AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Marcelle Sauvageot (57)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Laissez-moi

Il s'agit d'un ouvrage extrêmement touchant sur une femme, atteinte de la tuberculose, qui se rend dans un sanatorium à Davos, et reçoit une lettre de son amant qui lui dit qu'il la quitte et se marie avec une autre. L'ouvrage est composé par les lettres successives de la femme, qui décrypte avec clairvoyance sa rupture, mais ne peut s'empêcher de souffrir, et souhaite pourtant tourner la page.
Commenter  J’apprécie          20
Laissez-moi

Je voudrais juste rajouter à toutes les critiques ici extrêmement élogieuses et que je partage en très grande partie, une toute petite nuance : oui cette introspection est d'une profondeur et d'une exigence rares, et ce témoignage amoureux poignant. Oui, certaines phrases sont d'une beauté étonnante. Mais ce que je retiens surtout est que cette femme écrit cette lettre (non pas à des fins d'être publiée), en 1930, et qu'elle y affirme avec force une indépendance et un féminisme tout à fait rares pour l'époque.

Je dois reconnaître que pour ma part j'ai un peu fléchi dans mon admiration par moment, trouvant l'expression un peu trop désincarnée, mais c'est un ressenti tout à fait personnel qui n'altère en rien la certitude que Marcelle Sauvageot aurait pu nous transmettre des oeuvres encore plus abouties si la maladie ne l'avait pas emportée.

Toutefois, ce qui m'a surtout gênée, c'est la postface et l'orientation appuyée (je dirais presque "récupération") vers des valeurs religieuses et chrétiennes. Quelles que soient les convictions de l'auteur ou de ses amis, que je respecte, je trouve que c'est affaiblir la portée de cette lettre qui dépasse de loin, selon moi, tout attachement religieux.
Commenter  J’apprécie          233
Laissez-moi

Je prêtais dernièrement l'oreille à un podcast (je déballe ma bibliothèque sur France Inter) où Elsa Zylberstein dévoilait des passages de ses livres préférés. Et c'est ainsi qu'elle en est venue à évoquer Laissez-moi de Marcelle Sauvageot dont je n'avais jamais entendu parler auparavant et que je n'aurais sans doute pas remarqué sur les étagères. Mais voilà, l'histoire d'une femme délaissée par son amant m'a tout de suite parlé.



C'est un récit autobiographique que celui-ci où l'auteur, se battant contre la maladie, se trouve de plus trahie par son amant qui l'abandonne pour une autre. Marcelle Sauvageot a une plume douloureusement brillante car les lettres retranscrites issues sont éloquentes d'une force de vivre, d'un sentiment pur qu'est l'amour interrompu à son apogée. Il paraît lâche le traitre qui annonce ses fiançailles ailleurs. Ne l'aimait-il pas pour de bon? Simulait-il la jalousie? On se doute que le récit est d'un autre temps où le mariage est inévitablement évoqué sitôt qu'une relation de couple s'instaure (stabilité, sécurité et famille sont les maîtres mots).



Je crois qu'il n'est pas nécessaire d'être quitté ou dans la peine pour être sensible aux mots vibrants de Marcelle Sauvageot. Son témoignage est bouleversant d'autant plus quand on connait sa courte vie et son combat éprouvant contre la maladie (et qu'elle a malheureusement perdu).

C'est un vrai beau texte sur la puissance des sentiments, sur l'amour déçu mais aussi sur la foi en l'avenir, bien qu'il soit autre et imprécis.
Commenter  J’apprécie          90
Laissez-moi

Cette dernière phrase - “Une flamme très pure défiant la vie” -se suffit à résumé ce petit livre qui est ni un roman, ni une nouvelle, je dirai une longue lettre unique comme un dévidoir d’une blessure qui se doit de saigner, s’épurer, s’éclaircir et trouver au fin fond de cette douleur, le baume qui rendra cette plaie moins suintante, cicatrisant lentement au fil des mots écrits, pour ne pas dire jetés sur ce papier, tant on ressent sa déception, sa colère, son incompréhension et sa résignation.



