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Critiques de Maja Haderlap (10)
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L'ange de l'oubli

En Autriche, les montagnes de Carinthie abritent une communauté de paysans slovènes depuis la nuit des temps. Mais elles hébergent aussi depuis la seconde guerre mondiale des forêts peuplées de fantômes qui ont combattu le nazisme.

Car ici et nulle part ailleurs, ce sont les souvenirs douloureux qui sédimentent et laissent une empreinte indélébile dans les familles et les paysages. Il y a les fermes laissées à l'abandon après la déportation et la mort de leurs propriétaires, les traumatismes de la guerre, la forêt qui cachait les Partisans, ensemble conduisant toute une communauté ethnique à se souder autour de la mémoire des résistants ignorés voire méprisés par l'Histoire autrichienne.



Comment vit-on lorsqu'on est une fillette élevée sur le flanc de ces montagnes labourées par la tragédie, à l'ombre d'une histoire familiale dramatique ?

C'est ce que raconte la narratrice, vraisemblablement le double de l'auteure au regard de sa biographie. Avec une certaine distance, comme pour anesthésier un passé qui ne veut pas passer, Maja Haderlap raconte une fillette qui, privée des joies élémentaires des préambules de sa vie, grandit avec une mémoire saturée de vieilles histoires qu'elle ne comprend pas toujours et qui échappent à son langage.

La narratrice raconte sa tentative de se frayer un chemin solitaire entre un père qui a été martyrisé enfant par la gestapo, une grand-mère déportée et des voisins prisonniers de leur mémoire…Avec la conscience que les mots sauvent, elle "marche vers quelque chose qui se trouve vaguement vers l'avenir".



L'ange de l'oubli est un roman habité par le désenchantement, celui que peuvent ressentir ceux qui ont le sentiment d'être oubliés ou enfermés dans un monde étranger au sein même de leur propre pays. Poursuivre le dialogue avec les fantômes apparaît alors comme le meilleur moyen pour que leur histoire, leur culture ne s'éteignent pas.



On est sous le charme des particules de lyrisme et de poésie mais cette lecture m'a laissée dubitative. Malgré une constellation de vies douloureuses et une écriture qui exige le silence, l'émotion est quelque peu lointaine. Certainement parce que Maja Haderlap a construit un roman qui creuse un sentiment accablant d'immobilité et de désespoir : à l'image de la narratrice, le texte étouffe sous le poids des souvenirs et des blessures familiales. En mêlant ce qui est tout à la fois obscur, étranger et familier à une fillette, l’auteur nous délivre un texte plutôt confus voire chaotique. Entre des résurgences du passé et des constructions intellectuelles posées noir sur blanc, on ressort de cette lecture avec l’impression que l’auteure n’a pas su déterminer la nature de son récit. Il manque peut-être quelque chose qui ressemble à un élan ou des vibrations pour m'imprégner pleinement de ce récit trop désincarné à mon goût si ce texte est réellement à coloration autobiographique.





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L'ange de l'oubli

Prisonnière des atrocités de la 2ième guerre mondiale qui ont touché violemment sa famille, une petite fille porte en elle les douloureuses traces du passé.

Celui de la minorité slovène au coeur des montagnes de Carinthie en Autriche.

Entre une grand-mère qu'elle adore mais dont l'esprit est resté à Ravensbrück et un père très fragilisé par une enfance engloutie dans les forêts sombres où les arbres ont des veinures de sang, la petite fille cristalise en elle toutes les peurs dont elle parvient adulte à s'extraire par la littérature.



Son enfance à tout jamais fichée dans les blessures et les plaies de la guerre, la jeune fille a la force et le courage de s'émanciper de ce cercueil de souvenirs pour aller vers l'oubli, vers elle-même.



Devenir une femme qui s 'échappe de la chrysalide de douleur en composant un récit, un témoignage de reconnaissance à tous les disparus.



L'ange de l'oubli de Maja Haderlap est ce lent cheminement sombre, mais aussi une victoire contre tous les démons d'une enfance meurtrie qui apprivoisés et vaincus laissent place à la mémoire et à l'écriture d'une femme libre.



