Lucy Lennox

Chapitre 2 :

Saint

«… Il parut m’étudier derrière ses lunettes, et je me demandai à quoi il pensait. Une pointe de désir s’insinua dans mon ventre, et je me donnai mentalement des claques. J’étais sérieux, là ? Franchement, Saint, c’est un client, bon sang. Garde tes distances. Sois professionnel.

— Je m’appelle Saint Wilde. Je suis chargé de votre entraînement. Bienvenue à Twist.

— Merci.

— Pour commencer, vous pourriez retirer vos vêtements, suggérai-je.

Belle manière de la jouer pro, idiot.

Ses yeux s’illuminèrent une microseconde, puis il fronça davantage les sourcils.

— Pardon ?

Reprends-toi, Saint.

— À moins que vous ne préfériez vous entraîner en costume ? Si ça vous va ? Aussi bien que votre tenue ?

La réceptionniste leva les yeux au ciel à ma blague, …»

Je n'avais aucune envie de m'enticher de Finn Lanfer. Mais ça aussi, c'était terriblement dur.

C'était un éclair de lumière, qui passerait dans ma vie et disparaitrait l'instant suivant. Je me baignerais dans sa tiedeur pour un moment unique, passager et nimbé de lueurs, puis je retournerais à mon obscurité en m'accrochant à son souvenir, plus nu et effrayé qu'avant

Je me demandais s'il était magicien ou illusionniste, de ceux qui pouvaient convaincre une salle bondée de faire ce qu'il leur demandait. Qu'est ce qui pouvait expliquer sinon mon soudain et oppressant besoin de l'avoir ? Plus que ça même. De le posséder.

- Miles, je t'apprécie vraiment. Plus que ça même. Je tombe en chute libre pour toi. Et j'ai peur de dire ou faire quelque chose qui t'effraiera. Mais je ne veux vraiment pas te quitter. Du tout. Jamais.

Chapitre 1 :

Brad

«… Après avoir convaincu ces dames de rester autour du Bellagio et du Caesar, je les laissai s’amuser et me dirigeai vers ma chambre. Je dînai et pris une douche, puis enfilai mon pyjama et me couchai.

Alors que je dormais depuis plusieurs heures dans le grand lit luxueux du Bellagio, j’entendis frapper à ma porte. Il était minuit et demi.

J’avançai d’un pas chancelant vers la porte et me frottai les yeux en me demandant quel abruti bourré s’était trompé de chambre en rentrant du casino.

Dès que j’ouvris la porte, je découvris un magnifique policier en uniforme.

Stupéfait et à moitié endormi, je mis quelques instants à comprendre que les vieilles dames avaient dû m’engager un strip-teaseur.

Une fois que je le compris, j’éclatai de rire et l’invitai à se déshabiller.

Grossière erreur. …»

Chapitre 1 :

Brad

«…Interloqué, j’essayai de comprendre ce qu’il se passait.

— Pardon ?

— Calme ta joie, gamin. Ça ne prendra pas longtemps. Il est à moins de dix kilomètres. Si je veux survivre à une soirée au spa avec les filles, il va me falloir un bon scotch pour y parvenir. Hop Hop Hop, jeune homme. Démarre.

Je ris malgré moi. Cette femme avait des couilles en acier trempé. Nous discutâmes pendant tout le trajet, aller et retour, Tilly assise à l’arrière comme si j’étais son chauffeur. C’était délibéré de sa part, pour me montrer qui était la patronne. Ce n’était pas la peine. J’avais appris depuis plusieurs jours déjà qui dirigeait, quand Tilly Marian était présente. Elle. Toujours.

— Tu conduis bien, Brad. Tu n’as jamais envisagé de devenir chauffeur à plein temps ? J’en aurais bien besoin d’un. Tu es bien plus agréable à regarder que celui que j’emploie.

— Non, madame. Je suis développeur de logiciels. De jeux pour smartphones, surtout.

— Tu travailles pour qui ? Je connais beaucoup de monde dans ce domaine.

— Pour moi. Je n’ai fait que des petits trucs jusque-là, mais je viens de concevoir une grosse application presque prête à sortir, et j’en suis tout excité. Il ne me manque qu’un peu d’argent pour démarrer la commercialisation proprement dite.

— J’ai une idée.

Et c’est ainsi que je me lançai dans ma deuxième aventure Marian improbable en l’espace de deux semaines. …»

Chapitre 2 :

Charlie

«… — Charlie ?

Je me tournai vivement vers lui.

Comment connaissait-il mon prénom ?

Oh, c’est vrai. Cait.

Le son de mon nom sur sa langue me donnait envie de le supplier. Pour qu’il me fasse des choses.

Tout un tas de choses.

— Oui ? Vous avez trouvé quelque chose qui vous plaît ?

Moi, peut-être ? Cait avait sans doute raison ; un coup d’un soir était certainement pile ce dont j’avais besoin pour me sortir de la tête le souvenir merdique de Rory une bonne fois pour toutes.

