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Citations de Maren Uthaug (50)


L’amour, c’est une maladie mentale, m’a-t-elle dit. Veille à ce que ça ne dure pas. Parce qu’autrement, elle finira par te baiser.
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CE que je sais de notre famille*, je le tiens pour l’essentiel de mon grand-père maternel. Quand j’étais petit, je passais souvent la nuit chez lui. Il habitait l’appartement le plus proche du nôtre, où je vivais avec ma mère et Tante Em. La nouvelle génération et l’ancienne se faisaient face depuis que les morts du choléra avaient donné à mes ancêtres les moyens d’acheter le premier logement, avant que ceux de la grippe russe ne viennent nous gratifier du second. Depuis la grippe espagnole, notre famille est propriétaire de l’immeuble entier.
* Famille de croque-morts 😁
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Les humains, comme on le sait, ont besoin dans l’existence d’une certaine dose de danger pour pouvoir être heureux, faute de quoi ils s’inventent des névroses, des phobies et autres fantaisies dont leur esprit se divertit pour éviter les affres de l’ennui.
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Le paysage automnal insiste pour qu'on lui prête attention. avec leurs troncs blancs et leurs branches noires, les bouleaux arctiques le long de cette route asphaltée qui semble conduire à la fin du monde lui souhaitent à leur tour la bienvenue, mais eux, surtout, un bon retour à la maison. (...)
Kirsten ferme les yeux. C'est dur de rentrer chez soi quand ce foyer n'est plus le sien. (p. 199)
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Le premier hiver au Danemark, Kirsten se rendit compte qu'elle échappait ainsi à l'un de ses pires cauchemars: les auréoles boréales. Ici, les nuits étaient uniquement noires et constellées d'étoiles. Parfois éclairées par la lune, elle-même de temps en temps pleine. Autrement dit, des nuits supportables. (p. 103)
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Et Marie de songer aussi : peut-être que la gamine était trop originale pour s'en rendre compte un jour, passant son temps le nez dans ses feuilles avec son crayon, plongée dans son monde, à dessiner tout ce qu'elle voyait. Comme si son environnement immédiat n'existait qu'une fois couché sur le papier. (p. 66)
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Déjà qu'on était pas mal déprimé à cause de cette foutue nuit polaire. Même les locaux, ceux qui étaient nés ici, dans cette Norvège du Nord, ils ne la supportaient pas. Pas étonnant que la région ait le plus haut taux de suicide du pays. Le froid, passait encore, on pouvait s'en protéger: il suffisait de mettre une couche de vêtements supplémentaire. Mais l'obscurité, non: le noir se glissait dans le crâne et colonisait l'esprit. (p. 9)
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Peu après, Niels avait une respiration lourde. Il dormait. Se protéger du monde l'avait épuisé. (p. 137)
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Les problèmes culturels entre le peuple autochtone des Sames et l'état norvégien ainsi que les destinées individuelles tragiques qui en découlaient pullulaient tellement que la région devenait un endroit idéal pour les âmes passionnées en mal d'action philanthropique . (p. 22)
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Quand on a de la crasse sous les ongles depuis sa naissance, on résiste à tout.
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Elle encastre des rires préenregistrés entre elle-même et son angoisse.
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Elle reste longtemps éveillée. Elle essaie de sentir se diffuser en elle la joie d'avoir retrouvé sa mère, le sentiment d'appartenance, le manque de l'autre. (p. 207)
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Sinon, oui, bien sûr qu’elle aurait pu renouer le contact après la mort
d’Aslak, d’autant qu’à ce moment-là Ravna ne représentait plus un danger.
Mais les années s’étaient écoulées, donc bon. Voilà tout. Elle se disait :
Risten viendra bien un jour, si elle a besoin de moi. Parfois, elle se
surprenait à observer une fille inconnue, du même âge que Risten. Elle
essayait de s’imaginer à quoi elle ressemblait désormais. Aussi, quand elle
lui a téléphoné, Rihtta n’a pas eu envie de rouvrir les vieilles plaies. Sans
pour autant avoir eu le courage de dire non. Même si c’était trop tard. Elle
était quand même curieuse de voir ce qu’était devenue la petite.
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Jusqu’à la fin de ses jours, Kirsten se souviendra de ces grandes vacances comme de l'été où elle perdit la faculté d'être joyeuse. Où le dernier reste d'une enfance synonyme d'innocence fut étouffé au cours de nuits d'une effroyable solitude. Des nuits jalonnées de prières kvènes et d'une marque au creux de la paume à force de serrer la bague d'Ähkku. Des nuits où, terrassée par l'angoisse, elle se vomissait dessus, sur le drap, sur Ghita, par terre. Dans ces cas-là, elle s'allongeait à côté pour écrire son vrai prénom dedans. Parfois, elle écrivait aussi celui de Kirsten. (p. 165)
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-Mais tu ne parles pas same ?
