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EAN : 9782253015598
278 pages
Le Livre de Poche (01/02/1977)
3.9/5   742 notes
Résumé :
Livre-cri, livre-coup, d'une sincérité violente, impudique et sans concession, ce récit ne ressemble à aucun autre. Ce n'est pas le première fois qu'une femme raconte une crise intime, mais jamais on n'avait osé employer comme elle le fait « les mots pour le dire », les mots vrais, les mots interdits, les mots qui délivrent.
Sujette à des troubles dont tout lecteur et toute lectrice ressentiront aussitôt comme en eux-mêmes l'insupportable chaîne, la jeune fe... >Voir plus
Que lire après Les Mots pour le direVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (71) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 742 notes
Dans un style tout autant sobre que poignant, Marie Cardinal livre son autobiographie suite à une grave dépression où ses pensées flirtent dangereusement de l'autre rive vers la mort. Elle entreprend une psychanalyse auprès d'un docteur qui m'a bien énervée, le cliché type du psychiatre qui ne dit mot et pose de courtes questions tout aussi clichées. L'intérêt pour Marie Cardinal dans cette psychanalyse est la force qu'elle y trouvera pour exorciser les souvenirs de son enfance. Les mots pour le dire, sont le réquisitoire des traumatismes infligés par sa mère, une mère froide, sévère, hostile qui faute d'avoir raté son avortement de Marie, s'acharnera à formater l'enfant à son image. Marie grandira blessée, amputée d'elle-même, la peur au ventre.
Dans l'exutoire du cabinet, les mots trouvent peu à peu le chemin de l'inconscience, des trauma refoulés. L'inconscience éclaire ainsi doucement la conscience et une conscience éclairée est un premier pas vers la guérison et la reconstruction.
Le potentiel intellectuel de la jeune femme est incontestable, elle perce les méandres et devient magicienne de l'espoir. Elle cerne vite et bien, comprendre sa folie, l'origine de ses maux la transforme.
Récit bouleversant qui n'est pas sans rappeler combien les misères d'une enfance peuvent amener bien des défaillances à l'âge adulte. Même si les mots du malheurs s'envolent, encore faut-il puiser dans sa prison vidée la force pour renaître de ses cendres.
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« Les mots pour le dire » est l'autobiographie poignante de la romancière Marie Cardinal.
La narratrice qui est l'auteure elle-même souffre, somatise, son corps réagit, saigne, il déverse des hémorragies inexpliquées par la médecine.
Son propre sang devient son pire ennemi, il coule sans prévenir, dans des lieux ou bien à des moments non propices. Chaque hémorragie est une douleur morale et physique et la jeune femme désemparée par son lamentable état, sombre et frôle la folie.
Dans un moment de lucidité, elle décide de suivre une psychanalyse, une approche complètement inconnue, mais au fur et à mesure des séances les mots et les maux se lâchent, s'expriment et se révèlent... Ce mal qui la ronge va se matérialiser dans l'image de sa mère, une mère qui est certainement la cause de son calvaire !
Marquée par une mère despote, sévère, froide, la jeune femme garde en elle les stigmates d'une enfance traumatisante. Elle évoquera pendant sa thérapie, ses démons, ses peurs, ses douleurs mais surtout l'essentiel : l'absence totale d'amour d'une mère qui lui reprochera indirectement d'être née.
Témoignage percutant de la romancière où dans son cas, le rôle de la psychanalyse pour cette pathologie, s'avère être bénéfique et positive pour la reconstruction mentale du puzzle de sa vie.
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J'ai lu pour la première fois ce livre il y a une trentaine d'années. Marie Cardinal y fait le récit de la psychanalyse qu'elle a suivie pendant sept ans et des profonds changements qu'elle a produit sur sa vie, sur le plan physique comme sur le plan psychique et sur celui des relations avec son entourage. J'avais déjà apprécié ce livre à l'époque où le l'ai découvert et j'avais gardé le souvenir de certains moments forts (notamment le récit très cru des maux auxquels elle est confrontée et qui vont finalement l'amener à entamer cette analyse, et également un des moments clés où, comme elle le dit, "les portes s'entrouvrent", où les résistances commencent à lâcher). Mais le relire aujourd'hui, alors que la vie m'a conduit sur des chemins où mon équilibre s'est trouvé sérieusement menacé, s'est avéré non seulement enrichissant mais salutaire en soulevant presque à chaque page de profonds échos en moi (quand bien même ma vie n'a que peu de chose en commun avec celle de l'auteure). Marie Cardinal a trouvé le courage de nous raconter, sans fard et dans une très belle langue, tout le chemin qu'elle a parcouru depuis sa naissance biologique jusqu'à ce qu'elle appelle sa "renaissance". C'est un magnifique cadeau qu'elle nous a fait là.
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Adolescente, j'avais tenté de lire cette histoire vécue par l'auteur, mais j'ai abandonné, pas assez mature pour avancer plus…

C'est dans ma cabine téléphonique anglaise, que j'ai retrouvé un exemplaire tout jauni.