Je remercie infiniment Babelio et les éditions Métaillié pour la lecture de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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L'ange de l'oubli

Oppressant. C'est le qualificatif qui vient immédiatement à l l'esprit pour décrire le sentiment éprouvé à la lecture de la plus grande partie de L'ange de l'oubli de Maja Haderlap. Et même si l'étau se desserre quelque peu au fil des pages, l'impression stagne toujours comme une eau marécageuse. La petite fille qui évoque sa vie dans la Carinthie des années 70 doit affronter un lourd héritage. Sa grand-mère est rescapée du camp de Ravensbrück et son père a combattu, dès l'âge de 12 ans, dans les rangs des partisans. Des années plus tard, les stigmates de cette période sont encore bien présents, alimentés par les histoires tragiques racontés par les voisins et les membres de la communauté slovène, minoritaire dans cette province autrichienne et seule à avoir combattu, les armes à la main, l'occupation nazie. Entre sa grand-mère, un père dépressif et ne souhaitant que mourir alors que son épouse dépérit et angoisse faute d'avoir vécu dans sa chair ces évènements dramatiques, c'est une enfance marquée par la douleur et les souvenirs de ses aînés que vit cette fillette, comme un traumatisme qu'elle ne cessera de vouloir exorciser en grandissant. Entre fiction et récit historique, Maja Haderlap a composé un livre difficile et sombre, qui prend parfois les allures d'un manifeste lorsqu'elle décrit le déni d'un pays et sa méfiance vis à vis d'une partie de sa population qui a refusé la soumission. Le style de l'auteure est perturbant, sans émotion facile et avec une écriture parfois directe quand elle n'est pas imbibée d'une pointe de lyrisme noir. Maja Haderlap est poète avant d'être romancière et sa narration en témoigne. Mais Dieu que ce livre est harassant et embarrassant dans le sens où on aimerait l'apprécier davantage ne serait-ce que pour le devoir de mémoire.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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L'ange de l'oubli

Je remercie vivement les éditions Métailié et les organisateurs de "Masse critique" pour m'avoir permis cette lecture. Il me semble bien difficile d'en faire une critique, et j'ajoute que la 4ème de couverture est très bonne.

Je savais bien qu'il s'agissait d'un roman plutôt triste, en rapport avec la grande Histoire que je connais encore mal. Mais il m'a pratiquement été impossible de le lâcher. Il m'a bouleversée, touchée au plus profond, réveillant dans ma mémoire des souvenirs, des odeurs, des bruits, des sentiments contradictoires...

L'auteur s'exprime dans une langue poêtique sans occulter les réalités. Elle évoque des souvenirs d'enfance dans un milieu très éprouvé lors de la seconde guerre mondiale. Originaire de Carinthie, région située aux confins de l'Autriche et de la Slovénie où vit une minorité Slovène qui lutte aprement pour survivre et pour garder sa langue et sa culture, elle se souvient de son enfance. Une grand-mère, un père, des oncles et amis marqués par un passé douloureux. Dans leurs têtes et dans leurs corps ils gardent les stigmates des horreurs vécues pendant la résistance, les arrestations, les camps de concentration... ils tentent de les oublier. La grand-mère et le père de l'auteure peu à peu transmettent à leur fille, plus ou moins facilement, non seulement ce qu'ils savent ou ont vécu mais aussi leurs pensées. Marquée, la jeune fille n'aura de cesse de combler les vides de l'Histoire cachée, ces faits que personne n'évoque de peur de voir ressurgir les démons qui les ont ont fait souffrir. Etouffée par les secretss, dans une nature qui pourrait bien convenir au "Mur invisible" de Marlene Haushofer, elle lutte trouver sa voie, exister autrement que par les souvenirs du passé. "Je songe aussi qu'il est arrivé bien plus de choses que n'en peut supporter une enfance et qu'il est grand temps que je me transporte vers ce pour quoi je n'ai pas de notion toute prête" (p.82) Attirée par l'écriture elle trouvera dans cet art et dans le théâtre les moyens d'extérioriser son histoire de vivre sa vie de femme et d'artiste. Toujours, de retour au pays elle sera "portée par des sentiments d'appartenance et troublée par les contradictions politiques". La fin du roman est plutôt historique, et de ce fait un peu plus difficile à suivre. Une Postface de Ute Weinmann peut se révèler également très utile avant de commencer, pour ma part de l'ai découverte en cours de lecture. Un livre que je ne suis pas prète d'oublier.
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L'ange de l'oubli

