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Critiques de Marc Trévidic (192)
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Ahlam

Après avoir lu tous les livres sur le Terrorisme du juge Trevedic ... Je me doutais que son premier roman serait un gros coup de cœur.

Dans ce premier Roman , Trevedic nous raconte une belle histoire ou les thèmes d'art , amour , beauté des paysages sont mis en avant.il évoque ses connaissances précises sur l'endoctrinement ,le respect des règles primitives du prophète au 7 ème siecles, les salafistes...

En effet tout un chacun ne pourrait avoir une telle connaissance des manières si précises d'endoctrinement, des façons pervers d'agir en se servant des mots du prophète et en parlant en son nom.

Paul est un peintre Français qui a perdu ses parents dans un accident de voiture alors qu'il était jeune.

Il est peintre et adore venir sur l'île Tunisienne de Kerkennah , où il trouve l'inspiration .

Il va se lier d'amitié avec Farah , un pêcheur et deviendra un ami proche de la famille.

L'épouse de Farah , atteinte d'une leucémie foudroyante accepte que Paul l'emmène à Paris pour tenter une chimio de la dernière chance.

Paul fera tout son possible pour la la famille se déplace au chevet de Nora à Paris , cependant l'état en décidera autrement et ils n'auront pas les visas. Paul accompagnera Nora jusque dans son dernier souffle.

A son retour en Tunisie, Paul passe beaucoup de temps avec les enfants de Farhat et Nora.

Assam le garçon est passionné de peinture et Ahlam , la fille joue de la musique.

Les deux jeunes s'épanouissent et Paul leur promet qu'il les emmènera à Paris pour des expositions.issam est très doué et une carrière prometteuse l'attent.

La politique tunisienne est au plus mal , la chute de Ben Ali en 2010 fait basculer le pays entier.

Les frères musulmans, les salafistes veulent prendre le pouvoir et imposer la charia.

Issam va se laisser endoctriner par une connaissance du village. ...

Je trouve que ce passage est très important et on voit que c'est un homme de connaissance qui a écrit et décrit ce changement radical de personalité.

Le recrutement est sournois, insidieux... Pour ne pas dire pervers.trévédic est le spécialiste par excellence et pour moi qui connaît bien le sujet il me semble accessible à tout un chacun.

Quant à Ahlam, elle va devenir militante et se battre pour la liberté de la femme .

Elle est soutenue par sa famille contrairement a son frère qyui a décidé de quitter le domicile familial.

Parallèlement à toute cette violence qui envahit le pays , une belle histoire d'amitié entre une famille musulmane modérée et un chrétien non pratiquant est relatée avec intelligence.

Également Une merveilleuse histoire d'amour verra le jour avec des rebondissant surprenants.

Même nous ne sommes pas dans un des livres du juge Trevedic qui nous donne des explications sur les différents mouvements religieux musulmans, la montée de l'intégrisme .... Ce Roman est d'actualité et le fait d'être romancé .., il est très agréable a lire, bien écrit.

Il y a quand même une chose à retinir c'est qu'une histoire d'amitié entre en musulman modéré et un chrétien peu durer toute une vie !!!

J'ai adoré .. Merci Monsieur le juge et continuer d'écrire.
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Ahlam

L’Histoire récente de la Tunisie est au cœur de ce roman, ainsi que l’amitié, l’amour et la beauté de l’art, qui s’oppose au fanatisme.



Je remercie Kielosa qui, par sa critique d’un autre ouvrage de Marc Trévidic Terroristes, a attiré mon attention sur ce beau roman, très bien écrit, documenté et qui, en même temps, a une dimension poétique.



Ahlam est un prénom arabe qui signifie rêve, songe et le roman éponyme de Marc Trévidic est un vibrant hommage à « toutes les Tunisiennes et les Tunisiens qui se battent pour prouver qu’un pays musulman peut être une démocratie ouverte sur le monde et les autres cultures… et que la femme est bien l’égale de l’homme, et non son complément. »



J’ai appris beaucoup de choses sur l’Histoire récente de la Tunisie en lisant ce livre, notamment que le principe d’égalité des sexes en Tunisie datait du 13 août 1956 et du code du statut personnel imposé par Bourguiba. Le 13 août est ainsi la « Journée de la femme », jour choisi en 2012 pour une manifestation afin d’empêcher le parti En Nahda de donner un gage aux salafistes en faisant adopter l’article 28 de la nouvelle constitution, où la femme ne serait plus l’égale de l’homme mais son complément.



C’est le personnage d’Ahlam, fille du pêcheur Farhat et sœur d’Issam, qui incarne ces luttes et ces idéaux de la jeunesse tunisienne. Elle m’a beaucoup touchée et j’admire son courage de femme qui, malgré la peur de la violence, refuse de se soumettre. Elle est aidée, soutenue et comprise par Paul qui est un artiste et l’ami de Farhat, au-delà de la différence culturelle. Farhat est de culture musulmane et Paul de culture chrétienne, même s’il est non pratiquant. C’est un Français, un peintre venu trouver l’inspiration à Kerkennah, loin de l’agitation touristique. Il ne repartira pas et deviendra presque un membre de la famille de Farhat.



Pour moi, Ahlam est le récit d’une tragédie qui se termine cependant sur une note d’espoir. La tragédie de l’embrigadement, l’endoctrinement d’un frère, fils, ami, décrite avec précision et un très grand réalisme, sans manichéisme ni parti pris. J’ai ressenti beaucoup d’humanité dans la plume de Marc Trévidic, peut-être le désir de comprendre comment un être humain peut sombrer dans la folie idéologique, d’une manière qui lui semble juste et rationnelle, légitimée par Dieu, au point de renier son père Farhat, son ami Paul alors qu’il lui a appris la peinture, sa sœur Ahlam, parce qu’elle se comporterait comme une « putain », une « mécréante ».



