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Critiques de Marie-Lucie Bougon (28)
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Fantasy & Féminismes

Dirigé par trois doctorantes en littérature (Marie Lucie Bougon, Marion Gingras-Gagné et Pascale Laplante-Dubé), « Fantasy et féminisme, aux intersections du/des genres » et un ouvrage qui, contrairement a ce qui se fait fréquemment, ne cherche pas à recenser et analyser les représentations sexistes dans la fantasy, mais au contraire à mettre en avant des œuvres et des auteurs/autrices qui se servent du genre pour subvertir et remettre en question les représentations traditionnelles des genres et des relations amoureuses. Par le biais des articles et des quelques nouvelles présents au sommaire, l’ouvrage entreprend ainsi de souligner le « potentiel politique, féministe et queer » d’un sous-genre de l’imaginaire que l’on a paradoxalement souvent tendance à considérer comme réactionnaire. Les chercheurs et chercheuses, auteurs et autrices, viennent de France et du Québec, et chacun et chacune ont pu choisir le mode de « démasculinisation de la langue française » de leur choix, ce qui n’empêche pas le tout de présenter un front cohérent. L’ouvrage est divisé en trois parties thématiques dont la première s’intéresse à la reprise et au déplacement du canon (représentations et arcs narratifs), la seconde à la réappropriation des œuvres de fantasy par les fans, et la dernière à la reprise et au déplacement des tropes. Comme toujours dans ce type d’ouvrage, certains textes sont plus marquants que d’autres, aussi les lecteurs/lectrices trouveront-ils leur compte dans tel ou tel article en fonction de leurs centres d’intérêts. Certaines études sont toutefois très techniques et, si les auteurs et autrices tentent de vulgariser au mieux des concepts ardus, il n’est pas toujours facile de suivre le déroulement de la pensée des chercheurs et chercheuses. J’ai pour ma part également eu du mal à adhérer à certaines analyses qui paraissent pour le moins capillotractées et cherchent à tout pris à trouver une interprétation à des aspects qui, parfois, ne paraissent pas vraiment en mériter. Il est également dommage que les études dont il est question ici portent sur un corpus d’oeuvres de fantasy aussi resserré tant il aurait été intéressant d’avoir une analyse plus vaste (sans pour autant être exhaustive) du sujet. Enfin, il faut noter que, à l’exception de la première, les cinq nouvelles présentes au sommaire de sont pas toujours convaincantes ou alors se révèlent bien trop courtes pour parvenir à capter l’attention des lecteurs et lectrices.



Très intéressant, le premier article est signé Pascale Laplante-Dubé et est consacré à la série « Mémoires de Lady Trent » de Marie Brennan. La chercheuse y démontre comment les enjeux narratifs traditionnellement réservés aux femmes (et ce notamment dans le contexte victorien dont l’autrice s’est influencée) sont ici relégués au second plan au profit de la quête de connaissances de l’héroïne sur les dragons. Dépeignant aussi bien un parcours personnel que professionnel, la série associe ainsi le travail de recherche de son héroïne à sa quête d’émancipation dans laquelle ni le mariage ni la maternité n’apparaissent comme une finalité. S’en suit une nouvelle de Geneviève Blouin intitulée « Les gardiennes » et qui s’avère très réussie. On y suit plusieurs villageoises chargées de gérer le quotidien de la communauté suite au départ des hommes au front et qui entreprennent une mission de sauvetage dans la montagne afin de retrouver d’imprudents jeunes garçons. Ce texte illustre à merveille le pouvoir subversif de la fantasy en terme de représentation des genres et nous livre un récit palpitant qui séduit autant par la qualité de son intrigue que par celle de ses protagonistes. On plonge ensuite avec Manon Berthier dans le conte de Cendrillon et trois de ses adaptations récentes, à savoir celles de Emma Donoghue, Malinda Lo et Kalynn Bayron. La chercheuse y explique que, loin de véhiculer des idées datées, les contes peuvent eux aussi être utilisés pour aborder des thématiques contemporaines émancipatrices, à savoir la remise en cause du patriarcat et l’ouverture des possibles en matière de sexualité, accent étant mis ici sur le lesbianisme. En refusant de se construire en rapport avec le masculin comme le veut le schéma traditionnel du conte, les héroïnes de ces œuvres « rendent visibles les mécanismes qui sous-tendent les contes de fées ». C’est ensuite au tour de Cyrille Ballaguy et Elise Wolf Ballaguy de s’interroger sur les personnages féminins des mythes grecs, et notamment sur la figure de Circée, reprise récemment par Madeline Miller qui lui a consacré un roman. Il est question ici du « male gaze » sous l’angle duquel les héroïnes de la mythologie grecque sont mises en scène et auquel répond le « female gaze » de Madeline Millier qui donne la parole pour la première fois à Circée et refuse de la sexualité tout en dénonçant le système patriarcal dont elle est victime. Les chercheuses soulignent néanmoins les limites de l’émancipation de l’héroïne qui finit malgré tout par se conformer au rôle que la société réserve traditionnellement à son genre. Claire Duvivier livre ensuite un témoignage sur les archétypes en fantasy et sur la nécessité d’en créer de nouveaux qui remettent justement en cause les stéréotypes de genre. Enfin Yannick Le Pape met fin à cette première partie avec une étude consacrée aux représentations des héroïnes antiques dans la peinture victorienne ainsi qu’à la manière dont elles donnèrent naissance à un archétype de la fantasy. On y retrouve des analyses des œuvres de Edward Burne-Jones, Gabriel Rossetti, Waterhouse et bien d’autres artistes moins connus. L’auteur y explique comment le mouvement préraphaélite n’a cessé d’influencer les représentations des femmes en fantasy et a contribué à bousculer les normes alors que de plus en plus de femmes réclamaient davantage d’indépendance. L’article est aussi intéressant parce qu’il donne la parole aux illustrateurs et illustratrices de fantasy d’aujourd’hui qui nous livrent leurs influences et leurs réflexions sur le sujet.



