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Critiques de Marc Bloch (49)
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Apologie pour l'histoire ou métier d'historien



Pour bien saisir l'intérêt de ce livre il faut comprendre le contexte.



Ce livre a été écrit par Marc Bloch, juif, pendant la deuxième grande guerre.



Il a combattu lors de la guerre de 1914-18, puis lors de la Campagne de France en 1940. Avec l'arrivée de Pétain et la loi du Statut des Juifs proclamée en octobre 1940, il a été exclu de la fonction publique, son appartement à Paris a été réquisitionné par l'occupant et sa bibliothèque a été envoyée en Allemagne. Il a réussi à être rétabli dans la fonction publique en 1941 et muté à Montpellier. Le doyen de la faculté de lettres de Montpellier a tout fait pour compliquer la vie de Marc Bloch. Entré dans la Résistance, il a été arrêté par la Gestapo en mars 1944, torturé par Klaus Barbie et fusillé en juin de la même année. Malgré ces difficultés, et sans accès à sa bibliothèque, il a écrit deux livres qui ont été publiés à titre posthume : celui-ci et "Étrange défaite".



N'étant pas historien et si j'ai bien compris, ce livre a bouleversé la historiographie, méthode de travail des historiens. Avant lui, la référence était un livre écrit par Langlois et Seignobos : "Introduction aux études historiques". Marc Bloch a été élève de Seignobos, mais il le critique sur deux aspects : ce qui les historiens ont appelé le "culte des faits" et l'idée que seul le passé doit intéresser l'historien et l'étendue du travail de l'historien.



Marc Bloch décrit dans ce livre les trois points importants dans une démarche de historiographie. D'abord, bien comprendre le contexte : les faits peuvent ne pas avoir la même importance dans des contextes différents. Ensuite, bien situer les faits dans leur ordre chronologique et ne pas les "écraser" comme si tout s'était passé au même moment. Et, finalement, comprendre le tout sans toutefois porter jugement.



Ce paragraphe résume rapidement les idées du livre. C'était une révolution et c'est pour ça qu'il est décrit avec beaucoup d'exemples et reste toujours une référence pour les historiens. J'imagine qu'il y a des livres textes récents qui présentent ça d'une façon bien didactique.



Il y a une vidéo d'une conférence de Johann Chapoutot à PSL (Université Sciences et Lettres), où il explique ces trois points très clairement et simplement avec le nazisme comme exemple : "Johann Chapoutot : Peut-on faire l'histoire du nazisme ? - Conférence PSL" https://www.youtube.com/watch?v=O98BFcvFoAw. Par ailleurs, il utilise ce livre comme référence.



La lecture de ce livre est aisée même si parfois fatigante, mais c'est normal pour un livre qui est, en quelque sorte, novateur pour l'époque.







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Apologie pour l'histoire ou métier d'historien

Grand classique l'historiographie.

Un livre que chaque étudiant en Histoire doit avoir lu, au moins une fois.



Bloch est le fondateur du courant qui anime l'histoire depuis de nombreuses années.



Il traite ici de la passion de l'Histoire, des sources.



Accessible
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

Lire un historien reste un peu surprenant quand on est habitué aux belles structures narratives des romanciers. On ne peut pas dire que Marc Bloch possédait leur habileté d'écriture, sa construction est évidemment bien organisée, mais il avait une fâcheuse manie à construire ses phrases comme des poupées russes, comme une succession d'imbrications. Du coup, on peut perdre facilement le fil de son discours.


Mais l'intérêt du livre n'est pas là. Marc Bloch, éminent historien spécialiste du Moyen-Âge, s'est retrouvé pris dans la tourmente de la défaite française face à l'Allemagne nazie. Entré en résistance, il a rédigé ce court texte durant l'été 1940 pour tenter de comprendre les raisons de la défaillance française. Et cette réflexion à chaud est absolument merveilleuse de lucidité. Bien que sa description des méandres de l'organisation militaire soit un peu rébarbative et que par instant il n'échappe pas à la dérive de vouloir refaire l'histoire, on ne peut qu'être ému, au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture, par le sentiment d'amour que vouait Bloch pour la France, ce patriotisme qui nous paraît aujourd'hui un peu dépassé (est-ce un bien ou un mal?), et ce, malgré les répressions qu'il a pu subir de la part du régime de Vichy.