Cette violence soudaine, incontrôlable, qui détruit tout sur son passage est ce qui m’a le plus marquée. Nos proches font des choix et certains de ces choix sont irréversibles, définitifs. Issam s’est choisi une nouvelle famille : les compagnons de sa cellule djihadiste, et pourrait tuer les membres de son ancienne famille si son émir le lui demandait…



Ahlam et Issam ne choisissent pas le même combat, le même idéal mais, entre combattants, des liens peuvent se créer comme entre Ayman, un des chefs de la cellule djihadiste, et Abdelmalik. Lorsque Ayman apprend le décès de son ami en Syrie, il traverse un moment de doute et de tristesse : « N’y avait-il que les mécréants à avoir le droit de pleurer la mort de leurs êtres chers ? »



Le thème de l’art est très présent : peinture, piano…, Ahlam et Paul sont des artistes passionnés, des poètes, des idéalistes, ils aiment la beauté sous toutes ses formes : les couleurs, les sonorités, les corps, les paysages et vouent leur existence à la représenter, ils rêvent d’unir toutes les formes d’art. Le conflit qui les oppose à Issam renvoie à des débats philosophiques ancestraux. Déjà, Platon considérait que le poète n’a pas sa place dans la cité quand il est du côté de l’illusion et non de la vérité, qui vient des dieux. Issam désapprouve désormais l’art figuratif alors que, pour Paul, rien n’est plus beau que peindre un regard de femme, celui d’Ahlam, celui de sa mère, qui est à l’origine de sa vocation artistique.



Ce roman est riche de plusieurs thèmes. Au-delà des débats contemporains sur des questions d’actualité telles que le djihadisme, le salafisme, le terrorisme ou des théories philosophiques, religieuses intemporelles sur l’art, sa place et sa fonction dans la société, il m’a fait songer à une petite phrase de Pascal : la « pensée fait la grandeur de l’homme » mais, malheureusement, elle peut aussi le faire sombrer dans le dogmatisme puis la barbarie.

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Le magasin jaune

Après la lecture de ce roman , je me suis dit que j'avais finalement bien fait de ne pas renoncer , de " passer " sur cette lenteur qui , dès le début , pourrait s'avérer lassante . Alors pourquoi continuer et bien tout d'abord pour une expression , un style " léchés" qui dénotent chez cet auteur une très belle maitrise de la langue française, une écriture efficace , vraiment .Ensuite , il y a cette variation des genres très intéressante qui permet d'aller au - delà du récit , de pénétrer dans les pensées profondes de certains personnages . Justement , ces personnages , pour être relativement peu nombreux à jouer un role actif , ils n'en sont que mieux dépeints aussi bien dans leur vie quotidienne que lorsque surgissent les circonstances de l'histoire .Tour à tour , on partage des moments de vie avec Gustave , Valentine et leur fille Quinze qui vont côtoyer Pierre , Léa ou encore Socrate , un personnage qui m'a bouleversé dans toutes ses attitudes , notamment les plus difficiles .Car ne nous trompons pas , sous une couverture de rêve , de bonheur , c'est un livre que j'ai trouvé difficile , un livre plus profond qu'il n'y parait de prime abord .La vie du quartier , avec l'insouciance des jours fastes , les doutes lors des jours moins heureux , la vilénie des adultes et de leurs rejetons lorsque surgissent les jours tragiques de la guerre....un livre universel.

Et puis , bien sûr , il y a ce magasin , ce magasin jaune, vous voyez , là , face à vous , le magasin devant lequel grands et petits s'arrêtent tous les jours pour admirer la vitrine .Allez , poussez la porte et entrez , vous découvrirez tous ces objets d'un autre temps qui vont s'animer pour vous rappeler que le " bonheur existe " et qu'il faut le protéger tant il est fragile .
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Ahlam

Après une période heureuse avec son ami Farhat et ses enfants à qui il a enseigné la peinture et la musique, Paul ressent un soir une grande angoisse. Pour la première fois depuis que le peintre français est en Tunisie, il pressent que ces détonations au loin annoncent la fin de l'insouciance.



Nous sommes le 11 septembre 2001, à New-York les tours du World Trader Center viennent de s'écrouler détruites par les avions de Ben Laden. Paul ignore encore que c'est ce que fêtent de jeunes salafistes tunisiens et que débute une autre ère qui aboutira au rejet du régime corrompu de Ben Ali. À une montée de l'intégrisme aussi, avant et après la révolution de jasmin, qui conduira les enfants de Farhat, devenus adolescents, à faire des choix douloureux.



J’avoue avoir fini ce livre uniquement parce qu'il s'agissait d'une lecture pour une de mes bibliothèques. Marc Trévidic, inconnu de moi mais apparemment pas de tout le monde, m'a passablement agacée avec ses théories sur l'art particulièrement fumeuses et prétentieuses (et interminables), sans parler de son histoire d’amour à l’eau de rose. Reste que ce monsieur est un magistrat spécialiste de l'anti-terrorisme qui montre très bien les discours, enchaînements et logiques qui fabriquent des islamistes.

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Ahlam

Quand un juge ultra-médiatisé, ex-patron du pôle anti-terroriste, décide d'abandonner les tribunaux, les essais littéraires et les plateaux télés pour s'essayer au roman grand public, je me dis ouille ouille ouille, on l'a perdu. Et de m'arracher sauvagement les cheveux : encore un qui s'éparpille, s'en est fini de sa crédibilité, moi qui l'aimais bien il a tout brisé entre nous. Et de m'emballer : Trévidic t'es foutu, Babélio est dans la rue. Puis je retrouve la raison : tiens, si je lisais le bouquin plutôt que douter et critiquer le bonhomme? Pas idiot ça. Puis la calvitie ne m'ira pas de toute façon.