Maja Haderlap est née en 1961 à Einsenkappel, en Autriche. Ecrivain, poète, dramaturge, elle écrit en allemand et en slovène. Elle vit dorénavant à Klagenfurt, capitale de la Carinthie. Son premier roman, L’Ange de la l’oubli a été récompensé par de nombreux prix littéraires. En commençant ce livre, je ne connaissais pas l’histoire de ce peuple slovène, minorité autrichienne, qui fut victime de terribles massacres pendant la guerre et fut accusé par le peuple autrichien de trahison (d’allégeance au communiste Tito, Chef de la Yougoslavie voisine). Les Slovènes sont présents, en Slovénie mais aussi, sous forme de minorités en Autriche (en Carinthie, au sud des Alpes) et en Hongrie.



carinthie



Maja grandit au milieu des forêts, les hommes sont bûcherons et éleveurs. Les familles sont toutes liées les unes aux autres. Maja dort avec sa grand-mère chérie. Celle qui lui apprend le secret des plantes, les noms des fleurs, les remèdes magiques et l’histoire du peuple Slovène. Mais la grand-mère ne peut s’empêcher de raconter à la petite fille l’horreur des camps. Déportée à Ravensbrück, elle a vu sa filleule, sa famille et ses amies mourir. Survivante, elle est rentrée au pays sans la moindre reconnaissance. On lui refuse son passé. On ne reconnaît pas ses blessures. Le peuple autrichien a nié toute allégeance à Hitler – se déclarant lui-même victime au même titre que leurs voisins polonais ou hongrois. Mais la grand-mère sait que c’est faux. Les autrichiens avaient accueilli favorablement le Fürher, lui-même de nationalité autrichienne. La minorité slovène, très pratiquante, rentre immédiatement dans la résistance. Les partisans s’organisent et partent se cacher dans les forêts. La forêt devient un lieu de survie mais également d’atrocités, de mort, de tortures. Les nazis viennent tuer des familles entières, brûler les fermes, déporter les femmes, frapper à mort les enfants. La résistance, les Partisans, s’affaiblit et enrôle de force des garçons de plus en plus jeunes. La guerre est sale. Les partisans volent ou menacent les fermiers pour se nourrir et subsister. Ils sont communistes, sauf le père de Maja qui refusera toute sa vie de croire aux pouvoirs politiques. La Yougoslavie communiste voisine, avec à la tête Tito, et capitale historique de la Carinthie place les slovènes autrichiens dans une situation délicate vis-à-vis de l’Autriche qui leur reproche cette proximité....



(...)



Ce roman a été une parenthèse dans mes vacances. La romancière décrit tout – les horreurs de la guerre, le père, alors âgé de douze voit sa mère arrêtée et lui-même sera sera pendu à trois reprises par les nazis…. Rien ne nous est épargné, mais la poétesse sait aussi redonner vie à la nature, aux hommes et guérir les maux par les mots. Ce roman est un formidable hommage à une minorité totalement oubliée, dont j’ignorais l’existence. Elle donne un visage à tous ces êtres meurtris profondément par la guerre à une époque où aucune aide psychologique n’existait, où les mot dépression et traumatisme n’existaient pas. On se pendait. On se noyait dans l’alcool. C’est un livre magnifiquement écrit qui dévoile une partie méconnue de l’Histoire. Un roman passionnant qui rend hommage à ce peuple sylvestre aux contes et légendes fascinants. Un peuple qui, caché dans les bois, m’est apparu parfois comme fantastique.



