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Citations de Ludovic Rosmorduc (38)


À l’époque, il s𠆞stimait pourtant courageux de saisir ainsi l’opportunité d𠆚ller étudier à Paris, alors que tout le retenait à Carcassonne. Sans doute l𠆚vait-il été, mais par la suite… Tel un homme envoûté par une maîtresse trop accaparante, il s’était laissé griser par le charme du savoir au point de se croire investi d’une mission quasi divine. Comme si l’humanité n𠆚ttendait que lui, Théodore d’Havricourt, pour se faire expliquer les mystères du Monde ! Quel orgueil. Quelle naïveté. Comment avait-il pu se prétendre capable d𠆚ppréhender l𠆞nsemble des rouages secrets de l’univers alors qu’il n𠆞ntendait rien aux plus communs des rapports humains ?

Chapitre XXIV
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(...) il voyait les remparts de Carcassonne s’éloigner peu à peu et, insensiblement, son soulagement se mua en une profonde mélancolie. La mélancolie de celui qui tourne irrémédiablement le dos à son passé. Il laissait derrière lui son incroyable collection de livres, dont certains n𠆚vaient pas de prix, tant d’un point de vue purement financier que sur le plan de la portée intellectuelle, mais qui, surtout, représentait quarante années de recherches, de voyages et de rencontres. Il tournait aussi le dos à ses propres travaux : une série de vélins fiévreusement noircis jour après jour, initiant l’impossible synthèse du savoir des hommes, si chère à son cœur.

Chapitre XX
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« Il fit donc les cent pas, arpentant de long en large le mur du chevet tout en se demandant quel ouvrage essentiel manquait encore à sa collection. Difficile à dire ; sinon impossible, car il existait indubitablement des textes exceptionnels dont il ne soupçonnait même pas l’existence. En revanche, s’il avait eu à citer un nom, nul doute que ce fut celui de Pierre Abélard, théologien, philosophe et compositeur reconnu. C’était toutefois la facette du dialecticien que Théodore admirait le plus chez ce penseur remarquable, auteur d’une phrase qu’il aimait à se répéter chaque jour tant elle le confortait dans la poursuite de ses travaux : « En doutant, nous nous mettons en recherche, et en cherchant nous trouvons la vérité. » Hélas, il était peu probable que le livre d’un homme qui, par deux fois, fut condamné pour hérésie trouvât sa place dans le scriptorium au moment même où l’Église menait la croisade contre les albigeois. »

Chapitre III
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« Telle était la chimère que Théodore poursuivait depuis lors en solitaire et qui, à la manière de la sirène tant redoutée des marins, n’avait eu de cesse de l’envoûter, l’entraînant toujours plus profondément à l’intérieur d’un labyrinthe dont il craignait que la sortie ne fût qu’un mirage et dont il aurait été même incapable de retrouver l’entrée. Aujourd’hui, à l’âge fort respectable de soixante et un ans, il ne se faisait plus guère d’illusions, mais n’envisageait pas pour autant le renoncement. Abandonner aurait été comme souffler la flamme qui l’avait maintenu en vie  »

Chapitre III
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« Chaque jour, dans tous les domaines, l’entendement progressait, s’étendait, tant et si bien que le jeune étudiant comprit intuitivement qu’il était peut-être l’un des derniers hommes à pouvoir relever pareil défi. Ne nous y trompons pas, l’orgueil n’était pas sa source de motivation. C’était plutôt l’amour. L’amour de la vie, de la magie du Monde qu’il souhaitait comprendre en profondeur ; et pour cela il lui fallait pouvoir l’embrasser dans son ensemble, car l’observer par le prisme d’une unique spécialité, si docte fût-elle, révélerait une image déformée. »

Chapitre III
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« Théodore, dernier descendant d’une longue et riche lignée d’apothicaires, avait réussi l’incroyable tour de force d’engloutir la fortune familiale dans une collection d’ouvrages hors du commun. De la cave aux combles, il ne se trouvait point de pièce dont l’un des murs ne disparût pas derrière un enchevêtrement de rayonnages ployant sous leur fardeau. Les livres jonchaient même le sol en une anarchique succession d’empilements, qui s’interrompait par endroits pour permettre le passage, à la manière des eaux s’ouvrant devant Moïse. Un bon millier de manuscrits s’entassaient donc pêle-mêle, et il eût été impossible à quiconque d’en retrouver un seul sans se référer au Grand Cahier, sorte de codex d’apothicaire dans lequel Théodore consignait toute nouvelle acquisition. Car derrière le chaos apparent régnait un ordre certes très personnel, mais qui n’en était pas moins rigoureux. Chaque pièce de la demeure n’abritait que des recueils traitant d’un même thème – ainsi par exemple, tout ce qui concernait la théologie se trouvait sous les combles, tandis que les ouvrages de médecine étaient consignés au rez-de-chaussée – et le mur de chaque pièce permettait une subdivision supplémentaire. Quant aux livres restant à terre, il s’agissait pour la plupart d’écrits inclassables ou, il fallait bien le reconnaître, en attente d’agencement. Depuis bientôt quarante ans, Théodore achetait donc et lisait, poursuivant inlassablement une chimère tout aussi insaisissable que la pierre philosophale des alchimistes ou le Saint-Graal des chrétiens. Peut-être même davantage encore, puisque cette chimère était insaisissable jusque dans sa nature même. Elle se réduisait à un vague idéal ayant naguère jailli dans le cerveau d’un jeune étudiant parisien empli d’exaltation. »