Plus courte, la deuxième partie traite de la diversité interprétative et de la réappropriation des œuvres de fantasy par les fans. Laura Iseut Lafrance St-Martin ouvre le bal avec un article sur la diversité des interprétations de l’œuvre de Tolkien, tour à tour qualifiée aussi bien de sexiste que de féministe. L’étude est complexe mais sans doute l’une des plus passionnantes de l’ouvrage. L’autrice y démontre comment une même œuvre peut être interprétée de façon totalement contradictoire par les lecteurs et lectrices, et s’attarde sur la façon dont l’auteur a représenté masculinité et féminité dans ses œuvres. Elle souligne également que Tolkien lui-même a beaucoup réfléchi à ces questions et nous explique le principe qui avait la faveur de l’auteur à savoir l’applicabilité, qui consistute justement en l’appropriation d’une œuvre par chacun/chacune. Elisabeth Vonarburg poursuit avec la nouvelle « Le langage des fées » dont la brièveté rend difficile l’immersion du lecteur (le texte fait quatre pages) Coralie Leboeuf étudie ensuite les fanfictions de Harry Potter et s’interroge sur le pouvoir de déconstruction des normes de genre par le biais des pratiques créatives. L’autrice y démontre que les fanfictions basées sur l’univers de J. K. Rowling restent très standardisées et mettent souvent en scène une domination masculine érotisée, tout en allant à l’encontre de certaines représentations conservatrices.



La troisième et dernière partie est intitulée « Reprise et déplacement des tropes : matriarcat, maternité et magie » et débute par une nouvelle d’Alex Evans. Intitulée « Minuit à la tour du dragon », la nouvelle s’inspire du conte de « Cendrillon ». Les choix narratifs sont intéressants mais l’intrigue s’avère trop prévisible et trop superficielle. André-Philippe Lapointe signe ensuite une étude sur la société matriarcale des Adems mise en scène par Patrick Rothfuss dans « Chroniques du tueur de roi ». L’auteur y démontre que, même dans un monde patriarcal, la fantasy permet de créer une société qui brouille les stéréotypes de genre. Il nuance cependant son propos en expliquant que les Adem reproduisent une forme de sexisme puisque l’impulsivité des hommes sert de justification à leur infériorité. Pour lui, ce passage de la série de Rothfuss a pour intérêt d’exposer les biais cognitifs du narrateur et protagoniste, mais ne reste qu’une péripétie parmi d’autres dans une œuvre où les femmes restent globalement très sexualisées. Charlotte Bousquet enchaîne avec une nouvelle tirée de son univers de prédilection et déjà éditée dans l’anthologie « Reines et dragons » : comme toujours, la plume de l’autrice et son univers m’ont laissée de marbre. Charlotte Duranton s’est pour sa part intéressée à la série « Les nouvelles aventures de Sabrina » et s’interroge sur l’évolution de la représentation de la sexualité féminine dans les séries de fantasy pour les adolescent.e.s. Pour elle, la série télévisée est le médium idéal pour parler de sexualité féminine, et c’est notamment le cas dans les séries de fantasy qui mettent régulièrement en scène une figure désormais synonyme « d’empouvoirement » : la sorcière. La série dont il est question ici offre selon elle une allégorie de la lutte contre le patriarcat et s’inscrit dans la lignée des préoccupations sociétales actuelles en mettant en scène des jeunes femmes actives et qui revendiquent de multiples formes de sexualité. Elle souligne toutefois que, même si la série cherche à mettre en avant une vision libérée de la sexualité des femmes, elle reste très classique au niveau des codes moraux qu’elle met en avant. Héloïse Côté signe la dernière nouvelle du recueil avec « Pour Juliette » une nouvelle courte et prévisible mais néanmoins agréable. Enfin, Cassandra Simon termine avec « Le surnaturel au féminin : pouvoir, magie et maternité » où elle propose d’étudier les œuvres de Manon Fargetton (« Les illusions de Sav-Loar ») et de Christelle Dabos (« La Passe-Miroir »). La chercheuse y « interroge le potentiel subversif et féministe de la magie » dans les romans de fantasy et tente de comprendre comme les nouvelles possibilités offertes par le surnaturel peuvent renverser les schémas sociaux traditionnels. Elle s’intéresse aussi à la représentation de la maternité dans les deux romans qui « explorent les zones d’ombres » laissées par une vision de la femme la réduisant à ses fonctions reproductives puisque les personnages, soit ne veulent pas d’enfant, soit ne s’en occupent pas, soit ne peuvent pas en avoir.



« Fantasy et féminisme » est un ouvrage regroupant une poignée de nouvelles et surtout des études interrogeant la représentation des genres et de la sexualité féminine dans les œuvres de fantasy, mettant ainsi en lumière le potentiel féministe de ce sous-genre. Certaines analyses sont plus passionnantes et plus pertinentes que d’autres, mais l’ouvrage a le mérite d’initier la réflexion sur des considérations omniprésentes aujourd’hui et dont la fantasy n’hésite pas à s’emparer de plus en plus.
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Fantasy & Féminismes

Pas toujours facile d’accès mais extrêmement intéressant dans l’ensemble, même si certains chapitres m’ont moins intéressée.

Comme son titre l'indique, cet ouvrage collectif, qu'on peut qualifier d'essai, s'appuie sur l'analyse de plusieurs œuvres littéraires, visuelles et télévisuelles de fantasy pour y décortiquer le traitement des personnages féminins (on pourrait même dire sexisés et queer, de manière plus globale) sous le prisme du féminisme.

Certains intervenants dans cet ouvrage ne font pas vraiment l’effort de se mettre au niveau du tout public et de vulgariser un minimum leur propos et je trouve ça un peu dommage. J’ai parfois eu l’impression de ne pas avoir ma place en tant que lectrice de cet ouvrage, qu’il était réservé à une certaine élite artistique et intellectuelle dont je ne fais pas partie (alors que j'ai un petit bagage universitaire et littéraire, du coup je me suis juste sentie bête, parfois...). Heureusement, ce n’est pas le cas de tous les articles / chapitres et j’y ai quand même largement trouvé mon compte.

Je ne vais pas aller plus loin dans mon analyse, beaucoup de sujets sont abordés et il y aurait vraiment trop à dire si je me lançais dans quelque chose de plus détaillé. Mais j'y ai trouvé beaucoup de matière à réflexion, autant en tant que féministe, que lectrice mais aussi qu'autrice de sfff.