Ce livre est l’unique de cette dame emportée par la tuberculose. A la lecture de ce récit, on ressent son empressement à livrer tout ce bouillonnement en elle, tant cette rupture sans autre explication que cette phrase : « Je me marie… Notre amitié demeure… » '(c’est un peu léger), blessant et complètement ahurissant. Elle dépeint donc ce récit autour de cette phrase, elle tente d’analyser le pourquoi du comment, elle expose le sens du mot “Amour mué en Amitié” (ce qu’il lui laisse) elle tente de comprendre comment elle conçoit cette relation avant et après cette phrase. Cette longue lettre n’est autre qu’un abcès qu’elle perce à vif en plus de sa maladie elle doit donc combattre cette souffrance supplémentaire.



Sa force qu’elle puise à écrire est sans doute le remède à cette blessure, dire ce qui n’a pas été dit sincèrement, mettre noir sur blanc les mots amers et chargés de rancœur, comment en être autrement alors qu’elle attendait du soutien, un amour de toujours, elle n’a qu’un lâche qui lui envoie cette lettre dérisoire avec cette simple phrase sans autres explications ni excuses.



Mais elle ne tombe pas dans l’apitoiement, le plus à plaindre serait même cet ignoble personnage qu’elle nommait “Bébé” , il ne mérite aucune éloge, ni nom, pas de pitié pour ce genre d’être humain égoïste sans une once de courage, et monsieur la prie de garder leur amitié, non mais puis quoi encore… elle l’envoie au diable et c’est ce qu’il mérite…



En résumé, un petit livre qui traversera le temps sans problème tant ce sujet est ô combien éternel, mais ce qui le rend intéressant c’est la manière qu’elle aborde cette rupture, comment elle l’analyse, elle la rend moins aigre et puise en elle, la noirceur du personnage afin de le rendre plus laid et plus rebutant que jamais à l’oublier au plus vite.




Lien : http://lesmotsdepascale.cana..
Commenter  J’apprécie          10
Laissez-moi

Un très court texte à remettre dans son contexte historique pour bien l’appréhender. En effet, le texte en lui-même n’a pas plus d’intérêt que cela, si ce n’est de dépeindre dans une énième version la rupture amoureuse. Tout son intérêt réside dans son féminisme. Une femme ose, dans les années 30, dire tout le mal qu’elle pense de l’homme qui l’abandonne lâchement alors qu’on est à une époque où la femme doit se soumettre à l’homme et subir, normes sociales que l’auteure égratigne sévèrement au passage. Lecture simple et intéressante, mais pas transcendante non plus, contrairement à ce qu’en disent de nombreuses critiques.
Commenter  J’apprécie          30
Laissez-moi

Ce joli texte suit une rupture amoureuse. Le récit au Je raconte le double combat d'une femme pour soigner ses blessures et la maladie dont elle est affligée, la tuberculose. Ce sera l'unique oeuvre de Marcelle Sauvageot qui mourra à 34 ans de la tuberculose justement. L'écrit paraîtra en 1933. Ce n'est que plus tard qu'on lui accordera toute l'attention qu'il mérite.



L'écriture est belle, sans fioritures. L'auteure, avec beaucoup de lucidité, y décrit tous les subterfuges de l'amour naissant et de l'amour finissant. C'est l'acuité de son regard qui donne toute sa puissance à l'oeuvre. Et c'est ce même regard qui permettra à l'héroïne de dépasser le chagrin et de se retrouver neuve au bout du chemin. Très beau !
Commenter  J’apprécie          100
Laissez-moi

France Culture, chants d'amour
Commenter  J’apprécie          00
Laissez-moi

Dans la famille des Héroïdes, - ces amoureuses abandonnées qui pleurent leur désespoir, voir Ovide, voir les Lettres de la religieuse portugaise, etc..- je voudrais la fierté et la lucidité!Je voudrais l'absence de tout compromis, de tout affaissement soumis! Je voudrais "Laissez-moi"

Il faut lire ce petit livre autobiographique d'une haute tenue et d'un style tout classique.