Ce témoignage a pris d'ailleurs une valeur toute particulière puisque son auteur sera fusillé par la Gestapo, le 16 juin 1944, quelques mois seulement avant la libération de la France par les Alliés.


Un témoignage essentiel pour ceux qui veulent comprendre les événements du printemps 1940.
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

bien
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

Au fond, ce qu’il y a de plus étrange dans cette « Etrange défaite », c’est son titre. On se demande ce qu’elle a d’étrange, tellement elle parait normale d’après l’état des lieux que fait Marc Bloch à chaud, peu après les évènements. Son témoignage est divisé en deux parties, l’une sur l’armée, l’autre sur la société civile, il y décrit tous les dysfonctionnements et les faiblesses qui ont pu mener à la catastrophe de 1940. Les causes sont nombreuses mais on peut les résumer à un principe, l’inadaptation de la France au monde moderne. Le général de Gaulle ne faisait pas un constat très différent en déplorant l’insuffisance de la motorisation des armées. Mais d’ailleurs c’est un livre qu’on peut qualifier de discrètement gaulliste. L’appel à la résistance n’est pas formulé clairement mais il ne laisse pas de doute.

Marc Bloch écrit : « le triomphe des Allemands fut, essentiellement, une victoire intellectuelle », parce qu’ils savaient que la vitesse était l’avenir, et si l’armée et la société française ne l’ont pas compris c’est à cause de ses vieux dirigeants incapables de sortir des ornières d’une expérience désuète. Tout était vieux, vétuste et lent en France. Les autres choses, comme la bureaucratie kafkaïenne, les incohérences, la rétention d’information, le défaitisme, peuvent être classées comme des causes secondes de cette France sclérosée et rhumatisante.

Donc, Marc Bloch, qui était encore animé par une colère palpable quand il écrivait ce témoignage, met essentiellement cette défaite sur le dos d’un conservatisme profond de la société française d’avant-guerre. Il n’oublie pas non plus de tancer le pacifisme des communistes, ni les influences étrangères dans la politique intérieure de la France, ni les fautes du front populaire et de son camp puisqu’il soutenait la gauche républicaine.
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

Analyse à chaud (rédigé durant l'été 40) de la Débâcle et qui,malgré le manque de recul temporel et documentaire,s' avère pour les historiens toujours pertinent près de 70 ans après les faits.

Marc Bloch(qui mourut, fusillé en 1944) pointe aussi bien les causes militaires (faillite du système de renseignement empêtré dans la bureaucratie et guère réactif, les erreurs stratégiques d' un commandement en retard d' une guerre)que les maux de la société Française de l' époque .

Les annexes (articles écrit pour la Résistance) sont intéressants, notamment ses propositions pour une réforme de l' enseignement après la Guerre . Ses critiques sur un système scolaire miné par le bachotage, des universités qui doivent se positionner entre le professionnel ou le "savoir" sont intéressantes vu qu' elles gardent une certaine actualité...



La citation du livre :



« Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. »
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

« Les anciens tableaux, qu’on veut faire entrer de force dans de nouveaux cadres font toujours un mauvais effet » la mise en garde de Tocqueville est à prendre au sérieux mais les 170 pages de « L’étrange défaite » de Marc Bloch, résonnent aujourd’hui et font raisonner :



1/ Le besoin de controverses à condition qu’elles permettent - de juger que de comprendre :« Que chacun dise franchement ce qu’il a a dire ; la vérité naîtra de ces sincérités convergentes »/« Le malheur de la patrie commence quand la légitimité de ces heurts n’est pas comprise »



2/ La capacité de rapidement apprendre de ses erreurs en les assumant pour mieux les dépasser : « Après tout, se tromper au départ, il est peu de grands capitaines qui ne s’y soient laissé quelquefois entraîner ; la tragédie commence quand les chefs ne savent pas réparer ».



