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EAN : 9782253246909
144 pages
Le Livre de Poche (15/11/2023)
3.72/5   16 notes
Résumé :
Donaublau, 1963. Berta, depuis longtemps internée, reçoit la visite de son ex-mari, Wilhelm. Chauffeur et homme à tout faire, " représentant souriant de sa nation ", il s'est entre-temps lié à Wilhelmine, amie de Berta. Pendant leur mariage, Berta, farouche et pensive, a tenté de se résigner à la vie domestique et de sauver ses enfants ainsi qu'elle-même du poids des choses. Avant que le drame ne la prive de parole, elle avait pour habitude de dire : " Un homme te f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Le poids des choses » de Marianne Fritz est un livre socle. Un classique né de sa force, à peine troublé par les émotions qui fusionnent et déforment l'atmosphère de ce très beau livre.
1963, toile d'ombre et de compassion, Berta est internée et Wilhelm son ex-mari lui rend visite. L'égrégore est une passerelle. Rien n'est figé et bien au-delà de la visite conventionnelle, il y a la teneur sentimentale, ce qui résiste au vent des douleurs et des psychoses infinies. On ressent de suite la latitude de ce qui ne peut mourir à la vie. Wilhelm s'est remarié avec la meilleure amie de Berta, Wilhelmine.
« Un homme te fait une promesse et tu es perdue. » La litanie de Berta, son regain et ses déceptions immanquables. Berta dans la chambre 66, le poids des choses sur sa poitrine et la parole perdue, égarée dans les limbes intestines.
Le récit est un kaléidoscope qui refoule le temps, résurgence du passé où Berta vivait avec les siens, ses enfants, Berta : le même prénom et Rudolf. L'âpreté relationnelle, Berta est en proie à la lassitude de la grisaille. Elle rêve haut, somme ses enfants du poids des choses.
« Le poids des choses, la vie même n'ont plus aucune prise sur elle quand elle dort. Voilà. le sommeil éloigne tout. Tout et tout le monde. »
Wilhelm, la guerre encore sur ses épaules, lui qui a fait la promesse à son alter-égo mort en pleine guerre, un enfant de lui dans le ventre de Berta. Rudolf qui en jouera jusqu'au bout de la nuit, grincements de dents. Ici, pas d'amour pour une mère, mais des paroles acides, le poids des choses. Berta (fille) « bercée dans le royaume du silence « , pourtant rebelle et assassine.
« C'est ça. Nous sommes trop futiles tous les trois, trop superficiels. C'est cette intériorité qui nous fait défaut, nous n'avons pas la foi. »
Ce récit d'une beauté inouïe est vif et serré comme un café fort. La décadence d'une famille abîmée et meurtrie par la violence d'une quête de sérénité qui n'advient pas. Marianne Fritz délivre un roman sur la folie et les douleurs infinies. Superbe dans son écorce, saisissant par son intrinsèque, « et deux cas désespérés, décida Berta au cours de cette longue nuit, c'est deux fois plus lourd à porter. »
« Le temps de la guerre » creuse son sillon, et son symbole souffle des murmures sur les lèvres de Berta. Lumineuse, le poids des choses, l'incomprise qui conversait avec ce qui ne peut se voir au grand jour. Ce livre admirable, acide et bouleversant est un chef-d'oeuvre avéré. le premier roman d'une romancière de renom autrichienne (1948-2007) doté du prix Robert Walser (-19678) et le prix Franz Kafka (2001). Avant-gardiste, décalé, libre, ce grand livre est une gageure littéraire. Berta et son aura immense et inoubliable.
Traduit à la perfection de l'allemand (Autriche) par Stéphanie Lux, les Éditions le Quartanier éditeur viennent de mettre au monde un roman boréal, inestimable.
