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Critiques de Lucie Taïeb (49)
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Capitaine Vertu

Malgré une forme très poétique ce livre a renoncé à toute forme de scénario. La fin est vraiment très décevante malgré un début prometteur ! Plein de questions restent sans réponse. Dommage. Je n'ai vraiment pas compris l'intérêt de ce livre.

Je ne le recommande pas.
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Capitaine Vertu

Bonsoir,

Je vous parle ce soir d’un roman (que je ne sais pas trop comment qualifier) que j’ai eu dans le cadre des nouvelles voix du polar chez Pocket "Capitaine Vertu" de Lucie Taieb . Un roman court sur une quête mais quête de soi-même. Une capitaine de police démissionne sans raison a priori pour disparaitre dans la nature. On va retracer sa vie, ses noirceurs, ses failles et comprendre ou pas les raisons de son geste. Une écriture claire, précise. Je n’ai pas particulièrement accroché à ce roman malgré toutes ses qualités, mais l’introspection n’est pas vraiment mon fort. Mais elle va certainement conquérir de nombreux lecteurs.

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Capitaine Vertu

Bon... j'ai accroché seulement pour partie... en gros, le milieu du livre m'a intéressé, le reste je n'ai pas compris. C'est un mélange subtile, trop certainement pour moi, d'enquête policière qui n'en est pas vraiment une, d'introspection du personnage principal, et de messages subliminaux trop subliminaux pour moi...

Je me donne le droit de le relire plus tard...
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Capitaine Vertu

Déconcertant, je pense que c'est le mot qui me vient à l'esprit pendant ma lecture et surtout en refermant la dernière page. Le roman de Lucie fait partie de la sélection NVDP 2024. Une nouvelle voix, dans le polar, mais également une voix à part, très différente de l'univers que je côtoie d'ordinaire au gré de mes lectures. Car de polar, en est-il vraiment question ? Oui, car notre héroïne travaille pour la police, au service des fraudes.. Mais il n'y a ni crime, ni victime ni d'enquête véritable. Alors me direz-vous ? Je vous laisse seul juge :)

Venez, je vous parle de ce roman qui vous plaira, à des degrés et pour des raisons différentes mais qui, en tout cas, ne pourra pas vous laisser indifférent.



Laure Vertu est capitaine de police. Exemplaire, enquêtrice de haut vol, elle ne se mêle pas vraiment à ses collègues, préférant la solitude et surtout cultiver son amour pour le secret, ce qui est lisse, sans bord ni faille, sans aspérité. Elle dirige une équipe au sein de la brigade anti-fraude. Palmarès incroyable qui suscite l'admiration auprès de sa hiérarchie, le respect parmi ses collègues mais aussi quelques pointes de jalousie. Laure surprend, intrigue, de par sa vie qui semble monacale mais également sur ce qu'implique de tels scores de réussite. Laure a ce "quelque chose" que nul ne sait exprimer. Cette façon de se mettre dans la peau de, de s'identifier pour mieux dénicher le pot aux roses et boucler chaque dossier en une vitesse record. Et d'abord, pourquoi ce nom ? Car, comme moi, vous découvrirez au fil de votre lecture que ce n'est pas le sien, mais celui qu'elle s'est choisi.



Au vu de son efficacité et son dossier sans accroc, personne ne comprend sa démission brutale, soudaine, sans explication après 10 années de bons et loyaux servies. Raison personnelle ? Burn out ? Ennuis de quelque sorte ? Nul ne sait.



Dans ce roman très court, l'auteure nous entraîne dans le sillage de cette flic qui semble ne plus exister une fois débarrassée de sa "parure" de flic. Qui est-elle sans son travail, véritable sacerdoce en ce qui la concerne ? Comment la définir en tant qu'individu, au sein de cette société si violente et anxiogène. Laure existe-t-elle en tant que personne sans son travail ? Et si ce n'est pas le cas que va-t-il advenir d'elle à présent ? Etre une femme, policière, issue de l'immigration n'est pas chose aisée dans le monde actuel qui part en vrille un peu plus chaque jour. Laure semble se fustiger pour quelque chose ? Son dossier est-il aussi lisse qu'il y parait ? Quelle zone d'ombre de son passé cherche-t-elle à masquer, à commencer par sa propre identité ? Quel héritage pourrait poser un voile d'opprobre sur toute son existence ?

