La plupart des gens ont peur la nuit, et ça me va bien. Le jour me coince, et je ne peux pas faire grand-chose sans que tout le monde le sache. Mais dès que le soleil se met à décliner, que tout bascule dans le bleu et qu’on ne distingue plus rien, c’est là que je commence à me réveiller. C’est la nuit que je rentre en moi. En tout cas, la plupart des nuits.
Prenez n’importe quel homme, même s’il n’arrête pas de vous parler d’une seule et unique femme, il y en a toujours une autre qui, et qu’il serait prêt à prendre les yeux fermés s’il était sûr de ne pas avoir de comptes à rendre.
Ici, on a presque tout le temps l’impression d’être pris dans un entonnoir énorme, avec toute cette eau qui se déverse, et qui essaie de vous emporter. Quand on n’a rien à quoi se raccrocher, on apprend à retenir sa respiration. Mais quand ce vent remonte en arrachant tout le long de la falaise, c’est comme s’il allait lui mettre sa maison par terre.
Pour savoir ce qui s’est passé, il faut avoir été là. La vie, vue de dehors, c’est pas comme de dedans, mais eux ils croient que tout ce qu’ils ont pour continuer, c’est ce qui est écrit.
La fatigue, elle vous use moins, si on se trouve un ou deux gars pour s’asseoir avec. Prendre un verre. Histoire de laisser sa journée derrière soi.
Tout va bien tant qu’on trouve le moyen de s’en débrouiller. C’est quand on ne voit plus à quoi on a affaire qu’on se fourre dans les ennuis.