⚠️Attention, cet ouvrage spoile sans pincettes et sans avertissement pas mal de romans et séries de sfff contemporains (Cendrillon est morte, La Passe-miroir, Les nouvelles aventures de Sabrina, Les illusions de Sav-Loar, Chronique du tueur de roi, Buffy contre les vampires, Circé Mémoires de Lady Trent et j'en oublie peut-être).
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Fantasy & Féminismes

Lorsque j'ai refermé la dernière page de Fantasy & Féminismes, une douce curiosité m'a effleurée : que penseraient deux écrivains d'une époque révolue, ces deux Jeans, Giono et Genet, de ces réflexions ? Plongée dans cet ouvrage, il m'a offert des horizons inattendus et semé en moi de délicates interrogations. Comment nous, êtres errants sur cette Terre, nous positionnons-nous face à l'écriture, à la lecture ? Comment ces simples actes peuvent-ils tisser de nouvelles toiles entre nous, dessiner d'autres façons d'interagir, de se reconnaître, de s'aimer ?



Jean Giono :

Assis sous l'ombre d'un vieux chêne, il contemplait le paysage. "L'héroïc-fantasy, c'est un peu comme ces montagnes, tu sais. Les histoires peuvent être vastes, sauvages, inexplorées. Et quand elles sont écrites par des femmes, elles portent un souffle différent, un parfum de terre mère qui leur donne une essence particulière. Ce n'est pas tant le monde fantastique qui m'intéresse, mais la manière dont il est perçu à travers le prisme féminin. La femme, longtemps mise à l'écart, trouve enfin sa place, non pas comme un objet décoratif, mais comme l'âme même de l'aventure."



Jean Genet :

Un sourire narquois se dessinait sur son visage. "L'héroïc-fantasy, hein? C'est comme un rêve éveillé, une évasion. Mais quand ce sont des femmes qui en sont les scribes, le rêve prend une autre teinte. Les chaînes qui les ont longtemps retenues se brisent. Elles défient l'ordre établi, non seulement du monde qu'elles dépeignent, mais aussi du nôtre. La question du genre? Oh, elle est intrinsèquement politique! Quand une femme écrit sur des héroïnes puissantes dans des terres lointaines, elle ne fait pas que raconter une histoire, elle repose les fondations de notre propre monde. Elle détruit les carcans, et propose une nouvelle vision, où la femme n'est plus le reflet passif du désir masculin, mais le feu sacré de l'épopée elle-même."



Les deux hommes, malgré leurs mondes si différents, semblaient converger vers un point d'entente. Ils reconnaissaient la force et l'importance des voix féminines dans le paysage littéraire, en particulier dans un genre qui avait si souvent minimisé leur rôle. Leur discussion, profonde et enflammée, était une ode à la puissance de la narration et à la nécessité de repenser les rôles traditionnels.



Réponse intérieure de Charlotte Delbo qui les écouait dans le recoin caché

"J'ai vu le pire de l'humanité, sa cruauté, mais aussi sa force. Ces mondes qu'ils décrivent, bien que fantastiques, ne sont pas loin des réalités que j'ai vécues. Les femmes, ces héroïnes, me rappellent celles avec lesquelles j'ai partagé mes jours sombres. En écrivant, en lisant, nous transcendons notre réalité, nous trouvons la force de la résilience. La femme, dans sa vérité, n'est ni objet ni ombre; elle est le cœur palpitant de toute histoire."



Haiku :

Montagnes de mots,

Femmes, plumes en combat,

Rêve éveillé scintille.



Tanka :

Dans les pages tournées, le vent,

Des voix féminines s'élèvent,

Monde fantaisiste, réel,

Genet, Giono écoutent,

La femme, lumière vive.



Sonnet :

Dans un monde lointain, aux confins du réel,

Où les héroïnes règnent, puissantes déesses,

Deux écrivains écoutent, pris dans leur ivresse,

Le chant des femmes fortes, écho éternel.



Giono voit la nature, la mère, l'essence,

Genet voit la révolte, la lutte, la transgression.

Mais tous deux entendent le même refrain, la chanson

D'un monde où la femme n'est plus silence.



Charlotte, témoin des horreurs, des douleurs,

Entend en ces mots, le cri de mille cœurs.

La littérature, espace de résistance,



Où la voix féminine, loin de la soumission,

Raconte, rêve, et ose la défiante danse,

Brisant les chaînes, chantant la libération.
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Fantasy & Féminismes

Fantasy & féminismes est un recueil passionnant et foisonnant qui explore les œuvres de fantasy qui se réapproprient ou changent un peu les codes pour un imaginaire plus inclusif et plus féministe. Regroupant des articles très intéressants, bien que parfois un peu ardus ou trop centrés sur l’analyse d’une seule œuvre, et des nouvelles de fiction inédites qui viennent appuyer les propos, c’est un ouvrage riche et réussi.



Critique complète sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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Le club des érudits hallucinés

Un livre que j'étais très curieuse de découvrir !

Marie-Lucie Bougon a écrit il y a quelques temps une nouvelle parue dans l'anthologie Montres Enchantées (toujours chez le Chat Noir), et cette nouvelle une introduction à ce roman. Je n'ai pas lu cette nouvelle, mais je me suis malgré tout lancée dans Le Club des érudits hallucinés, et je ne le regrette pas !

Nous sommes à l'époque victorienne, et un club se réunit pour étudier les effets de biomutation, autrement dit la faculté de certains objets mécaniques à devenir vivants... Dans ce club, nous avons Bruissière, un vieux professeur ; Eusèbe, un étudiant ; Victor, un aventurier ; Barberine, une médium ; Alcibiade, un bourgeois ; et Eugénia, l'assistante de Bruissière.

Les affaires de ce club d'érudits va s'accélérer suite à une révélation fracassante d'Eugénia : elle est en réalité une andréïde, LA femme robot parfaite. Cette révélation pousse tout ses amis à enquêter sur ses origines mystérieuses, tout en tentant de résoudre une question fondamentale : les machines peuvent-elle avoir une âme ?

Dès le départ, Le Club des érudits hallucinés s'est révélé être un livre passionnant et foisonnant : les décors sont décrits à la pierre près, on a l'impression de pouvoir déambuler avec les différents personnages ; ces mêmes personnages qui sont tous passionnants, chacun pour des raisons différentes, que ce soit les amis ou les antagonistes ; les différentes thématiques qui sont abordées sont toutes passionnantes, avec notamment cette quête d'identité, cette lutte entre le métal et le vivant, la place des individus dans la société ; et au milieu de tout ça, nous avons des voyages en zeppelin, des duels au pistolets, et les avancées scientifiques qui s'opposent au spirituel.