Chapitre III
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« Pourtant, si une demeure carcassonnaise eût nécessité de la clarté, c’était bien celle de Théodore d’Havricourt. Son propriétaire ne vivait en effet que pour la lecture… ou plutôt pour le savoir, aurait-il volontiers corrigé. Ainsi donc, ses plus fidèles compagnes étaient-elles les chandelles à la lueur desquelles il tournait sans relâche des feuilles enluminées par d’assidus copistes, et qui toutes à ses yeux avaient davantage de valeur qu’une toile de maître. »

Chapitre III
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« Elle se souvenait pourtant avec une étonnante acuité de cet été-là ; radieux, comme tous ceux qui avaient précédé. À l’image de sa vie d’alors. Celle d’une fillette issue de la noblesse locale, joyeuse et insouciante. À la réflexion, plus encore que l’amour ou l’argent, l’insouciance lui semblait être la clef du bonheur ; la seule armure capable de le préserver. Car le bonheur est fragile, instable et provisoire ; il n’y a qu’un jeune enfant épargné par la vie pour ignorer cela. Jehanne l’apprit à ses dépens en ce mois de juillet 1209 tandis qu’elle cueillait des fleurs dans le jardin familial. Le souvenir du parfum des coquelicots et des marguerites, qu’elle tenait alors serrés contre sa poitrine, était toujours tenace. Il lui suffisait de fermer les yeux et aussitôt les senteurs florales surgissaient du passé, l’apaisant quelques instants. Pour quelques instants seulement, car peu après, les effluves âcres des fumées avaient tout englouti. Le bruit des sabots avait couvert le chant des oiseaux… puis tout ne fut plus que fureur. »

Chapitre II
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Tour à tour mercenaire au service du plus offrant, détrousseur de bourgeois trop fortunés ou chasseur de primes inlassable, Alastar n'avait de cesse de parcourir le monde, brûlant son existence par les deux bouts, vivant chaque journée avec intensité, comme si elle devait être la dernière. Ni pauvre ni riche, il s'arrangeait toujours pour ne manquer de rien, mais n'avait cependant jamais un sou vaillant en poche, dilapidant son argent dans l'alcool, les femmes et le jeu.
Un homme tel que lui ne pouvait pas laisser passer l'occasion de s'infiltrer dans le vaisseau de l'un des forbans les plus fameux de tous les temps : Lothaire le Lapidaire.
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Bienheureux les gens de ces lieux,
Où repose la Sainte de Dieu.
Par elle, Il fait don merveilleux.
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Aucune note ne serait assez douce, aucun instrument assez délicat, aucune couleur assez tendre, pour rendre compte de sa beauté.
A cet instant précis, Théodore n'aurait pas hésité à sacrifier toute sa collection de livre pour avoir, ne serait-ce qu'une heure durant, dix-sept ans.
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Je ne crois pas au hasard.Le hasard n'est bien souvent qu'une nécessité que nous ne comprenons pas.
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La préciosité de la vie résidait précisément dans sa finitude.Sans la mort, elle serait galvaudée.
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Toutes les superstitions et tous les dogmatismes puisent précisément leur force dans le terreau de la peur de l'inconnu.Voilà pourquoi les religions sont si puissantes !
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...notre connaissance n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan de notre ignorance.
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Ainsi va la vie : tout se construit, bouge, se dégrade, meurt et renaît.
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De la cave aux combles, il ne se trouvait point de pièce dont l'un des murs ne disparût pas derrière un enchevêtrement de rayonnages ployant sous leur fardeau.Les livres jonchaient même le sol en une anarchique succession d'empilements, qui s'interrompait par endroits pour permettre le passage, à la manière des eaux s'ouvrant devant Moïse.
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Comme si, inconsciemment, il parvenait à capter dans l'air un flux de signaux invisibles et immatériels.
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