidia va découvrir tant de choses lors de ses expériences temporelles que son regard va évoluer. Et son but aussi. Car vouloir seulement sauver son père, c’est un peu simple. Et cela ne prend pas en compte de nombreux facteurs. Comme elle le reconnaît elle-même, n’est-ce pas faire preuve d’un grand égoïsme que de s’apprêter à changer le destin de toute région juste pour ne pas être privée de son père ? Et les autres familles, ne seront-elles pas bouleversées ? Certaines vies n’y perdront-elles pas au change ? Et que fera son père dans cette nouvelle version ? C’est une des grandes forces de ce roman que d’amener ces questions à la surface de façon intelligente et fine. On se retrouve vraiment à se les poser à soi : que ferait-on à la place de Lidia ? En tout cas, je suis certain que je n’aurais eu ni son courage ni son habileté à démêler tous ces fils et à trouver des solutions. Et il en faut de l’habileté pour gérer au mieux tous ces désirs contradictoires, pour concilier toutes ces vies qui semblent parfois s’exclure les unes les autres.



Grain de sable a été une belle surprise. Je m’attendais à un énième roman de fantasy traitant de l’amour d’une fille pour son père enrobé de combats et de magie. J’ai eu des combats, j’ai eu de la magie. Mais j’ai surtout eu un récit diablement bien ficelé que j’ai eu du mal à lâcher avant la dernière page. Et dans cette période, ce n’est pas courant. Pourvu que Louise Roullier, dont c’est le premier roman de fantasy, continue dans cette voie. Je l’y suivrai, en tout cas.
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Grain de sable

Passionnée par la mythologie grecque, Louise Roullier aime s'en inspirer pour habiller ses récits d'un cadre antique. Déjà l'autrice de trois romans et de quelques nouvelles, elle rejoint aujourd'hui le catalogue des éditions Critic avec son titre Grain de Sable.



Heureux hasard du calendrier éditorial, cette sortie coïncide avec le Mois de l'Imaginaire qui se fait donc chez Critic sous les auspices d'un récit de fantasy haletant.



Quinze ans après la disparition de son père, le célèbre mage Cobal Galtès, Lidia et sa famille continuent de souffrir de la situation. Sa mère s'enfonce toujours un peu plus dans la dépression et son frère Jaume est irascible et caractériel. Or, par manque de moyens, Jaume ne peut intégrer l'Osterie pour faire carrière dans l'armée provoquant chez lui une énorme colère et le conduisant à un coup d'éclat où il trouve la mort. Ne pouvant supporter la perte de son mari et de son fils, Dulce met fin à ses jours, plongeant Lidia dans une terrible détresse. Abandonnée à elle-même, écrasée par le chagrin, elle décide de trouver le moyen pour remonter le temps et réécrire l'histoire afin de faire revivre les siens et de ne plus être seule. Seulement, elle ignore encore qu'une force inconnue va tout faire pour qu'elle échoue. Alors arrivera-t-elle à mettre en échec cet adversaire invisible ?



Grain de Sable nous immerge dans un univers de fantasy dominé par les mages dont la grandeur du pouvoir atteste de leur influence sur la cité. Ainsi, ces enchanteurs et ces enchanteresses ont la capacité de lancer des sorts grâce à des mots de pouvoir énoncés oralement ou inscrits sur des morceaux de papier. Ils incarnent donc les puissants de ce monde. Or, la tradition veut que tous les cinq ans, les meilleurs mages de l'alliance unissant les pays du Nord s'affrontent lors du tournoi des 7 oriflammes. Une compétition qui emprunte clairement au modèle des jeux de la Rome Antique où se succédaient courses équestres, courses de chars et combats de gladiateurs. Ces derniers se trouvent substitués sous la plume de Louise Roullier par des magiciens qui viennent ici assurer le spectacle. En outre, cette influence gréco-romaine se retrouve également dans l'architecture et le parcellaire des différentes cités qui servent de cadre d'action au récit.



Dans Grain de Sable, l'autrice entoure la magie de mythes et de légendes auxquels son personnage principal va devoir se confronter en faisant notamment face à de puissants sorciers, des goules, des êtres chimériques ou encore des nymphes déchues.