Un diamant brut qui comme disait Gracq laissera toujours sa trace "dans notre mémoire comme un rai de diamant sur une vitre".
Commenter  J’apprécie          70
Laissez-moi

Magnifique ouvrage que ces lettres, non envoyées à leur destinataire, qu'a écrites Marcelle Sauvageot : elles sont une réaction à la lettre de rupture envoyée par son amant (et qui lui annonce qu'il se marie !), alors qu'elle revenait une nouvelle fois dans un sanatorium pour y soigner la tuberculose qu'elle traînait depuis des années.

Toujours digne, Marcelle Sauvageot y exprime la souffrance qu'elle éprouve devant cette épreuve sentimentale, mais sans pathos excessif. Ecrites en 1930, elles n'ont pas souffert des années qui ont passé, et on pourrait les croire rédigées récemment.

Un tout petit livre à lire pour un exemple d'écriture poignante, d'orgueil bien placé (elle refuse en effet de se laisser mortifier par le manque d'amour de son amant) et d'une élégance sans bornes et admirable.
Commenter  J’apprécie          200
Laissez-moi

Je viens de dévorer ce livre en moins d'une heure. La narratrice répond à une lettre de rupture avec un discours très moderne et dans lequel on s'identifie facilement. Un de ces textes qui nous marque, nous change un peu.
Commenter  J’apprécie          00
Laissez-moi

Commenter  J’apprécie          00
Laissez-moi

2ème lecture, confirmation des 5 étoiles, découverte du tempérament de l'auteure, un caractère fort, indépendant, lucide et une écriture au scalpel pour répondre à celui qui se marie, mais pas avec elle et se rabat sur la notion d'amitié. Elle ne s'épargne pas non plus et ce sont des passages formidables. Un petit mais grand livre.
Commenter  J’apprécie          20
Laissez-moi

Tout d’abord, une mention spéciale aux éditions Folio qui ont lancé une collection appelée Œuvres du matrimoine et qui nous fait découvrir des autrices, parfois oubliées, et pourtant de très grand talent.

C’est le cas une nouvelle fois ici avec Marcelle Sauvageot.

Je vous parle rapidement de l’autrice car elle ne peut pas être dissociée de son œuvre unique. La jeune femme est décédée à 33 ans en 1934. Malade de la tuberculose depuis la vingtaine, elle faisait de fréquents séjours en sanatorium. Laissez-moi est donc comme je l’écrivais sa seule œuvre.

Laissez-moi est l’histoire de la déception amoureuse d’une femme gravement malade qui, peu de temps après son arrivée au sanatorium, reçoit une lettre de son fiancé qui lui apprend qu’il la quitte pour en épouser une autre.

Ce texte est à la fois un écrit intime, un essai, un court roman autobiographique et une longue lettre. Il est multiple et presque inqualifiable. On ne peut s’empêcher de voir Marcelle derrière la narratrice et alors on a d’autant plus de peine pour elle.

L’écriture est sublime et poignante. Je ne pensais pas qu’un si court récit pouvait autant me bouleverser. La narratrice – l’autrice ? – est à fleur de peau, malade et souffrante à double titre : elle souffre dans sa chair de sa tuberculose et des quintes de toux qui l’épuisent ; mais elle souffre aussi moralement d’être ainsi trahie par un homme, par son fiancé, qui l’abandonne là, à son triste sort. Et ce « Laissez-moi », lâché, comme ça, à bout de forces. Terrible.

J’ai été absolument embarquée dans ces quelques pages – moins d’une centaine – mais qui ont une telle force ! Cette lecture m’a marqué et me marque encore.

Commenter  J’apprécie          40
Laissez-moi

C'est en flânant sur les blogs que j'ai trouvé ce titre ; le thème m'a immédiatement interpellée : il s'agit d'une réflexion sur les rapports maladie - amour - amitié. Réflexion qui me touche personnellement en ce moment.



