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Citations de Marie Van Moere (15)


- La tête ne peut travailler sans le corps.
- Mais le corps peut blesser l’esprit.
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On ne devait pas se regarder mourir sous des tonnes de cendre.
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Elle était persuadée que ce territoire intense et déchiqueté ne livrait qu’une interface de lui-même par le réseau de chemins ferrés, routiers ou pédestres, qu’il acceptait telles des saignées afin de préserver ses ombres. Il reprendrait en un instant furtif tout ce qu’il avait donné , d’une manière bien plus violente que les millénaires d’abnégation qu’il avait fallu à l’homme pour se faire accepter de lui.
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Enfermée dans sa chambre, Antonia ouvre le tiroir de sa coiffeuse. Elle évite de se regarder. Le grand miroir ovale lui renvoie une image qui l’effraie. Une étrangère à elle-même. Le tiroir sort de ses gonds, Antonia le pose sur le plancher. Au fond, scotchés sous la tablette, Antonia saisit un téléphone à carte, un chargeur de batterie et un pistolet. Elle démonte l’arme debout, un Glock 26 offert par Attilius. Elle fouille derrière les romans d’amour de sa bibliothèque. Le chargeur et les munitions rejoignent l’arme démontée. Antonia se décide à tout jeter à la poubelle. Elle se rassoit, branche la batterie et le téléphone. Dans le répertoire, un seul numéro. Celui de Toussaint. Vingt minutes avant d’oser appeler, sept minutes de conversation à mots couverts. Quand Antonia raccroche, elle est en colère. Elle remonte nerveusement le Glock 26. Toussaint a « quitté la nourrice pour la capitale, puis j’ai traversé, je suis avec des amis, non, je ne peux pas te rejoindre de suite, il faut attendre ».
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Elle n’était pas méditerranéenne de souche, elle l’était devenue par adoption. La plage était immense, long cordon lagunaire face à l’île d’Elbe et l’Italie. Sa mer originelle était l’Atlantique des plages landaises. Ici, ce n’était pas l’océan. C’était la Méditerranée et ses îles, les mythologiques Ulysse et Pénélope, l’hybris et les drames, le feu grégeois et le sang bouillonnant, mer de tourments contenus puis révélés. Dans ses souvenirs, elle s’était toujours découverte au bain d’acide, comme une plaque de cuivre. Quand cette plaque commençait à verdir, la mer aussi était capable de racler les souillures. Un baptême renouvelé. Se baigner, loin, dans le silence, flotter au-dessus d’une étendue d’algues, plonger en apnée et s’y blottir les yeux fermés en luttant contre la remontée, remonter, inspirer, flotter encore puis redescendre chercher une poignée de sable qui s’évanouira dans la main, émerger à la limite de la noyade, inspirer comme la première fois. Rentrer au rivage et sentir la pesanteur l’enserrer de nouveau, étourdie par cette légèreté fugace que ne connaissent ni les coureurs de fond, ni les chuteurs.
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La balle s’était logée dans l’os pariétal. Imprévu. Jamais elle n’aurait imaginé qu’il fut si physique d’ouvrir un crâne à la pioche. Celui-ci brisé, elle s’agenouilla derrière et y plongea les mains. La détermination ne tolérait pas le dégoût. Elle s’arrangea pour éviter les yeux, cura les reliquats de cervelle et les déposa sur le côté. Sa main glissait, elle eut le plus grand mal à dégager la balle du crâne. Quand elle y parvint, elle leva les quelques grammes de métal vers le ciel et en vérifia l’intégrité. Il s’agissait de ne pas confondre avec un morceau d’os englué dans la matière. Dans l’obscurité, elle vit simplement que ses mains étaient assombries jusqu’aux poignets, et se nettoya longuement au bidon d’eau.
