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Citations de Marcel Béalu (67)


AU BEAU TÉTIN

Tétin refait, plus blanc qu'un œuf,
Tétin de satin blanc tout neuf,
Tétin qui fais honte à la rose,
Tétin plus beau que nulle chose,
Tétin dur, non pas tétin, voire
Mais petite boule d'ivoire,
Au milieu duquel est assise
Une fraise ou une cerise,
Mais je gage qu'il est ainsi.
Que nul ne voit, ne touche aussi,
Tétin donc au petit bout rouge,
Tétin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller,
Tétin gauche, tétin mignon,
Toujours loin de son compagnon,
Tétin qui porte témoignage
Du demeurant du personnage,
Quand on te voit, il vient à maints
Une envie de dedans les mains,
De te tâter, de te tenir ;
Mais il se faut bien contenir
D'en approcher, bon grès ma vie!
Car il viendrait une autre envie.

...

C. Marot
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L'un va cherchant la mort aux flancs d'une muraille
En escarmouche, en garde, en assaut, en bataille
Pour acheter un nom qu'on surnomme l'honneur.

Mais moi, je veux mourir sur tes lèvres, maîtresse,
C'est ma gloire, mon heure, mon trésor, ma richesse,
Car j'ai logé ma vie en ta bouche, mon cœur.

Remy Belleau
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Je veux dormir! dormir plutôt que vivre!
Dans un sommeil aussi doux que la mort,
J'étalerai mes baisers sans remords
Sur ton beau corps poli comme le cuivre.
...
L'oubli puissant habite sur ta bouche,
Et le Léthé coule dans tes baisers.
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Marcel Béalu
Regret des oiseaux
Ma tour était un phare englouti sous les eaux. Devant ses feux éteints et ses miroirs brisés, inutile guetteur, je pouvais voir parfois, traversant les profondeurs opaques peuplées de lémures, un grand navire aux flancs troués se poser sur un lit de bulles roses. Loin de la nuit, loin du jour, enfoncés dans le silence, à plus de mille pieds sous les tempêtes et les ressacs, je vivais là, au milieu des étincelantes ténèbres où nulle heure ne sonna jamais. Le cœur léger d’être sans souvenirs, il m’arrivait souvent d’abandonner à ses propres moyens d’existence mon insolite méditation. À cheval sur la rampe de cuivre, je descendais en vrille, dans l’étroit escalier, jusqu’aux demeures humides, tapissées de pierres vivantes, où m’attendait ma douce, ma pâle jeune fille…

(« Mémoires de l’ombre », Gallimard, 1944)
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Baiser
(...)
Puis, quand s'approche de la tienne
Ma lèvre, et que si près je suis
Que la fleur recueillir je puis
De ton haleine ambroisienne,
Quand le soupir de ces odeurs
Où nos deux langues qui se jouent
Moitemnent folâtrent et nouent,
Éventent mes douces ardeurs,
Il me semble être assis à table
Avec les dieux, tant suis heureux,
Et boire à longs traits savoureux
Leur doux breuvage délectable.

Joachim Du Bellay
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Aux hommes futurs



Vous qui verrez les villes bâties dans le ciel,
Les jardins aériens cernés par le silence,
N’oubliez pas les hommes de votre passé
Qui se traînaient hagards, poumons empoisonnés
Dans le tohu-bohu des vieilles cités,
Parmi la foule des trottoirs dans l’air pollué.
Vous qui aurez peu à peu quitté
Les villes construites autrefois sur la terre
Les campagnes transformées en désert,
Les forêts calcinées, les mers empoisonnées,
Pour vous envolez vers l’espace habité,
Ne nous oubliez pas !
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Marcel Béalu
Le néant s’agite et crie



Le néant s’agite et crie
Mais le miracle attendu
Depuis le début des temps
Arrive à pas de souris

Ah reste encore immobile
Un seul geste un seul regard
Le ferait s’évanouir

Il grandit grandit grandit
Il va s’abattre sur toi

Non ne te retourne pas
Tu pourrais mourir de joie.
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Marcel Béalu
Une étoile …



Une étoile pour rêver
Et dans mes mains deux oranges
Au bout des rues sont les anges
Nous allons les retrouver

La lune des faux départs
Est morte au creux de la nuit
Je laisse à chacun sa part
La mienne est au fond du puits

Mais je conserve le signe
Pour pénétrer en tous lieux
La couronne d’aubépine
Faite en larmes des adieux
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Marcel Béalu
L’indifférent