— Je suis un peu gêné de l’admettre, mais je ne connais pas la plupart de ces plats. C’est la première fois que je viens en Irlande. Que me recommandez-vous ?

Je me demandai s’il aimerait la marmite de Dublin de mon père, sa spécialité.

— Vous aimez les saucisses ?

Les yeux de l’homme s’écarquillèrent tellement qu’il ressembla à une biche prise dans les phares d’une caisse.

Qu’avais-je dit ?

Chapitre 1 :

Hudson

«… Mon mantra :

Ne jamais offrir de cadeau à une femme dans une petite boîte à moins que ce ne soit une bague de fiançailles.

Et surtout, ne jamais le faire si le cadeau en question est un tout petit cercle métallique qui peut être horriblement confondu avec une bague de fiançailles.

Oh, et aussi, ne jamais offrir ledit cadeau à la date anniversaire de vos un an de relation.





Je faisais passer un objet entre mes doigts, en avant et en arrière, comme certains le font avec une pièce ; pour ma part, il s’agissait du petit anneau qui m’avait mis dans ce pétrin. Je l’avais appelé la Bague Wilde, mais c’était techniquement un anneau de constriction. Raison pour laquelle mes frères l’avaient évidemment surnommé « anneau pénien ».

Ce n’était pas un anneau pénien.

J’étais en train d’effectuer le voyage de treize heures séparant Dallas de Cork, en Irlande, quand je compris que je n’aurais pas la chance de trouver le sommeil sur ce vol. Au moins, ma compagnie était assez importante pour pouvoir m’offrir un siège en première classe convenant à mes longues jambes. Mes jambes qui s’étendaient sur des kilomètres, d’après ma copine.

Rectification. Mon ex-copine.

Le soupir que je poussai fut suffisamment bruyant pour déranger la vieille dame assise à mes côtés. D’accord, peut-être aussi le fait que c’était loin d’être mon premier soupir désabusé. Je m’en voulais de m’être fait avoir par la promesse d’un poste de cadre qu’on m’avait fait miroiter. Je n’aurais pas dû mêler travail et plaisir en m’engageant dans la compagnie de son père.

Je soupirai à nouveau.

— Quelque chose vous tourmente, beau gosse ? demanda la femme. En parler pourrait vous aider. …»

Puisque mon cerveau était toujours en train de scander "On s'en fiche qu'il ait un pénis", sa question sur les saucisses prit au dépourvu. En outre, mon esprit décida de me rappeler pile à ce moment-là les mots de la petite vieille dans l'avion. Tacos VS saucisses.

- Je suis l'aîné d'une famille de dix enfants, madame. Ma vie déborde déjà de personnages intéressants.

- Otto, d'après ce que je vois, Walker et toi êtes comme les insectes qui tournent l'été autour des lumières de la terrasse. Même si vous saviez que ce n'est pas bon pour vous, vous voleriez quand même dangereusement près de cette lumière encore et encore.

Il s'écarta si vivement de moi que je faillit tomber à la renverse. Il remit son jean, chercha sa chemise à tâtons, puis il prit son visage entre ses mains et lâcha un sanglot si déchirant que je crus me briser une bonne fois pour toutes. Ce bruit, je ne l'avais entendu que quand j'annonçais la mort de quelqu'un.

Chapitre 3 :
Walker
«… je levai la tête, m’attendant à découvrir l’air béat du seul homme que j’avais aimé.
Il avait cependant blêmi et fronçait les sourcils, perdu et sous le choc. Je suivis son regard.
Là brillait mon alliance en or dans toute sa gloire.
Je cillai en me rendant compte qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il se passait.
— Attends, lançai-je. Attends, Otto. Laisse-moi t’expliquer.
— Tu es marié ou pas ?
Ses yeux me suppliaient de nier.
— Oui ou non.
Je ne pouvais pas.
— Oui. Mais…
— Êtes-vous séparés ?
— Non, mais Otto, écoute. Si tu veux bien…
Il s’écarta si vivement de moi qu’il faillit tomber à la renverse. Il remit son jean, chercha sa chemise à tâtons, puis il prit son visage entre ses mains et lâcha un sanglot si déchirant que je crus me briser une bonne fois pour toutes. Ce bruit, je ne l’avais entendu que quand j’annonçais la mort de quelqu’un.
— Reviens me voir quand tu ne seras plus marié, Seth, dit-il d’une voix éteinte. D’ici là, reste loin de moi.
Je me rendis compte bien après son départ que je pleurais, moi aussi. À genoux à moitié nu dans l’écurie, je regrettai le jour où j’avais rencontré Jolie Prichard.
Ma femme. … »