Et... Quand un juge ultra-médiatisé, ex-patron du pôle anti-terroriste, se sert de la fiction à des fins de vulgarisation et de sensibilisation sur un sujet aussi sensible que le fanatisme religieux et l'endoctrinement, je m'incline alors bien bas et réimplante mes cheveux.



Marc Trévidic se révèle un excellent conteur. Et rien n'échappe à son regard expert. En situant son roman sur plus d'une dizaine d'années dans la Tunisie de Ben Ali jusqu'à sa chute, il confirme adroitement que la menace des fondamentalistes fanatiques plane de longue date, les loups étant tapis dans l'ombre prêts à bondir à la première occasion, et soutenus par une effarante logistique. Ce roman est notamment un bon prétexte pour pointer de la plume l'incroyable et impitoyable organisation de ces extrémistes. A travers le personnage d'Issam, frère d'Ahlam, fragilisé par la mort de sa mère et tiraillé entre une famille pourtant aimante et bienveillante, un avenir prometteur loin des turpitudes tunisiennes, et des "amis" salafistes, Trévidic décortique patiemment la lente radicalisation des plus fragiles et l'impact sur leurs proches.

Et il excelle sur ces passages. Fort de son expérience de terrain, il met en exergue les techniques d'enrôlement des filières djihadistes, le djihad médiatique et ses montages vidéos visant une propagande de masse, la manipulation par le discours et l'image.



En parallèle, le roman appuie sur les faibles recours des proches, spectateurs impuissants et otages de la métamorphose de leur fils, frère, ami, de leur Tunisie toute entière. Se résigner, fuir ou lutter. Les armes (bien dérisoires mais ô combien symboliques) d'Ahlam et Paul : l'amour, la peinture, la musique. Le climat bienveillant du début se dégrade au fil des pages pour faire place à un âpre combat entre le monde de l'art et la menace extrémiste.



Out donc le jargon juridico-politico-magistratico-toutrukenco. Le style est propre, soigné, l'écriture appliquée, quelques touches de poésie pimentent le récit et une quiétude colorée se dégage finalement des décors tunisiens en opposition à une violence latente.



Plutôt réussi donc. Et zut. Je me suis arrachée les cheveux pour rien. Aucune matière à râler, mea maxima culpa, la crédibilité de monsieur le juge est sauve.

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Le magasin jaune

Gustave est fils et petit-fils d'un fabricant de jouets dans le Jura.

Devenu employé de banque près d'un magasin de jouets à Paris, il doit annoncer la nouvelle de la faillite aux propriétaires mais une surprise désagréable l'attend.

Gustave fait la connaissance de Valentine. Ensemble, ils vont se marier et racheter la boutique de jouets suivant le désir de la jeune femme qui rêvait souvent en regardant les jouets dans son enfance mais ne pouvait jamais se les payer.

Sa mère lui refusait le moindre jouet.

C'est d'ailleurs un personnage amusant et caricatural, cette mère d'origine bretonne, devenue très bigote après la perte de son mari lors de la guerre 14-18.

Ils reprennent donc la boutique, la repeignent en jaune mimosa. Ils mettent tout leur coeur à rentabiliser leur magasin. Valentine en assurant le contact clientèle et Gustave en essayant de tenir le coup face aux grands magasins.

Arrivera la deuxième guerre mondiale, l'anti-sémitisme .

C'est ainsi que le roman commence en 1929, se termine en 1942 sous de meilleurs jours.

J'avais connu la plume de Marc Trevidic dans "Ahlam" où il se penchait sur le radicalisme.

Ici, on retrouve sa passion pour l'homme juste dans la tourmente.

La construction du livre est intéressante avec des passages narratifs à la 3ème personne, des passages en italique pour décrire la situation dans le magasin, des passages écrits en plus petit écrits par Valentine, puis ensuite par Germaine leur fille surnommée Quinze comme le numéro de leur maison.

J'aurais cependant désiré voir plus d'animation dans les faits et les personnages.

Le livre fait appel à mes souvenirs car dans un ancien passage commerçant de notre ville, se tenait un merveilleux magasin de jouets où je suis encore allée faire des achats pour mes filles. Il existe encore deux boutiques de cette qualité dans la ville mais une magie un peu désordonnée comme dans ce magasin, je ne l'ai plus retrouvée. le magasin jaune me l'a beaucoup rappelée.
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Terroristes

Comment ne pas encore mettre en avant le juge Trevidic.. Cet homme de terrain qui a reçu tous ces islamistes depuis l'attaque du RER St Michel qui avait prévenu mais que personne n'a écouté . L'ampleur du phénomène est la bien present .

Ce livre nous donne tous l'historique qui amènera les jeunes ou moins jeunes au djihad.

Ce recit est tres interessant et explique les phénomènes d'endoctrinement....je vous recommande tous les ouvrages de ce juge a part entière qui a tout compris mais malheureusement qui n'a pas pu faire tout ce qu'il souhaitait.

Tout ce qu'il évoque est réel ... Et dire que nous ne sommes qu'au début de cette guerre .... Ça fait peur ....

A lire absolument !!!!
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Ahlam

Le récit commence en Tunisie en 2000 sous le régime de Ben Ali.

Paul Arezzo, célèbre peintre, arrive dans un petit village de pêcheurs. Il se lie d'amitié avec un pêcheur de l'endroit Farhat et sa famille très humaine, avec de belles valeurs.