J'ai un cheval noir et trois ânes blancs
Dans une maison près d’un étang rose

Le cheval peut galoper dans la lune
Les trois ânes trotter sur l’étang

Je n’aime plus que le vent de novembre
Courant après les passants de Paris

Et l’ombre que fait ma plume en grinçant
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L'isolateur est une sorte d'enveloppe semi-rigide, de forme ovoïde, imperméable et transparente. Au centre de cet oeuf presque invisible, le promeneur se trouve à l'abri de tout contact, complètement isolé. Ses pieds même ne touchent plus le sol, la seule idée du chemin à parcourir suffisant à mouvoir l'isolateur dans la direction désirée.
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La fleur se mit à chanter. Une chanson douce et cependant violente sourdant des racines pour monter jusqu'au calice et s'élancer légère, si légère, mais en même temps sonore et pleine, vers les plus hautes feuilles. Et la clairière entière, brusquement éclairée d'une extraordinaire lumière, devint vivante pour se pencher vers la merveille.

La fleur qui chante
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En approchant de mon armoire, ce soir-là, je vis dans la glace venir l'image d'une jeune fille. Son sourire était triste et ses deux petites mains flottant comme des oiseaux devant son visage semblaient vouloir écarter le transparent réseau qui la tenait captive. Me croyant devenu fou, je fermai les yeux avant de me pencher une nouvelle fois sur le miroir. L'inconnue était toujours là, emprisonnée dans la fixité de l'étain. Alors, empoignant un objet à portée de ma main, je le lançai contre l'infranchissable cloison qui se brisa dans un bruit à réveiller le quartier.
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Il faut s'égarer sept fois dans le labyrinthe de la terre pour connaître l'écho qui en habite les voûtes, gardien des métaux et des pierreries ; le masque verdâtre hantant ses profondeurs ; la mélancolie de ses grottes humides, asiles des pensées secrètes et des monstres. Au rescapé de ces régions étranges la surface de la terre apparaît couverte d'organes suceurs, nouveaux pièges qu'il devra vaincre. Fécondée, la terre autrefois si légère devient lourde, oeuf gigantesque pesant à nos pieds comme aux serres de l'aigle la proie.
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Je n'ai pas de voix, pitoyablement ma bouche s'ouvre et se ferme. Au nom de quoi, au nom de qui, parlerai-je ? Etranger, je ne peux être que le représentant d'un autre monde. Ma vertueuse indignation de témoin incognito ne vaut rien. Va-t-en spectateur, ou apprends mieux ton rôle!
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L'enfant couve en lui une aurore, les fragments d'un soleil éternel sont prisonniers de son sang. Quand jaillit pour la première fois sous ses doigts l'étoile perlée, l'immortelle fleur de nacre, il n'a de répit jusqu'à ce que surgisse à nouveau, au sommet de le Rose Trémière, cette larve d'astre, cette perle du matin. Tant qu'il y aura le désir, avec cette pressante, cette inconcevable tendresse, d'atteindre un autre sang, de toucher une autre chair, il restera branché sur le soleil, à l'écoute de la lumière.
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Qu'est-ce que j'ai fait ? se demande-t-elle souvent. Elle ment à Simon. Elle devient une autre femme, une femme qui désire une femme. Et elle le sait. Mais ce savoir ne mûrit que faiblement, retardé par la sourde approbation : C'est moins grave qu'avec un homme. Avec une femme je ne peux pas trahir Simon...
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...
Des fleuves d'herbe coulent entre mes doigts, se mélangent à mes gestes. Un arbre n'est pas un arbre, c'est un oeil qui se tourne lentement vers la lumière et s'ouvre à chaque printemps.
...
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C'est ce qui rend merveilleux l'existence, où plus l'ombre est épaisse plus la lumière est vive. Ma vie actuelle reste plongée dans cet éclairage insolite supprimant toute pénombre. La joie est lumière cernée de ténèbres.
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Ma tour était un phare englouti sous les eaux. Devant ses feux éteints et ses miroirs brisés, inutile guetteur je pouvais voir parfois, traversant les profondeurs opaques peuplées de lémures, un grand navire aux flancs troués se poser sur un lit de bulles roses.
...

Regret des oiseaux
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Toujours ce cri ce dard
De guêpe dans le fruit
Au milieu de la nuit
Une robe de fée
Flotte sur la prairie
Où des appels d'enfants
Se perdaient dans le soir

Il faudra tout quitter
L'espérance et la peine
Pour cette fumée haute
Qui n'a pas de visage
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