Grain de Sable, c'est le récit d'un contre-la-montre dans laquelle l’héroïne de Louise Roullier s'engage pour sauver son père et par la même occasion le reste de sa famille. Aussi, au fil des pages, elle n'aura de cesse de remonter le temps pour réécrire l'histoire afin d'en modifier les conséquences. Le rythme y est nerveux et la lecture prenante, d'autant que l'autrice y a adjoint une dimension conspirationniste nécessaire à certains afin de renverser l'échiquier politique.



Cette histoire nous est conté du point de vue de Lidia qui est l'unique narratrice du livre. C'est donc avec facilité que l'on s'attache à elle, d'autant qu'elle porte de belles valeurs de bravoure, d'intégrité et de pugnacité. Par amour pour les siens, elle n'hésite pas à s'engager dans une quête pleine d'inconnues où elle devra jouer avec le temps au risque d'y faire des dégâts irrémédiables. En explorant les strates du passé, elle va découvrir des choses que ses yeux d'enfant ne soupçonnaient pas. Une aventure qui résonne pour elle comme une introspection intérieure où sa conscience sera mise à rude épreuve. On est sensible à ses doutes, à ses échecs et à ses espoirs qui donnent à ce personnage toute son humanité. Quant aux autres protagonistes, on les découvre sous bien des angles à l'occasion des différentes explorations de Lidia. Ce qui donne le prétexte à l'autrice de jouer avec leurs personnalités en fonction du tour que prend leur destin.



A travers cette thématique du temps, Louise Roullier interroge les motivations qui poussent à jouer avec le passé en mettant notamment l'accent sur ce que l'on est prêt à risquer par amour filial. Ici, il va être question de deuil, de solitude, de sacrifice et d'amour.



On est de suite happé par les enjeux narratifs de ce livre, par l'originalité de l'intrigue et le détail de l'univers... plus sur Fantasy à la Carte.


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Grain de sable

Alors qu’elle n’était qu’une petite fille, Lidia Dulce a vu son père mourir, ravagé par un sort qu’il venait lui-même de lacer lors d’un célèbre tournoi de magie. Inconsolable, la fille du mage grandit dans la misère, aux côtés de sa mère, dévastée par la mort de son époux, et de son petit frère dont le seul espoir d’ascension sociale réside désormais dans son intégration à une école au coût d’entrée exorbitant. Et tout va de mal en pire, puisque les deux mages ayant pris l’ascendant après la disparition de son père semblent leur vouer, à elle et sa famille, une rancune tenace, l’empêchant d’accéder à un poste prestigieux à l’institution de mages de Puyberil. Après une série de drames supplémentaires, s’en est trop pour Lidia qui va alors tout miser sur un pari fou. Une légende court en effet sur l’existence d’un pouvoir extraordinaire permettant à celui ou celle qui le possède de changer le passé. Rongée par le chagrin, la jeune fille va se lancer à la poursuite de l’ouvrage qui en fait mention et qui pourrait bien ne pas être qu’une chimère. Mais en réécrivant le passé de sa famille, ne risque-t-elle pas de provoquer de nouveaux drames qu’elle n’avait pas anticipé ? Pour son premier roman de fantasy, Louise Roullier a opté pour un pitch ambitieux offrant des possibilités vertigineuses astucieusement exploitées. Certes, l’idée de changer le passé en identifiant le moment de bascule d’une vie n’est pas nouvelle (on peut penser récemment à l’excellent « Mes vrais enfants » de Jo Walton, ou aux théories exploitées par Connie Willis dans ses romans sur le sujet), mais l’approche est ici quelque peu différente, ne serait-ce que parce que ces voyages temporels se déroulent dans un univers de fantasy. Le phénomène est d’autant plus séduisant que l’autrice s’est donnée la peine de fonder ses voyages temporels sur une logique solide et dont la délimitation des contours va constituer une grande partie du sel de l’intrigue. On prend ainsi beaucoup de plaisir à tenter de comprendre quels sont les événements étranges qui pourraient relever de l’intervention de l’héroïne dans le futur, et dans quelles circonstances ces incursions temporelles se sont produites.