L'amitié perdurera pendant tout le roman et Paul initiera Issam, le fils de Farhat, à la peinture et Ahlam, sa fille, au piano tout en nourrissant un grand rêve : réunir différents arts comme la peinture et la musique pour faire naître une grande œuvre.

Quelques années plus tard, dans la prime adolescence des enfants, Ben Ali est chassé. Le nouveau régime débridé, laisse la part belle aux islamistes très engagés dans leur "combat" mais aussi à une part de la population qui veut la liberté après la révolution des Jasmins.

Un des deux enfants va se faire embrigader et l'auteur analyse très bien, un peu trop longuement peut-être, cette montée avec toute son expérience de juge d'instruction au pôle antiterroriste.

Marc Trevidic est remarquable par la documentation dont il fait preuve sur les habitudes du pays et le passé proche de celui-ci, allant jusqu'à nous livrer des termes du terroir, heureusement pour nous, expliqués.

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Terroristes



Je ne regarde pas souvent la télé et s'il m'arrive de faire une exception c'est pour me brancher sur une chaîne belge afin d'apprendre ce que mon grand ami, l'honorable Bart De Wever, président d'un parti de la droite flamande, a encore trouvé comme finesse pour semer la zizanie. Le nom de Marc Trévidic m'était dès lors lamentablement inconnu. C'est grâce à mon amie Céline Natchimie Garcia, "celdadou" sur Babelio, que j'ai, enfin, découvert ce grand spécialiste français de la lutte antiterroriste. En effet, son excellent billet du 2 août 2016 (49 appréciations) de l'ouvrage "Terroristes" m'a mis le puce à l'oreille et j'ai donc tout de suite commandé et lu ce livre. Comme j'y ai appris beaucoup sur un sujet que je croyais connaître pourtant relativement bien - et pour cause après les récents excès sanguinaires dans nos pays civilisés - je remercie vivement Celine, de son conseil.



Le seul inconvénient c'est que Marc Trévidic en sait tellement sur ce colossal fléau de notre temps que cela ne doit pas être simple pour lui d'expliquer à des virtuellement ignorants les allants et aboutissants d'une thématique autant vaste que complexe. Il ne s'agit pas d'une critique déguisée de ma part, mais le livre force le lecteur à réfléchir et à se souvenir de certains actes vandales, avec comme résultat que l'on passe un bon bout de temps à faire des recherches dans sa bibliothèque et sur internet.



Ainsi, dans un 2ème chapitre, intitulé "L'agent double d'Al Qaida", Marc Trévidic nous retrace l'histoire du docteur d'origine palestinienne, Human Khalil Al-Badawi, aussi connu sous le nom d'Abu Dujana Al-Khourassany, (1977-2009) un personnage qui constitue d'une certaine manière quasi à lui seul la personnification de la question. Il en incarne à lui seul plusieurs éléments, à savoir : le désespoir, la radicalisation, la violence et l'impuissance relative de nos services de sécurité face à un seul homme déterminé prêt à tout. Je dois dire que ce toubib m'intrigue tellement que je viens de me commander l'ouvrage du journaliste américain, Joby Warrick, lauréat du prestigieux Pullitee Prize en 1996, qui a fait une analyse détaillée du cas d'Al-Badawi "The Triple Agent" paru en 2012, que je ne manquerai pas de commenter ici.



Étant foncièrement pacifiste et condamnant l'usage de la violence, je ne vais très certainement pas promouvoir Ai-Badawi en héros, mais ce personnage à part mérite réflexion. Et bien que je compte donc revenir prochainement un peu plus en détail sur son parcours insolite, voici en bref de quoi ce personnage, qui a eu une kyrielle de pseudos, retourne.



Né le jour de Noël 1977 au Koweït de parents réfugiés palestiniens des classes moyennes dans une famille qui comptait 9 gosses, Al-Badawi a fait de brillantes études à Amman en Jordanie, et à l'université d'Istanbul, il est devenu médecin à l'âge de 25 ans. Comme toubib, il s'est construit très vite une bonne et solide réputation en soignant de réfugiés sans souvent demander d'honoraires. Seulement les conditions de vie de nombreux réfugiés l'ont profondément marqué.



En une espèce de compensations par pitié pour ses compatriotes et par dégoût pour leur sort, le gentil docteur s'est mis à publier un blog sur le net dans lequel il clama son désespoir et sa révolte dans des termes particulièrement virulents. Ce blog devint rapidement populaire, surtout parmi les jeunes, mais était également lu par les services de sécurité, ce qui lui a valu une arrestation par les services jordaniens. Lors d'un interrogatoire plutôt aimable avec un officier pas bête, un "gentleman's deal" fut conclu selon lequel Al-Bawani allait aider les services jordaniens. Comme ceux-ci travaillent étroitement avec la CIA, quand le toubib annonça qu'il allait comme auteur du blog populaire essayer de rencontrer Ayman al-Zawahiri, le légendaire n° 2 d'Al Quaida, l'agent double devint pour les Américains top prioritaire. Son dossier passa jusqu'au bureau de ...Barack Obama ! L'assassinat par tir de drone yankee du taleb (singulier de taliban = étudiant) Baitullah Mehsud en aout 2009 au Pakistan, son ami et maître, le décidai à commettre un attentat-suicide. Le 30 décembre de la même année, il se transforma en bombe humaine à la base de drones US Chapman en Afghanistan à 10 kilomètres de la frontière pakistanaise, tuant 8 officiers de sécurité (7 de la CIA et un Jordanien). En fait, il n'avait jamais été agent double, ou même triple comme de mauvaises langues ont prétendu. Sa loyauté a toujours été avec son peuple.



