En librairie le 23 mai 2019
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Byx serait-elle la dernière de son espèce, celle que l'on appelle l'ultimon ? Pour en avoir le coeur net, elle traverse le royaume de Nedarra à la recherche des siens. Mais chaque recoin regorge de prédateurs
Un voyage fantastique par Katherine Applegate, l'auteure du Seul et Unique Ivan.
J'ignore pourquoi les gens me parlent, mais ça arrive souvent. Ils savent peut-être que je les comprends. A moins que ça ne soit parce que je ne peux pas leur répondre. [Ivan le gorille]
J'aime bien les contes avec des débuts noirs et nuageux et des fins de ciels bleus et dégagés.
- En fait, je ne suis pas convaincue par la couleur des iris.
L'effet obtenu n'est pas très net, tu ne trouves pas ?
- Quelle est ta couleur d'yeux préférée ?
- Je n'en ai pas.
Ma réponse ne semble pas la convaincre.
Je sélectionne un bleu.
- Un peu plus, déclare Aislin.
A présent, la couleur de l'iris tend vers un bleu intense, celui d'un lac profond au crépuscule.
- Bingo !
- Au suivant ! j'ajoute.
Acuité visuelle. Notre bonhomme est-il myope ?
- Ah, ça non ! s'insurge Aislin. Il ne porte ni lunettes ni lentilles de contact.
Je réfléchis un instant. Tout le monde a ses petits défauts, non ?
Cela fait-il de nous des gens moins intéressants ?
N'est-ce pas grâce à ces défauts que nous échappons à la conformité d'une copie carbone, que nous nous différencions les uns des autres ?
-- Eh bien, quand quelqu'un réussira à rouler Ka-Anor, non seulement les poules auront des dents, mais en plus elles en profiteront pour parler anglais, jouer au badminton le samedi soir et muscler leur QI en débattant de l'utilisation du rouge dans la peinture post-structuraliste de l'Europe de l'Est entre 1923 et 1925.
Aujourd'hui encore, je pense qu'elle [Stella l'éléphante] n'est pas totalement rétablie. Mais comme elle ne se plaint jamais, c'est difficile à savoir. [.......]
- Ils pensent que je suis trop vieille pour semer la panique, dit Stella. La vieillesse est un bon déguisement.
Il n'est jamais trop tard pour être ce qu'on aurait pu être.
[citation d'ouverture de George Eliot]

Quand l'un de nous s'endormait dans Everworld, il se réveillait dans son ancienne vie, dans son ancien corps. avec dans la tête deux mémoires distinctes: d'une part les souvenirs d'une journée ordinaire et monotone, partagée entre le lycée et la maison. Et d'autre part les souvenirs beaucoup moins ennuyeux de ce que nous avions vécu à Everworld.
C'était comme si mon moi réel, normal, celui qui n'avait pas attaqué les Aztèques avec des épées vikings, c'était comme si ce moi subissait de temps en temps une petite mise à jour. Et inversement. Comme si je, nous, les deux Christopher se branchaient par intermittence sur CNN pour savoir ce qui était arrivé à leur double.
"Oh, intéressant, je vois que tu as obtenu un B plus à ton devoir de chimie.
Oh, intéressant, je vois qu'on va bientôt t'arracher le coeur pour le jeter en pâture à Huitzilopochtli.
Eh bien, merci pour cette information et bonne chance pour ton rencard de samedi soir!
Merci et bonne chance à toi, j'espère que tu arriveras à t'échapper avant d'être dévoré par les cannibales. A plus!"
- Les jambes ! je m'écrie pour couper court.
- D'accord, les jambes ! concède-t-elle. Courtes et trapues ?
- Non ! Enfin, c'est sûr, rien ne nous en empêche ! Mais ne sommes-nous pas en train d'éliminer toute forme d'imperfection ...
- Oui, c'est certain !
- Mais qui est capable de dire ce qui est parfait et ce qui ne l'est pas ?
L'expression d'Aislin donne à penser que je suis la dernière des idiotes. (...)
- Chacun fait avec ce qu'il a, tu ne crois pas ?
La perfection n'existe pas.
- Tu en es certaine ?
- Sans aucun doute !
- C'est amusant venant de celle qui n'a pas laissé Finnian Lenzer l'approcher parce qu'il était trop blond !
- Il est presque albinos ! Bien qu'il n'y ait rien de mal à ça ...
- Antoine Talbert était trop petit, John Hanover trop maigre et Lorenzo je-sais-plus-quoi avait une tête trop marrante. Sans parler de Carol, que tu as envoyée balader parce qu'elle est lesbienne.
J'ai appris à comprendre le langage des hommes au fil des années, mais cela ne signifie pas que je comprenne les hommes.
Les hommes parlent trop. Ils bavardent sans cesse, comme des chimpanzés, encombrant le monde avec leur bruit même quand ils n'ont rien à dire.
Je réfléchis. Pas facile de répondre. Les gorilles ne se plaignent pas. Nous sommes des rêveurs, des poètes, des philosophes, des amateurs de sieste.
- Je ne sais pas, dis'-je en donnant un coup de pied dans la balançoire. J'en ai marre de mon domaine.
- Parce que c'est une cage, déclare Bob.
Bob manque parfois de tact.
- C'est trop petit, commente Stella.
- Et tu es un grand gorille, ajoute Bob.