Le tout forme un mélange homogène parfaitement réussi, brillant et prenant du début à la fin ! Comme toujours, une excellente découverte chez les éditions du Chat Noir, et je ne manquerai pas de suivre la carrière de Marie-Lucie Bougon !



(Voir mon avis sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Le club des érudits hallucinés

J’avais lu et beaucoup aimé la nouvelle éponyme dans le recueil Montres enchantées. Ce roman est basé à la fois sur cette nouvelle (qui est proposée en prologue pour ceux qui n’auraient pas le recueil), et sur le roman L’Ève future de Villiers de l’Isle-Adam, que j’avais lu durant mes études et qui m’avait fascinée à l’époque. J’avais donc hâte de découvrir ce livre aux accents steampunk qui reprend des thèmes récurrents du genre : jusqu’où peut aller la création humaine ? et les machines peuvent-elles acquérir une forme de conscience ? J’ai mis un peu de temps à lire ce livre, car je l’ai lu à voix haute pour la Ligue Braille (Opération « Je lis pour toi » si jamais ça vous intéresse d’en savoir plus 😉 ).



On retrouve donc le club d’érudits (scientifiques, intellectuels, médiums, nobles…) au manoir du professeur Brussière. Leurs recherches se focalisent sur la biomutation ou la capacité des machines à évoluer sous certaines conditions. Eugénia, jeune fille adoptée par le professeur, est au cœur de ces recherches, puisqu’elle provoque souvent des phénomènes de biomutation, et pour cause : le club a découvert récemment qu’elle était une andréïde, machine d’exception fabriquée de toutes pièces. Le groupe ne peut cependant pas croire qu’elle n’a aucune conscience, aucune âme, et va l’aider dans sa quête d’identité. Ce qu’ils vont découvrir va les mener à de sombres souvenirs, des trouvailles imprévues et des rencontres inattendues.



Ce roman comporte de très nombreux personnages, tous plus originaux les uns que les autres. L’autrice a réussi à donner à chacun une identité propre, une personnalité forte et un rôle particulier à jouer dans la résolution de l’intrigue sans pour autant noyer le lecteur d’informations. J’ai pour ma part beaucoup aimé Barberine, vieille dame qui communique avec l’au-delà, toujours très bienveillante et attentive aux autres, qui n’hésite pas une seconde à accompagner Eugénia dans sa quête. J’ai beaucoup apprécié également Alcibiade (quel prénom !), jeune noble propre sur lui qui part à l’autre bout du monde pour aider la petite andréïde.



Et puis bien sûr, il y a le personnage d’Eugénia. Elle se sait faite de matériaux divers et n’avoir rien d’humain, et pourtant, pour nous lecteur, c’est souvent elle qui parait la plus humaine de tous. On plonge au cœur de ses souvenirs avant sa rencontre avec le professeur pour n’y voir que malheur, comportements hostiles et déplacés, voire traumatisants. J’ai beaucoup aimé la façon dont l’autrice traite ce personnage et j’ai adoré la fin qu’elle lui a donnée !



Ce qui fait aussi le charme de cet ouvrage, c’est la société steampunk d’époque qui y est développée : on se réunit pour prendre le thé dans des salons, on assiste à des duels aux pistolets, les nobles se regroupent pour des séances de spiritisme ou au café pour des conciliabules secrets… Il en va de même pour la technologie utilisée : les moyens de transport fonctionnent à l’orichalque, on voyage en scaphe, en zeppelin…, on communique avec des lettres ou par phonotron. Bref, c’est un nouveau monde qui s’ouvre à nous, pour notre plus grand plaisir !



Des notions très intéressantes sont exposées, qui poussent à une réflexion plus profonde : la biomutation, le niveau de conscience des machines, mais aussi des concepts plus humains, notamment sur le devoir de répondre au rôle prédéfini pour nous par la société ou de parvenir à s’en émanciper pour devenir la personne qu’on souhaite réellement être. Il y a aussi beaucoup de questionnements sur l’âme et la vie après la mort. Beaucoup de pistes à suivre donc, sans pour autant y trouver des réponses catégoriques.



Un autre aspect que j’ai aimé est la diversité des supports de narration : il y a des chapitres « normaux », racontés par l’un ou l’autre des personnages, mais il y a aussi nombre de lettres, d’extraits d’essais… qui amènent les éléments de l’intrigue de façon plus originale. Mention spéciale aussi pour le titre du dernier chapitre. 😉 J’ai rencontré l’adorable autrice à la Foire du Livre de Bruxelles, et elle m’a parlé d’un potentiel spin-off sur Barberine… affaire à suivre !



Un roman steampunk que j’ai beaucoup aimé : une intrigue basée sur la biomutation et le niveau de conscience des machines, qui mène à une série de réflexions très intéressantes, de nombreux personnages qui ajoutent à l’originalité du récit, un univers steampunk d’époque mêlé à de nouvelles technologies. Une protagoniste andréïde attachante et étonnante d’humanité !
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Le club des érudits hallucinés

Tout d'abord, je tenais à remercier Babelio et les éditions du Chat Noir, pour m'avoir permis de découvrir cet ouvrage remporté lors de la dernière opération Masse Critique.



C'est d'abord la maison d'édition qui m'a fait envie au moment de sélectionner les titres qui m'intéressaient. Les éditions du Chat Noir ont l'habitude de nous livrer des histoires hors-normes et originales. Le résumé du livre nous promettait une quête identitaire de la part d'une "automate", dans un contexte un peu steampunk, où la science est en plein essor et où le surnaturel y est aussi présent. La couverture de l'ouvrage, tout en détails et en sobriété est magnifique, et rappelle les événements et les personnages de l'intrigue.



Eugenia est une jeune femme qui a été recueillie par le professeur Mirandol en qualité d'assistante pour ses travaux scientifiques. C'est quelqu'un de très doué dans son domaine. Hélas, bien vite, elle va se rendre compte que quelque chose cloche chez elle, et doute de son humanité. Bien vite, il s'avère qu'elle a été créée. Elle va donc se lancer à la recherche de son passé, avec l'aide de son père adoptif et de ses amis. On va donc suivre différents voyages et péripéties tout au long de l'intrigue pour notre plus grand plaisir.