3/ Le travail intellectuel tourné vers le neuf & l’action : danger du « culte du beau papier »/« Ils aimaient à jouer sur les mots et peut être, ayant perdu l’habitude de regarder en face leur pensée, se laissaient-ils eux mêmes prendre dans les filets de leurs propres équivoques »



4/ ceteris paribus et sans confondre des contextes bien différents, Bloch délivre d’une écriture serpentante et implacable un procès verbal saisissant qui interpelle par ses fulgurances et ses permanences.



Lire et/ou relire Marc Bloch est de salubrité publique.
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

Dans ce livre, Marc Bloch nous expose les raisons pour lesquelles, à son avis, l'armée française a été défaite en 1940. Selon lui, nos généraux ont toujours été en retard d'une guerre. De même qu'ils ont fait la guerre de 14 en croyant encore être à celle de 70, il feront cette guerre en croyant être à celle de 14. Ils ne réaliseront pas la prédominance de la « logistique », comme on dirait aujourd'hui, celle des transports rapides par automobile.



Marc Bloch a connu la Grande Guerre et, lorsque la « drôle de guerre » arrive, il est déjà avancé en âge.



Le témoignage est intéressant mais Marc Bloch lui-même conserve une vision des siècles passés : c'est normal de faire la guerre, cela fait partie des activités qu'un pays doit mener à bien, il y a un ministère de la guerre comme il y a ceux des finances ou des affaires publiques. Il n'est pas question pour lui de tenir un discours pacifiste.



Par la suite, Marc Bloch deviendra résistant et ne verra pas la fin de la guerre.
Lien : https://perso.cm63.fr/node/302
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

Surgit de l'étrange défaite une lumière de lucidité aveuglante. Sans doute transcendé par ce que l'on connaît de Marc Bloch, sa compétence d'analyse historique et son destin tragique, ce texte expose les rouages d'une défaite annoncée. Le plus surprenant peut-être, alors que Marc Bloch est un historien médiéval, est sa capacité à une analyse à chaud des événements. On devine sa culture d'analyse, qui examine les causes et les enchaînements plutôt que les événements.
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

J’ai mis beaucoup de temps à lire ce livre. La raison en est certainement le malentendu qui le défini.



On dit de ce témoignage que c’est une analyse à chaud des raisons de la débâcle de 1940. Ça l’est bien mais plutôt à la fin du récit. Le début est plutôt constitué dès pérégrination de Marc Bloch dans sa mission de ravitaillement en essence. Ce n’est pas inintéressant, mais j’avais du mal à m’accrocher aux mouvements erratiques de dépôts d’essences en quartiers généraux, aux anecdotes révélatrices ou anecdotiques.



Les cinquante dernières pages je les ai cependant lu d’une traite. L’analyse attendue est bien là. Il classe par ordre de responsabilité croissant les différents protagonistes qui ont entraîner pas vraiment la défaite (qui n’est que la consequence ultime) mais l’abandon du combat. A ces yeux les élites d’alors pensaient que la France méritait la défaite, car elle croyait le pays illégitimement souillé par les « menées gauchistes » des dernières décennies et surtout des années trente avec la parenthèse du front populaire. Cette bourgeoisie qui ne supportait plus l’érosion de son pouvoir politique et économique, la perte de ses rentes, et la perte du contrôle (temporaire) du pouvoir. Ce que leur reproche surtout Bloch est leur isolement, leur refus (idéologique) de voir la réalité de la vie des français d’alors, leurs fantasmes de voir des gueux prétendument les menacer alors qu’ils ne réclamaient que leur part de dignité.



