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Citations de Maggie O’Farrell (499)


Lucrèce s’installe à la longue table de diner, une table au plateau lisse et miroitant comme de l'eau, recouverte de plats, de coupes retournées, d'une couronne de sapin tressée. Son époux est assis, non à sa place habituelle, à l'extrémité opposée, mais à côté d'elle, assez près pour qu'elle puisse poser sa tête sur son épaule si l'envie lui prenait ; il déplie sa serviette, rajuste la position de son couteau, rapproche d'eux la chandelle quand vient à Lucrèce, avec une évidence soudaine – comme si un fragment de verre coloré, devant ses yeux, avait été placé ou peut-être retiré –, la certitude que son époux projette de la tuer. (p. 13)
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Lucrèce [Médicis] réfléchit à ce conseil prodigué par ce père désormais mort : sentiments, action nécessaire. Les deux, voudrait-elle demander, ne peuvent-ils pas coexister ? Une action nécessaire ne peut-elle donc jamais être dictée par une émotion ? 
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Perdre votre sang-froid, c’est perdre la bataille. 
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Toujours avant de partir, il se penche vers elle et dépose un baiser léger sur sa tempe. La première fois, ce geste l'a tant surprise que Lucrèce en a grimacé, à failli bondir du matelas ; mais désormais, elle sait l'anticiper, et attend même avec hâte que ce baiser arrive. Personne, lui semble-t-il, ne l'a embrassée avant d'aller dormir. Elle aime poser sa main à cet endroit, une fois qu'Alfonso est parti, comme pour garder ce baiser ici, pour l'empêcher de s'envoler dans l'air, tel du pollen.
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Elle ne revit jamais la Salle des Lions.
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Les saignements reviendront chaque mois, comme la pleine lune. Toutes les femmes les connaissent. Même Maman ? avait demandé Lucrèce, stupéfaite, incapable de croire que sa si sereine et si coquette mère pouvait, elle aussi, se retrouver dans un tel état. Sofia avait hoché la tête. Même votre maman, avait-elle dit.
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Lucrèce, parfois, se sentait remplie, saturée de mots, de visages, de noms, de voix, de conversations, des palpitations douloureuses retentissaient dans sa tête et le poids de toutes ces choses finissait par lui faire perdre pied et, titubant, elle se cognait dans les tables et dans les chaises. Sofia l'emmenait alors se coucher, tirait les rideaux et lui donnait à boire une tisane, puis Lucrèce dormait. Quand elle se réveillait, elle avait l'impression que sa tête était comme un placard qu'on aurait rangé : toujours remplie, mais mieux ordonnée.
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La certitude selon laquelle il nourrit le projet de la voir mourir est comme une présence à côté d'elle, un oiseau de proie au plumage sombre posé sur le bras de sa chaise.
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Lucrèce observe le portrait ; elle le regarde fixement ; elle ne peut en détacher ses yeux. Il est à la fois un étalage brûlant et quelque chose de profondément intime. Il affiche son corps, son visage, ses mains, la masse de ses cheveux autrefois longs qui ondulent de part et d’autre de sa robe, dont les motifs géométriques dégagent une sorte d’indifférence insolente ; mais ce tableau met aussi au jour ce qu’elle cache au plus profond d’elle. Elle l’adore, le déteste ; elle est frappée d’admiration ; elle est choquée par sa justesse. Elle voudrait que le monde entier le voie; elle souhaiterait se ruer dessus et le recouvrir avec le drap.
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Lucrèce croit entendre la voix rauque d’Elisabetta dans le creux de son oreille : vous n’avez pas idée de quoi il est capable.
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Les suivantes balaient le sol, mettent de l'ordre dans les coffres, débarrassent la vaisselle, puis lui préparent sa décoction quotidienne; la journée tourne, se poursuit, se referme, comme toutes les autres, comme si de rien n'était.
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La duchesse est présente sur le tableau. Là, debout. Mais Lucrèce, elle, n'est pas nécessaire; Lucrèce peut s'en aller. Sa place est occupée; le portrait prendra son rôle dans la vie.
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Tous ces gens ne voient pas les serviteurs, ne les reconnaissent pas comme abritant, eux aussi, une raison, des émotions. Une bonne en robe de bure ne vaut pas mieux qu'une table ou qu'un chandelier sur un mur. Lucrèce a soudainement accès à la vie privée, cachée du château, à l'envers de la broderie, là où se trouvent tous les nœuds, toutes les trames et tous les secrets.
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Si Lucrèce veut survivre à ce mariage, ou s'y épanouir un tant soit peu, elle doit préserver cette part d'elle, la tenir éloignée de lui, séparée, sacrée. Elle l'entourera d'un buisson de ronces, d'une clôture haute, tel un château de conte; elle plantera devant des bêtes griffues, montrant les crocs. Cette part d'elle, Alfonso ne la connaîtra, ne la verra, ne l'atteindra jamais. Jamais il ne la pénétrera.
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Brusquement, elle comprend que quelque chose chez elle refuse de se plier, ne cèdera jamais. Elle n'y peut rien - elle est ainsi constituée. Et Alfonso, si vif d'esprit, si doué pour cerner les gens, l'a certainement senti.
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"Maman?" demande Lucrèce en se penchant pour attraper sa main et la tirer vers elle, comme si ce rapprochement pouvait effacer et réécrire tout ce qui s'est passé entre elles depuis sa naissance.
Il apparaît alors clairement à Lucrèce, cependant que le carrosse roule à travers la ville, en route pour son mariage, que le lien qui les unit est cassant et ténu, semé d'anomalies et de nœuds qu'elle ne comprendra jamais, car il en est ainsi depuis toujours.
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Lucrèce pourrait raconter tout cela à Alfonso et lui donner, ce faisant, les clés de certaines portes, de certains chemins cachés en elle. Mais elle ne le fera pas. Ne dira pas que sans ces moments passés avec le précepteur de dessin, qui perdurèrent jusqu'à son mariage, elle n'aurait sans doute jamais guéri, n'aurait sans doute pas survécu, et aurait très certainement sombré sous une invisible surface. Ces mots, Lucrèce les gardera cachés bien à l'abri au fond d'elle, là où personne ne pourra les voir, où personne ne pourra les regarder.
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Elle porte la cuillère du bol à sa bouche, et sa main tremble tant l'effort est grand pour lui dissimuler ce qu'elle pense. Car ici tout est question de dissimulation.
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Pendant un long instant, Lucrèce et la tigresse se regardèrent, la main de l'enfant sur le dos de la bête. Le temps s'arrêta et la Terre cessa de tourner. La vie de Lucrèce, son nom, sa famille et tout ce qui l'entourait s'évaporèrent, se muèrent en un vide. Il ne restait plus que son propre cœur et celui de la tigresse, battant entre leurs côtes, pompant le sang écarlate pour le réinjecter dans leurs veines inondées. Elle respirait à peine, elle ne cillait plus.
Puis, soudain, un cri, les hurlements de Maria, Papa, Papa, regardez, et le monde rejaillit.
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La tigresse l'avait remarquée: la tigresse était là, avec Lucrèce; et toutes les deux avaient quantité de choses à se dire. Lucrèce le savait, et la tigresse aussi.
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