Il ne faut pas oublier l’histoire en parallèle de Maja, qui raconte son émancipation, mais aussi sa fuite puis son retour parmi les siens, et en filigrane rend un superbe hommage à son père, un homme d’une extrême violence car blessé à jamais.



Une histoire déchirante, très émouvante mais où le lyrisme des mots de Maja Haderlap donne une voix à la nature, à cette forêt et un peuple oublié, le sien.



(...) suite et fin sur mon blog ! Un coup de coeur littéraire pour une grande poétesse.
Lien : http://www.tombeeduciel.com/..
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L'ange de l'oubli

Maja Haderlap raconte l'histoire d'une fillette et de sa famille slovène dans les montagnes de Carinthie au lendemain de la seconde guerre mondiale. Chacun porte les stigmates de cette guerre qui a laissé des traces inaltérables : la grand mère a connu les camps de concentration et le père était partisan et est désormais dépressif. Comment se construire dans cet univers construit sur des fondations branlantes?



"La guerre est un sournois pêcheur d'hommes. Elle a jeté son filet vers les adultes et le retient captifs avec ses débris de mort, son bric-à-brac de mémoire. Une seule petite imprudence, une brève baisse d'attention et elle resserre son filet. (...) Elle surgit inopinément dans les phrases dites à la va-vite, tapie dans l'obscurité elle attaque." p. 75



L'histoire de ces slolvènes et de leurs rapports difficiles avec l'Autriche durant la seconde guerre mondiale est peu connue, et pour cause, le silence a été fait sur leur histoire. La Carinthie est pourtant un des neuf Lander de l'Autriche actuelle à la frontière de l'Italie et de la Slovénie. C'est une région biculturelle marquée par une double culture allemande et slovène, et un des seuls bastions autrichiens qui a organisé une résistance anti-hitlérienne. Cela s'explique par un conflit de nationalités hérité du XIX ème siècle. Pourtant, l'histoire amenuise et distord l'image des partisans slovènes alors que cette résistance est un élément constitutif de l'identité de ce peuple. Il existe un "no man's land" entre l'histoire de l'Autriche telle qu'elle est proclamée et l'histoire effective. C'est ce gouffre dont souhaite témoigner l'auteur dans ce roman, à la recherche de sa propre identité :



"L'ange de l'oubli a dû oublier d'effacer de ma mémoire les traces du passé. Il m'a fait traverser une mer où flottaient vestiges et fragments. Il a fait s'entrechoquer mes phrases avec des ruines et des débris charriés par les eaux pour qu'elles se blessent, pour qu'elles s'affûtent. Il a définitivement chassé l'image de l'angelot accrochée au-dessus de mon lit. Je ne le verrai pas, cet ange. Il restera sans forme. Il disparaîtra dans les livres. Il sera un récit." p. 227



L'importance de la mémoire est primordiale pour cette écrivaine qui nous offre ici un témoignage poignant.



Pourquoi seulement deux coeurs : Si l'enfance de la narratrice est romancée et emporte son lecteur dans cet univers peu connu, par la suite, le récit s'émousse pour devenir témoignage, et l'intensité, l'émotion s'en ressentent.
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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L'ange de l'oubli

La vie d'une enfant devenue jeune femme dans la minorité slovène d'Autriche.

Un livre avec une écriture très poétique qui se transforme parfois en essai sur les heurts et malheurs de cette minorité slovène sans que l'attrait du livre en soit atteint le moins du monde.

Une vrai découverte.



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L'ange de l'oubli

J’ai reçu ce roman dans le cadre du Masse Critique de la rentrée. J’avais été attirée par le thème du livre car je suis sensible au devoir de mémoire. Même si j’ai de bonnes connaissances sur la seconde guerre mondiale, je n’avais jamais entendu parler de cette partie de l’histoire Autrichienne,et du calvaire de la minorité Slovène.