Cette dernière partie est terriblement d’actualité. Mais Bloch, en historien avisé, rappelle qu’en histoire les mêmes causes ne mènent pas aux mêmes, car les causes sont aussi contingentées dans le contexte social, économique, politique du moment. Mais une chose est sûr, la situation n’est pas bonne.
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

La défaite n'était pas étrange, elle était inscrite dans l'après guerre 14-18 et le relâchement d'un pays vainqueur. L'opuscule est composé de 3 parties. La " présentation d'un témoin" ( de l'auteur de lui-même), puis c'est "la déposition d'un vaincu" . L'auteur, qui a fait toute la guerre dans un service d'état-major chargé de l'intendance ( ravitaillement en essence) , nous montre les faiblesses et les lacunes de l'armée . Sa faillite intellectuelle en quelque sorte. Le 3ème chapitre est plus ambitieux . Il s'agit de "l'examen de conscience d'un Français". Les militaires ne sont pas les seuls responsables et les Français ne se sont pas conduits en héros . Etait-ce si étrange ? L'auteur fut un héros de La Résistance et son propos reste d'actualité.
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

C'est en lisant "C'est la guerre" de Stéphane Audoin-Rouzeau, cet été, que j'ai vu de nombreuses références à cet ouvrage de Marc Bloch dont je n'avais, je le confesse, jamais entendu parler. L'acuité des citations qu'Audoin-Rouzeau en tirait m'avait convaincu de le lire, ce que je viens donc de faire, qui plus est pour la modique somme de 0 € puisque cet ouvrage est maintenant dans le domaine public (merci la liseuse).

Marc Bloch, historien de renom, a fait toute la première guerre mondiale en tant qu'officier d'infanterie, avant de rempiler à sa demande en 1940, à l'âge de 52 ans, ce qui faisait de lui alors le plus vieux capitaine de l'armée française. Pendant ces quelques semaines de débâcle, il a fréquenté de près l'état-major de la première armée, c'est dire s'il constitue un témoin de premier choix.

D'abord embauché en tant qu'agent de liaison avec les Anglais, puisqu'il maniait la langue de Shakespeare, il s'est rendu compte qu'ils étaient trois à faire le même travail, il a donc été transféré en tant que responsable de l'approvisionnement en essence, tout en n'ayant, de son propre aveu, aucun rudiment en logistique, et s'il a appris très vite, il priait tout de même pour qu'Hitler n'attaque pas tout de suite – en même temps, ce n'est pas comme si l'essence était importante, hein, non plus !

Voilà, le ton est donné. Dans un patient et lumineux réquisitoire, Bloch raconte les incuries qu'il a subies à titre personnel, mais surtout décrit les impérities qu'il a vues et entendues tout autour de lui durant les semaines de la débâcle. Autant le dire tout de suite, c'est accablant. De la nullité et du défaitisme des officiers d'état-major au manque de combativité des grades inférieurs, de la division sociologique de l'armée (entre les pacifistes internationalistes syndicalistes d'un côté qui ne font pas la différence entre le meurtre et la légitime défense, et la grande bourgeoisie d'autre part, qui ne pardonne pas le front populaire de 1936), de l'impréparation et de la courte-vue de l'entre-deux guerres au manque de réactivité face aux évènements et à notre incapacité à collaborer efficacement avec des alliés, tout le monde en prend pour son grade.

Je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à l'insulte que nous adressaient les Américains en 2003 lorsqu'ils furent vexés que les Français ne les suivent pas en Irak : "surrenderers monkeys"... singes capitulards.

Si, sur l'ensemble de l'Histoire, il ne faut pas sombrer dans le "french army bashing" à courte vue, et se souvenir par exemple que, contrairement à une idée reçue, la proportion de victoires-défaites contre les Anglais est de 60-40 en faveur de la France, il faut avouer que l'on n'a jamais mieux mérité ce sobriquet que durant ces tristes mois de mai et juin 1940 (en dépit de la résistance opiniâtre de certains éléments de l'armée qu'il ne convient pas d'insulter).

