"Quand elle dort, elle n'est plus si superficielle, si futile. Les griffes de la vie qui marquent et modèlent, cette poigne écrasante qui aplatit et lamine ; le poids des choses, la vie même n'ont plus aucune prise sur elle quand elle dort. Voilà. Le sommeil éloigné tout. Tout et tout le monde." (page 59)
Wilhelm Schrei parcourut les visages des oubliées avec un sourire humble et doux, auquel il trouva opportun d'adjoindre un certain embarras. "Pardonnez ma présence ! C'était plus fort que moi. Un élan irrésistible m'a pour ainsi dire poussé vers vous", semblait il dire ainsi, sans qu'il soit besoin de s'encombrer de mots. Lorsque Wilhelm Schrei découvrit enfin Berta Schrei, son sourire se fit encore un peu plus doux, encore un peu plus embarrassé, comme s'il s'excusait encore un peu plus de sa présence.
Berta, qui se tournait les pouces dans son lit, eut un petit rire, osa lever les yeux une seconde, baissa la tête, gênée, et se tourna les pouces de plus belle tandis que ses joues se coloraient d'un délicat voile rosé. (pages 29-30)