L’horizon oriental débordait les reliquats de ténèbres, prime lueur que nul n’aurait donnée victorieuse. Elle poussa le corps enroulé et sanglé dans la couverture au fond du trou, recouvrit le paquet par des paquets de cailloux et de terre et compacta l’ensemble en sautant dessus. Puis elle remit son jeans et enfila sa veste à même la peau, regarda ses mains, vérifia que rien ne traînait. Les bruits de la boîte de nuit s’étaient tus. Elle jeta un dernier coup d’oeil à l’endroit et monta dans le 4×4 qui surplombait la ville. L’aurore était là, il fallait partir. Elle but toute sa bouteille d’eau et s’arracha à l’endroit une cigarette à la bouche.
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Il a envie d’écrire une histoire de garçon vacher du Grand Ouest. Il n’y a aucun veau à émasculer dans le salon derrière lui. Lui est le veau. Et même pas. Les mustangs galopent dans les plaines quand il lui faut dix secondes pour atteindre le bout du couloir en fauteuil roulant et virer avant de s’enfoncer dans le mur. Il lui est arrivé de ne pas réduire sa vitesse et de rigoler comme une outre fendue avec une dent pétée, bavant du sang, les roues au sol dans son visuel. C’est l’échine qu’il a perdue en premier en chutant par la fenêtre nu comme un ver, comme un cow-boy à poil dans une rivière face à la tribu indienne alignée sur la berge. Le rideau auquel il s’est raccroché pour ne pas tomber quelques mètres plus bas sur les pavés ne l’a pas protégé du regard de sa femme se penchant à la fenêtre.
Il a envie d’écrire une histoire de buckaroo mais il n’a plus de jambes. Bon sang ! Il voudrait qu’une gonzesse monte un bras de canapé et se cambre telle la rodéo girl championne de bull électrique et pour les empotées, il faut retourner la chaise de bureau, écarter les jambes gracieusement, s’asseoir, faire corps par l’aine dans un roulis de hanches. Ses jambes sont restées accrochées au temps passé, heureusement le plaisir cérébral l’inonde encore.
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Ça sent l'urine, celle qui a mariné longtemps. Au pied de ce pilier du parking souterrain de la rue de l'Étoile, dans le 17e, l'ammoniaque collée au béton répand son âcreté, s'accroche aux jambes de pantalon, vole autour du pénis sorti de son boxer, repousse les assauts des principaux ennemis, l'odeur de la pisse fraîche et le parfum d'un cigare cubain.
Toussaint Galea se rajuste et grimpe dans son Audi Q7. Au volant, Idris Koroma attend silencieux, l'ordre de départ, alors que Toussaint Galea fustige la saleté des parkings, laquelle encourage les gens à se soulager dès qu'ils en ont l'envie. Plus tôt dans la soirée, aux environs de vingt-trois heures, Claude et Jean-Luc ont accompagné leur patron dans les salons luxueux d'un cercle de jeu voisin, à la rencontre d'un Corse ami et associé de longue date. Beaucoup d'argent était en jeu, il s'agissait de ne pas dissoudre l'amitié dans d'inutiles tentations. Les deux partenaires avaient préparé la rencontre avec soin. Flanqués chacun de leurs porte-flingues, il n'y eut aucun tiraillement entre eux et une pleine bouteille de Cristal Roederer fut vidée en l'honneur du nouveau projet ajaccien.
On y va. Putain, les gonzesses passent leur vie à se retenir et elles n'ont pas de problème de prostate. La vie est mal faite.
Idris Koroma démarre le puissant moteur V8. Le SUV quitte les niveaux inférieurs du parking Wagram Arc de Triomphe. » (p. 13-14)
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Ça sent l’urine, celle qui amariné longtemps. Au pied de ce pilier du parking souterrain de la rue de l’Etoile, dans le 17e, l’ammoniaque collée au béton répand son âcreté, s’accroche aux jambes de pantalon, vole autour du pénis sorti du boxer, repousse les assauts des principaux ennemis, l’odeur de pisse fraîche et le parfum d’un cigare cubain.
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Moi, je suis rien encore mais je suis déjà fatiguée.
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Il pensa qu'il n'y avait pas de route sans croisement, ni de croisement sans choix.