Ce roman, dur et pessimiste, nous délivre un témoignage réaliste sur les ravages de la guerre, le TSPT et la transmission intergénérationnelle. Bien que le récit ne soit pas autobiographique,on perçoit rapidement que l’écrivaine nous parle de son vécu, une telle confession ne s’invente pas.

Les descriptions sensorielles et imagées de certains affects et ressentis (tels que le deuil, l’angoisse, le désespoir, la résilience..) sont d’une justesse et d’une beauté incroyable.

Malgré la richesse de ce texte, j’ai trouvé le livre vraiment chaotique, l’auteur alterne de nombreuses anecdotes, l’action est en dents de scie, c’est parfois frustrant. Les anecdotes sont ponctuées de réflexions philosophiques dignes d’une thèse, ainsi que de passages descriptifs poétiques et merveilleusement bien écrits. Ce mélange donne lieu à un texte au style très particulier, personnellement je n’ai pas apprécié et j’ai lutté pour le terminer. J’aurai préféré que le livre soit davantage romancé ou, au contraire, qu’il adopte la forme d’un essai, ce mélange des genres m’a perdu.

Je n’aime pas qu’un texte abuse du pathos, mais la distance exprimée par l’auteur vis à vis des événements dessert le récit, on a dû mal à s’attacher aux personnages, j’ai ressenti plus d’effroi que d’empathie.

Un texte saisissant, sur les conséquences de la guerre et la transmission intergénérationnelle, qui sera cependant inaccessible pour de nombreux lecteurs.
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L'ange de l'oubli

Ce livre m'a permis de découvrir la minorité slovène de Carinthie, sa résistance active au nazisme, et ses difficultés qui persistèrent bien après la guerre. Le texte hésite entre fiction romanesque, largement teintée d'autobiographie est-on tenté de croire, documentaire historique sur la résistance de la minorité slovène, et un essai sur le douloureux travail de construction de la narratrice / auteure. Il y a, au milieu de ces événements sombres, quelques fulgurances de beauté et d'amour, comme le récit des derniers moments du père, ou les moments où la narratrice repense à sa grand-mère bien longtemps après sa mort.
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L'ange de l'oubli

Maja Haderlap a grandi en Carinthie, la province autrichienne la plus au sud, au sein de la minorité slovène. Pendant la guerre, les persécutions, les enrôlements dans la Wehrmacht font que toute cette population est plus ou moins directement liée avec les partisans. Ses grands-parents, ses parents alors adolescents, subissent et partagent la violence, la torture ou les camps.



Sur ces familles, au sein de paysages à la sauvagerie protectrice, pèse "le secret de la menace". La mort et le désespoir n'ont pas fini de réclamer leur dû : Maja Haderlap décrit son enfance, façonnée par le personnage tutélaire de sa grand-mère, bercée par les récits des différentes générations "assailli[e]s et empoisonné[e]s par leurs propres souvenirs", tragiquement malmenée par un père à jamais dévasté.



Puis son départ vers les études, au moment où justement son corps se fait entendre, l'amène à la découverte d'une autre culture, allemande, celle-là, et ainsi de la notion d'appartenance.



Les mots lui feront saisir les dimensions sociologiques, politiques et historiques de l'histoire de sa famille, et par ce premier roman qu'elle nous offre, à chasser l'Ange de l'oubli, dans la tradition des écrits peu à peu exhumés des femmes de sa famille.



J'ai adoré ce livre qui m'a appris un nouveau pan d'histoire. Je suis entrée avec émotion dans l'intimité de cette famille avec toutes ses complexités et ses souffrances, puis m'en suis éloignée pour y trouver un point de vue plus général, transgénérationnel et politique, dans une langue à la fois mélancolique et poétique. C'est aussi la révélation d'un paysage, d'un mode de vie paysan qui ne demandait qu'à s'impliquer gaiement et humblement dans le labeur traditionnel(j'ai pensé à MH Lafon dans la description du quotidien paysan), et à qui la tyrannie a imposé le choix du courage et des actes. C'est aussi un roman d'émancipation, laquelle passe par la découverte du monde, de l'autre et de l'usage des mots.
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