Cet ouvrage met en scène un nombre de personnages assez conséquent. Néanmoins, cela était relativement facile à suivre, pour peu qu'on se donne la peine de vivre l'histoire à fond. On a entre les mains l'un de ces ouvrages qu'il faut déguster petit à petit, pages par pages, pour savourer le moindre petit détail de l'histoire. L'écriture y est excellente, très travaillée et précise. Il m'est difficile de proposer une critique plus détaillée que cela, tellement je risquerais de gâcher des pans de l'intrigue, et l'histoire est tellement éparpillée qu'à part vous informer de la quête identitaire, je ne peux pas en dire vraiment plus.



En conclusion, "le club des érudits hallucinés", est une histoire de recherche identitaire, dans un contexte steampunk où la science et le surnaturel sont fortement présents. L'écriture y est très détaillée et agréable. Les personnages variés et hauts en couleur sont attachants et vachement intéressants. J'ai savouré doucement cet ouvrage, mais j'en ai grandement apprécié la saveur. Un petit bijou comme on en compte peu. Bonne lecture !
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Le club des érudits hallucinés

--- Retour au steampunk ---



Cela faisait un moment que je n’avais pas lu de steampunk et je dois dire que j’ai pris grand plaisir à renouer avec le genre. Et comme j’en lis peu, ce roman a été agréablement dépaysant !



Jets de vapeur, bruits mécaniques et folles inventions composent ainsi l’univers créé par Marie-Lucie Bougon. Un cadre propice aux études scientifiques qui constituent le fondement même de l’intrigue. Rassurez-vous, néanmoins : il n’y a là rien de trop compliqué, si ce n’est le concept de biomutation, c’est-à-dire la transformation innée de la machine vers la matière organique. En d’autres termes, une machine peut-elle devenir un être humain et posséder une âme ?



Ces réflexions sont introduites à la fin du 20e siècle, parmi des membres appartenant à la haute bourgeoisie, ce qui n’a pas manqué de rajouter un peu de piment au récit. En effet, les conventions de l’époque se heurtent régulièrement à l’audace des personnages, ce qui m’a permis d’assister à des situations pour le moins cocasses.



--- Des personnalités flamboyantes ---



Le plus grand atout de ce one-shot ? Ses personnages, sans conteste ! Entre le dandy mystérieux, l’étudiant maladroit, l’extralucide aux multiples secrets et le scientifique bienveillant, impossible de s’ennuyer ! On pourrait croire qu’ils se font de l’ombre, tant ils débordent d’originalité mais, étrangement, l’ensemble fonctionne à merveille.



Leur complémentarité ne fait aucun doute ; s’ils sont tous impatients de faire de nouvelles découvertes, ils empruntent des chemins différents, ont recours à des méthodes diverses. Leurs oppositions ne sont donc pas une faiblesse, mais la force de leur alliance.



--- Science, philosophie et aventures ---



Au travers d’aventures rocambolesques, l’auteure interroge son lecteur au sujet de la nature humaine. Qu’est-ce qu’une âme ? Quelle est donc la frontière entre machine et humain ? Une être mécanique est-il capable de ressentir, si on le programme en ce sens ? Peut-il ensuite prendre ses propres décisions, libéré de tout algorithme ?



Bien entendu, le livre n’apporte pas de réponse précise, mais tel n’est pas son but. Pour autant, j’ai trouvé que Marie-Lucie Bougon poussait à la réflexion sans tomber dans des débats barbants et sans fin.



Quoi qu’il en soit, les péripéties de nos héros restent au coeur de l’intrigue. Ceux-ci nous entraînent d’ailleurs dans une enquête passionnante à travers plusieurs continents. Ils devront déjouer des pièges, survivre à de viles trahisons, et il leur sera difficile de ne pas y laisser des plumes. Cependant, ils ne baisseront jamais les bras. J’ai donc passé un très bon moment en leur compagnie, savourant leurs traits d’esprit, leurs répliques mordantes et la profondeur de leur amitié. Bref, une belle réussite !
Lien : https://lesfantasydamanda.wo..
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Le club des érudits hallucinés

Le club des érudits hallucinés est un roman qui fait vraiment honneur aux classiques de la littérature française du XIXe siècle, tant par son style, très maîtrisé, que par son intrigue, qui reprend celle de L'Eve future de Villiers de L'Isle-Adam.



Je n'ai malheureusement pas lu L'Eve Future, mais je connais à peu près son intrigue et et j'imagine bien à quel point l'auteure du Club des érudits hallucinés a modifié le personnage de Eve/Eugénia pour lui rendre une part d'humanité et de sentiments, tout en posant les questions morales que Villiers de L'Isle Adam omettait. Le club des érudits hallucinés rend ici hommage à la femme en la plaçant au coeur d'une intrigue où Eugénia, l'andréïde conçue pour être un objet, part en quête d'une identité. Ce que cherche avant tout Eugénia, c'est prouver qu'elle est humaine, et qu'elle a une âme.



Le roman nous pose un tas de questionnements métaphysiques ou mystiques sur ce qui fait un être humain, pour arriver à une conclusion que j'ai trouvé très belle.



L'intrigue se situe dans un passé revisité, dans un genre proche du steampunk. Un métal appelé orichalque a apparemment permis l'invention de nouvelles machines, et une ville de scientifiques a été implantée en plein Antarctique pour en effectuer l'extraction. On ne sait pas grand chose de ces détails, qui ne restent que des éléments de l'univers dans lequel baigne l'intrigue.



Le récit se compose de toute une panoplie de personnages très divers et marquants, auxquels on parvient à s'attacher peu à peu. Ceux-ci nous entraînent dans une véritable chasse au trésor, une aventure qui les mènera chacun à un élément du puzzle et qui nous fera voyager en Angleterre, à Pondichery et en Antarctique. Et plusieurs surprises sont à attendre de certains d'entre eux.



En bref, Le club des érudits hallucinés est un roman qui se lit comme un bonbon qu'on déguste tant la langue y est belle. Quant à l'intrigue, elle cache de nombreux questionnements profonds sur la signification de l'âme, sur l'exploitation humaine, les dangers moraux de certaines avancées scientifiques et sur ce qui fait un être humain. L'histoire bénéficie de personnages sympathiques, tous bien rattachés à leur siècle mais confrontés à des questionnements sur ce à quoi pourrait ressembler le futur.