A un moment clé, charnière de sa vie, face à ses choix, que va-t-elle décider de faire ? A-t-elle même la liberté de s'écouter, de redémarrer quelque chose ?



Un roman qui semble tisser la toile de cette ex-flic, dans sa vie "d'après". Dans les choix qu'une société comme la nôtre peut offrir à une femme comme elle. Ses interrogations, ses doutes, la vision qu'elle porte sur le monde. Et son refus d'entrer dans la norme, dans les cases que la société impose. Laure refuse d'entrer dans le moule, de faire ce que l'on attend d'elle. Elle mettra toute son énergie à s'ériger en faux contre cette société qui ne lui convient pas (ou plus ?) comme elle en a mis dans chacune de ses enquêtes.



Oui, nous avons bien là une nouvelle voix. Et surtout une nouvelle vision de nous en tant qu'individu perdu dans la masse. Laure porte un regard sur le monde qu'elle a, jour après jour, de plus en plus de mal à cerner et dans lequel elle peine à trouver sa place.



Une fin ouverte ? (ou pas ?), je vous laisse le découvrir. Un roman qui ne peut vous laisser indifférent en fin de lecture, comme je vous le disais plus haut.
Lien : https://mgbooks33.blogspot.c..
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Capitaine Vertu

Sélection Nouvelles Voix du Polar 2024



Capitaine Vertu... quel étrange nom... quel étrange roman...



Pour une Nouvelle Voix, c'en est une. C'est peut-être même le polar pour ceux qui n'aiment pas les polars. Un roman sans tueur ni braqueur à trouver, quasiment sans action, un texte très littéraire au style soutenu. J'en sors étonné, perplexe, moi qui suis habitué à des thrillers frénétiques, après ce texte hallucinatoire et flou. Des mots que j'utilise rarement dans le genre policier.



Laure Vertu est capitaine de police à la brigade des fraudes. Une flic de bureau, de dossiers. Une redoutable enquêtrice devant laquelle les suspects craquent sous ses questions. Femme effacée, secrète, personne ne peut dire qu'il est proche d'elle. Elle n'a d'ailleurs pas de vie sociale. Mais cela "roule" pendant 10 ans. Jusqu'au jour où une photo floue va tout faire voler en éclats pendant une nuit au commissariat. Le matin trouvera les lieux vides et sa lettre de démission posée en évidence. Et là, Vertu s'évapore.. On a vraiment l'impression d'une femme qui part en fumée, se dissout dans la ville. Pourquoi ? Le sait-elle elle-même ? Des souvenirs, des rêves (beaucoup), un sac de sport au contenu dangereux et des malfrats proches dans une France qui est la nôtre mais pas tout à fait. Les indices ne sont pas évidents..



Vertu est de la brigade des fraudes. Ce choix de l'auteure n'est pas innocent. Ni même un autre choix patronymique dont je ne peux pas parler ici. De très courts chapitres qui brossent un portrait de flic plus qu'atypique, de femme qui se perd en se cherchant au plus profond de ses souvenirs et de ses cauchemars. Un texte surprenant qui ne plaira pas à tout le monde. Amateurs de tueurs fous et d'enquêtes riches en coups de théâtre, allez lire ailleurs.. mais.. lecteurs friands de textes très écrits et d'histoires racontées d'une manière inhabituelle, je pense que vous trouverez votre bonheur ici.



En tout cas, Lucie Taïeb est une voix à part. Cela est certain. Et c'est à découvrir.
Lien : https://mgbooks33.blogspot.com
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Capitaine Vertu

Capitaine Vertu, de Lucie Taïeb



16.11.2023 ⚖ Entre fraude et vertu, mon cœur balance ⚖



L'histoire :

Après plus de dix années de service acharné, Laure Vertu, capitaine de police exemplaire et enquêtrice hors pair, démissionne brutalement et sans aucune raison apparente, de son poste au sein de la brigade anti-fraude. L'élément déclencheur.?Nul ne le sait...