Chapitre 2 :
Otto
«… Je ne savais pas ce que je deviendrais si je me confiais à lui et qu’il me rejetait à nouveau.
— Je… Je…, balbutiai-je. Je…
Il secoua la tête.
— Oh, non. Hors de question. On ne va pas commencer avec ça. Viens là, bordel.
En deux enjambées, je l’avais rejoint et je m’accrochais à lui comme si ma vie en dépendait. Je perçus les tremblements agitant son corps et le mien. Nos sangs chantaient à l’unisson d’être enfin réunis.
— Bon sang, Walker, soufflai-je contre ses cheveux. Que c’est bon de te revoir.
— Tu m’as tellement manqué. Je ne sais pas si je dois te tirer dessus ou te baiser, grogna-t-il.
Mon sexe durcit instantanément alors que ce grondement résonnait jusque dans mes testicules.
— J’ai mon mot à dire ?
Walker se jeta sur moi avant même que j’aie fini ma phrase. Après ça, ce fut une frénésie de lèvres, langues, dents et mains.
Partout … »

Je me mis à trembler, sauf que je refusais de perdre mes moyens devant le genre d'hommes qui ignorait sans doute ce que signifiait de perdre ses moyens.
_ C'est très présomptueux de ta part d'aller chez moi récupérer Pippa, non ? demandai-je sur la défensive.
_ Oui, je m'en rends compte. Je vais être honnête avec toi : je l'ai fait par pur égoïsme, parce que je ne voulais pas te réveiller. Je savais que tu avais besoin de sommeil, mais ce n'est pas pour cette raison. Je voulais que tu restes blotti dans mon lit à attendre mon retour. Je voulais... Je veux que tu sois toujours dans mes bras demain matin, à mon réveil. Je ne suis pas prêt à te laisser partir, Nico.

Aimais-je Pippa ? C'était impossible. Elle n'étais qu'un petit bout de pas grand-chose. Sept kilo de lait et de caca, avec le don de me faire saigner les oreilles en un instant. De l'amour ? Sûrement pas.

Chapitre 5 :
Lio
«… Il provenait de la porte menant au Salon d’État, et nul besoin de me demander qui l’avait ouverte : un homme se tenait à l’entrée de la pièce et observait avec admiration les boules en verre.
Il était élancé et jeune, le milieu de la vingtaine tout au plus, avait des noirs, des lunettes rondes à écailles, et était mignon comme tout. J’ignorais qui il était, mais il était clairement fasciné par les verreries de Gadleigh mises en valeur par la pièce. Sa soudaine inspiration, la rougeur sur ses joues et la main qu’il porta lentement à ses lèvres firent battre mon cœur plus vite et m’empêchèrent de lui signaler ma présence.
Je voulais l’observer encore un peu avant qu’il ne réalise qu’il n’était pas seul...»

Chapitre 4 :
Félix
«… À peine rentré dans la bibliothèque, je compris.
Des centaines de boules en verre colorées pendaient du plafond. Elles tournoyaient lentement dans les rayons du soleil couchant rélévés par les fenêtres en cristal. Quel genre de pièce secrète pouvait avoir des fenêtres donnant sur l’extérieur ? Et comment avais-je pu la rater en me baladant dans les jardins autour du château ? Ces fenêtres avaient la particularité d’être rondes et entourées d’un châssis en bois sculpté.
Cette pièce était magnifique. Un joyau de tanière agrémentée de verre ondulant de toutes les couleurs imaginables. Je pris une grande inspiration et admirai les œuvres d’art que je n’aurais jamais pensé trouver un jour.
Ce fut en remarquant le feu de cheminée que je me rendis compte que je n’étais pas seul ...»

Chapitre 2 :

West

«… Hon me serra la main puis s’approcha de Goldie pour caresser Pippa.

— Weston Wilde, Goldie Banks, je vous présente Nico Salerno, déclara-t-il d’un ton absent sans cesser de cajoler le bébé.

Mon ventre se noua, mes oreilles bourdonnèrent, et toutes les pièces du puzzle s’alignèrent dans ma tête.

— Le frère d’Adriana, poursuivit Hon. Il est là pour la garde de Pippa.

Je m’en décrochai la mâchoire et dévisageai l’autre homme. Il semblait n’avoir même pas vingt-cinq ans, et il était si raide qu’une brise un peu forte pouvait le faire tomber. Il était le choix le plus improbable en matière de père pour Pippa. C’était donc lui le frère d’Adriana, disparu depuis si longtemps ? Ce punk bon à rien qui, meurtri dans ses précieux petits sentiments, avait pris la fuite enfant ?

— Mon cul, oui, grognai-je en récupérant Pippa des bras de Goldie pour la serrer contre moi.

Hon écarquilla les yeux, stupéfait, et le type aux cheveux violets – Nico – l’imita. Ma réaction les avait laissés, ainsi que Goldie, sans voix. En général, j’étais un citoyen modèle, pourvu de bonnes manières, un médecin amical. Pas cette fois-ci, cependant. Pas le jour où j’affrontais l’enterrement de mon amie et la prise de conscience horrible que Pippa devrait grandir sans elle.

Il était absolument hors de question que je laisse cet inconnu prendre la fille d’Adriana. S’il la voulait, il devrait me passer sur le corps.

Et ce petit emo n’avait aucune idée de ce dont j’étais capable quand j’avais le cœur brisé... »