Il me faisait de l'oeil sur ma PAL, mais il me fallait du temps pour entamer cette lecture, mes vacances arrivées, j'ai rouvert se livre avec 40 ans de
plus !

C'est le récit poignant de Marie Cardinal qui se trouve face à une crise de vie majeure. le récit d'une dépression grave avec son cortège d'angoisses, c'est l'enfer, l'autodestruction. La machine est en marche. Elle se fait du mal plus que d'autres puissent lui en faire.

Elle est une charge pour son entourage et décide avec courage pour sortir de son gouffre, de consulter un psychanalyste.

La marche est haute et le chemin est inconnu, scabreux et douloureux.

Elle va remonter le cours de sa vie, avec des mots durs, justes, crus, mais remplis de lucidité. Pour guérir elle s'interroge sans complaisance, elle va décortiquer tous ses traumatismes pour comprendre pourquoi elle en est arrivée là.

C'est dans son passé, qu'elle va retrouver face à son psychanalyste, l'enfant corsetée dans le catholicisme, avec ses principes, sa relation à sa mère toxique, empreinte de culpabilité et de responsabilités délétères depuis son plus jeune âge. Une construction sur un terreau favorable à un effondrement inévitable à l'âge adulte.

Elle prend conscience de tous ses maux pas après pas, qui vont faire sens, avec la conscience qu'elle peut s'en libérer. Il y a des tiraillements, des confrontations avec la réalité qui ne sont pas faciles à accepter et à renoncer.

Ses peurs empêchent encore son esprit de se libérer pour s'épanouir. Alors, ses rêves interrogent son inconscient et c'est avec courage et abnégation, qu'elle va découvrir des évènements douloureux, vécus dès son plus jeune âge et s'en libérer, pour vivre.

Quand on a séjourné dans la forêt sombre de la dépression, la remontée de l'abime si difficile soit elle est possible, mais il faut rencontrer les bonnes personnes et prendre le temps avec indulgence de se regarder, s'accepter et s'aimer.

Une histoire qui me touche particulièrement pour avoir été plongée dans de profondes abysses.
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Dans ce roman autobiographique, la narratrice relate la psychanalyse qu'elle a suivie pendant sept ans, dans les années 60, et qui lui a littéralement sauvé la vie.

Souffrant depuis des années d'une grave dépression, d'angoisses et d'importantes hémorragies gynécologiques (qui s'avéreront être d'origine psychosomatique), au bord du suicide, elle trouve la force, grâce à une sorte d'ultime instinct de survie, de se lancer dans cette thérapie de la dernière chance. Si ses troubles physiques prennent fin aussitôt, presque miraculeusement, son inconscient est beaucoup plus résistant. Peu à peu, cependant, aiguillée par les (rares) questions du thérapeute, la narratrice fera tomber les barrières, jusqu'à la guérison, qu'elle considère comme une renaissance, une reconstruction d'elle-même débarrassée du poids d'un passé traumatisé, des peurs et des contraintes intégrées pendant l'enfance. Car c'est bien dans son enfance que se trouve l'origine de son mal, de ses maux : une mère autoritaire, peu aimante, frustrée, névrosée qui s'ignore, en un mot toxique, voire mortifère.

Il faudra à Marie Cardinal quatre ans d'analyse et de luttes parfois gagnantes parfois perdantes contre son inconscient pour comprendre/admettre cela, et trois années supplémentaires pour se reconstruire, à partir de ce champ de ruines, une individualité, une manière de vivre libre et s'épanouir, enfin.

Récit d'une analyse, récit d'une vie (ou de plusieurs, l'ancienne et la nouvelle), ce texte est impressionnant de courage et de sincérité. Sa lecture est éprouvante, même si on sait que l'issue sera positive, parce que chacun pourrait y trouver des échos qui résonnent plus ou moins avec son propre parcours de vie.