Cette démission constitue le premier geste d'une série de refus, que la capitaine Vertuchoisit d'opposer au monde tel qu’il est, à ses violences, ses dénis, ses faux espoirs, ses injonctions.



Mon avis:

Je me suis lancée dans ce livre car il est petit et donc assez rapide à lire.

Je n'avais pas lu le résumé et je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre.



Et j'en suis restée coite.

J'en ressors avec un sentiment ambivalent.

D'un côté, j'ai aimé l'écriture poétique, émouvante mais pouvant parfois être brute, oscillant entre l'ombre et la lumière.



Mais d'un autre côté je me suis souvent sentie perdue, ne sachant plus où était la réalité, ou débutait le cauchemar.



Il n'est pas évident de comprendre le fonctionnement de la capitaine Vertu, et les raisons de sa démission.

Mais plus qu'une enquête policière, ce livre est un véritable questionnement interne, ainsi que sur la justice de notre société.



Je ne pourrais dire si j'ai aimé ou non, mais en tout cas il se lit vite et pose questionnement.



Et parfois, c'est aussi ça la lecture, nous pousser dans nos retranchements et nous faire voir de nouvelles perspectives...



Un livre qui vous a déjà fait cet effet ambivalent ?









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Freshkills

Freshkills est le nom d'une gigantesque décharge située dans l'état de New York et qui a été active de 1948 à 2001, polluant la terre, l'air et rendant le lieu inhospitalier pour les riverains. Un jour, le gouvernement décide d'arrêter le traitement des 29 tonnes de déchets journaliers dans cette décharge et d'en faire un parc type Central Park à la place, déplaçant le problème en Caroline du Sud, et oui, les américains n'ont pas du jour au lendemain, arrêtaient de produire ces tonnes de déchets. L'auteure de ce livre est allée visiter cette décharge pour constater l'avancée de ces travaux et nous donner son point de vue sur ce que lui inspire tous ces déchets collectés. Elle est bien évidemment critique vis à vis de ce problème, mais quelle solution aujourd'hui ?

Le sujet traité est intéressant, mais je n'ai pas trop adhéré à l'écriture de l'auteure et à sa façon de relater le problème, je pense être bien évidemment sur la même longueur d'onde qu'elle, mais j'ai trouvé son approche un peu complexe.
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Freshkills

Pas vraiment un documentaire mais bien documenté. Pas un roman mais comme dans un bon roman, on est emporté par le personnage et ses émotions. L'Autriche-narratrice nous fait vivre sont voyage à New York pour visiter le chantier de Freshkills, la décharge monumentale de Staten Island en cours de transformation en parc. Elle donne aussi la parole à quelques rares riverains ayant vécu l'avant et le pendant de la décharge. 



Ce petit livre constitue ainsi une belle occasion de réfléchir à nos ordures, leur volume et leur invisibilisation constante et le prix à payer pour que nous tournons la tête. 



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Capitaine Vertu

Certes l'écriture est très belle et en même temps très simple, très poétique, onirique même. Mais fallait-il pour autant renoncer à toute forme de récit ou de scénario ? Ce livre m'a carrément mise en colère tellement rien ne se tient, ni l'intrigue, ni les personnages, ni le message qu'il pourrait vouloir porter. Il ne tient surtout aucune des promesses faites dans les premières pages, avec ce capitaine qui avait choisi son nom comme une lutte, cet adjoint qui ne lâchait rien, cette enquête quasiment mystique, ces souvenirs au goût amer réveillés par une photographie intrigante. J'avais bien aimé cette première moitié qui posait beaucoup de questions auxquelles j'avais envie de trouver des réponses. Aux deux tiers, j'ai compris que je n'obtiendrais rien d'autre que d'interminables considérations littéraires sans queue ni tête. Ce livre n'était vraiment pas pour moi. j'ai tourné les dernières pages en lisant en diagonale, ayant perdu tout intérêt à ma lecture. Dommage, vraiment.
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Capitaine Vertu

"Comme si on avait voulu montrer au-dessus des cadavres le ciel..."



