Citations de Mahir Guven (152)
Les problèmes, c'est comme les cafards. Ils arrivent tous en même temps. Impossible à éradiquer. La seule solution, c'est de déménager.
L'exil a jamais été son truc. Il connaît l'histoire, la politique, l'économie de ce pays sur le bout des doigts, mais en vrai il comprend rien à la France. Il pense que c'est un pays parfait et que tout le monde est intelligent. Sauf que la connerie est la richesse la plus équitablement partagée au monde. Et Dieu n'a pas oublié la France.
Moi, je les respecte, les putes, depuis un livre que j'ai lu au lycée. J'ai oublié son nom, mais c'est un truc qui vous change la vie. J'ai mieux compris le monde après. Même les putes sont respectables, parce que c'est Dieu qui les a créées. Le type qui a écrit ce livre, c'est un ouf, un s'en bat lek. Rien que le gars était déjà célèbre comme écrivain, il avait gagné un grand prix, et il a sorti un livre sous un autre blaze que le sien. Ça parlait d'un orphelin élevé par une kahba.
Pas de colonne vertébrale : ni vraiment français, ni vraiment syriens, ni vraiment autochtones, ni vraiment immigrés, ni chrétiens, ni musulmans. Des métèques sans savoir pourquoi on l'est.
Le vieux a mis la religion de côté, il en a jamais parlé. C'était le monopole de ma grand-mère. Et encore, elle nous a appris seulement le minimum syndical pour pas froisser son fils. Pour marcher droit, il faut avoir la colonne vertébrale solide. Et à nous, il a manqué quelques vertèbres.
Il a lu dans mon regard mes doutes et mes angoisses : Syrie, Daech, État Islamique, Terroriste. Les mots de la peur. Plus besoin de les dire, ils étaient comme les abeilles dans l'air, on les sentaient voler et piquer sans les voir. Ils se posaient sur les cerveaux en fleurs pour taxer le pistil, faire du miel et repartir avec dans le désert.
Il avait tout niqué. Tout. Moi, j'avais vesqui la prison, en aménageant un peu ma conscience. Lui, il avait décroché le gros lot, un casier de terroriste en herbe, et il revenait m'en faire profiter.
Un vrai truc de babtous d'aller vivre dans un quartier de camés et de vous raconter qu'ils aiment la mixité.
À mesure que je recevais des innocents à l'hôpital et que je constatais les conséquences des bombardements américains, des obus de Bachar et des attaques russes, j'y voyais plus clair. Le monde aurait dû écrire "Je suis Syrie". Mais tout le monde s'en foutait parce qu'on était musulmans. Alors Paris, je me suis convaincu que c'etait une statistique et qu'il fallait pas que ça m'empêche de vivre.
Le problème avec Mehmet, c'est qu'on sait jamais s'il a inventé ou vraiment entendu. C'est comme les gens qui font des pets silencieux. Impossible de connaître l'origine, mais l'odeur signale que quelqu'un s'est détendu.
Les plus grands qui cassaient tout,puis nous les petits qui les imitions. Et demain, les petits d'aujourd'hui nous imiterons à leur tour. Une sorte de culture de la haess. On respecte rien, parce qu'on nous respecte pas. Quand tu deviens adulte, tu comprends, tu regrettes, t'es armé pour répondre avec des mots, et pas qu'avec des coups ou de la casse. Mais souvent, c'est trop tard.
Quand il s'énerve, son français se fracasse, les Français ne comprennent plus ce qu'il dit. Pour nous ça va, car ce francais-là, c'est notre langue maternelle. On a tout fait pour corriger, il faut pas chercher à comprendre la langue de l'immigré, elle s'intègre toujours moins bien que lui.