Mettre des mots sur les maux pour les soigner, c'est loin d'être simple et cela ne fonctionne pas pour tout le monde. Dans le cas de Marie Cardinal, les mots ont gagné, et cela lui a permis de nous livrer le récit de son combat dans ce texte magnifiquement écrit.
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Citations et extraits (96) Voir plus Ajouter une citation
Moi qui n’avais pas pu pleurer depuis si longtemps moi qui cherchais en vain depuis tant de mois le soulagement des larmes, voilà qu’elles coulaient enfin par grosses gouttes qui détendaient mon dos, mon torse, mes épaules. J’ai pleuré pendant longtemps. Je me vautrais dans cet orage, je le laissais prendre mes bras, ma nuque, mes poings serrés, mes jambes repliées sur mon ventre. Depuis combien de temps n’avais-je pas éprouvé le doux calme du chagrin ? Depuis combien de temps n’avais-je pas laissé mon visage barboter dans la tendresse des larmes mêlées d’un peu de salive et de morve ? Depuis combien de temps n’avais-je pas senti couler la gentille liqueur tiède de la peine ?
J’étais bien là, comme un enfant repu dans son berceau, les lèvres encore pleine de lait, envahi par la torpeur de la digestion, protégé par le regard de sa mère. J’étais allongée sur le dos, des tout mon long, obéissante, confiante. Je me suis mise à parler de mon angoisse et j’ai deviné que j’allais en parler longtemps, pendant des années. J’ai senti dans le fin fond de moi que j’allais peut-être trouver le moyen de tuer la chose.
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Au cours des méditations auxquelles j’étais souvent astreinte (puisque j’allais dans une école religieuse et que, en plus, ma mère pratiquait beaucoup) je m’ennuyais terriblement. Je n’arrivais pas à penser. Si on me disait de méditer pendant un quart d’heure sur la charité chrétienne par exemple, je me mettais à faire comme tout le monde, je calais ma tête entre mes mains et je me disais : «Aimez-vous les uns les autres, c’est vraiment bien. Oui, il faut s’aimer les uns les autres, ça c’est vrai et ce n’est pas facile parce qu’il y a des gens qu’on n’a pas envie d’aimer et puis il y en a d’autres qu’on voudrait bien aimer et qui ne se laissent pas aimer. »
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A l'heure dite j'étais au fond de l'impasse, toute empaquetée de serviettes, de coton, engoncée dans des sortes de couches que je m'étais fabriquées. J'ai attendu un peu parce que j'étais arrivée en avance. La personne avant moi est sortie. Comme la veille j'ai entendu les ouvertures et les fermetures des deux portes. Enfin je suis entrée et j'ai dit tout de suite :
« Docteur, je suis exsangue. »
Je me souviens très bien avoir employé ce mot parce que je le trouvais beau. Je me souviens aussi que je voulais avoir un visage et une attitude pathétiques. Le docteur m’a répondu doucement et calmement :
« Ce sont des troubles psychosomatiques, cela ne m’intéresse pas. Parlez-moi d’autre chose. »
Il y avait là ce divan que je ne voulais pas employer. Je voulais rester debout et me battre. Les mots que cet homme venait de prononcer m’avaient giflée en pleine face, jamais je n’avais rien encaissé de si violent. En pleine figure ! Mon sang ne l’intéressait pas ! Alors tout était détruit ! J’en étais suffoquée, foudroyée. Il ne voulais pas que je parle de mon sang ! Mais de quoi d’autre voulait-il que je parle ? de quoi ? En dehors de mon sang il n’y avait que la peur, rien d’autre, et je ne pouvais pas en parler, je ne pouvais même pas y penser.
Je me suis effondrée et j’ai pleuré.
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« L’oubli est la plus compliquée des serrures mais il n’est qu’une serrure, il n’est pas une gomme ou une épée, il n’efface pas, ne tue pas, il enferme. Je sais maintenant que l’esprit capte tout, classe tout, range tout et entretient tout. Tout, cela veut dire : même ce que je crois ne pas avoir vu, entendu ou senti, même ce que je crois ne pas avoir compris, même l’esprit des autres. Chaque événement aussi minuscule soit-il, aussi quotidien soit-il ‘comme par exemple de m’étirer le matin en bâillant), est catalogué, étiqueté, serré dans l’oubli mais indiqué dans la conscience par un signal souvent microscopique : une brindille d’odeur, une étincelle de couleur, un clignement de lumière, une parcelle de sensation, un éclat de mot. Et même encore moins que cela : un frôlement, un écho. Et même encore moins : un rien qui existerait. »
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Parler, parler, parler, parler.
"Parlez, dites tout ce qui vous passe par la tête, essayez de ne pas faire de tri, de ne pas réfléchir, essayez de ne pas arranger vos phrases. Tout est important, chaque mot."
C'était le seul remède qu'il me donnait et je m'en gavais. Peut-être que c'était ça l'arme contre la chose : ce flot de mots, ce maelström de mots, cette masse de mots, cet ouragan de mots ! Les mots charriaient la méfiance, la peur, l'incompréhension, la rigueur, la volonté, l'ordre, la loi, la discipline et aussi la tendresse, la douceur, l'amour, la chaleur, la liberté.
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Videos de Marie Cardinal (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie Cardinal
Jacqueline Duhême Une vie (extraits) conversation avec Jacqueline Duhême à la Maison des artistes de Nogent-sur-Marne le 8 février 2020 et où il est notamment question d'une mère libraire à Neuilly, de Jacques Prévert et de Henri Matisse, de Paul Eluard et de Grain d'aile, de Maurice Girodias et d'Henri Miller, de Maurice Druon et de Miguel-Angel Asturias, de dessins, de reportages dessinés et de crobards, d'Hélène Lazareff et du journal Elle, de Jacqueline Laurent et de Jacqueline Kennedy, de Marie Cardinale et de Lucien Bodard, de Charles de Gaulle et du voyage du pape en Terre Sainte, de "Tistou les pouces verts" et de "Ma vie en crobards", de Pierre Marchand et des éditions Gallimard, d'amour et de rencontres -
"Ce que j'avais à faire, je l'ai fait de mon mieux. le reste est peu de chose." (Henri Matisse ). "Je ne sais en quel temps c'était, je confonds toujours l'enfance et l'Eden – comme je mêle la mort à la vie – un pont de douceur les relie." (Miguel Angel Asturias)
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