Lucie Taieb sait taire pour ne pas gâcher. Pas une phrase de trop. Le roman est concis et il frappe d'autant plus fort.



La première moitié m'a mordue, et entre ses canines je me suis laissée prendre. Mais ensuite, perdue dans des rêves enchâssés, l'auteure m'a donné trop de vague, trop de poésie dans cette langue abrupte.

La toute fin sauve tout : les contradictions, le récit, le réel et la Vertu.



"Elle était flic et elle rêvait de chaos."



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Freshkills

Livre lu grâce aux lecteurs Orange.

Il s’agit d’un texte très court, à mi-chemin entre l’essai et le témoignage, sur une décharge reconvertie en parc et sur la gestion des déchets en général. Cet aspect était très intéressant, on réfléchit à la notion de déchet, à la façon dont on s’en débarrasse et surtout où on s’en débarrasse: les quartiers ou autres lieux où les gens n’ont pas le pouvoir de dire non et doivent donc vivre avec ces déchets. Il ne s’agit pas seulement de voir son quartier devenir un endroit où on récolte les ordures de toute la communauté, mais aussi de vivre avec les conséquences et nuisances que cela implique: bruits, odeurs, pollution, etc.



Mais cet aspect n’est pas le plus développé, c’est un texte très introspectif et très centré sur l’autrice et son ressenti. Ses questionnements sont intéressants et les rencontres et démarches qu’elle fait le sont également, mais ce n’est pas ce à quoi je m’attendais en ouvrant ce livre. Je pensais découvrir des faits plus concrets sur la gestion des déchets et sur la revalorisation des sites ayant servi de décharge. On nous donne quelques éléments, mais ce n’était pas suffisamment approfondi pour mon goût. Je pense que j’avais fait erreur sur le contenu du livre dès avant de l’ouvrir, du coup je suis restée sur ma faim et, s’il avait été plus long, j’aurais peut-être eu du mal à arriver au bout.



Une lecture intéressante, mais qui a souffert du fait que je m’attendais à tout autre chose. ça reste une découverte à faire si le sujet vous intéresse.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Capitaine Vertu

L'écriture est superbe. Sa poesie arrive à nous plonger à la fois dans le concret d'une allégorie policière et dans les brumes de ces moments où on ne sait plus bien si on rêve ou si on est éveillé. 



Cette impression de ligne de crête permanente est parfaite pour nous plonger au cœur de nos complexités humaines lorsqu'il s'agit de bien, de mal, de vertu et de volonté de bien faire. 



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Capitaine Vertu

Capitaine Vertu est une femme. Ce capitaine porte bien son nom, Vertu est « une petite femme âpre ». Une policière de la brigade anti-fraude, une enquêtrice, « sèche et froide ». Personnage principal original, déjà, qui poursuit les escrocs de haut vol avec un succès confondant. Les malfrats ont peur d’elle. Car ils reconnaissent quelque chose en elle, qui les trouble.



Assez vite, Lucie Taïeb creuse ce personnage. Evidemment, Vertu, ce bon nom, n’est pas le sien. Mais « Vertu » a abandonné son milieu et son patronyme de naissance, d’origine corse ou italien, pour ne pas devenir des malfrats mais les pourchasser. Son père, son oncle, tous sont dans la mafia. Elle a refusé ce rôle. Elle a changé de nom, elle enquête.



Jusqu’à ce qu’un jour, elle trouve sur son canapé un sac Adidas rempli de billets de 500 euros. Cadeau posthume de son père, disparu...



La suite :

https://lesmonstres.org/2022/09/11/critique-capitaine-vertu-de-lucie-taieb/
Lien : https://lesmonstres.org/2022..
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Capitaine Vertu

Une enquête policière en apparence. Un questionnement intime et politique en réalité.



A la brigade des fraudes, Laure Vertu est reconnue pour être une capitaine efficace et professionnelle. Elle ne lâche jamais rien. Mais ses équipes ne savent pas grand-chose d’elle. Distante, silencieuse, elle cloisonne parfaitement sa vie privée et son boulot. Alors qu’est-ce qui pousse Capitaine Vertu après 10 ans de bons et loyaux services à démissionner soudainement, du jour au lendemain, sans explication ?