La construction de l’intrigue est ainsi la plus grande réussite du roman, mais c’est loin d’être la seule. L’univers de fantasy mis en scène, par exemple, est prometteur bien que rapidement esquissé. L’action se déroule essentiellement dans la ville de Puyberil, cité ayant rejoint une vaste alliance et qui possède un intérêt stratégique important en raison de la présence de mines de cristaux. Chaque région de l’alliance a toutefois gardé sa propre administration, chacune avec son propre système de désignation, ce qui donne évidemment lieu à quantité de manœuvres politiques. L’autrice ne rentre pas vraiment dans les détails mais les indications qu’elle nous donne suffisent à cerner le contexte général et les tensions qui peuvent exister entre les partisans de telle ou telle politique. Il en est de même pour le système de magie dont le fonctionnement n’est, là aussi, expliqué que dans les grandes largeurs, sans que cela ne génère de frustration particulière pour le lecteur. Certaines personnes possèdent un don, d’autres non, et la magie naît d’une association de mots, parlés ou écrits, qui, en fonction des combinaisons, produisent des effets différents. Il s’agit d’ailleurs là d’un autre aspect qui contribue au charme du roman, celui-ci accordant une grande importance aux livres et au savoir qu’ils contiennent. L’héroïne se retranche fréquemment dans des ouvrages pour trouver la solution aux problèmes qui se posent à elle et arpente les allées de plusieurs bibliothèques, dont une particulièrement impressionnante qui ravira l’imagination des bibliophiles. Cette magie et la culture de l’écrit qui semble aller de paire avec elle est cependant mise en opposition avec une autre forme de pouvoir assimilée cette fois à la sorcellerie, plus primitive et reposant essentiellement sur une transmission orale d’un mentor à son disciple. Loin des ambiances feutrées et confortables des bibliothèques, l’autrice nous entraîne aussi dans des endroits plus sauvages dans lesquelles vivent des créatures inquiétantes, ce qui donne lieu à des scènes baignant dans une atmosphère surnaturelle très particulière puisant dans des motifs propres aux mythes, et notamment l’une de ses figures les plus emblématiques.



Ce changement d’ambiance est assez fréquent dans le roman qui nous entraîne tour à tour dans la haute société de Maravilhès, les quartiers populaires de Puyberil, mais aussi l’institution des mages ou encore les montagnes pleines de goules des Monts-Joiel. Le récit est vraiment bien rythmé et certaines scènes sont très immersives. Certaines font clairement penser à des films d’action ou à suspens comme lorsque l’héroïne se met en tête de pénétrer dans des lieux qui lui sont interdits et qui sont protégés par de puissants sorts auxquels elle va devoir trouver une parade. D’autres passages sont plus intimistes, les relations entretenues entre Lidia et ses proches étant au cœur même du roman, tandis que d’autres font plus nettement appel au surnaturel et tissent une ambiance plus inquiétante. Pour ma part, j’ai également été assez sensibles aux discrètes mais nombreuses tentatives de l’autrice pour déroger aux stéréotypes qui collent à la fantasy en matière de représentation des femmes. Louise Roullier n’évoque ainsi quasiment jamais le physique de son héroïne (si ce n’est à une exception près, et pas de manière très flatteuse) et se moque volontiers des vieux récits dans lesquels les femmes se trouvent cantonnées au rôle de potiche. De la même manière, l’autrice a pris soin de mettre en scène autant de femmes que d’hommes mages, certaines occupant même un rôle politique de premier plan sans que cela nous soulève d’intérêt particulier, et n’hésite pas à aborder la question des violences sexuelles. L’autrice jongle aussi entre des milieux sociaux très différents, nous entraînant aussi bien dans les palais et grandes institutions fréquentées par les privilégiés que dans les quartiers les plus populaires où les habitants souffrent de conditions de vie et de travail difficiles qui sont rapidement évoquées.