Je m'excuse d'avoir été un peu long sur cet homme que je refuse d'idéaliser, mais il illustre de façon éclatante la complexité du dossier : une cause légitime au départ, la culture de la haine et de la violence à outrance, et la mission peu confortable de nos services de sécurité.



C'est ce dernier point, entre autres, que Marc Trévidic explique de façon très convaincante dans son livre. Le rôle des responsables du combat antiterroriste est pour le moins ingrat : en charge de notre salut sur terre, suivi de très près par une presse fréquemment injuste à leur égard et soumis évidemment à des chefs politiques, pour qui la logique est généralement fort différente des impératifs stricts de sécurité. Du bleu partout dans les rues commerçantes de nos villes fait fuir les clients et entraînent des pertes de revenus plus ou moins importants. Cela a notamment été le cas à Anvers, où mon idole De Wever, comme maire de la plus grande ville flamande, avait commencé à mettre des flics partout en grand nombre jusqu'à ce que les propriétaires de magasins, restos et cafés se mirent à protester contre ce manque de pertes de revenus devenues important à un moment donné.



Les problèmes que l'auteur du livre a connus avec les politiciens, tel le président Sarkozy, relèvent de la politique intérieure française que je préfère ne pas aborder ici. Il va de soi qu'une personnalité comme ce magistrat "dérange" occasionnellement en haut lieu.



Marc Trévidic, qui a été juge d'instruction au tribunal de grande instance de Paris au pôle antiterrorisme de 2006 à 2015, bénéficie d'une expertise au sommet de cette lutte, qui est rare. Comme l'a noté un journaliste du Nouvel Observateur très correctement à mon avis " (Il) a trouvé un habile subterfuge qui respecte à la fois le secret entourant la lutte antiterroriste et la nécessité d'édifier les foules". Cela a été, je présume, aussi le cas lors de ses apparitions à la télé et ses ouvrages antérieurs : "Au coeur de l'antiterrorisme" (2011) et "Qui a peur du petit méchant juge ?" (2014). Son premier roman "Ahlam" de 2016 couronné du Prix Maison de la Presse, je ne l'ai pas encore lu, mais il a reçu un paquet d'appréciation sur notre site. Quoique son langage ne soit parfois pas précisément des plus faciles.

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Ahlam

Faute d'avoir beaucoup de bien à vous dire de ce livre, on va un peu en discuter car les sujets abordés sont intéressants. Marc Trévidic est un politique/un juge, responsable en islamisme... On est donc en plein dans l'immigration /l'islamique... Alors préparez-vous à lire des "Allah ceci, Allah, cela" a toutes les pages...

Le voyage, le tourisme, le Français, "chapeau rouge", l'hôtel, la discrétion... Les professionnels, un brin de sexy, encore de l'Islam. Et un auteur puissant, sûr de lui.

Les descriptions sont plutôt biens mais ont parfois trop de détails...

La poésie arabe... C'est vrai que c'est un langue agréable à l'oreille, enfin, la langue arabe, telle que la pratiquent les musulmans chevronnés, tolérants et paisibles...

Certains passages sont exquis.

Ahlam est une femme. Elle étudie la musique et à ce qu'il paraît, ce n'est pas bon genre pour une femme musulmane... Nourdine est une personnage tendre et affectueux.

Ce livre contribue à lutter contre la radicalisation et c'est l'unique raison qui lui fait dépasser la moyenne ; ).

Belle journée!
Lien : https://fr.ulule.com/charles..
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Le magasin jaune

Une boutique peinte en jaune lumineux, celui du mimosa en pleine floraison , un magasin de jouets, merveilleux comme il n'en existe plus, géré par le couple que forme Gustave et Valentine, situé au coeur de Pigalle, dans une modeste rue , celle qui célèbre Germain -Pilon un sculpteur de la Renaissance.

Un roman à la fois conte par la fiction et récit réaliste étayé par l'Histoire où se confrontent, s'affrontent la violence des adultes, et l'innocence de l'enfance, de l'adolescence, ceux qui résistent, ceux qui collaborent, ceux qui font régner la barbarie.

C'est bien écrit, bien documenté, Marc Trévidic , d'origine bretonne aquarellise son récit de folklore breton, et puis il y a les vrais héros de cette histoire : tous ces jouets omniprésents longuement énumérés, longuement décrits qui ont une âme "qui s'attache à notre âme" , désormais désuets et remisés au grenier ou disparus à jamais, qui nous ont fait (et font toujours) rêver.

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Ahlam

Je ne connaissais pas Marc TREVIDIC. Je le découvre à travers ce roman qui parle d’art, de musique, de beauté, d’amour.



Mais également et surtout, de la montée de l’islamisme en Tunisie, et de l’embrigadement des jeunes. Des dégâts que cela cause au sein d’une famille unie, dont chacun des membres sera impacté.



Une très belle description de la recherche de la perfection de la peinture et de la musique, une histoire d’amour un peu trop idyllique à mon goût, à la « Barbara Cartland », mais toutefois, la façon dont un jeune, Issam, éduqué dans une famille non religieuse, éprise de liberté, se laisse embrigadé par un de ses amis, et endoctriné par un « gourou », simplement parce qu’il est influençable et fragile.



J’ai beaucoup apprécié la relation qui se noue entre Paul et Farhat, et sa famille, et la description de la prise en main d’Issam par des islamistes. Je mettrai un bémol sur les amours de Paul. Marc TRÉVIDIC a notamment voulu mettre l’accent sur le fait que l’art, l’éducation et l’amour seront toujours présents pour s’opposer à toute dictature quelle qu’elle soit et malgré tout.

