Le procès de Socrate, Claude Mossé
Barère ajoutait "A Athènes, dans les beaux jours de la république, le magistrat faisait, à certaines époques, la proclamation suivante :
Que tout citoyen qui a des vues à proposer sur la législature monte à la tribune."
L'accusation de ne pas croire aux dieux de la cité et d'en introduire de nouveaux trouvait quelques fondements dans certaine affirmations de Socrate, qui , si elles ne révélaient pas un "athée" témoignaient , en revanche d'une foi religieuse quelque peu différente de ce qu'était la religion officielle.
C'est vers 3500 avant notre ère qu'interviennent toutefois les changements les plus notables. La cause en est l'arrivée de nouveaux groupes humains, les Sémites et les Sumériens. Les Sémites sont arrivés du nord-ouest et se sont installés dans la vallée qu'ils ont occupée depuis le nord jusqu'aux environs de l'actuelle Bagdad. Par convention, ils sont appelés Akkadiens, du nom de la partie septentrio nale de la basse Mésopotamie, Akkad.
Le chemin que suivirent les Sumériens pour occuper le sud du pays est en revanche moins connu. Peut-être venaient-ils d'Asie centrale, du Caucase et d'Arménie et sont-ils descendus à travers la Mésopotamie en suivant l'Euphrate et le Tigre, le long desquels on a trouvé, à Assour par exemple, des traces de leur première culture.
Avec les progrès de la production et des échanges, on assiste en ce qui concerne la société à une diversification plus grande de la population. Cependant, là encore, force est de se contenter des témoignages archéologiques, dont l'interprétation n'est pas toujours facile. La présence d'un riche mobilier dans les tombes traduit sans doute l'existence d'une aristocratie jalouse de ses privilèges et soucieuse d'accroître son contrôle sur une paysannerie toujours sous la menace de la précarité de ses ressources et contrainte de s'endetter ou de se placer dans la dépendance des puissants.

(...)le primat du politique dans tous les domaines de la pensée.
C'est à cela sans doute que sont sensibles les hommes d'aujourd'hui, comme l'avaient déjà été ceux qui, à travers les siècles, trouvèrent dans la démocratie athénienne le modèle à opposer à toutes les tyrannies et à toutes les oppressions. La liberté, l'égalité auxquelles les Athéniens attachaient tant de prix, dont ils faisaient le symbole de leur politeia, allaient être les mots d'ordre de tous ceux qui souhaitaient se débarrasser de l'absolutisme monarchique ou de l'oppression étrangère. On sait de quel prestige Athènes jouissait auprès des hommes qui firent la Révolution française. Le XIXè siècle, qui vit triompher en Europe la révolution bourgeoise démocratique, fut aussi celui où les études athéniennes connurent le plus grand développement. Et pour ne parler que de la France, encore dans les premières décennies du XXè siècle, Clemenceau pouvait s'identifier à Démosthène, tandis que l'historien Glotz parlait du "socialisme" de Périclès. Mais précisément le développement des mouvements socialistes allaient porter un coup très dur à la "démocratie" athénienne. Et tandis que les historiens libéraux, pour continuer à défendre Athènes, s'ingéniaient à démontrer que l'esclavage n'y avait jamais connu qu'un faible développement, ceux qui se réclamaient du socialisme (F. Engels, le premier) dénonçaient le caractère parasitaire et oppresseur de la démocratie athénienne, et rejoignaient curieusement dans une même critique de l'Athènes de Périclès et de Démosthène, les partisans des régimes autoritaires.
Peut-on aujourd'hui, en ces années 70 du XXè siècle, où s'écroule un monde que d'aucuns croyaient immuable, où une jeunesse révoltée d'un bout du monde à l'autre conteste la culture "bourgeoise", accorder encore quelque importance aux Athéniens? Et leur histoire peut-elle encore nous apporter quelque enseignement? Il n'est peut-être pas possible de répondre à de telles questions. Il reste que la civilisation qui est née il y a 2000 ans au bord de la mer Égée a su, en moins de deux siècles, élaborer une pensée critique et politique dont les résonances se prolongent jusqu'à nous et que les Athéniens ont leur place dans l'histoire des hommes qui feront le monde de demain.
Voyez, Athéniens, comment Solon a réglé le dépôt d'une loi. Elles doivent d'abord passer devant vous qui en êtes les gardiens responsables, puis on annule les lois contradictoires, afin qu'il n'y ait qu'une loi sur chaque question et qu'ainsi ceux qui les ignorent ne soient pas inférieurs à ceux qui les connaissent toutes et que pour tous il soit aisé de les connaître clairement et simplement. Solon a prévu en outre qu'avant toute chose, les projets soient exposés devant les Éponymes [il s'agit des statues des héros éponymes des dix tribus clisthéniennes qui se trouvaient au S.O. de l'Agora, non loin du Bouleutérion] et remis au secrétaire, que celui-ci en donne ensuite lecture dans les assemblées, afin que, chacun les ayant entendus et vus plusieurs fois, les ratifie s'ils lui paraissent justes et raisonnables.
Ces vases constituent donc un univers d'images, partout présentes dans le monde grec antique. Ces images empruntent leurs thèmes à la mythologie (dieux, héros ou satyres), à la vie quotidienne de la cité (sports, banquets, sacrifices, thèmes érotiques), mais jamais à la vie politique !
Dans son "Économie rurale", l'auteur romain Varon les assimile à de simples machines : "les outils peuvent être doués de parole, semi-parlants ou muets. A la catégorie parlante appartiennent les esclaves, à la semi-parlante les bœufs, à la muette, les charrettes".
C'est pourquoi si on réfléchit bien, tous les décrets ont l'air d'avoir été pris par des gens ivres et déments. Par Zeus pourquoi feraient-ils tant de libations et de prières si ce n'était à cause du vin ! En plus, ils s'injurient comme des ivrognes, et les archers doivent parfois en expulser quelques-uns.
Il reste que ce qui unissait ces citoyens, qu'ils fussent de naissance légitime ou plus ou moins contestée, c'était l'appartenance à une cité qui, en quelques années, s'était, au lendemain de la victoire remportée sur les "Barbares", imposée à toute une partie du monde grec.