Les personnages se révèlent pour leur part tous aussi convaincants que l’intrigue. Lidia est une héroïne attachante dont on comprend la détermination, notamment dans la première partie, mais qui peut agacer un peu dans la seconde par son aveuglement. Le choix d’une narration à la première personne permet cependant de se glisser aisément dans la peau du personnage et facilite indéniablement l’empathie. Les autres personnages sont évidemment moins travaillés sans qu’on puisse pour autant les qualifier de fades. On prend plaisir à étudier les changements de parcours ou d’attitude des individus mis en scène en fonction du futur dans lequel ils évoluent. Il est également intéressant de constater que la vision que nous avons de certains est amenée à évoluer à mesure que l’héroïne prend conscience du regard biaisé que son histoire lui fait porter sur ceux qu’elle assimile à des ennemis ou au contraire à des alliés. Ne reste plus qu’à évoquer le style de Louise Roullier qui possède une plume agréable et fluide qui permet l’immersion tout en charmant à plusieurs reprises le lecteur par son élégance. Son écriture sait se faire incisive et dynamique dès lors que l’action s’accélère, mais elle recèle aussi de beaux moments de poésie avec un soin particulier apporté au style. On peut également saluer les choix typographiques de l’autrice qui, par le biais de phrases tour à tour barrées ou effacées, a trouvé le moyen de traduire visuellement pour le lecteur l’usage de leur pouvoir sur le temps par la protagoniste et sa némésis. Cela donne lieu à des scènes de duels temporels surprenantes mais captivantes que l’on suit, grâce à ce processus, sans perdre le fil. Pour le côté visuel, la couverture de Sébastien Annoni est d’ailleurs elle aussi très réussie et rappelle à merveille l’enchevêtrement temporel mis en scène par l’autrice.



Premier roman de fantasy de Louise Roullier, « Grain de sable » met la barre assez haut grâce à une construction narrative ambitieuse et maîtrisée sur le thème du voyage temporel. On peut également saluer le bel équilibre entre des éléments issus d’une fantasy assez traditionnelle et d’autres, plus modernes, qui viennent justement remettre en question une partie de ces stéréotypes. A découvrir !
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Grain de sable

Un tournoi de magie qui vire au drame. Une famille qui se retrouve à la rue.

Une petite fille dévastée par le chagrin et qui rêve de remonter le temps pour changer le destin.

Un bon pitch de départ et une très belle plume. Autant d'atouts pour une belle lecture. Et à l'arrivée, une petite déception...



Les points forts de ce roman sont l'histoire et le style de l'autrice.

Ce dernier est agréable, sans lourdeur.

L'intrigue est originale. L'autrice joue avec le temps et arrive à nous faire vivre à plusieurs reprises les mêmes passages sans nous lasser ou nous perdre. J'ai beaucoup aimé.



En revanche, je n'ai pas accroché aux personnages. Si l'héroïne est bien construite et assez attachante, j'ai été agacée en revanche par le côté misérable de son existence, décrit de façon exacerbée. Les personnages secondaires manquent de substance et j'ai trouvé beaucoup de longueurs par moment. Je me suis un peu ennuyée.



Ce roman m'a bien plu en dépit de quelques longueurs.

Si vous aimez les histoires de manipulation du temps, je pense que cette lecture vous comblera.
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Grain de sable

Lidia a huit ans lorsqu'elle assiste au tournoi des Sept Oriflammes dans lequel son père, célèbre mage, tente un impressionnant sort dans lequel il perd la vie. Les conséquences de ce décès sont désastreuses pour Lidia qui voit, années après années, toute sa vie s'effondrer et sa famille disparaître. Quinze ans plus tard, elle met le doigt sur une ancienne légende parlant de retourner dans le passé pour le modifier. Accroché à ce qu'elle considère comme son unique chance de modifier son destin, Lidia se lance dans une quête éperdue où un ennemi invisible semble bien décidé à ne pas la laisser réécrire le passé.



La première partie du roman m'a laissée un peu dubitative. Il faut dire que ce genre de fantasy-là, c'est précisément celle à laquelle je n'accroche pas trop. Celle qui repose sur la magie et où l'essentiel de l'action est portée par elle. C'est une affaire de goût: je trouve que les explications magiques ne sont jamais assez convaincantes pour moi. Il faut plonger dans un univers complet, avec son système politique, géographie, son histoire, et si je sais que tous ces codes ont leurs aficionados, je n'en fait pas particulièrement partie.