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J'ai beaucoup hésité sur la note à donner à ce court roman autrichien. Quand on n‘aime pas le style d'un livre , c'est difficile de le noter favorablement même quand l'histoire en elle-même est intéressante, cette histoire poignante d'une femme hospitalisée dans un asile, et de son époux et de sa remplaçante. La question est évidemment, que s'est il passé, vu qu'on prend l'histoire en cours de route et qu'on s'offre ensuite des retours en arrière.
Et cette question , j'ai du mal à parler, car ce qui m'a le plus marquée est l'énorme claque que prend le lecteur en cours de route, et que je n'avais pas du tout vu venir, et justement en parler serait priver un autre lecteur de cette claque!

Pas convaincue, donc, mais tout de même marquée
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Jusqu'à tout récemment, Marianne Fritz n'avait jamais été traduite en français. La maison d'édition québécoise le Quartanier a remédié à la situation en publiant le poids des choses. La postface nous apprend que ce premier roman de l'autrice constitue les prémices d'un vaste projet qui comprend notamment un ouvrage de plus de 3 000 pages défiant les règles de l'écriture, un projet porté par une approche littéraire jusqu'au-boutiste, louée par Elfriede Jelinek et W. G. Sebald, mais dénigrée par Thomas Bernhard.

Les premières pages du Poids des choses m'ont déconcertée, par le ton adopté, qui m'a d'abord paru loufoque, et par une certaine confusion. Qui sont Berta, Wilhelmine, Wilhem et Rudolf et quels liens les unissent ? Femme, amie, mari de l'une, puis de l'autre, fiancé disparu. Par un prisme féminin et féministe, ce court roman traite de diverses séquelles, celles de la guerre, des amours perdus, du mariage et de la maternité, pouvant conduire jusqu'à la folie. L'histoire tragique de Berta est dévoilée par touches, selon plusieurs points de vue, en s'attardant sur des épisodes clés ancrés dans le quotidien. J'ai bien fait de poursuivre ma lecture qui s'avère une très belle découverte, étonnante dans sa forme et forte dans son propos.
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Un court roman qui décrit, dans une langue caustique à l'apparence naïve et simpliste, les tentatives de plusieurs personnages de continuer à vivre l' "après" de la Seconde Guerre Mondiale en Allemagne. L'auteure partage une perspective singulière, intransigeante et sans compromis, et aborde des sujets profondément humains - culpabilité, désillusion, matérialisme, tous victimes du hasard - et ce redoutable 'poids des choses' que se mesure en sa part de perte, d'espoir et de folie.
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critiques presse (1)
Telerama
18 décembre 2023
C’est avec son premier roman que nous faisons connaissance avec Marianne Fritz. "Le Poids des choses", prix Robert-Walser à sa sortie en 1978, s’attaque à la pesanteur bourgeoise de la société autrichienne de l’après-guerre.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Wilhelm Schrei parcourut les visages des oubliées avec un sourire humble et doux, auquel il trouva opportun d'adjoindre un certain embarras. "Pardonnez ma présence ! C'était plus fort que moi. Un élan irrésistible m'a pour ainsi dire poussé vers vous", semblait il dire ainsi, sans qu'il soit besoin de s'encombrer de mots. Lorsque Wilhelm Schrei découvrit enfin Berta Schrei, son sourire se fit encore un peu plus doux, encore un peu plus embarrassé, comme s'il s'excusait encore un peu plus de sa présence.
Berta, qui se tournait les pouces dans son lit, eut un petit rire, osa lever les yeux une seconde, baissa la tête, gênée, et se tourna les pouces de plus belle tandis que ses joues se coloraient d'un délicat voile rosé. (pages 29-30)
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"Quand elle dort, elle n'est plus si superficielle, si futile. Les griffes de la vie qui marquent et modèlent, cette poigne écrasante qui aplatit et lamine ; le poids des choses, la vie même n'ont plus aucune prise sur elle quand elle dort. Voilà. Le sommeil éloigné tout. Tout et tout le monde." (page 59)
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