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La petite voisine de la grande maison d’en face ouvre la porte à double battant. C’est l’heure de l’école pour les enfants. Il ouvre les yeux. Elle lui jette un geste rapide pour le salut quotidien et n’oublie pas de lui sourire. Elle lui sourit parfois plus qu’à ses enfants qu’elle aime de tout son cœur. Il n’y a pas qu’un amour ; elles sont toutes aussi différentes que les constellations primitives. Son salut façon lady des quartiers bourgeois, c’est comme un cocktail Molotov à chaque lobe. Lui, il est l’écrivain handicapé ancien alcoolique qui refuse l’auto-apitoiement mais subit la condescendance sociale, alors il lève la main derrière sa verrière, renvoie le geste à la jeune femme en contrebas, garde le souvenir du sourire qui le ravivera quand il décidera de l’ouvrir sur son jour. Peut-être qu’elle passera le voir tout à l’heure.
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Elle profita du silence. Comme si rien, rien depuis les évènements rien, rien, rien de toute cette merde n’avait existé.
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Le chef d’entreprise se présente accompagné d’Élisa, Cécile ne se lève pas et sent qu’elle vexe le petit homme noueux. Aucun bijou sur ses mains calleuses mais plusieurs chaînes se devinent à son cou sous une chemise impeccablement blanche. Il est très bronzé et son crâne pèle très légèrement. En un coup d’œil, Cécile voit qu’Ottavi quitte ses bureaux pour travailler en mer, elle pense que sa vie personnelle doit être fonctionnelle, voire inexistante, qu’il n’a pas de temps à perdre et qu’il est furieux. Son regard est noir comme le bleu mort des jours d’orage.
– Je peux fumer ?
Sa cigarette est déjà allumée. Tout en Georges Ottavi est fermé. Les exhalaisons de fumée sont ses uniques signaux d’appel.
– Cette exploitation, c’est ma vie. Je suis tout le temps par monts et par vaux et, quand je suis ici, je me transporte sur les sites. Je plonge encore avec les équipes techniques. Ce matin, elles ont trouvé sept cages à loups complètement éventrées. j’ai perdu dix-huit mois de travail sur plusieurs tonnes de poissons qualitatifs. Le loup, c’est ce que je vends le mieux au détail et que j’expédie sur le continent. J’aurais pu envoyer mon adjoint pour le dépôt de plainte mais je tenais à venir moi-même parce qu’ensuite je traverse la rue et je vais voir le préfet. Un cendrier, s’il vous plaît.
La façon servile qu’a Bonnard de poser une tasse sale devant Ottavi écœure Cécile.
– Tant que tu y es, ouvre la porte du couloir et la fenêtre derrière moi, Dominique, merci.
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Ça sent l’urine, celle qui a mariné longtemps. Au pied de ce pilier du parking souterrain de la rue de l’Étoile, dans le 17e, l’ammoniaque collée au béton répand son âcreté, s’accroche aux jambes de pantalon, vole autour du pénis sorti du boxer, repousse les assauts des principaux ennemis, l’odeur de la pisse fraîche et le parfum d’un cigare cubain.
Toussaint Galea se rajuste et grimpe dans son Audi Q7. Au volant, Idris Koroma attend, silencieux, l’ordre du départ, alors que Toussaint Galea fustige la saleté des parkings, laquelle encourage les gens à se soulager dès qu’ils en ont l’envie. Deux autres hommes patientent à l’arrière. Plus tôt dans la soirée, aux environs de vingt-trois heures, Claude et Jean-Luc ont accompagné leur patron dans les salons luxueux d’un cercle de jeu voisin, à la rencontre d’un Corse ami et associé de longue date. Beaucoup d’argent était en jeu, il s’agissait de ne pas dissoudre l’amitié dans d’inutiles tentations. Les deux partenaires avaient préparé la rencontre avec soin. Flanqués chacun de leurs porte-flingues, il n’y eut aucun tiraillement entre eux et une pleine bouteille de Cristal Roederer fut vidée en l’honneur du nouveau projet ajaccien.
– On y va. Putain, les gonzesses passent leur vie à se retenir et elles n’ont pas de problème de prostate. La vie est mal faite.
Idris Koroma démarre le puissant moteur V8. Le SUV quitte les niveaux inférieurs du parking Wagram Arc de Triomphe.
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