Heureusement, dès qu'on met de côté ces passages-là, et surtout les premiers chapitres qui restent dans ce schéma somme toute un peu classique, le roman a su m'accrocher. D'abord parce que les premières épreuves de Lidia pour trouver comment remonter le temps sont livresques et moi, les private jokes littéraires, ça prend toujours avec moi. On y retrouve un déchiffrage de légende et un concours d'énigmes poétiques qui m'ont beaucoup plu. Mais surtout, dès qu'on commence à parler de réécrire le passé, la plume et la typographie jouent avec nos yeux et avec notre compréhension pour mettre en image et en visuel cette réalité qui se redéfinit au moment même où on la lit. C'est habile, c'est dynamique, et c'est vraiment bien fichu. A partir de là, le roman s'accélère, les enjeux changent, une nouvelle intrigue prend le relai et le thème du voyage dans le temps est pleinement exploité dans ses dangers, ses faux-semblants et ses effets secondaires. Là, je me suis régalée.

Si je n'ai qu'assez peu adhéré au personnage de Lidia, sûrement à cause du fait que ce soit une magicienne, j'ai en revanche beaucoup apprécié des personnages secondaires très subtils et intéressants. A commencer par son frère, le seul à ne pas avoir de don magique et qui souffre donc d'une vraie crise d'identité, mais surtout son père et les multiples facettes que ses allers-retours temporels permettent de révéler. Le roman a de quoi surprendre donc, car on ne le referme pas du tout sur le même mode que lorsqu'on l'ouvre. Il surprend, clairement. Et j'ai beaucoup aimé la surprise.
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Grain de sable

Un roman attendrissant, fougueux et juvénile. Un peu mielleux sur le début, il s'enchaine assez rapidement avec des sacrées bonnes idées et une mise en page assez audacieuse.



Je noterai une bonne idée de worldbuilding, un système de magie alléchant, des personnages assez sympathiques, malgré une héroïne qui peut être un peu pénible parfois. Commençant par une quête initiatique de pouvoir, on enchaine avec une grande part de mystères et un affrontement contre un antagoniste assez pénible.



Le livre se lit bien tout en ayant un style bien personnel, et termine sur un point d'orgue un peu décevant. Globalement une lecture très agréable, à relire peut-être plus tard un jour.



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Grain de sable

Je savais que le début du roman reprenait tous les ingrédients classiques de la fantasy, et effectivement c’est le cas. Des mages, une ville, une lutte de pouvoir, des complots, quelques formules magiques, des grimoires dans une bibliothèque… Pas de surprise de ce côté-là, pas d’originalité – mais c’est voulu, pour mieux apprécier leur détournement ensuite.



Seulement, pendant cette première partie, je n’ai pas été séduite par Lidia, à qui la chance ne sourit pas du tout. Et c’est un euphémisme, car elle s’en prend plein la tronche. Trop. Les galères se suivent à un rythme effréné et je n’y ai pas adhéré, tant ça paraissait too much. La pauvre pauvre Lidia m’a agacée tout du long.

Pas séduite non plus par la narration au « je » et au présent encore une fois, d’autant que je trouve l’immersion assez moyenne, notamment dans le partage des émotions de Lidia, qui sonnent très artificielles.



Effectivement, le récit change ensuite de direction avec ce voyage dans le temps, et on s’écarte de la fantasy classique. Malheureusement, ce tournant manque de subtilité. Car on voit très rapidement, dès les premiers chapitres, avant même que Lidia ne parvienne à remonter le temps, l’impact de ce voyage dans le temps. Et malgré ça, Lidia, présentée comme mage très puissante, ne comprend pas ce qui lui arrive : pas très crédible.



Péripéties, enchaînements et retournements s’enchaînent; c’est rapide (parfois trop, je pense), fluide et dynamique, mais j’ai ressenti un gros manque de profondeur, de réflexion, et de background, pas assez dessiné à mon goût. Enfin, le dernier quart tire en longueur, dans un échange interminable avec le méchant, offrant des dialogues assez creux.