Dès lors, je me pose la question sur le titre "L'étrange défaite". Ce livre ayant été édité à titre posthume, après que Bloch fût fusillé pour résistance en 1944 – il nous est d'ailleurs parvenu presque par miracle, après avoir été enterré dans son jardin. Je me dis que le titre n'est forcément pas de lui, car à sa lecture, on conçoit cette défaite comme tout sauf "étrange".

C'est vraiment un très grand livre. Celui d'un analyste à l'intelligence acérée, celui d'un patriote au sens noble du terme, qui ne méprise aucune frange de la société, celui de quelqu'un capable d'élever le débat au niveau philosophique, celui d'un visionnaire. Un très grand bonhomme.

Pour moi, dans la catégorie "essais", c'est la lecture de l'année, et même peut-être de ces dix dernières années, et s'il n'est pas d'un abord facile pour les ados ou les personnes peu lettrées, chacun devrait s'y confronter dès qu'il a acquis le bagage nécessaire.

Pour enfoncer le clou, la version que j'ai lue comportait 6 articles supplémentaires écrits pour la plupart en 1943, un an avant sa mort. En tant que prof, mon attention a été attirée par le dernier des 6. Voyant la victoire se profiler, Bloch y exprime sa vision des réformes nécessaires pour l'éducation nationale après guerre, en particulier au niveau secondaire et universitaire. Cruel constat : bientôt 80 ans après, quasiment aucune de ses préconisations n'a été prise en compte (suppression des examens incessants transformant les jeunes en singes savants, fin de l'hyperspécialisation des écoles et des diplômes, suppression de certaines grandes écoles, décloisonnement des universités, retour à un enseignement général plus pragmatique pour éviter l'ennui, et j'en passe...)

Ce n'est même pas une intuition, c'est une certitude que j'ai, après 25 ans de carrière : si on l'avait écouté, nous n'en serions pas là, à présent, avec des hémorragies de décrocheurs, d'écoles alternatives, d'instruction en famille, des diplômes inutiles, des examens coûteux et sans valeur, des "bullshit cursus" menant tout droit à des "bullshit jobs"... et à un niveau général moyen toujours plus désastreux d'année en année.
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

Officier français qui a participé aux deux guerres mondiales et historien, Marc Bloch produit dans les mois qui suivent la défaite de 1940 : L'Etrange défaite, réflexion historique qui n'a jamais été profondément remise en cause. Malgré le manque d'informations et de recul, il analyse les circonstances et les causes de cette catastrophe incroyable.

Incapacité du commandement, déresponsabilisation des chefs militaires, incapacité de l'Etat major français à valoriser son alliance avec l'Angleterre, lassitude du peuple français, résignation dominante ...

Marc Bloch dénonce également l’égoïsme bourgeois. La haute bourgeoisie ne s'est pas remise de la victoire du Front Populaire. Se sentant menacée par les nouvelles couches sociales, elle n'a pas su éclairer la France et l'a condamnée à la défaite qui sonne alors comme une revanche du haut patronat sur le peuple.

L'auteur en appelle à la jeunesse et à la manifestation d'énergies nouvelles pour "reconstruire la patrie". La France de la défaite est celle du regret. Elle est dotée d'un gouvernement de vieillards dont l'icône, le Maréchal Pétain est lui même très âgé.

Ce texte devient intemporel lorsqu'il appelle à la vertu et à la reconstruction.

Marc Bloch vit les idéaux qu'il prône . Plus vieux capitaine de l'armée française de 1940, il n'avait pas hésité à se réengager. Il entre dans la Résistance. Arrêté et torturé, il est fusillé en 1944 par la Gestapo.
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

Livre indispensable pour comprendre la défaite française en 1940.

