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Citations de Marcia Burnier (77)


Lucie est tellement dans ses pensées sur son vélo qu'elle met du temps à remarquer le mec qui commence à la suivre en bagnole. Au début, elle ne s'inquiète pas.
À Saint- Lunaire, au fil de leurs discussions, elles avaient parlé de ces connards qui aiment tellement faire peur aux filles la nuit. Mais le mec ne la lâche pas, il la double :
- Excuse-moi tu rentres où ? T'es trop bonne sur ton vélo.
Elle accélère. Il la dépasse, mais elle voit qu'il s'est rabattu dans la voie de bus, warnings allumés et il l'attend.
Elle pense à la petite matraque au fond de sa poche, au cadenas autour de son vélo mais surtout elle sent la haine monter, C'est vrai quoi, pour qui ils se prennent à vouloir toujours rappeler aux meufs que la rue leur appartient, rien qu'à eux, comme s'il fallait que les filles paient leur présence passé minuit. Son vélo se rapproche, elle hésite une seconde, pense à fuir, mais c'est la fois de trop.
Elle ralentit à son tour, s'arrête derrière la voiture et sort la matraque. Comme on lui a appris, elle fait ce geste avec la main sans trop y croire, celui qui lui permet de déplier l'arme d'un coup, comme dans les films mais ça marche, le morceau de métal brille tout en longueur. Le type n'a pas l'air d'avoir compris, il est en train de baisser sa fenêtre quand Lucie tape un grand coup sur la vitre arrière. Le verre se fissure, Lucie trouve ça presque joli, alors elle continue, elle tape plus fort, plus rapidement, et elle n'arrive plus à s'arrêter, profitant de l'hésitation du conducteur qui se demande s'il doit démarrer en trombe ou sortir lui péter la gueule, après tout ça n'est qu'une fille, une fille armée mais une fille tout de même. Lucie doit avoir l'air déterminée, parce qu'elle finit par entendre les portes se verrouiller et la voiture rugir. Lucie reprend son souffle en voyant la voiture s'éloigner. La scène ra duré que quelques secondes mais elle lui a semblé inter-minable. Le sentiment qui l'envahit alors que la voiture n'est plus qu'un point au fond du boulevard est un sentiment qu'elle ne connaît pas encore. Elle sourit, regarde sa matraque et ses poings rougis, elle a l'impression de faire deux mètres de haut, d'être la reine du 18° arron-dissement, Buffy contre les vampires à la française, elle a envie de continuer, qu'on lui amène tous les relous de la terre elle les prendra un à un, pleine d'adrénaline qui se déverse dans tout son corps à ce moment précis.
( p. 97)
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- Mais toi, ça te rend pas ouf de pas pouvoir te venger?
Mia réfléchit. Cette question, elle se l'était posée un certain nombre de fois. Au bout du compte, elle s'était rendue à l'évidence, et c'est ce qu'elle répond à Lucie : ça lui avait fait du bien à elle de voir d'autres violeurs punis, d'autres copines exiger ce qu'elle ne pouvait pas demander. Les expéditions lui donnaient de la force, la faisaient se sentir puissante, active. Elle avait recommencé à coller des affiches, à répondre dans la rue, à marcher tête haute. C'était son moyen à elle de reprendre le contrôle.
(P. 89)
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Comme un tabou ultime, dans les écoles de travail social, entre collegues, on ne prononçait jamais les mots bannis « expérience personnelle ». Un jour, en réunion d'équipe, une de ses collègues avait mis les pieds dans le plat, elle avait dit un truc du genre ben moi quand j'ai été violée, voilà ce qui m'avait fait du bien et Lucie avait senti la salle s'arrêter de respirer. Les psys avaient regardé la fille avec pitié, les hommes avaient détourné le regard, et les femmes ne savaient plus où se mettre. Pourtant, Lucie restait persuadée que l'expérience personnelle était une force autant qu'une brèche. Ce qu'elle avait appris n'était pas théorique. Elle avait lu des études et des manuels mais surtout elle avait vu la gêne chez ses proches, senti la honte dans ses tripes, la solitude dans ses os. Elle avait vécu personnellement la sensation de déranger en en parlant, de déranger l'ordre établi, la suspicion générale face à son récit, l'impression de devenir folle, de perdre pied avec la réalité, le doute instillé, peut-être que j'ai rêvé.
(P. 79)
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Mia la regarde, elle sait, elle a entendu tellement de fois des meufs qui culpabilisaient, qui arrivaient à se trouver des torts dans toute l'histoire, elles n'avaient jamais rien fait comme il fallait, pas crié assez fort, pas dit non suffisamment, elles avaient trop bu, commandé de la drogue, fait entrer un inconnu, elles avaient abandonné, elles ne leur avaient pas cassé la gueule, elles s'étaient figées. Elle la prend dans ses bras, sans rien dire, puis la regarde dans les yeux. Dou-cement, Mia lui répète qu'il ne faut surtout, surtout pas qu'elle oublie que rien n'est de sa faute.