Merci à Babelio et aux Éditions du Chat Noir pour m'avoir permis de découvrir ce roman.
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Ils ne devaient pas s'aimer

D’emblée j’ai été attirée par la sublime couverture de cette anthologie, signée Miesis Illustration (prix ValJoly’Maginaire 2011). Une couverture dans des tons noir/gris en parfait accord avec le titre du livre et qui donne le ton. Cette superbe anthologie est composée de dix nouvelles, toutes ayant pour thème un amour impossible, voire carrément improbable. J’ai été emportée par ces nouvelles, toutes aussi belles les unes que les autres. Certaines finissent bien, sur une note d’espoir, d’autres pas, d’autres encore ont une fin tragique. J’ai également été agréablement surprise par la variété des genres. Car en effet on retrouve ici bien sûr beaucoup de fantastique mais aussi de la fantasy et même de l’anticipation ! La plupart de ces nouvelles m’ont bouleversée et même si j’en ai préféré certaines plutôt que d’autres, je dois dire que globalement, j’ai adoré cette anthologie. Ces dix auteurs ont réussi à m'embarquer dans leur univers et il m’a été très difficile de lâcher ce livre, une fois plongée dedans... Lire la suite sur le blog.
Lien : http://betweendandr.blogspot..
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Fantasy & Féminismes

Tout d’abord, je remercie Babelio pour la sélection lors de ma première participation à la masse critique. Ensuite, je voudrais dire que j’adore complètement cette couverture et qu’en magasin, je n’aurais pas hésité une seconde à mettre cet ouvrage dans mon panier.



Fantasy & Féminisme est un ouvrage très intéressant sur la place de la femme (et pas que) dans l’univers de la fantasy. Il rassemble de nombreuses personnes comme des autrices, des chercheuses ou encore des académiciennes de France et du Québec.



C’est un ouvrage très plaisant à lire car l’on y apprend beaucoup de choses et l’on remet aussi en doute les premières lectures que nous avons lu en y décryptant la place de la femme ou de tout protagoniste féminin qu’il y avait dans ce roman. On y discerne aussi l’avancement de la place de la femme dans la fantasy grâce aux différents mouvements de ces dernières années. La femme n’est plus la demoiselle en détresse mais devient aussi porteuse d’épée.

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Ilex Aquifolium: Suivi de La Reine des Neig..

Un court texte qui aborde le thème de La Reine des Neiges, suivi du conte original de Hans Andersen, bien différent de l’adaptation qu’en a fait Disney. Comme beaucoup de contes, le ton est plus sombre et cruel, et il n’y a pas d’histoire de sœurs.



Pour ce qui est d’Ilex Aquifolium, écrit par Marie-Lucie Bougon et publié par les Éditions Realities Inc., je l’ai trouvé très bien écrit. La plume est vraiment belle et poétique, très fidèle à l’ambiance des contes avec une touche de modernité qui n’est pas désagréable.



Une lecture courte mais plaisante, donc. Je suis bien tentée par le roman de l’auteure, Le Club des Érudits Hallucinés.
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Le club des érudits hallucinés

Première chronique de l'année avec Le Club des Érudits hallucinés, une jolie découverte à mes yeux, à laquelle il a toutefois manqué un peu de souffle à mon goût.

Prenant la suite de L'Ève nouvelle de Villiers de l'Isle, ce roman nous fait suivre les pas d'Eugénia, une jeune andréide ayant subi un processus de biomutation qui la rend chaque jour un peu plus humaine. Mais une machine peut-elle avoir une âme ? Sur le chemin de sa propre découverte, bien des dangers l'attendent, mais elle peut compter sur le soutien et l'amitié d'un petit groupe coloré, bien décidé à faire toute la lumière sur cette affaire.

J'ai trouvé l'univers foisonnant. Il y a plein de belles idées qui permettent à l'auteur de peindre un univers steampunk légèrement uchronique, dans lequel s'est également développé une véritable république des sciences. Les images sont belles, les descriptions bien campées et on a l'occasion de voyager aux quatre coins de ce monde bigarré aux côtés des personnages. Des personnages somme toute attachants, même si j'ai regretté de voir certains manquer un peu de profondeur, Alcibiade en particulier. L'intrigue est plutôt intéressante, bien ficelée, mais pendant une première moitié du livre, le rythme paraît un peu lent et les quelques péripéties qui y sont glissées ont peiné à donner du relief à l'ensemble. En revanche, j'ai bien aimé l'alternance récit-lettres qui permettait de donner une voix aux personnages. J'ai vu arriver le final de loin, mais il était, je pense, difficile de faire autrement.

Bref, malgré quelques longueurs, j'ai passé un bon moment de lecture avec ce Club si particulier.
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Le club des érudits hallucinés

C’est complètement par hasard que ce livre s’est retrouvé entre mes mains. En flânant aux Imaginales devant le stand du Chat Noir, je me suis arrêtée un instant pour discuter avec l’autrice qui était en dédicace… et je suis repartie avec son roman dont je n’avais jamais entendu parler auparavant ! Il a suffi qu’elle évoque les mots steampunk et féminisme, et j’étais convaincue.



A vrai dire, je ne savais pas vraiment ce que j’allais trouver en ouvrant ce livre et j’en suis ressortie enchantée, bien qu’un peu frustrée par la fin. Mais j‘y reviendrai.



Il faut savoir que tout est parti d’une nouvelle écrite par Marie-Lucie Bougon, pour faire suite à un roman du XIXe siècle, L’Eve future d’Auguste de Villiers de L'Isle-Adam, qui est considéré comme un des piliers de la science-fiction puisqu’il met en œuvre une androïde, conçue pour le plaisir d’un homme dans le but de remplacer une femme très sotte dont il est épris. Evidemment, comme on peut s’en douter, ce roman est aussi très misogyne, et c’est pourquoi l’autrice a voulu donner la parole à cette androïde (ou andréïde). Suite à la publication de sa nouvelle, Marie-Lucie Bougon a développé un roman autour du même thème. Tu as tout suivi ?



Le club des érudits hallucinés met donc en en scène la fameuse andréïde, ainsi qu’un cercle de passionnés comportant un professeur spécialisé en biomécanique, une voyante, un dandy, un étudiant du professeur et un aventurier. Leur but : comprendre qui et comment a fabriqué l’andréïde, et surtout, découvrir si elle a une âme. Cette quête les mènera au bout du monde, de Londres aux Indes en passant par des îles nordiques, et les fera entrer dans le mystère de la biomutation…



Outre l’aspect steampunk, extrêmement bien développé et la plume très agréable, j’ai aussi beaucoup apprécié la narration, qui est à la fois sous forme de prose, de lettres, d’articles scientifiques et d’extraits de journal intime. Cela permet de passer facilement d’un point de vue à l’autre, ce qui est important pour se familiariser avec chacun des personnages.



