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Citations de Ludovic Rosmorduc (38)


[Gérard de Crémone] disait : " Il faut qu'un bon traducteur, outre une excellente connaissance de la langue qu'il traduit et de celle en laquelle il s'exprime, possède le savoir de la discipline concernée."
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Le grand Euclide, prince des géomètres, le disait avec justesse : ce qui est affirmé sans preuve peut être nié sans preuve. Je crois, pour en revenir à notre exemple, continua-t-i en levant les yeux vers la voûte céleste, que ce que nous voyons ne représente qu'une infime fraction de ce que nous ne voyons pas, tout comme notre connaissance n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan de notre ignorance.
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(...) il craignait tant de mourir seul qu’il s’était accroché à elle avec l’espoir qu’elle serait près de lui pour l’accompagner lors de ses derniers instants. En définitive, si quelqu’un était à blâmer, c’était bien lui, qui n’était mû que par l’égoïsme.

Chapitre XXX
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À l’époque, il s𠆞stimait pourtant courageux de saisir ainsi l’opportunité d𠆚ller étudier à Paris, alors que tout le retenait à Carcassonne. Sans doute l𠆚vait-il été, mais par la suite… Tel un homme envoûté par une maîtresse trop accaparante, il s’était laissé griser par le charme du savoir au point de se croire investi d’une mission quasi divine. Comme si l’humanité n𠆚ttendait que lui, Théodore d’Havricourt, pour se faire expliquer les mystères du Monde ! Quel orgueil. Quelle naïveté. Comment avait-il pu se prétendre capable d𠆚ppréhender l𠆞nsemble des rouages secrets de l’univers alors qu’il n𠆞ntendait rien aux plus communs des rapports humains ?

Chapitre XXIV
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Ce qu’il ignorait et qu’il avait escompté trouver dans la bibliothèque, c’était un indice lui permettant de localiser l’objet de sa quête, car longs et nombreux étaient ces saints sentiers, et innombrables les reliques qui les bordaient. Il ignorait aussi la nature exacte de ce qu’il cherchait. Il savait seulement qu’il s𠆚gissait d’une chose plus sacrée encore que la sainte Croix, le saint suaire ou le Saint-Graal. Inimaginable !

Chapitre XXI
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(...) il voyait les remparts de Carcassonne s’éloigner peu à peu et, insensiblement, son soulagement se mua en une profonde mélancolie. La mélancolie de celui qui tourne irrémédiablement le dos à son passé. Il laissait derrière lui son incroyable collection de livres, dont certains n𠆚vaient pas de prix, tant d’un point de vue purement financier que sur le plan de la portée intellectuelle, mais qui, surtout, représentait quarante années de recherches, de voyages et de rencontres. Il tournait aussi le dos à ses propres travaux : une série de vélins fiévreusement noircis jour après jour, initiant l’impossible synthèse du savoir des hommes, si chère à son cœur.

Chapitre XX
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« Je crois, pour en revenir à notre exemple, continua-t-il en levant les yeux vers la voûte céleste, que ce que nous voyons ne représente qu’une infime fraction de ce que nous ne voyons pas, tout comme notre connaissance n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de notre ignorance. Si les cieux sont infinis, pourquoi la Terre en serait-elle le centre ? »

Chapitre XIV
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« À seize ans, elle était devenue une jeune femme d’une grande vénusté. Ses yeux clairs, profonds et mélancoliques, exprimaient une gravité inhabituelle pour une personne de son âge, et contrastaient avec son visage mutin, ajoutant une dimension mystérieuse à son évidente beauté. Nombreux étaient les Narbonnais à succomber à son charme, et il en fut bientôt un pour la demander en mariage. »

Chapitre IX
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« Il fit donc les cent pas, arpentant de long en large le mur du chevet tout en se demandant quel ouvrage essentiel manquait encore à sa collection. Difficile à dire ; sinon impossible, car il existait indubitablement des textes exceptionnels dont il ne soupçonnait même pas l’existence. En revanche, s’il avait eu à citer un nom, nul doute que ce fut celui de Pierre Abélard, théologien, philosophe et compositeur reconnu. C’était toutefois la facette du dialecticien que Théodore admirait le plus chez ce penseur remarquable, auteur d’une phrase qu’il aimait à se répéter chaque jour tant elle le confortait dans la poursuite de ses travaux : « En doutant, nous nous mettons en recherche, et en cherchant nous trouvons la vérité. » Hélas, il était peu probable que le livre d’un homme qui, par deux fois, fut condamné pour hérésie trouvât sa place dans le scriptorium au moment même où l’Église menait la croisade contre les albigeois. »

Chapitre III
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« Telle était la chimère que Théodore poursuivait depuis lors en solitaire et qui, à la manière de la sirène tant redoutée des marins, n’avait eu de cesse de l’envoûter, l’entraînant toujours plus profondément à l’intérieur d’un labyrinthe dont il craignait que la sortie ne fût qu’un mirage et dont il aurait été même incapable de retrouver l’entrée. Aujourd’hui, à l’âge fort respectable de soixante et un ans, il ne se faisait plus guère d’illusions, mais n’envisageait pas pour autant le renoncement. Abandonner aurait été comme souffler la flamme qui l’avait maintenu en vie  »