Le roman biographique a été écrit, en 1930, par une femme, gravement atteinte par la tuberculose (dont on mourrait presque toujours, à cette époque) qui vient de recevoir une lettre de rupture de son amant. C'est cette lettre qui va susciter une méditation profonde et sensible. Bien qu'écrit il y a quatre-vingts ans, le texte est d'une actualité et d'une pertinence profondes.



Marcelle Sauvageot sait que ses jours sont comptés, mais elle a, pour se raccrocher à la précarité de sa vie, une relation amoureuse qui lui donne force, combativité, espoir et bonheur. "Si tu m'aimes, je guérirai", affirme-t-elle.



Ce matin-là une lettre de son amant lui parvient au sanatorium. Elle lit ces deux phrases, laconiques : "Je me marie... Notre amitié demeure..." La brutalité de ces mots transforme brusquement "la valeur de toute chose". La narratrice (l'auteure elle-même) voit tout s'effondrer et se glacer autour et en elle. Pour tenter de refaire surface, Marcelle Sauvageot s'engage dans une introspection qui la conduit à s'interroger sur le sens de l'amour en vis à vis de l'amitié. Elle compose ainsi une sorte de longue missive qui s'adresse à l'homme qui vient de l'abandonner.



Le thème pourrait évoquer une interminable lamentation, un déferlement d'aigreur, un rêve de vengeance, un trop-plein de chagrin. Point de sentiments de la sorte dans ce texte pudique et poignant ! En aucun moment la narratrice ne sombre dans le misérabilisme et dans la plainte. Il y a de la vie dans ses mots qu'elle choisit avec soin pour qu'ils soient le reflet exact de ses ressentis, pour qu'eux, à leur tour, ne la trahissent pas, pour qu'ils témoignent le plus justement possible de ce qu'elle explore avec minutie certes, mais avec tant de poésie !



Je parlais de cette œuvre, ce matin, avec une amie (elle se reconnaîtra), à laquelle je veux prêter le livre : elle craignait de pleurer au détour de chaque page. Non, ce n'est pas un ouvrage qui apitoye ... c'est un texte fort, plein de vigueur, de chaleur, de profondeur. C'est un texte qui donne envie de vivre !
Lien : http://livresouverts.canalbl..
Commenter  J’apprécie          20
Laissez-moi

Un minuscule livre et des lignes d’une pertinence, d’une intelligence et véracité folle, celle d’une rupture amoureuse, celle d’un retour à soi aussi… d’un retour à soi, pour soi et pour recouvrer la santé. Le monologue d’une trentenaire, grande malade, qui découvre sa rupture amoureuse par lettre interposée. Melle SAUVAGEOT parle d’elle, de sa manière d’aimer et des termes même de sa rupture.

Les « commentaires » reprennent les sentiments derrière l’amour. (...) Mais c’est surtout un livre sur la rupture, la séparation de corps mais surtout d’esprit, (...) sur l’amour et l’amitié, sur notre capacité à être avec l’autre. (...) Entre les lignes, aussi, ce dévoile un certain féminisme, ne pas être un objet dans le couple, ne pas être aimée par tout ce qui fait l’intelligence, l’originalité, la force d’une femme et rejetée parce que trop indépendante. (...) Entre les lignes aussi, cette démarcation entre le monde des en pleine santé et des grands malades.



l'avis complet ici
Lien : http://iam-like-iam.blogspot..
Commenter  J’apprécie          60
Laissez-moi

Une jeune femme malade, dans le train qui la conduit au sanatorium dont elle ne reviendra peut-être pas, lit la lettre de rupture que vient de lui remettre son amant. Il ne lui reste plus longtemps à vivre, mais elle veut éviter à tout prix le compromis : elle aspire à un amour de haute exigence, qui soit fait de partage et de lucidité.