Une lecture assez facile, divertissante sur le coup mais décevante pour moi.
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Grain de sable

Que dire de cette lecture ? J’en sors avec un sentiment très étrange, que j’ai du mal à qualifier. C’est cependant généralement bon signe. Commençons déjà par ma rencontre avec ce roman. On est le 19 septembre et j’assiste à la présentation du Mois de l’Imaginaire. Et il est là, Grain de sable, dans la sélection, posé sur la table, nous attendant. Sa jolie couverture chaude, son synopsis intrigant, et la petite présentation de l’autrice qui est définie comme passionnée par les mythes, Doctor Who et le thé. Comment ne pas résister ? Les Éditions Critic, que je remercie encore, acceptent de me le faire découvrir. Très emballée, je me fais la promesse de le lire dès le début du mois de l’imaginaire, en octobre. Et puis là le drame : je suis surchargée de travail. Grain de sable reste donc dans ma PAL de longs mois, sans que je me décide à l’en délivrer.



Vient alors le mois de février et le challenge Fais Vriller ta PAL. Et là je me dis “ok, c’est le moment.” Mais encore une fois, c’est un rendez-vous manqué. Le mois passe à grande vitesse, j’ai toujours beaucoup de travail et je n’arrive pas à bout de ma PAL. Mais je n’en démords pas et nous voilà le 28 février où, enfin, Grain de sable sort de ma bibliothèque pour prendre place dans mon sac.



Et quelle lecture ! Dès le début du roman, on sent un univers solide, une intrigue ficelée, un personnage intéressant à suivre. Malgré ma fatigue, mon stress qui atteint les sommets, je me plonge avec facilité dans cette lecture qui pourtant, n’est pas simpliste. L’histoire se parsème de nombreux indices à travers les pages, d’une intrigue aussi complexe qu’une toile d’araignée, tel un épisode de Doctor Who. Chaque fois que je repose le livre, je m’étonne de la facilité que j’ai eu à me plonger dans l’univers et à suivre le personnage de Lidia qui refuse son destin et celui de sa famille et va réclamer son dû. Déterminée, elle obtient le pouvoir de réécrire l’histoire, revenant dans le passé et le raturant pour le corriger selon sa volonté.



J’ai aimé découvrir les cultures de cet univers, de Monts-Joiel, de Maravilhès, des pays du Nord… J’ai aimé étudier le système de magie, fondée sur les mots et les arcanes. J’ai aimé lire la mythologie, les différentes créatures mais surtout les mythes et les légendes qui s’avèrent être plus que des mythes. Ce roman a été un véritable plaisir pour moi de ce point de vue-là.



Mais malheureusement, j’ai dû mettre en pause ma lecture pour cause d’examens. Et généralement, quand je mets un livre en pause, je n’y retourne pas. Mais ici, j’ai voulu revenir auprès de Lidia dans son combat contre le temps, contre le destin et j’ai donc repris ma lecture. Et que je suis contente de l’avoir fait !



L’intrigue prend son temps dans les deux premières parties du roman, ce que j’apprécie personnellement. L’univers se met en place, les personnages évoluent, les enjeux se construisent. Quant à la troisième, elle monte en crescendo et nous tient en haleine jusqu’à la toute fin ! On maudit Lidia, puis on crie au génie. On peste après les nouveaux événements, qui ne se déroulent bien évidemment pas comme prévu, puis on se dit que ça y est, cette fois, c’est la bonne ! Mais non ! L’autrice nous tient sur le fil du suspense, nous faisant voyager encore et encore dans le temps, de plus en plus désespéré de trouver une solution à cette situation inextricable, les passages d’effaçant et se réécrivant, presque à l’infini.



Vous dire si oui ou non, Lidia parvient à ses fins serait à la fois sadique et miséricordieux de ma part, tellement la question se pose. Mais je préfère vous laisser le plaisir de cette expérience. Je peux en revanche vous dire ceci : ne faites pas confiance aux apparences. Suivez votre instinct, gardez un esprit critique, et vous prendrez du plaisir à cette lecture.
Lien : https://lifeisarealbook.com/..
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