Il y a un truc magnétique dans ce court roman à la densité folle. Difficile de trouver les mots pour en parler. La forme et la prose en font la richesse tout autant que le propos. Lucie Taïeb fait le portrait d’une femme qui tente d’échapper au rôle qui lui est assigné, qui tente de s’arracher à l’aliénation sociale et à une forme d’enfermement. Elle joue avec les questions d’identité et avec des questions très actuelles comme les violences policières en nous faisant suivre, avec beaucoup de tendresse, le cheminement de ce personnage.

Un roman très contemporain et un univers fort qui ne séduira peut-être pas tout le monde mais ne laissera personne indifférent.
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Freshkills

Tout d’abord, je tiens à remercier Lecteurs.com et les éditions Pocket pour l’envoi de ce titre.

Il s’agit d’un essai ayant pour inspiration, la décharge de Fresh Kills, située dans l’arrondissement de Staten Island, dans la ville de New York. Cette décharge à ciel ouvert a été active de 1947 à 2001 et dont la superficie était de près de 900 hectares et sa taille, en 2001, dépassait celle de la Statue de la Liberté. Je vous laisse imaginer ce tas d’immondices, cette pollution visuelle et olfactive pour les habitants…

Aujourd’hui, les États-Unis ont lancé le projet de recréer un immense parc au-dessus de toutes ces ordures. Les déchets, eux, ne vont pas disparaître mais seront transférés dans un autre État…

Lucie Taïeb nous offre un documentaire fourni qui nous ouvre les yeux et nous force à réfléchir sur la notion même du déchet. Vous vous dîtes certainement que vous triez vos déchets et faites un geste pour la planète mais, savez-vous ce qui est réellement recyclé et ce qu’il advient de ce qui ne l’est pas ? Peut-on faire quelque chose pour diminuer le contenu de nos poubelles ?

Un récit coup de poing actuel à lire urgemment !
Lien : http://romansurcanape.fr/les..
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Capitaine Vertu

Lorsque la justice est devenue à son corps défendant l’auxiliaire d’un ordre idéologique qui ne dit même plus son nom, que peut devenir la vertu incarnée par ses serviteurs les plus dévoués ? Un roman poétique somptueux qui porte dans la douceur le fer de la question là où il peut faire le plus mal.





Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/09/01/note-de-lecture-capitaine-vertu-lucie-taieb/



La nuit, Laure Vertu rêve, ou cauchemarde. Inlassablement elle revit les prémisses d’un affrontement décisif entre une foule meurtrie, écrasée, broyée et encore concassée, mais plus que jamais déterminée, et des forces de l’ordre, chargées de faire plier cette revendication terminale. Laure Vertu est policière. Le jour, elle traque, également sans relâche, les fraudeurs, arnaqueurs, escrocs et autres profiteurs des faiblesses et des aveuglements humains. Avec un certain succès.



Enquêtrice exceptionnellement douée, et d’une opiniâtreté confondante, elle ne peut pourtant se défaire, secrètement – car elle ne le confie à personne, et peut-être même pas à ses échappées oniriques – d’une nasse complexe de culpabilité et de rédemption probablement impossible. Son fardeau ? C’est au roman de nous permettre de l’identifier réellement, car sa nature se dérobe, et n’hésite pas à déployer un touffu réseau de leurres, d’impasses et de faux-semblants, ou d’explications trop simples, familiales ou psychanalytiques. Dérisoires in fine. Il y a là en jeu quelque chose de très profond, mais quoi, exactement ? Démission surprise, puis disparition de facto : jusqu’où ira le capitaine Vertu ?