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Le magasin jaune

C’est l’histoire d’un magasin jaune où les rêves et les souvenirs se confondent , la cire embaume , les jouets marchent et les manèges tournent ,les singes sifflent et les oiseaux chantent …..

On y trouve des jouets brisés ou déformés réparés par le propriétaire , des jouets mal aimés dont personne n’a voulu…..



Et dans ce magasin jaune , tout le monde sait que des miracles se produisent …..

Nous sommes à Pigalle en 1929, une boutique de jouets fraîchement repeinte couleur mimosa est rachetée par un jeune couple Gustave , tourmenté par le souvenir de son père , méticuleux , anxieux , angoissé, désireux de rivaliser d’inventivité pour redonner de l’éclat à ce lieu magique , ——-qui deviendra le point de ralliement du quartier ———et sa femme : Valentine , légère , enjouée , travailleuse , enchantée de vendre des poupées de porcelaine , , en bois ou en celluloïd , des soldats en bois peint , des jeux d’adresse , billes , toupies , balles , ballons bilboquets et cerfs - volants , des automates ….des pantins …

Le magasin jaune en 45 chapitres courts , touchants , addictifs , retrace l’histoire d’un lieu où joies , désespoirs , inventivité , énergie se déploieront de 1929 à 1942 .

Le propriétaire Gustave est rongé par le remords , son père , est tombé en héros lors de la grande guerre et lui?

Que fait- il pour sa patrie ?

Germaine , dite Quinze , la fille de Gustave et de Valentine est la mascotte des jeunes du quartier , sensible et déterminée elle possède une grande force intérieure , la capacité à entendre , sentir , prévoir ce que l’on exprime ou pas en temps de guerre, bravache , elle mène son père par le bout du nez , cette «  princesse » déteste les injustices , courageuse , on la suit dans sa classe ou le père du petit François est pétainiste…



Le magasin jaune sera t - il préservé de la violence et de l’horreur au temps , où , au dehors , le monde s’obscurcit ?

Sera t - il un rempart au temps de l’occupation , de la guerre , lors des véritables choix ?

Contre la folie meurtrière des hommes ?

Ce magasin jaune , dépositaire de l’innocence et des rêves de l’enfance , celle des magasins où , autrefois , les enfants , le nez collé à la vitre allaient s’émerveiller devant le dernier jouet à la mode …..



Où n’est- il qu’une prison de mensonges et d’illusions ? .



Gustave s’y enferme , garde ses secrets, Valentine désire s’en échapper et les enfants continueront de jouer le jeu,..

Avec leur tête , ils recréent le monde , l’imitent parfois ,préfèrent l’innocence du rêve à la violence des désillusions et du cauchemar ….



De l’Art Déco aux chars d’assaut , de la musique militaire à Cole Porter , le lecteur vit avec l’auteur des joies naïves simples , pures , des familles aimantes à celles où l’éducation passait par les coups , de ceux qui obéissaient à ceux qui se révoltaient ….



Roman historique teinté de nostalgie, fort bien écrit dont on goûte la sensibilité , les émotions , les drames , le courage , l’esprit de résistance , l’héroïsme ou la lâcheté d’une poignée d’adultes et d’enfants emportés dans la tourmente de la guerre , qui nous rappelle que lorsque l’on joue , on peut tout perdre …



J’ai beaucoup aimé cette très belle œuvre sensible , celle d’un lieu mythique où joies et désespoirs se succèdent , où la résignation fait place à la résistance et à l’inventivité , où le bonheur est fragile comme la poupée de porcelaine de la vitrine , sous le regard froid , énigmatique d’Arlequin .



Je connaissais Marc Trévidic pour d’autres raisons , conquise , je vais lire «  Ahlam » paru chez Lattès , en 2016.
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Ahlam

Durant les années 2000, Issam et Ahlam, les deux enfants de Farhat le pêcheur, grandissent au sein d'une famille musulmane non pratiquante, ouverte, instruite, aimante, aux Kerkennah en Tunisie, un archipel de toute beauté. Paul, un célèbre peintre français les ouvre avec bienveillance à l'art, le jeune Issam s'exprime à travers la peinture, en osmose totale avec sa soeur Ahlam qui excelle au piano.

Mais la toile de fond de ce conte est bien sombre, Ben Ali est chassé du pouvoir et l'islamisme fait perdre la raison du jeune adolescent qui renie sa famille pour basculer dans le terrorisme.

Marc Trévidic, ancien juge antiterroriste, s'est plongé durant dix ans dans ses dossiers avec passion. Il connaît parfaitement les filières islamistes, les courants religieux, la complexité des enjeux géopolitiques. Avec Ahlam, il signe un premier roman prometteur, prenant et humaniste, sans jamais édulcorer l'effroyable violence des réseaux islamistes ou noyer le lecteur de fastidieuses explications. C'est glaçant, émouvant, l'obscurantisme et l'art s'affrontent avec virulence, broyant une famille dans un combat sans merci.

Il y a quelques longueurs, de grandes passages inutiles sur les passerelles possibles entre les différents modes d'expressions artistiques mais Alham est un poignant roman réussi.

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Ahlam

Deux - grands - plaisirs et un - petit - regret à la lecture d'Ahlam de Marc Trévidic, un des cinq finalistes du Grand Prix RTL-Lire 2016.



Tout d'abord, l'histoire, remarquable. Celle d'Ahlam et d'Issam, frères et soeurs tunisiens que Paul, célèbre peintre momentanément "exilé" à Kerkennah, va prendre sous son aile artistique, après la mort de leur mère. Des enfants qui vont grandir dans une Tunisie bouleversée. Le garçon devenu jeune homme cédera peu à peu aux sirènes des fondamentalistes. La jeune femme se rebellera. Tous - mais certains bien plus que d'autres - en paieront le prix.



