En écoutant un discours du Premier Ministre (E. Philippe ) sur les commémorations du débarquement de la seconde guerre mondiale, j’en suis venu à noter l’étrange défaite sur ma liste de livre à lire. J’y ai découvert un texte vibrant d’humanité, écrit par un homme à l’esprit puissant, doté d’une réflexion et d’un sens critique d’une justesse bluffante.
Ecrit en 1941, ce témoignage tente d’expliquer les raisons de la défaite française face aux armées d’Hitler. Procès verbal d’un patriote, ces pages sont bouleversantes dans leur analyse par l’exactitude de leur raisonnement. En effet March Bloc, par son expérience et les témoignages recueillis à su trouver les causes qui expliquent la défaite de l’armée française, ce qui sera d’ailleurs corroboré par des études historiques ultérieures.
La lecture de ce texte est également intéressante par le prisme qu’elle propose. En effet, je garde peu de souvenirs de livres historiques proposant une étude de cette période de notre pays, certes peu glorieuse mais ô combien importante pour éviter de la revivre.
Le texte est très bien écrit et certains passages invitent même à une réflexion plus profonde. Néanmoins, il convient de garder toute son attention pendant la lecture sous peine de perdre le fil de l’analyse de l’auteur.
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Pour comprendre les raisons de la seconde guerre mondiale, je crois que cette lecture est tout à fait utile. Ce n'est pas réjouissant, mais très instructif.
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Qu'il est bon de se plonger dans l'histoire de son pays.
Ce document écrit par Marc Bloch, juif français, résistant, mort pour la France, et historien, est une analyse pertinente et fine qui permet de comprendre la défaite française en 1940 face aux allemands. Les conclusions de Marc Bloch rejoignent plutôt celles de Charles de Gaulle. Sauf qu'ici Marc Bloch va plus loin avec une plus grande précision, ayant vécu la débâcle de l'intérieure, occupant des postes proches des décideurs.
Un document historique important donc, mais qui va au delà même du témoignage et de l'essai. Il est parsemé de réflexions concernant par exemple l'éducation et l'instruction (dont une analyse fine dans les Écrits clandestins, rejoignant la pensée de Victor Hugo) et d'auto critique (car un bon citoyen est avant tout un citoyen critique et non un suiveur qui obéit aveuglément, et ce n'est pas Marc Bloch qui dira le contraire).
Il est aussi ici question de l'amour pour son pays. L'auteur le répétera à plusieurs reprises, sans jamais cesser d'être critique, qu'il ne s'est jamais senti autre chose que français. Et c'est en tant que français qu'il est mort.
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Rédigé en 1940 après la défaite éclair de l’armée française, Marc Bloch, historien, vétéran de 14 qui disparaitra dans la Résistance, analyse les racines de la débâcle : bureaucratie militaire, intérêts bourgeois et pugilats politiques avaient sonné le glas avant le 1er coup de feu.
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Critique de Joël Chandelier pour le Magazine Littéraire
Ces Mélanges historiques de Marc Bloch, quarante-deux textes parus entre 1911 et 1945, retracent le parcours intellectuel de l'historien. Marc Bloch (1886-1944) est le saint patron de la science historique française. Tout y concourt. Il est le fondateur, avec Lucien Febvre, de l’une des écoles historiques les plus importantes du XXe siècle (l’École des Annales), et il a profondément renouvelé la manière de faire de l’histoire en portant son regard sur les évolutions socio-économiques longues et non plus seulement sur les événements politiques. Par son oeuvre, en premier lieu ses livres devenus des classiques, Les Rois thaumaturges (1924) et La Société féodale (1939), il n’a ainsi cessé depuis près d’un siècle d’inspirer les historiens. Enfin, homme engagé, il a participé à deux guerres mondiales sans renoncer à sa capacité d’analyse, et est mort en martyr sous les balles allemandes après une résistance active dans la clandestinité. C’est dire l’intérêt de la republication, par les éditions du CNRS, de ces Mélanges historiques qui réunissent la majorité des articles scientifiques publiés par l’auteur dans diverses revues pendant les trente années de son activité intellectuelle.
Rassemblés par Charles-Edmond Perrin et publiés pour la première fois en 1963, ces quarante-deux textes parus entre 1911 et 1945 permettent de retracer de manière privilégiée le parcours intellectuel du grand savant. Non pas, certes, comme on y est trop souvent poussé par une illusion rétrospective, pour y déceler une éventuelle unité, mais plutôt pour y lire l’exigence toujours renouvelée de recherche de la vérité, fût-ce au prix de retours en arrière et d’autocritique. Dès ses premières études sur le servage et l’Ile-de-France, on remarque à la fois l’extrême érudition et l’attention soutenue aux problématiques économiques et sociales ; mais on voit aussi l’historien mettre en oeuvre les préceptes de l’histoire-problème qu’il promeut, notamment dans ses articles majeurs sur la classe servile (« Liberté et servitude personnelles au Moyen Âge », 1933). Au fur et à mesure que la maturité vient, pointe un intérêt toujours plus vif pour les questions de méthode («Que demander à l’histoire», 1937), mais aussi une volonté de synthèse, qui annonce les grandes oeuvres de la fin de sa vie. Enfin, on note, tout au long de son parcours intellectuel, une attention jamais démentie pour le monde dans lequel il vit : de son article célèbre « Réflexions d’un historien sur les fausses nouvelles de la guerre » (1921), où il porte son regard de médiéviste sur le conflit qui vient de s’achever, à ses remarques inquiètes sur l’évolution de l’Allemagne dans ses conférences des années 1930, Marc Bloch allie avec bonheur travail historique et conscience citoyenne.
La réédition, qui n’est malheureusement pas exempte de quelques coquilles, conserve l’ordre choisi en 1963, c’est-à-dire un classement thématique des articles suggéré par Marc Bloch lui-même ; mais une attention précise aux textes montre que les mêmes thèmes sont traités selon des formes parfois très variées : certains articles sont très pointus, abordant des questions précises avec une rigueur de raisonnement jamais démentie ; d’autres sont de larges synthèses, livrant une vision personnelle sur une masse de travaux avec une clarté d’exposition remarquable ; d’autres encore sont tirés de conférences à destination d’un public plus large, et démontrent une grande maîtrise rhétorique. Rigueur, clarté, élégance : telles sont les principales qualités d’un bon historien, enseignées ici non comme un credo à apprendre, mais par l’exemple de leur application concrète.
Dans son introduction de 1963, Charles-Edmond Perrin justifie la publication de l’ouvrage par le fait que de nombreux articles sont difficiles d’accès, voire introuvables. À l’heure de la numérisation accélérée des bibliothèques et des livres, cette justification n’est plus guère valable, et pourtant la republication de l’ouvrage n’en reste pas moins à saluer. Car la somme des articles ne doit pas tromper le lecteur : c’est bien à un vrai livre que l’on a affaire, au véritable discours de la méthode d’un historien que l’on suit au jour le jour dans le cheminement de ses travaux et de ses réflexions. Au Moyen Âge, après leur mort, on rédigeait la Vie des saints pour graver dans la mémoire de tous les récits des miracles accomplis. L’hagiographie de Marc Bloch, elle, ne pouvait prendre meilleure forme que celle de ces Mélanges qui ne doivent cesser de nous inspirer.
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