leur grand-mère les oblige à revêtir leurs plus beaux habits et à arpenter le front de mer en saluant les passants. Surtout les familles qui ont des fils.
l suffisait à un homme d’avoir un papier signé par un généraliste pour faire interner sa femme ou sa fille dans un asile d’aliénés (…) Un bonhomme pouvait se débarrasser d’une fille indocile.
Nous ne sommes que des vaisseaux par lesquels circulent des identités. On nous transmets des traits, des gestes, des habitudes et nous les transmettons à notre tour. Rien ne nous appartient en propre. Nous venons au monde en tant qu'anagrammes de nos ancêtres.
Mais chaque fois que nous allions quelque part, une partie de tennis, un thé, un bal, elle faisait toujours quelque chose d'étrange, d'inattendu. Taper sur le piano, parler au chien pendant tout le temps, une fois, grimper à un arbre et rester là à regarder dans le vague et à tortiller ses cheveux rebelles.
Certaines personnes, j'en suis certaine, ont cessé de nous inviter à cause de son comportement. Et je dois dire que j'en ai été très affectée. Maman m'a donné raison.
Quand je pense que tu dois souffrir à cause d'elle, alors que tu te conduis de la manière la plus parfaite qui soit. Ce n'est pas juste. p.138
Nous ne sommes que des vaisseaux par lesquels circulent des identités, songe Esme : on nous transmet des traits, des gestes, des habitudes, et nous les transmettons à notre tour. Rien ne nous appartient en propre.
Nous venons au monde en tant qu'anagrammes de nos ancêtres. p.119
Je n'avais jamais imaginé qu'on puisse penser à quelqu'un tout le temps, qu'on puisse avoir constamment quelqu'un en train de faire des bonds d'acrobate dans vos pensées. Tout le reste était une distraction mal venue entre moi et ce à quoi je voulais songer.
Qu'est-on censé faire de tout l'amour qu'on éprouve pour quelqu'un s'il n'est plus là Qu'advient-il de tout cet amour ? Doit-on le refouler ? L'ignorer ? Ou le donner à quelqu'un d'autre ?
Je n'arrive pas encore à croire que tu sois parti. Avant, quand je me réveillais, je me demandais l'espace d'une seconde pourquoi j'avais ce poids de chagrin qui m'écrasait la poitrine et pourquoi mon oreiller était mouillé. J'oubliais parce que c'était trop absurde d'être sans toi. Trop absurde.
Mais tu es vraiment mort. Et sans aucune raison.