L'analyse de Marc Bloch est d'autant plus impressionnante qu'il a vécu au coeur de ses événements et qu'il a écrit son livre avec très peu de recul et, en tout cas, pas le recul des années.
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

Historien de formation, Marc Bloch, engagé volontaire à 54 ans en 1940, porte un regard désenchanté et lucide sur les évènements qu’il vient de vivre en 1939-1940. La drôle de guerre, puis la débâclé le conduit à s’interroger sur les raisons de la défaite. Il y voit non seulement une faillite de l’état major, engoncé dans ses certitudes de 1918, des politiques, sans esprit de suite, et plus globalement du système§me français d’éducation des élites, sans développement de l’esprit de curiosité.



Ce livre m’a interpellé à double titre : d’abord, parce que je venais de lire « un balcon en forêt » de Julien Gracq, sur le « vécu » d’un officier lors de cette courte guerre.



Ensuite, parce que je trouve ce livre toujours d’actualité : sommes-nous incités à plus développer notre curiosité, et notre ouverture tant dans le système scolaire que dans le monde professionnel ? Bien sûr, il y a eu des progrès parfois volontaires -programme Erasmus- que contraints -la mondialisation de l’économie-. Mais il y a encore de vastes progrès à faire : la méconnaissance relative des langues étrangères limite notre information ou bien encore la charge de travail très court terme, quand des entreprises comme Google offre à se employés 10 ou 20% de leur temps pour des travaux sans lien direct.



Alors, vous pouvez lire ce livre en tant que contribution à l’analyse de la tragédie de 1940. Vous pouvez aussi le parcourir en vous demandant si nous avons vraiment changé. Le constat est intéressant tant sur un plan personnel que collectif.



Il y a des livres qui se relisent pour médite. Celui-ci est un bon exemple.



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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

La France étant aujourd'hui aux prises avec une invasion migratoire islamo-africaine, couplée avec la vague montante du racisme anti-Blancs, y aura-t-il un nouveau "Marc Bloch", écrivant une nouvelle "Étrange défaite" ?
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

En écoutant un discours du Premier Ministre (E. Philippe ) sur les commémorations du débarquement de la seconde guerre mondiale, j’en suis venu à noter l’étrange défaite sur ma liste de livre à lire. J’y ai découvert un texte vibrant d’humanité, écrit par un homme à l’esprit puissant, doté d’une réflexion et d’un sens critique d’une justesse bluffante.



Ecrit en 1941, ce témoignage tente d’expliquer les raisons de la défaite française face aux armées d’Hitler. Procès verbal d’un patriote, ces pages sont bouleversantes dans leur analyse par l’exactitude de leur raisonnement. En effet March Bloc, par son expérience et les témoignages recueillis à su trouver les causes qui expliquent la défaite de l’armée française, ce qui sera d’ailleurs corroboré par des études historiques ultérieures.



La lecture de ce texte est également intéressante par le prisme qu’elle propose. En effet, je garde peu de souvenirs de livres historiques proposant une étude de cette période de notre pays, certes peu glorieuse mais ô combien importante pour éviter de la revivre.



Le texte est très bien écrit et certains passages invitent même à une réflexion plus profonde. Néanmoins, il convient de garder toute son attention pendant la lecture sous peine de perdre le fil de l’analyse de l’auteur.
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

Un livre important écrit par Marc Bloch, un historien résistant, torturé et tué par la gestapo en juin 1944.

L’Etrange Défaite raconte et commente en historien, comment les Français sont arrivés à 1938 puis à 1940 et ont géré ces trois années terribles.

Il pointe bien sûr les décisions des politiques mais, surtout, à l’origine de ces décisions, le comportement de tout un chacun. Avec tout ce que cela comprend de mollesse, d’égoïsme et de désintérêt mais aussi d’arrangements financiers ou psychiques.

Vivant aujourd’hui, on est bien obligé de se poser des questions…
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

Il est des ouvrages qui devaient paraître,

C'est le cas pour celui-ci.



