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Citations de Lucien de Samosate (56)


Un autre historien, mon cher Philon, personnage tout aussi ridicule, n'ayant jamais mis le pied hors de Corinthe et n'ayant pas été jusqu'à Cenchrées, loin d'avoir vu la Syrie et l'Arménie, commence de la sorte, si j'ai bonne mémoire : "Les yeux sont de plus sûrs témoins que les oreilles ; j'écris donc ce que j'ai vu, et non point ce que j'ai entendu dire." Et il a si bien vu ce qu'il raconte, qu'à l'occasion des dragons des Parthes, étendards qui, chez eux, guident les corps de troupes, chaque dragon, je crois, servant de guide à mille hommes, il dit que ces dragons sont des serpents vivants d'une grosseur monstrueuse, qui naissent en Perse, un peu au-dessus de l'Ibérie. Quand on se met en marche, on les tient attachés à de grandes piques et élevés en l'air, afin d'effrayer de loin les ennemis, mais dans la mêlée même, quand on s'aborde, on les détache et on les lance sur eux. C'est ainsi que beaucoup de Romains ont été dévorés, d'autres étouffés, broyés sous les nœuds de ces dragons. Il a vu tout cela de près, quoique en sûreté, du haut d'un arbre où il s'était placé en observation. Il a bien fait de ne pas attaquer de front de pareilles bêtes, nous serions privés aujourd'hui d'un historien si admirable, qui lui-même a fait durant cette guerre plusieurs exploits brillants et héroïques. Il a, en effet, couru beaucoup de dangers, et il a été blessé auprès de Sur, probablement dans un voyage de Cranium à Lerne. Et cependant il a lu tout cela aux Corinthiens, qui savaient fort bien qu'il n'avait jamais vu de guerre, même en peinture. Aussi ne connaît-il ni les armes, ni les machines, ni les évolutions d'armées, ni les ordres de bataille. Il appelle oblique la phalange droite, et dit marcher contre l'aile, au lieu de marcher contre le front.
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Qui es-tu pour te fâcher au nom des dieux, alors qu'eux-mêmes ne se fâchent pas?
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Lucien de Samosate
je lui racontai tout ce qui m'était arrivé et le priai de me dire quel était, à son gré, le meilleur genre de vie. Il se mit à rire : c'est un petit vieillard aveugle, pâle, avec une voix de femme. "Mon enfant, me dit-il, je sais la cause de ton incertitude ; elle vient de ces sages, qui ne sont jamais d'accord avec eux-mêmes ; mais il ne m'est pas permis de t'en dire plus long. Rhadamanthe ne veut pas. - Oh ! de grâce ! lui dis-je, bon petit père, parlez, ne me laissez pas errer dans la vie, encore plus aveugle que vous".
Alors me prenant la main et me tirant à l'écart, il s'approcha de mon oreille et me dit bien bas : "La meilleure vie, la vie la plus sage, est celle des ignorants. Quitte la folle envie de disserter sur les phénomènes célestes, d'examiner les principes et la fin des choses, et, plein de mépris pour les syllogismes de vos philosophes, traite tout cela de rêveries. Ne poursuis, en tout et pour tout, qu'une seule chose, bien user du présent. Passe en riant devant tout le reste, et ne t'attache sérieusement à rien."
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Un sentiment très fort, qui m'a aidé à boire, fut la tendresse pour les petites gens. Je ne pouvais me faire à la misère des autres, à la maladie des autres, à l'humiliation des autres, à la pauvreté des autres, à la solitudes des autres.
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Notre art, de même que tous les autres, doit être un ensemble de notions positives, et la première, pour un parasite est d'éprouver et de discerner qui est le plus en état de le nourrir, celui à la table duquel il peut s'asseoir, sans avoir lieu de s'en repentir un jour.
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Mais il me semble que souvent un changement pour le mieux marque le début de plus grands maux.
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Le chef de file et le maître en fariboles de ce genre fut l'Ulysse homérique qui, dans ses récits à la cour d'Alcinoos, parlait de vents réduits en esclavage, de créatures à l’œil unique, d'hommes mangeurs de chair crue et sauvages, d'animaux à plusieurs têtes, et des métamorphoses de ses compagnons sous l'effet de philtres : tels furent les nombreux contes prodigieux qu'il fit aux Phéaciens, qui n'y connaissaient rien. J'ai lu tous ces auteurs, sans trop leur reprocher de mentir, vu que c'est déjà pratique courante même chez ceux qui font profession de philosopher. Mais j'étais étonné qu'ils aient cru pouvoir écrire des choses fausses sans qu'on s'en aperçût. C'est pourquoi moi aussi (par vaine gloire !), j'ai tenu à transmettre quelque chose à la postérité, et je ne veux pas être le seul privé de la liberté d'affabuler. Puisque je n'avais rien de vrai à raconter, n'ayant jamais rien vécu d'intéressant, je me suis adonné au mensonge avec beaucoup plus d'honnêteté que les autres. Car je dirai la vérité au moins sur un point : en disant que je mens. Je crois ainsi que j'éviterai les accusations des autres en reconnaissant moi-même que je ne dis rien de vrai. Bref, j'écris sur des choses que je n'ai ni vues, ni vécues, ni apprises d'autrui, et en outre qui n'existent en aucune façon et ne peuvent absolument pas exister.