C'est une histoire forte, d'amitié d'abord, entre Paul et Fahrat, le père d'Issam et d'Ahlam. D'amour ensuite, mais chut : no spoil ! D'amour également envers la terre tunisienne, son histoire, ses habitants, sa lumière si particulière et ses paysages faits, normalement, pour n'aspirer qu'à la paix.



C'est surtout un regard romancé mais très avisé et documenté (avec un recul et une analyse digne de l'idée que je me faisais de l'auteur, qui force le respect) sur ces incroyables années de bouleversements que la Tunisie traverse depuis 10 ans, entre la fin de l'ère Ben Ali, la révolution de jasmin et ses espoirs, puis l'arrivée d'En Nahdha et ses cruelles déceptions. Une réflexion sur la nature même d'un pays et d'un peuple, peu à peu amené à se conformer à un fonctionnement contre nature, injuriant ce qu'il est et ce sur quoi il s'est construit. À l'image d'Issam, les plus faibles doutent, et à défaut suivent. À l'image d'Ahlam, les autres résistent, ou tentent de le faire. Et l'histoire n'est pas terminée...



Deuxième plaisir, l'approche artistique de Trévidic, un "terrain" où je ne l'attendais pas. Le livre est une ode à l'art sous toutes ses formes, celui qui transcende tout, qui sauve de tout : la preuve, c'est toujours ce que les fondamentalistes s'acharnent à détruire, comme autant de traces gênantes de ce qu'ils ne seront jamais. Durables, rassembleurs, interrogateurs... Dans Ahlam, la peinture interpelle la musique et l'écriture, ce qui donne lieu à quelques belles pages, malheureusement inégales. Certaines réflexions sont belles et sensées. D'autres tirent un peu à la ligne.



Et c'est là mon regret : l'écriture et le style sont beaucoup trop hétérogènes à mon goût. Dès qu'il est dans l'histoire, Trévidic est dans son élément et sa plume est directe, factuelle, conforme au style nécessaire à nous plonger dans l'atmosphère de cette Tunisie déboussolée qu'il arrive à nous faire comprendre autant qu'aimer. Mais dans ses pages sur l'art ou sur l'amour, le (très) bon alterne parfois avec une certaine forme d'écriture naïve ne "collant" pas avec le reste. Dommage, mais le reste l'emporte très largement.



Et pour un premier roman, cela augure bien des prochains, que j'attends déjà avec impatience !



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Le magasin jaune

Qui n'a pas rêvé , enfant, d'habiter dans un magasin de jouet ?



Un monde imaginaire, un monde idéalisé mais comme le rappellent les petits écrits avant chaque chapitre, un monde également hiérarchisé et qui n'est finalement qu'un monde faussement parallèle de celui de la vie réelle avec en chute parfois brutale, la fin de l'enfance surtout lors de périodes difficiles comme dans les années 1940 lorsque les illusions d'un monde protégé s'envolent devant la réalité crue imposée à des yeux enfantins .



C'est tout cela le Magasin Jaune et tout d'abord le rêve de Gustave et Valentine, jeunes mariés lorsqu'ils rachètent la boutique dans une petite rue de Paris loin des Grands Boulevards et la repeignent en jaune puis le paradis de Quinze , leur fille .



La Grande Histoire s'invite avec ses secousses et les accents dramatiques du roman évoquent parfois Uranus de Marcel Aymé .



Une lecture très agréable , j'ai été surprise de voir si peu de critiques même si le sujet a été archi rabâché, Marc Trévidic avec son Magasin Jaune lui donne une touche originale et sensible .
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Ahlam

Dans la sérénité d’une île tunisienne où le peintre Paul Arezzo s’installe pour retrouver l’inspiration, s’épanouit une amitié solide avec la famille de Farhat le pêcheur. Les enfants deviennent vite une source de créativité pour l’artiste qui désire faire éclore leurs talents respectifs en dessin et musique.



Mais dans ces printemps arabes qui bousculent les dictatures, l’illusion de démocratie va vite se fissurer. Il va falloir compter avec la montée de l’intégrisme et l’intolérance. Sur une dizaine d’années de changement politique, les destins de Paul et de ses amis vont en être radicalement changés.



On n’a pas été juge anti-terroriste pour ne pas utiliser une connaissance pointue des mouvances islamistes, de leurs actions sur le terrain et de leurs mécanismes d’embrigadement. Pour son premier roman, Marc Trevidic nous met dans l’actualité récente de la Tunisie, au plus près des populations, nous la rendant plus prégnante, plus cruellement intrusive.



On n’évite pas quelques poncifs et une histoire d’amour prévisible pour tenter la carte humaniste dans un décor de plus en plus gris. La théorisation artistique est également un peu obscure, entre palette de couleurs et sons.

La description du salafisme reste la partie la plus passionnante, bien que l’endoctrinement soit très vite insupportable à lire. Mais le but est atteint pour en dénoncer l’obscurantisme.



Entre ses diverses composantes, la narration se développe néanmoins avec aisance, avec de beaux personnages, des moments de grâce poétique et dans un engrenage impitoyable où le statut de la femme est réduit à néant.



Un livre inégal mais aux belles qualités documentaires.

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Le magasin jaune

Le grand-père et le père de Gustave étaient ébénistes dans le Jura. Ils avaient étendu leur activité à la fabrication de jouets en bois. Devenu modeste employé de banque, Gustave se rend chez les Muller qui tiennent un magasin de jouets pour leur signifier la suppression de leur ligne de crédit. Gustave trouve le magasin vide et les Muller pendus avec des cordes à sauter.



