Réception de
Georges Duby à l'Académie française
Retransmission en direct de l'Institut de France, quai de Conti à Paris, de la cérémonie d'intronisation de l'historien
Georges DUBY à l'Académie française.Gérard PINSON dresse l'
historique du Collège des Quatre-Nations et rend hommage à l'écrivain
Marcel ARLAND, disparu le 12 janvier 1986, avec un extrait de l'émission "Ouvert le dimanche" du 13 juin 1982. Il brosse ensuite un bref...
L'amour, c'est de goûter à travers une unique personne le charme du monde entier.
Vincent Muselli (1889-1956) : Les Chiffonniers
Oui, de tous les métiers le vôtre est le plus sage ;
Aucun saurait-il mieux vers le souverain bien
Élever la pensée, en nous montrant combien
De l’or et des honneurs rapide est le passage !
Du monde d’ici bas, le véritable aspect
Vous seuls le connaissez, qui, la main souple et dure,
Bravant également la tempête et l’ordure,
Fouillez nos vanités d’un crochet sans respect.
Votre tâche pourtant, multiple et monotone,
Veut force et patience, ah ! qu’un autre s’étonne
Que de la bien remplir n’aille point sans tourment !
Je comprends quels soucis plissent vos fronts moroses
Lorsqu’au petit matin vous rentrez lentement,
Portant sur votre dos la ruine des choses.
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Une petite femme sèche et grise, au regard aigu, aux lèvres méfiantes, au menton autoritaire, d'une propreté méticuleuse, mais sans autre coquetterie que ses bandeaux bien lissés et ses bottines de dame : à voir Colette Blaison loin de son fils – la veuve Blaison, la mère de Richard –, un étranger l'eût-il rapprochée du grand garçon, affable et dégingandé ? Mais, la première, elle semblait s'étonner d'un tel fils.
"Enfant, je ne vis jamais sans trouble danser les paysants de mon village. Ils allaient à la danse comme à une solennité; raidis, lourds et graves, les yeux fixes, ils semblaient chercher au fond d'eux-même quelque grand rythme oublié."
En amour, voyez-vous, mon cher, il faut de l'audace.
Nous disions les bois. La forêt, c'était un mot de livre ou de narration ; comment l'appliquer à nos étendues sans ordonnance, tantôt fourrés, tantôt clairières, trouées de ravins, sillonnées de sentiers de charroi que la moindre averse rendait impraticables ?
Je ferai ce soir ma dernière promenade à travers le village. Je vais vous rejoindre. Saurai-je enfon vous parler comme ici ? J’ai peu d’illusions sur moi et je ne souhaite pas que vous soyez moins lucide. Je ne vous apporte rien que vous ne connaissiez ; mais de ce que je suis et de ce que vous êtes, à cette heure de nos vies, il me semble que nous pouvons tirer un chant qui soit le nôtre et nous accompagne. Le monde pend une nouvelle, une étrange jeunesse, à qui sent que les jours passent, où il lui est encore donné d’en jouir. Je suis plein de sagesse, vous le voyez. Et puis l’été commence. J’entends comme jamais l’oiseau de Cachemire.
Peu à peu, il cessa de s'intéresser à beaucoup de questions qui l'avaient préoccupé jusqu'alors. Il trouva vain de chercher un but ; il ne s'interrogea plus sur la valeur de ses actions ; il perdit même en grande partie le besoin de s'analyser qu'il éprouvait depuis son enfance. Le monde extérieur, l'instant présent et le sentiment de la fuite de cet instant comptèrent pour lui plus qu'ils n'avaient jamais fait.
Parfois ma mère, s'asseyant entre nous, lisait à voix haute. Je n'en étais pas très heureux. Non qu'elle lût mal ; elle apportait au contraire à sa lecture toute la mise en scène, les sous-entendus, les commentaires, le jeu dramatique enfin dont elle ne se séparait jamais. Mais il me semblait que le mot n'a pas besoin de la voix, qu'il trouve son seul accent juste dans la silencieuse musique de l'esprit.
Même à midi, la cuisine restait sombre. Tout le jour de la rue s'amassait en vain devant l'étroite fenêtre; je ne la vis jamais ouverte; de vieux rideaux d'alcôve et des pots d'hortensias la réduisaient encore. Et comme la pièce était longue et déclive, tous les degrés de la pénombre s'y succédaient jusqu'aux angles du fond, où quelque reste de la nuit passée semblait attendre la nuit prochaîne.