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Certes, tu te proposes le contraire de ce que tu fais. Tu t'imagines paraître quelque chose dans la science en t'empressant d'acheter les plus beaux livres ; mais l'affaire tourne autrement et ne fait que mieux ressortir ton ignorance. D'autant plus que tu n'achètes pas les meilleurs livres, mais que, t'en rapportant à ceux qui en font l'éloge au hasard, tu deviens un don de Mercure pour les bouquinistes hâbleurs, un trésor assuré aux brocanteurs de cette espèce. Eh ! comment pourrais-tu distinguer les livres anciens, qui ont de la valeur, de ceux qui sont méprisables et moisis, si tu n'en juges que parce qu'ils sont rongés et percés, et si tu ne consultes que les teignes pour faire tes achats ? Quelle connaissance exacte, quelle sûreté, quel discernement espères-tu trouver en elles ?
Quand je t'accorderais de pouvoir distinguer les belles copies de Callinus et celles que le célèbre Atticus a exécutées avec tant de soin, à quoi te servirait, homme étonnant, de les avoir en ta possession ? Tu ne saurais juger de leur beauté, et tu ne peux en faire plus d'usage qu'un aveugle ne jouit des charmes visibles de ses amours. Les yeux tout grands ouverts, j'en conviens, tu regardes tes livres, et, par Jupiter, tu t'en assouvis la vue, tu en lis même des morceaux au pas de course, l'œil devançant les lèvres. Mais cela ne suffit pas, si d'ailleurs tu ne sais pas ce qui constitue les beautés et les défauts d'un ouvrage, quel est le sens de tous les mots, leur construction, si l'auteur s'est astreint aux règles prescrites, quels sont les termes de bon ou de mauvais aloi, les tournures falsifiées.
Eh quoi ! te figures-tu donc que tu nous sais cela sans l'avoir appris ? D'où te viendrait cette connaissance ? A moins qu'à l'exemple de certain berger, tu n'aies reçu une branche de laurier de la main des Muses.
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Ces paroles ,je pense qu'un homme les écoutera
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Je suis Syrien, riverain de l'Euphrate. Mais qu’importe ? Ce ne doit pas être un handicap à tes yeux d’être barbare par la langue si l’on a manifestement le jugement droit et juste […]. Je fais profession de haïr les imposteurs, de haïr les charlatans, de haïr les menteurs, de haïr les orgueilleux : je hais toute cette engeance de canailles […]. Je connais aussi parfaitement son contraire. C’est-à-dire la profession qui a l’amour pour principe : je suis amant de la vérité, amant du bien, amant de la simplicité, amant de tout ce qui est aimable par nature.
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"Lycinos : Veux-tu cesser tes imprécations [Craton] ! Si tu voulais bien m’écouter, je te parlerais des beautés de la danse, du plaisir, et même du profit des spectateurs. Je te dirais en quoi elle éduque, instruit, comment elle règle l’âme des spectateurs en l’exerçant par de magnifiques spectacles et en proposant les plus beaux concerts, comment, enfin, elle fait voir la beauté de l’âme et du corps. Si c'est par le rythme et la musique que la danse obtient tout cela, plus que de blâme elle est digne d’éloge." (p.8)
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"La légende dit que l’Egyptien Protée n’était lui-même rien d’autre qu’un danseur, capable de prendre toutes les formes, de mimer à son gré, par la vivacité de ses mouvements, la fluidité e l’eau ou l’ardeur de la flamme, la férocité du lion, l’agressivité de la panthère ou les mouvements d’un arbre – et bien d’autres choses encore "
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"Les actions humaines procèdent d’ordinaire soit de l’âme, soit du corps. Dans la danse, âme et corps sont mêlés : on y trouve à la fois une expression de la pensée et le déploiement d’une énergie physique, l’essentiel étant l’habileté dans l’exécution, et que rien ne soit privé de sens. Un homme de qualité comme Lesbonax de Mitylène appelait les danseurs chirosophes et il allait les voir au théâtre parce que, pensait-il, il en reviendrait meilleur » (p. 35)
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