De façon générale, j’ai trouvé que ce roman était réellement bien travaillé, les explications scientifiques claires et j’ai aimé la réflexion autour de l’âme. Qu’est-ce qui fait qu’on est un être humain ? Les machines ne sont pas forcément celles qui apparaissent comme le plus inhumaines dans le livre…



Pour un premier roman, je suis ébahie par la qualité du travail proposé. Je regrette juste quelques coquilles encore présentes dans cette version finale mais sinon, je suis surprise de ne pas avoir entendu plus largement parler de ce roman qui se hisse pour moi au même rang que d’autres titres du steampunk bien plus célèbres. En tout cas, moi, je compte bien en faire une belle promotion !
Lien : http://dorisbouquine.canalbl..
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Le club des érudits hallucinés

c'est bon
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Le club des érudits hallucinés

Quand il est sorti l’an dernier, j’ai tout de suite été très tentée par la couverture qui sort de l’ordinaire et surtout par le résumé qui promettait gros (et qui sortait lui-aussi de l’ordinaire), mais j’ai mis un peu de temps avant de sauter le pas (plus d’un an !)



J’ai trouvé l’univers décrit assez sympa : dès la lecture de la nouvelle introductive, on plonge dans un monde passé, empreint d’une volonté de progrès par les nouvelles technologies qui l’illustrent parfaitement. Dans cette Europe du XIXe siècle parfaitement bien retranscrite, que ce soit dans la nouvelle ou dans le récit tout entier. En plus de son ancrage à cette période, l’univers possède quelques détails irréels propre au livre, mais la majorité des éléments sont exacts, historiquement parlant, ce qui est franchement super.



Un autre éléments qui met parfaitement dans le bain de l’époque narrative, c’est la plume de l’auteure. Que ce soit dans les phases de narration ou dans les lettres qui s’intercalent entre ces dernières, on retrouve parfaitement le ton que l’on lire dans les textes de l’époque, ou même que l’on peut imaginer dans les conversations. Certes, on peut le trouver trop lourd par moment, mais selon moi, il s’accorde à merveille avec l’atmosphère et le style du récit, car il s’adapte aux différentes péripéties.



Cette histoire est d’ailleurs très bien agencée, d’une façon assez unique : après la nouvelle d’introduction, on intercale les phases de récit pur avec des notes, des articles ou des lettres, permettant de suivre l’avancée des différents personnages pendant le récit. Je trouve que ce fonctionnement est assez original et apporte un vrai plus au récit : en changeant de forme, on rythme le récit et on l’accélère. L’histoire s’en trouve boostée d’un coup et sort de la monotonie que l’on peut percevoir malgré un début vraiment intriguant. De ce fait, on va de surprises en surprises qui mettent les personnages à l’épreuve pour arriver à un final très étonnant.



En parlant de personnages, je les trouve franchement exceptionnels. D’abord, tout dans leur attitude fait rentrer les membres du club dans leur époque mais ils sortent quand même beaucoup du lot leur permettant de ressortir de la masse populaire que l’on rencontre ponctuellement. De plus, chaque membre possède un caractère propre qui le différentie parfaitement des autres membres mais qui enrichi également le récit. De ce fait, leurs relations n’en sont que plus enfoncée et plus uniques, pleine de peps et de bons mots.
Lien : https://lecturesdunedevoreus..
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Ilex Aquifolium

Un court texte qui aborde le thème de La Reine des Neiges, suivi du conte original de Hans Andersen, bien différent de l’adaptation qu’en a fait Disney. Comme beaucoup de contes, le ton est plus sombre et cruel, et il n’y a pas d’histoire de sœurs.



Pour ce qui est d’Ilex Aquifolium, écrit par Marie-Lucie Bougon et publié par les Éditions Realities Inc., je l’ai trouvé très bien écrit. La plume est vraiment belle et poétique, très fidèle à l’ambiance des contes avec une touche de modernité qui n’est pas désagréable.



Une lecture courte mais plaisante, donc. Je suis bien tentée par le roman de l’auteure, Le Club des Érudits Hallucinés.
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Le club des érudits hallucinés

Une histoire à l’ambiance aristocratique raffinée, qui envoie du très lourd !



Je ne lis que très peu de romans des éditions du Chat Noir. D’ailleurs j’essaie de rattraper mon retard en faisant le tour des maisons d’édition ! J’ai choisi ce livre grâce à la présence de l’auteure sur un salon littéraire, à Arras. Sinon, je serai passé à côté sans même me rendre compte de son existence, autant être franc ! 😛



Ce roman fait suite à une nouvelle, publiée dans une anthologie nommée Montres Enchantées. L’histoire débute directement à la suite de cette nouvelle, c’est pourquoi cette édition propose de découvrir ce texte préliminaire à l’occasion du prologue. Cette nouvelle, courte mais intense, ne se suffisait clairement pas à elle-même. Elle ressemblait à un commencement. J’aurais été peiné de la lire sans pouvoir découvrir la suite. Alors me voilà rassuré. Tant de personnages s’intégraient dans l’intrigue, sans pour autant avoir le temps de se développer. Ça aurait été bien dommage de s’arrêter là !
Lien : https://www.acaniel.fr/le-cl..
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Le club des érudits hallucinés

Dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge 2019, j'ai pensé à ce roman pour valider la catégorie "Rêvons-nous de moutons électriques ?" dans le thème Automne astral. Pourquoi donc ? On va parler d'automates (comme le veut la référence à Blade Runner), parfois de rêves, et beaucoup de science-fiction, ou plutôt ici, de steampunk...



Une suite directe de l'Eve future de Villiers de l'Isle-Adam



C'est annoncé dès le départ, Eugénia est l'Eve Future décrite par Villiers de l'Isle-Adam.



Pour ceux qui n'auraient pas lu ce roman qui date de 1886, il relate l'histoire d'un aristocrate très riche, amoureux d'une cantatrice belle mais stupide. Il engagera Thomas Edison pour lui fabriquer une andréïde ressemblant trait pour trait à la belle et censée lui être supérieure en intelligence.