Sa fiancée, Valentine veut bien épouser Gustave à une condition qu’ils achètent le magasin de jouets. Gustave déploie toute son énergie pour faire de ce vieux magasin le paradis des enfants. Nous sommes en 1929.

Les deux rêves de Valentine prennent forme, un enfant qui pousse dans son ventre et l’inauguration du magasin de jouets « le magasin jaune ». Germaine naît en 1930 et est surnommée Quinze, le numéro du magasin jaune dans la rue Germain Pilon.



La crise financière n’a pas de conséquences immédiates et le chiffre d’affaires se développe. Mais petit à petit, l’argent ne rentre plus et Gustave devient angoissé, ses nuits sont agitées. Gustave prend l’habitude de passer ses soirées au bistrot pour échapper au silence de son couple. Valentine découvre qu’elle commence à ne plus l’aimer. L’euphorie du Front populaire s’est éteinte et tout le monde parle de guerre avec l’Allemagne. L’illusion vit ses derniers instants.



Un autre roman sur cette période de la Deuxième Guerre mondiale, mais Marc Trévidic nous surprend par la construction originale puisque c’est à travers un magasin de jouets que nous suivons la vie quotidienne d’une rue de Paris dans le quartier de Pigalle de 1929 à 1942, un magasin jaune comme la couleur de l’étoile que devront porter les juifs, un magasin symbole du monde de l’enfance face à la barbarie. Des personnages attachants avec à leur tête Quinze, la chef de bande des gamins du quartier qui refont la guerre entre les frisés et les résistants dans une cave à coup de morceaux de charbon, un esprit ferme et résolu à la limite de l’impertinence, elle ne boude jamais, mais ne cède jamais. Socrate un colosse de deux mètres, le patron du bistrot qui incarne la sagesse du comptoir et aussi l’amitié et la fidélité jusque dans la mort. Et puis Léa la petite Youpine heureuse d’être juive.



L’auteur nous entraîne avec bonheur, à travers les petites histoires de ce quartier dans la grande Histoire celle de l’horreur. Son écriture est agréable et sait donner vie à ses personnages dont Gustave qui rêve de mettre sa vie en danger pour s’apprécier lui-même, car il n’est qu’une pâle copie de son père.



Marc Trévidic nous avait agréablement surpris avec son premier roman « Ahlam » sur la montée de l’islamisme en Tunisie, ce second roman est une vraie réussite.











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Ahlam

Le début d'Ahlam est ce qu'il y a de meilleur dans le roman de Marc Trévidic. La description de l'Eden qu'est ce petit coin de Tunisie pour un peintre qui s'y réfugie est chatoyant et une belle ode à l'art, à la beauté et à l'amitié. Le reste du roman est d'une certaine façon plus convenu comme si l'auteur était piégé par le contraste entre la lumière des relations tissées par son héros et son amour de la création, d'un côté, et l'ombre des menaces de plus en plus présentes dans une Tunisie où le Printemps arabe s'accompagne d'une montée radicale et fondamentaliste, de l'autre. Non pas que le roman soit manichéen, ses personnages ne sont pas tout d'une pièce, mais quand il s'agit de montrer la haine et l'intolérance, la plume de Trévidic se fait démonstrative et l'enchaînement des circonstances surprend par sa "candeur" narrative, embarrassante même tellement la course vers un dénouement tragique semble attendue et prévisible longtemps avant, tout comme ce contraste trop marqué entre l'évolution du frère et de la soeur, enfants du pêcheur, l'ami tunisien du peintre. Il n'est pas facile d'écrire à la fois un roman élégiaque et politique, certes, et si Ahlam témoigne de maladresses dans son style et son déroulement, il offre aussi de belles p(l)ages simples et inspirées sur le bonheur d'être en vie et de la consacrer à la beauté du monde que des forces obscurantistes s'acharnent à vouloir détruire.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Ahlam

Paul Arezzo, célèbre peintre français, reconnu et adulé dans le monde entier,après un chagrin d'amour s'installe sur l'archipel de Kerkennah, petit paradis tunisien pour s'y ressourcer, et retrouver l'inspiration.

Là ,il fait la connaissance de Farhat le pêcheur, et de sa famille : sa femme Nora,professeur de français Issam leur fils et Alham leur fille.

Ils se retrouvent souvent et des liens d'amitié sincère se nouent entre Paul et cette famille, qui au travers Paul entrevoit toute la culture occidentale. Nora aimerait que ses enfants ne connaissent pas l'injustice et la corruption et voudrait les voir sillonner le monde.

Mais ce bonheur tranquille est précaire car bientôt de graves événements vont faire éclater cette famille au milieu de " la révolution de jasmin " en décembre 2010.

Nous sentons toute la connaissance de M. Trevidic sur le terrorisme lorsqu'il décrit la tension qui monte et la colère qui gronde en Tunisie ,après l'immolation de Mohamed Bonazizi : simple vendeur de fruits et légumes qui s'était vu confisquer son étal plusieurs fois car il il ne possédait pas l'autorisation officielle pour vendre.

Et puis ,il y a ce contraste saisissant entre le monde de l'artsous toutes ses formes que défend Paul et la montée de l'islam radical qui rejette toute notion de l'art exercé par les"mėcrėants ".Le mécanisme de l'embrigadement de cette jeunesse tunisienne dėsoeuvrėe est très bien analysé,nous reconnaissons là l'expérience du juge antiterroriste.

D'un genre tout a fait différent que : le magasin jaune,c'est aussi un livre à plébisciter car si l'histoire est fiction souvent la réalité la rejoint et nous interpelle, nous ouvre aussi la réflexion sur la manipulation des individus : pourquoi et comment en est-on arrivé là ?.⭐⭐⭐⭐⭐
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