Bon, ce résumé est très sombre et ne donne pas vraiment envie de découvrir ce court récit. Mais ce serait vraiment dommage de passer à côté ! En refermant ce livre, je n'étais pas triste : c'est une véritable leçon de vie que cette femme nous donne.

Certains écrivains comme Paul Valéry ou Paul Claudel ont encensé l'écriture de cette femme.

Son seul livre, mais quel livre !
Lien : http://leiloona.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          10
Laissez-moi

Elle est malade. 

Elle lui écrit. 

Pour s'excuser. La maladresse du départ, parfois, ne nous donne pas les mots au bon moment.

Elle attend, une lettre. Elle arrive… 

Et avec elle s'envole les espoirs. 



L'autrice nous livre ici un moment difficile. 

Suite à son départ au sanatorium, après de belles promesses, l'homme qu'elle a laissé se marie. 

Elle lui répond en livrant ses maux sur le papier. 

Nous assistons au cheminement de sa pensée, jour après jour, dans son assimilation de cette nouvelle. 

La digestion de l'annonce, du pourquoi et des belles excuses. Tout cela dans un combat contre la maladie. 



J'ai apprécié cette lecture mais n'est pas été emportée. 

J'ai par contre beaucoup aimé le fil narrateur, où on découvre par petits morceaux le contenu de la lettre envoyée par son amant, mais aussi sa réflexion qui évolue au fur et à mesure qu'elle se souvient.

Elle nous rappelle aussi ce que devrait être l'amour, aussi imparfait soit-il. 



C'est une belle sélection, comme Vingt-Quatre Heures d'une femme sensible  de Constance de Salm, que nous propose les éditions Flammarion dans cette collection. Très envie d'en découvrir d'autres.
Commenter  J’apprécie          30
Laissez-moi

Une femme atteinte de tuberculose, dans un sanatorium, reçoit une lettre de son amant lui annonçant qu’il rompt puisqu’il va se marier avec une autre. Cependant, il lui dit que leur amitié demeure. Dès qu’elle lit ses mots, son monde bascule, ses espoirs, tout comme cet amour absolu qu’elle ressent pour lui. Elle couche sur le papier de sa lettre ses émotions, ses souvenirs de cet amour qui pour elle ne peut se vivre sans concession.



Mes impressions



Je dois tout de suite dire que j’ai été très émue par ce livre, par cette histoire. D’une part, je ne sais pas si cette correspondance est fictive ou réelle. Mais peu importe, elle apparaît comme universelle tant cette perte d’illusions par rapport à l’être aimé s’avère profonde, lucide, intelligente, féminine comme seule une femme peut aimer, peut rêver, peut se souvenir… et ce même des imperfections de l’autre.



«Où est le mal si je restais, si j’acceptais ces insuffisances, si je les aimais? Oh! homme, tu veux toujours qu’on t’admire. Toi, tu ne juges pas, tu ne mesures pas la femme que tu aimes. Tu es là, tu la prends; tu saisis ton bonheur, elle semble ne plus s’appartenir, avoir perdu toute notion : tu es heureux. Elle t’a crié : je t’aime et tu es satisfait. Tu n’es pas brutal; tu es doux, tu lui parles, tu t’inquiètes d’elle; tu la consoles par des mots tendres, tu la berces. Mais tu ne la juges pas, puisque tu lui demandes d’être heureuse par toi et de te dire qu’elle est heureuse par toi. […], tu veux ‘’être’’ seulement […] tes faiblesses sont à moi. Je les ai découvertes peu à peu sans trêve. Je souffre de ces travers mais je ne voudrais pas que tu changes. […] Rien n’est plus attachant que les faiblesses et les défauts : c’est pas eux que l’on pénètre l’âme de l’être aimé, âme constamment cachée par le désir de paraître à tout le monde. […] Ne te plains pas de ce que je te juge et te mesure : je te connais mieux et ce n’est pas pour t’aimer moins. » (p. 39-43)



J’aime tellement cette plume, cette façon de décrire l’intimité et cette manière de parler de cette connaissance de l’autre qui rejoint l’âme. L’amour d’une femme passe aussi par les défauts de l’autre. Elle n’aime pas ce qu’elle voit ni ce qu’elle vit, mais ce qu’elle connaît, ce qu’elle ressent pour l’être aimé à travers ses bontés et ses défauts.