- Oh, je comprends un peu. Mais ma mère estimait que ce n'était pas une bonne idée de l'apprendre, donc elle m' a toujours parlé en norvégien. La langue same n'avait pas d'avenir, prétendait -t-elle. Et elle ne voulait pas que je devienne un souffre-douleur à l'école à cause de ça. (p. 251)
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Risten allait à l’école depuis plusieurs mois déjà quand Grethe proposa de placer un K devant son prénom et d’intervertir quelques lettres par-ci par-là. Risten deviendrait Kristen. Ça sonnait autrement plus danois.
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Le plus dur, c’était la langue. Au-delà des différences radicales par rapport à ce qu’elle connaissait chez elle, à savoir les feux de signalisation aux carrefours et le fait qu’il fallait appuyer sur une sonnette quand on rendait visite aux gens, les mots compliquaient énormément son quotidien. Elle comprenait ce que les autres lui disaient, mais elle n’arrivait pas à s’habituer à cette fichue prononciation danoise, si gutturale. Aussi préférait-elle le silence. Les élèves se moquaient d’elle dès qu’elle devait dire des mots contenant un r. Elle qui était habituée à les rouler à la norvégienne, en actionnant sa langue avec énergie à l’avant du palais, avait toutes les peines du monde à garder cette même langue le plus profondément possible dans sa bouche et à coincer sa luette pour tenter d’éructer le r danois. C’était encore plus ballot quand on s’appelait Risten et que son prénom commençait précisément par un r roulé […]
En attendant de maîtriser, quelques années plus tard, la langue danoise et sa prononciation impossible, elle développa un vocabulaire passé à l’aspirateur linguistique pour qu’il soit dépourvu de tout mot contenant la lettre r. Si elle allait déjeuner chez quelqu’un et qu’on lui demandait si elle voulait du fromage ou du pâté de foie, elle choisissait systématiquement le pâté – et tant pis si en réalité elle avait une nette préférence pour le fromage. Le rouge n’était plus sa couleur préférée, si d’aventure on lui posait la question. Et si enfin on lui présentait une opération de calcul simplissime, à savoir combien faisaient deux et deux, elle prétendait sans ciller que ça faisait cinq et non quatre. Mieux valait être sotte que différente.
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Pauvre Isak. La vie devait être bien longue quand on veillait sur la morale avec une telle constance. (p. 14)
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Isak descend de la voiture. Il frotte son gákti* bleu foncé pour ôter quelques
peluches, rajuste sa ceinture et pousse un soupir. Aujourd’hui, il va enterrer
sa sœur. Sa Rihtta, qu’il ne reverra plus jamais. Car elle finira ailleurs que
lui. Y penser lui occasionne une douleur à la poitrine, un nœud dans la
gorge. Parce que ç’a toujours été eux deux. Elle et lui contre les autres.
Ensemble, ligués. Ils étaient plus forts, plus intelligents. Ils n’étaient pas
frappés, eux, par la folie familiale. À l’inverse des deux autres. Et
maintenant Risten l’attend dans la cuisine. Elle lui rappelle Rihtta. Il n’a pas
pu supporter d’être près d’elle les jours derniers. Il sait bien que ce n’est pas
gentil de sa part de l’avoir laissée comme ça, toute seule, dans la panade. Il
a prié Dieu pour qu’Il lui accorde Son pardon. Il a prévenu Risten
uniquement parce que Rihtta le lui avait demandé. Mais papoter dans la
cuisine avec une autre personne que sa sœur, non, il en est incapable.
Rihtta et lui se sont fait leurs adieux devant la maison. Depuis, il n’y a
plus remis les pieds hormis pour y conduire Risten, le jour de son arrivée.
Rien que ça, c’était au-dessus de ses forces. Depuis, il est resté chez lui, au
fond de son lit. À pleurer. À sangloter pour se débarrasser de son chagrin.
Sa peine en songeant qu’il ne reverrait plus jamais son épouvantable sœur.
Elle qui n’avait de cesse de salir Dieu et Læstadius. Il a la sensation que la
vie ne vaut plus le coup d’être vécue maintenant que Rihtta est partie.
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Et voilà tout. Kirsten transféra de plus en plus d’affaires dans le cabanon,
tant et si bien qu’il ne resta dans sa chambre quasiment plus rien qui soit
digne d’intérêt. Ghita dormait souvent avec elle, sauf quand Kirsten, à l’abri
de la nuit, éprouvait le besoin de redécorer les fenêtres de la maison. À la
fin des grandes vacances, elles avaient subi à quatre reprises un
barbouillage en règle. Grethe, découvrant au petit matin le forfait, eut une
réaction chaque fois plus stridente.
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