Dans ce roman autobiographique, la narratrice relate la psychanalyse qu'elle a suivie pendant sept ans, dans les années 60, et qui lui a littéralement sauvé la vie.
Souffrant depuis des années d'une grave dépression, d'angoisses et d'importantes hémorragies gynécologiques (qui s'avéreront être d'origine psychosomatique), au bord du suicide, elle trouve la force, grâce à une sorte d'ultime instinct de survie, de se lancer dans cette thérapie de la dernière chance. Si ses troubles physiques prennent fin aussitôt, presque miraculeusement, son inconscient est beaucoup plus résistant. Peu à peu, cependant, aiguillée par les (rares) questions du thérapeute, la narratrice fera tomber les barrières, jusqu'à la guérison, qu'elle considère comme une renaissance, une reconstruction d'elle-même débarrassée du poids d'un passé traumatisé, des peurs et des contraintes intégrées pendant l'enfance. Car c'est bien dans son enfance que se trouve l'origine de son mal, de ses maux : une mère autoritaire, peu aimante, frustrée, névrosée qui s'ignore, en un mot toxique, voire mortifère.
Il faudra à Marie Cardinal quatre ans d'analyse et de luttes parfois gagnantes parfois perdantes contre son inconscient pour comprendre/admettre cela, et trois années supplémentaires pour se reconstruire, à partir de ce champ de ruines, une individualité, une manière de vivre libre et s'épanouir, enfin.
Récit d'une analyse, récit d'une vie (ou de plusieurs, l'ancienne et la nouvelle), ce texte est impressionnant de courage et de sincérité. Sa lecture est éprouvante, même si on sait que l'issue sera positive, parce que chacun pourrait y trouver des échos qui résonnent plus ou moins avec son propre parcours de vie.
Mettre des mots sur les maux pour les soigner, c'est loin d'être simple et cela ne fonctionne pas pour tout le monde. Dans le cas de Marie Cardinal, les mots ont gagné, et cela lui a permis de nous livrer le récit de son combat dans ce texte magnifiquement écrit.
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