D’autre part, ce texte me parle car il aborde l’amour absolu que ressent une femme malade pour un homme. Ses espoirs s’écroulent à la lecture de ces mots :



«Je me marie… Notre amitié demeure…» (p. 29)



Six mots qui tuent, qui font naître l’incompréhension, la mélancolie, la douleur, «la valeur de toute chose». Quand la mort est à notre porte, que reste-t-il sinon l’espoir que quelqu’un nous attende quelque part, nous espère, nous désire. Encore un malheur, encore un vide, encore une flèche du destin, encore les larmes, les cris. Et cette prière à un Dieu pour venir nous chercher pour que tout cesse, pour ne plus entendre cette souffrance et ce désespoir qui martèlent nos pas. Comment est cette autre femme qui est heureuse entre ses bras? Celle avec qui il souhaite être? Il ne nous reste que l’amitié. La voulons-nous?



Je me suis reconnue dans ce texte à bien des égards… Comme quoi la perte de l’être aimé est universelle, que l’amour que l’on ressent pour un autre est absolu. Il n’a pas de limite, il n’a pas de temps, il est et il a mal.



«Mais j’ai mal; et, quand j’ai mal, je m’éloigne sans retourner la tête. Ne me demandez pas de vous regarder par-dessus l’épaule et ne m’accompagnez pas de loin. Laissez-moi. » (p.88)



Si vous avez la possibilité de lire ce livre, n’hésitez pas une minute. Marcelle Sauvageot m’a beaucoup émue. Son histoire est triste, mais ce qu’elle nous a laissé est sublime, est un hymne à l’amour absolu, est un cri dans une nuit qui n’en finit plus…



https://madamelit.ca/2023/06/10/madame-lit-laissez-moi-de-marcelle-sauvageot/
Lien : https://madamelit.ca/2023/06..
Commenter  J’apprécie          30
Laissez-moi

Une jeune femme est de retour à son sanatorium pour tenter de soigner sa tuberculose, lit la lettre de rupture que vient de lui remettre son amant. Celui-ci lui annonce qu'il en mariera une autre en lui jetant les motifs de son désamour, sur le ton péremptoire des lâches, et lui propose une amitié de consolation. Se connaissant condamnée, la jeune femme abandonnée se sait maintenant fiancée à la mort, alors qu'elle n'a qu'à peine trente ans. Elle va écrire une lettre à son amant, une sorte d'épître, que jamais elle n'enverra. Mais qui lui sera salutaire...



Suite : Cliquez sur le lien ci-dessous!!!
Lien : http://bibliotheca.skynetblo..
Commenter  J’apprécie          10
Laissez-moi

Une jeune femme apprend que son amant la quitte pour se marier. Malade, elle est en route pour le sanatorium où elle lui écrira des lettres pour rappeler leur histoire et entrapercevoir un avenir pour elle.



Laissez-moi est un court roman qui m'a bouleversé. La retenue du chagrin de la narratrice qui s'est laissée a contrario emporter par la passion. J'ai été entraînée par la plume de l'autrice, qui conjugue retenue et emballement, comme les sentiments de son héroïne. Je regrette juste que ce soit le seul roman de cette autrice, morte peu de temps après.
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Marcelle Sauvageot (376)Voir plus

Quiz Voir plus

et mon tout est un homme

Le livre est écrit sous forme de lettre ou rapport , à qui est-elle adressée ?

Au préfet
Au Dr Marek
Au président de la république

10 questions
363 lecteurs ont répondu
Thème : Et mon tout est un homme de Boileau-NarcejacCréer un quiz sur cet auteur

{* *}