Depuis « Safe » (2016), son premier roman, et de façon nettement plus affirmée avec son deuxième, le bouleversant « Les échappées » (2019, prix Wepler), Lucie Taïeb travaille au corps, en inventant les angles nécessaires, les grandes peurs contemporaines, avec leurs écrasements et leurs espoirs ténus d’émancipation. Si de rusées allusions, directes ou indirectes (celle, onirique et bitumineuse, de la page 127 étant peut-être la plus spectaculaire), aux « Échappées » irriguent l’ouvrage, les incursions discrètement poétiques (comme en écho par exemple au recueil « Peuplié » de l’autrice) et les investigations proprement dites (on songera naturellement à son « Freshkills » de 2020) apparaissent ici largement aussi essentielles, dans le travail de résolution – éventuellement sans issue – de ce doute existentiel chevillé au cœur de la capitaine Laure Vertu. Publié aux éditions de L’Ogre en août 2022, « Capitaine Vertu » offre d’emblée une synthèse provisoire, poétique et éclatante, d’un travail d’élucidation toujours en cours.



Il est rare qu’un roman noir (il y a peut-être une autre belle piste à suivre du côté du « Cordelia la Guerre » et du « Épopée » de Marie Cosnay, ou du « Bal des ardents » de Fabien Clouette, tous trois chez le même éditeur que Lucie Taïeb, d’ailleurs) s’attache en profondeur au malaise (le mot est faible, bien sûr) – non pas social ou professionnel, mais bien politique et presque métaphysique – des serviteurs de la justice lorsque celle-ci est constatée, mois après mois, comme toujours davantage (malgré les efforts de ses acteurs les plus vertueux, précisément) dévoyée vers l’assouvissement d’un programme non écrit, politique et idéologique, par ceux-là même qui, comme toujours, se défendent de toute idéologie.



Lorsque l’expression « forces de l’ordre » s’est colorée peut-être définitivement du sang des mutilations et des éborgnements, du résultat d’une tactique du choc ouvertement revendiquée, la policière – qui n’est pas, elle, une arriviste prête à épouser n’importe quel sens du vent et qui évolue donc à l’opposé du terrain des jeunes cadres assoiffés du « Croire et détruire » de Christian Ingrao – est bien contrainte de se revivre aussi en tant que femme, en tant qu’enfant d’immigrés et en tant que membre d’une famille liée de bien trop près à la pègre, parmi d’autres possibilités identitaires jusqu’alors soigneusement enfouies en elle, ne surgissant que par l’usage du rêve – comme une application concrète d’un moderne traité d’oniromancie. L’échec de l’idéal du capitaine Laure Vertu est celui de tous les mercenaires intègres – qui sont nombreux – du capitalisme tardif, et constitue bien l’un des chocs sourds qui ébranle discrètement nos sociétés repues et menacées par l’avidité et l’impavidité de trop de puissants. La décomposition – qui en découle en pente douce et comme, paradoxalement, naturelle – amène toutefois dans ce désarroi terminal une dose surprenante de poésie et de lenteur choisie, qui peut évoquer à son tour un autre Bartleby, celui du « Un peu tard dans la saison » de Jérôme Leroy, poésie qui doit tout ici à l’écriture magique – ensorceleuse, même – de Lucie Taïeb.


Lien : https://charybde2.wordpress...
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Capitaine Vertu

Les identités et les failles de la vérité, les nausées, rêves et fantômes où apparaît, un instant, notre désir de réel. Derrière le masque du récit policier, l’enquête sur des arnaques financières qui dépossèdent de ce que l’on croyait être, qui sont commises par des menteurs ayant fini par perdre leur identité, qui sont résolus par une enquêtrice qui, un peu trop, leur ressemble, Capitaine Vertu offre une spéculation hantée sur l’identité. Dans une prose diaboliquement apte à restituer les errances, effacements et rêves de son héroïne, Lucie Taïeb plonge le lecteur dans un univers où la répression, comme la continuité de la révolte collective, appartient au passé, illustre une autre faille où le réel advient. Capitaine Vertu ou l’écoute de nos disparitions, les pertes et les noms qu’on leur prête, comme forme de tenace, fragile, morale.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Freshkills

Une réflexion intéressante et terriblement d'actualité sur ce que sont nos déchets, leur devenir... L'auteure s'est intéressée à la principale décharge de New York, sur Staten Island mais a mené une réflexion plus large sur la manière dont nos sociétés refusent et repoussent les déchets produits par l'homme. Instructif!
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Capitaine Vertu

« Dans sa tête loge une armée ».