(P. 42)
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Elle relit le message qu'elle a reçu à cinq heures du matin d'un copain, elle le relit une fois, puis deux, elle relit les quatre lignes dans lesquelles il lui explique que sa meuf s'est fait violer hier soir en sortant du ci-néma. Elle ferme les yeux et les rouvre, le message est toujours là. Elle répond un truc plein d'urgence et un peu niais, qui demande ce dont sa copine a besoin et reste hébétée dans sa cuisine, sans savoir quoi faire. Elle pense à ce que les filles ont fait le week-end dernier à Grenoble, elle se dit que ça ne s'arrête jamais, que les victimes défilent, elle se demande si dans sa vie, à un moment, à un âge précis, elle va cesser de recevoir ce genre de message. C'est dingue le nombre de filles qu'elle connaît qui se sont fait violer. Ça tombe par di-zaines, tous les mois elle entend une histoire différente.
(P. 37)
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Le gars les fixe, il est tétanisé mais il ne proteste pas, il tente tout juste d'éviter le regard d'Inès, parce qu'il sait très bien pourquoi elle est là, d'ailleurs il ne leur a rien demandé quand il les a vues devant sa porte. Quand Mia le regarde, qu'elle voit sa lâcheté, ça démultiplie sa haine, quon ne vienne pas lui dire que ces types ne savent pas ce qu'ils font, qu'ils sont désolés, qu'ils ne l'ont pas fait exprès, que c'est leur éducation.
(P. 29)
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Le numéro 12 est juste là, un immeuble normal qui n'a l'air de rien, innocent. Ça n'est jamais marqué sur les portes ce que les bâtiments abritent, qui sont réellement les gens qui y habitent, et personne ne se doute de rien.
(P. 27)
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Comme bon nombre de ceux qui lui ressemblent, il est arrivé, s'est assis et, à peine son veston déboutonné, il a écarté les jambes jusqu'à ce qu'elles se serrent contre celles de Mia. Classique. Comme si leurs couilles allaient exploser si leurs cuisses ne faisaient pas un angle de 90°. Mia hésite à se lancer dans la bataille et pense à ce soir, à ce qu'elle va faire et ça lui redonne un peu d'énergie. Elle écarte les jambes à son tour, tranquillement, centimètre par centimètre, pour regagner un vague espace vital.
(P. 11)
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Elle prend le temps de bien les regarder toutes, sorcières mes sœurs, ces vengeresses, pétroleuses, prêtresses, toutes un peu abîmées mais qui ont réussi à se rafistoler comme elles pouvaient. Elle a une bouffée d’amour…
(P. 17)
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Marcia Burnier
Désormais elle doute : est-ce qu’on fuit pour éviter de souffrir ou pour se raccommoder en silence sans troubler personne ?
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Est-ce que devenir invisible, c’est une technique de survie ? Est-ce qu’on reste en vie en dissimulant les traces que l’on porte en nous et qui pourraient se voir, qui pourraient nous différencier des autres ?
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Par contre, elle avait l’impression d’être remplie de mille coupures invisibles,
elle avait en elle la brèche des filles peu confiantes, qui cherchaient
à être rassurées et pouvaient accepter n’importe quoi.
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Les loups tiens, les loups ne tuent pas des humains tous les trois jours et n'en violent pas toutes les 7 minutes, pourtant leur éradication est revendiquée par beaucoup, s'est dit Lucie en avalant sa dernière cuillère.
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Il y a un truc qui a changé en elle, un monstre qui s'est apaisé, elle se lève le matin et son corps ne lui fait plus aussi mal qu'avant, elle fait moins de cauchemars, trouve que le paysage est beau.
La voix qui la suit est moins méchante, elle est moins forte, plus diffuse, elle la laisse en paix.
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Peut-être aussi parce qu'il a peur, qu'il a peur que s'il y a autant de violées, il doit y avoir beaucoup de violeurs. Et il croit dur comme fer que les gars des fois déconnent, insistent un peu trop, dérapent avec leur meuf, avec une meuf, mais de là à les appeler violeurs, à leur demander des réparations, c'est pas comme s'ils avaient fait exprès de faire du mal à cette fille, il pense qu'il faudrait juste mieux expliquer, que dans ce cas précis, la violence ne résout pas grand chose.
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Et j'y passe tellement de temps Mia, je te jure, tellement de temps.
Tellement de temps perdu, de temps que les mecs utilisent à vivre, à s'élever socialement, à créer, pendant que nous, on se ramasse, on tente d'endiguer l'hémorragie avec un salaire de 1000 balles par mois.
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C'est bien simple, expliquait Léo, dans n'importe quel groupe, allez accuser un homme de viol et observez les forces à l'œuvre pour que surtout rien ne soit bousculé par cette révélation.
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