Marie-Lucie Bougon part du principe que cet automate existe et imagine ce qui aurait pu lui arriver après le roman De Villiers. Elle se permet quelques fantaisies quant à l'histoire initiale, en lui ajoutant des amis, une interrogation sur ses origines, et surtout sur son âme, ce qui l'assimilerait à une humaine, par le principe de biomutation.



La grande quête de sa conception va rassembler tous les personnages du cénacle dont elle fait partie et être sujette à rebondissements.



Un roman steampunk qui renoue avec Jules Verne



Après lecture, j'ai l'impression de m'être retrouvée devant une combinaison de plusieurs choses.



Tout d'abord, le roman m'a rappelé les romans scientifiques de Jules Verne, ancêtre du steampunk, avec l'introduction d'un mystère autour d'un objet mécanique ou d'un fait scientifique qu'il faudra résoudre permettant ainsi la vulgarisation de la science auprès du lecteur.



Cependant, même si le roman part de ce principe, on se rend vite compte que Marie Lucie Bougon s'éloigne rapidement de la vulgarisation pour entrer dans le fantastique.



En effet, bien que décrivant la Biomutation comme un mystère à élucider, son fonctionnement reste vague et elle rejoint la pensée de Villiers de l'Isle-Adam qui préférait évoquer un sujet scientifique "sans le charabia qui l'entoure".



Ainsi, l'introduction d'une société de voyance, puis de fantômes pour expliquer l'âme d'Eugénia,  dilue cet aspect de roman scientifique présenté au départ.



En ce sens, elle entre plutôt dans la lignée loufoque du roman steampunk et des oeuvres de Tim Powers. Comme dans Les voies d'Anubis, un cénacle de membres hétéroclites mais éclairés, seront liés par la résolution d'un mystère, zombies et golems en moins. Et son histoire en remplit tous les codes du genre.



Malgré cela, l'auteure n'en reste pas moins originale comparée aux autres romans steampunk existants, en nous emmenant non pas uniquement à Londres, mais surtout à Héraclite, ville imaginaire et utopique située dans une zone désertique des pôles en Outrie, où des scientifiques du monde entiers sont réunis pour résoudre des problèmes mondiaux. On passera aussi par Ceylan avec l'expédition du dandy Alcibiade et de l'explorateur Victor Castieux, en Angleterre pour des séances de spiritisme avec Barberine, et à Paris, lieu de résidence d'Eusèbe et du professeur Brussière.



Le récit est émaillé de lettres entre les personnages sur les différents voyages réalisés, mais aussi de notes sur les recherches du Professeur Brussière sur la Biomutation qui font avancer l'enquête.



De nombreux questionnements sur l'andréïde et d'autres choses



A travers Eugénia et son existence, l'auteure soulève des questions autour des automates notamment sur la nature de l'âme et surtout ce qui distingue la machine de l'humain : Est-elle capable de ressentir des émotions ? Peut-elle avoir des décisions propres et non pas programmées par son créateur ?



De manière, étendue, le personnage de Honoré de Froimont va évoquer ce qui sera les prémices de l'industrialisation : peut-on remplacer les humains par des robots pour des tâches subalternes afin de pouvoir réfléchir en toute tranquillité au fonctionnement de l'humanité ? Si les robots sont des machines sans âmes, peuvent-il aussi être des serviteurs destinés aux plaisirs sexuels?



L'auteure émets aussi des interrogations sur la liberté féminine, à travers le personnage de Sidonie. Cette dernière habite à Héraclite, ville prônant l'égalité hommes-femmes, à la différence des autres pays. de ce fait, elle peut piloter un avion et assister aux cours de l'université, chose impensable pour d'autres personnages féminins du roman, reléguées au rang de plante verte. Avec ce personnage fort, ainsi que celui de Barberine qui a décidé de sa vie et de son identité, Marie-Lucie Bougon montre que d'autres destins sont possibles pour les filles, et provoque une petite rébellion dans la société conservatrice du XIXème siècle, qui trouve écho à notre époque.



Quelques bémols



Il manque un je ne sais quoi pour que l’intrigue décolle alors que tous les personnages sont bien construits et intéressants. On a l’impression que l’auteure fait tarder les événements pour tout précipiter vers la fin, comme si elle avait prévu d’écrire un second tome qui n’a pu voir le jour.



De ce fait, le roman traîne en longueur et il m’a fallu toute ma volonté pour le terminer. Par exemple, les passages où l’andréïde se pose des questions sur son existence sont trop nombreux et nuisent à fluidité de la narration.



Par ailleurs, des intrigues sont tronquées, comme le décès soudain de la vieille Grégoria entre le prologue et le chapitre 1, un personnage qu’il aurait été intéressant d’exploiter.



De plus, certaines intrigues apparaissent comme un cheveu sur la soupe. L’histoire du passé de Barberine la voyante, en est un bon exemple.



Au niveau de la mise en forme du texte, j’ai dénombré une dizaine de coquilles de l’imprimeur (des mots collés ensemble principalement) dans le roman, qui je l’espère, seront corrigées à la réimpression.



Enfin, je n’ai pas compris tout de suite que la préface était la nouvelle à l’origine du roman, ce qui provoquait des redondances dans des paragraphes entiers du chapitre 1 et m’a fait pester (inutilement) contre une mauvaise relecture de l’éditeur (qui avait fait son job !).



Donc, attention lors de votre lecture ! (Pas faute d’être prévenue au début de la préface en plus !)



En conclusion : Je suis un peu mitigée vis à vis de ce livre, qui est d’une grande qualité de style, pose des questionnements intéressants, mais manque de dynamisme. Un premier roman prometteur mais qui nécessite une évolution de la part de l’auteur dans sa prochaine intrigue.
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Le club des érudits hallucinés

Pour résumer, le club des érudits hallucinés est une belle découverte. Dernier né de la collection Black Steam des Éditions du Chat Noir, il est à la hauteur de ses prédécesseurs par son intelligence et son propos, servis par une intrigue passionnante et un univers riche. La plume de Marie-Lucie Bougon n’y est pas pour rien et transmet sans effort les émotions des personnages, auxquels on s’attache immédiatement. Je recommande chaudement la lecture de ce one-shot aux adeptes du steampunk mais plus globalement, à ceux qui ont envie de lire un très bon roman d’une autrice prometteuse car il n’est pas uniquement dédié à un public expert. J’espère qu’elle écrira à nouveau dans ce style littéraire !
Lien : https://ombrebones.wordpress..
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