« Capitaine Vertu » entre l'ombre et la lumière. Bien avant le récit sombre, émouvant et apprenant, écoutez le chant de la langue. Cette douceur de ton dont on ressent d'emblée le génie et le pouvoir intrinsèque de Lucie Taïeb qui a publié deux essais dont « Fresbkills:Recycler la terre (La Contre-Allée, 2020), plusieurs recueils de poésie et des traductions de l'allemand. Aux éditions de l'Ogre, deux romans : « Safe , (2016) et « Les Échappées » (Prix Wepler, 2019).

Ce livre-somme est un chef-d'oeuvre résolument d'épreuves et de cheminements. « Capitaine Vertu » c'est une rencontre d'orfèvre et souveraine.

« Capitaine Vertu » alias Laure Vertu, est une jeune femme en quête d'elle-même, impassible et secrète, les contradictions à fleur de peau. Capitaine de police côté ville. Effacée, triste, déterminée, d'élégance et d'austérité elle travaille dans la brigade anti-fraude.

« Lorsqu'elle voyait la haine, elle n'essayait pas de la détourner ».Intranquille et poignante, « Vertu rêvait d'embrasement… Car ceux à qui Vertu adressait la parole étaient généralement flics eux-mêmes, ou truands . »

Vertu est manichéenne. Sous ses faux-airs, se cachent les troubles pernicieux, craintifs et implacables. Laure Vertu, mais est-ce bien son nom ? Solitaire et fascinante, fille d'immigré, cour poussiéreuse, faux-semblants, un père en fuite parentale. La vertu aux abois, les spéculatives endurances abolies. Capitaine Vertu, « comme le fruit tombe de l'arbre elle se détachait d'eux… décida qu'elle ne serait pas avocate, mais juge ou policière . »

Son père, manipulé, embrigadé dans les chimères et les petites et grandes combines, bandit côté jour, le déni pour allié, un voyou qui aimait l'enfant mais mal, jusqu'au jour où.

L'étau se resserre. Le récit pénètre dans la voie de l'exutoire. Capitaine Vertu est son propre bouclier. Nage dans un lac glacé, de la pluie fine et insistante sur les regards, les gerçures sur le coeur. L'effacement existentiel, Laure Vertu est de batailles et de craintes, gouffre ou plein sud. Qu'importe le spartiate glacé, le sac bleu trop bien rangé, les prises de risques, elle est son propre maître. Cheveux en bataille, la conscience étincelle et les armures salvatrices. Ce livre-monde, « femme et fille d'immigré » est un parchemin initiatique.

« Aujourd'hui, je paie. La conscience du devoir accompli. le confort de la capitainerie. Je sais exactement ce qui a eu lieu. J'étais à l'intérieur et vous dehors. »

La vertu fenêtre sur sa vie, gémellaire de la trame belle à pleurer. On ressent le vent sur les pages. Cette capacité hors norme de faire un roman avec le plausible. Laure Vertu, sur le banc des écueils, des gerçures sur la mains, sauvage de beauté, honnête et cristalline. Vertigineuse d'émancipation, la dignité-clairière, le désastre du manque, l'obsession cardinale de sa renaissance en advenir.

Ce livre magistral, de rectitude, somme sociale et féminine, l'immensité du premier pas.

D'une contemporanéité fresque allégorique, ce grand livre tremblant de pluie est un viatique. Un hymne à la liberté, à la quête de soi. Accueillir l'honneur des clés cachées entre les lignes . Revivre ! Un livre qui accroche ses bras autour de votre cou. Publié par les majeures Éditions de l'Ogre.
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Freshkills

Merci à mon libraire pour ce livre !

Un document très intéressant sur le site de décharge "Freshkills" situé sur l'île de Staten Island à New-York.

Cette ancienne décharge est en train de devenir un parc. Avec ce document l'auteure nous fait poser beaucoup de questions sur notre style de vie de consommateur.
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