Écrit par Marc Bloch après la capitulation de la France en 1940, ce livre est sorti à titre posthume,

L'ouvrage, caché pendant des années à Clermont Ferrand, a échappé à l'attention de la DCA, ainsi récupéré, il a été enterré dans le jardin d'une propriété, non loin de laquelle des tranchées ont été creusées après le débarquement allié de 1944.



Temoignage objectif de la défaite de 1940, il est d'autant plus intéressant qu'il ait été écrit par un soldat volontaire, français, juif, professeur d'histoire, et résistant.

L'analyse est minutieuse, sans que l'auteur ait pu avoir accès à des documents pour étayer sa thèse.

Celle-ci s'est pourtant trouvée en cohérence avec les informations publiées après 1945.



Constats des dysfonctionnements militaires / stratégiques / tactiques / matériels / politiques / civiques, et proposant une vision de la reconstruction française d'après guerre, ce livre est une mine d'information sur cette défaite dont on parle au final assez peu.
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L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940

Rarement un témoignage aussi précis nous est livré à l'intérieur même d'un conflit. L'historien Marc Bloch, qui aurait pu rester chez lui au vu de son âge, s'engage en tant qu'officier, en l'occurrence pour faire la guerre de 39-40, mais également pour la suivre avec un oeil d'entomologiste.

Ses annotations font mal. Pêle-mêle sont rapportées une coopération médiocre avec les Anglais (on peut difficilement en douter…), la faillite des élites militaires, enfermées dans un conservatisme stérile quand elles ne sont pas finalement satisfaites de voir tomber la troisième république, mais aussi une certaine complicité de la bourgeoisie française, complicité qui se transformera bien vite en collaboration avec l'ennemi.

La plus importante cause, selon Marc Bloch, de la défaite éclair reste cependant une bureaucratie aussi tenace que paralysante. Personne ne savait où se prenaient les décisions et l'empilement échevelé des organigrammes et des structures interdisait toute cohérence d'ensemble.



De ce terrible écheveau, Marc Bloch en constitue d'ailleurs un rouage bien malgré lui et c'est avec un empressement de scrutateur qu'il nous livre une anecdote aussi révélatrice qu'imparable sur la densité organisationnelle qui immobilise l'armée française : au cours de sa mission, il est en effet amené à rencontrer son homologue luxembourgeois, un francophile acharné désireux de voir la Wehrmacht mordre la poussière. Celui-ci déclare à Bloch la chose suivante ; soit l'armée française se sent capable d'aller inquiéter les Allemands chez eux, auquel cas les importants stocks d'essence luxembourgeois seront remplis à disposition des Français, soit au contraire, les armées françaises privilégient un recul tactique, quitte à laisse pénétrer un peu la Wehrmacht en France. Dans ce cas, les stocks luxembourgeois, colossaux, seront intégralement vidés pour ne pas tomber aux mains des « boches ».

La décision est d'importance, aussi Marc Bloch, ne se sentant pas le pouvoir d'apporter lui-même une réponse, fera remonter illico la problématique au plus haut niveau.

Quatre ans plus tard, le rapport de Marc Bloch est retrouvé, parfaitement archivé et muni d'un nombre incalculable de visas, sans qu'aucun des signataires n'ait apporté une quelconque réponse. Au final, les Allemands, qui passeront par le Luxembourg, se serviront allègrement des stocks de carburant au grand désespoir de l'officier luxembourgeois qui, attendant une réponse française, n'avait pas eu le temps de vider ses cuves….



Un livre injustement méconnu, peut-être parce qu'il appuie sur des plaies qu'on se refuse encore à connaître, et qui pose très justement une question forte : comment une armée telle que celle opposée par la France aux Allemands en 1940 a pu se déliter en si peu de temps, pour en arriver à constituer une sorte de déroute record, inexplicable et encore inégalée...
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