Chapitre III
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« Chaque jour, dans tous les domaines, l’entendement progressait, s’étendait, tant et si bien que le jeune étudiant comprit intuitivement qu’il était peut-être l’un des derniers hommes à pouvoir relever pareil défi. Ne nous y trompons pas, l’orgueil n’était pas sa source de motivation. C’était plutôt l’amour. L’amour de la vie, de la magie du Monde qu’il souhaitait comprendre en profondeur ; et pour cela il lui fallait pouvoir l’embrasser dans son ensemble, car l’observer par le prisme d’une unique spécialité, si docte fût-elle, révélerait une image déformée. »

Chapitre III
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« Théodore, dernier descendant d’une longue et riche lignée d’apothicaires, avait réussi l’incroyable tour de force d’engloutir la fortune familiale dans une collection d’ouvrages hors du commun. De la cave aux combles, il ne se trouvait point de pièce dont l’un des murs ne disparût pas derrière un enchevêtrement de rayonnages ployant sous leur fardeau. Les livres jonchaient même le sol en une anarchique succession d’empilements, qui s’interrompait par endroits pour permettre le passage, à la manière des eaux s’ouvrant devant Moïse. Un bon millier de manuscrits s’entassaient donc pêle-mêle, et il eût été impossible à quiconque d’en retrouver un seul sans se référer au Grand Cahier, sorte de codex d’apothicaire dans lequel Théodore consignait toute nouvelle acquisition. Car derrière le chaos apparent régnait un ordre certes très personnel, mais qui n’en était pas moins rigoureux. Chaque pièce de la demeure n’abritait que des recueils traitant d’un même thème – ainsi par exemple, tout ce qui concernait la théologie se trouvait sous les combles, tandis que les ouvrages de médecine étaient consignés au rez-de-chaussée – et le mur de chaque pièce permettait une subdivision supplémentaire. Quant aux livres restant à terre, il s’agissait pour la plupart d’écrits inclassables ou, il fallait bien le reconnaître, en attente d’agencement. Depuis bientôt quarante ans, Théodore achetait donc et lisait, poursuivant inlassablement une chimère tout aussi insaisissable que la pierre philosophale des alchimistes ou le Saint-Graal des chrétiens. Peut-être même davantage encore, puisque cette chimère était insaisissable jusque dans sa nature même. Elle se réduisait à un vague idéal ayant naguère jailli dans le cerveau d’un jeune étudiant parisien empli d’exaltation. »

Chapitre III
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« Pourtant, si une demeure carcassonnaise eût nécessité de la clarté, c’était bien celle de Théodore d’Havricourt. Son propriétaire ne vivait en effet que pour la lecture… ou plutôt pour le savoir, aurait-il volontiers corrigé. Ainsi donc, ses plus fidèles compagnes étaient-elles les chandelles à la lueur desquelles il tournait sans relâche des feuilles enluminées par d’assidus copistes, et qui toutes à ses yeux avaient davantage de valeur qu’une toile de maître. »

Chapitre III
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« Depuis sept ans l’horizon se réduisait à un amoncellement de nuages noirs, comme si le soleil refusait obstinément de briller pour elle. »

Chapitre II
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« Elle se souvenait pourtant avec une étonnante acuité de cet été-là ; radieux, comme tous ceux qui avaient précédé. À l’image de sa vie d’alors. Celle d’une fillette issue de la noblesse locale, joyeuse et insouciante. À la réflexion, plus encore que l’amour ou l’argent, l’insouciance lui semblait être la clef du bonheur ; la seule armure capable de le préserver. Car le bonheur est fragile, instable et provisoire ; il n’y a qu’un jeune enfant épargné par la vie pour ignorer cela. Jehanne l’apprit à ses dépens en ce mois de juillet 1209 tandis qu’elle cueillait des fleurs dans le jardin familial. Le souvenir du parfum des coquelicots et des marguerites, qu’elle tenait alors serrés contre sa poitrine, était toujours tenace. Il lui suffisait de fermer les yeux et aussitôt les senteurs florales surgissaient du passé, l’apaisant quelques instants. Pour quelques instants seulement, car peu après, les effluves âcres des fumées avaient tout englouti. Le bruit des sabots avait couvert le chant des oiseaux… puis tout ne fut plus que fureur. »

Chapitre II
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La vie à bord était rude, il le savait, en revanche, il découvrait combien elle était solitaire, en dépit de la forte densité de marins au mètre carré. Chacun avait ses propres tâches et il songea alors qu'il n'y avait pas pire isolement que celui que l'on éprouve au milieu des autres.
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Des fois, j'en fais des cauchemars : je me vois rentrer dans la classe de CM2, vieux comme un adulte. Tout le monde croit que je suis le maître, mais non, j'ai juste redoublé pour la vingt-cinquième fois...
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Tour à tour mercenaire au service du plus offrant, détrousseur de bourgeois trop fortunés ou chasseur de primes inlassable, Alastar n'avait de cesse de parcourir le monde, brûlant son existence par les deux bouts, vivant chaque journée avec intensité, comme si elle devait être la dernière. Ni pauvre ni riche, il s'arrangeait toujours pour ne manquer de rien, mais n'avait cependant jamais un sou vaillant en poche, dilapidant son argent dans l'alcool, les femmes et le jeu.
Un homme tel que lui ne pouvait pas laisser passer l'occasion de s'infiltrer dans le vaisseau de l'un des forbans les plus fameux de tous les temps : Lothaire le Lapidaire.
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Bienheureux les gens de ces lieux,
Où repose la Sainte de Dieu.
Par elle, Il fait don merveilleux.
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Cette embrassade symbolisait également celle qui lui avait cruellement fait défaut sept ans plus tôt lors du sac de Béziers. A travers ses adieux à Théodore, elle faisait, enfin, le deuil de son propre père.
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