Citations de Marilyse Trécourt (317)
Il collectionne les filles car il ne veut vivre que le meilleur, et ça non plus, ça n’a pas changé. Mylène a un look de garçon manqué et un humour de routier qui m’a souvent fait rougir. Elle non plus n’a pas beaucoup changé. Aujourd’hui, elle cultive son apparence masculine et s’amuse toujours autant à me sortir les pires cochonneries.
Je peux refaire tous les choix qui se présenteront à moi, décider d’agir de la même manière que dans ma première vie, ou complètement différemment. En y réfléchissant bien, je m’aperçois que je n’ai pas fait beaucoup de choix dans mon existence. J’ai très souvent accepté, ou plutôt subi, les choix que d’autres ont faits pour moi. Après le bac, j’ai suivi des études de gestion parce que mon père pensait que c’était bien pour moi et que ce cursus allait m’ouvrir les portes d’entreprises prestigieuses.
La différence avec avant, c’est qu’à présent tu bénéficies de l’expérience et des souvenirs de ta première vie.
Je préférais ressembler à celle que j’étais quand j’étais jeune. Je ne crois pas que tu aimerais me voir telle que je suis aujourd’hui, hein…
Ce que je connaissais de l’amour à cette époque n’était que le reflet des relations entre mon père et ma mère et je ne pouvais pas croire que ce type de sentiment puisse pousser quelqu’un à vouloir mettre fin à ses jours dans l’espoir de rejoindre l’être aimé dans l’au-delà. Et pourtant…
Grandir, c’était arrêter de rêver, abandonner ses croyances d’enfant, revoir ses ambitions à la baisse. Grandir, en ce qui me concernait, c’était prendre conscience du danger des vols en avion et préférer la routine à l’aventure.
Quand on arrive, on ne voit que le vert flamboyant des pins maritimes. Puis, en faisant quelques pas, les épines de pins s’écartent pour nous laisser découvrir un trésor. Une petite crique, enfoncée dans le ventre creux de la falaise, composée d’une plage de galets qui se jette dans l’immensité de la Méditerranée. Ce jour-là, il y fait une chaleur douce depuis que le mistral a consenti à se calmer. Le parfum de la garrigue emplit l’atmosphère, tandis que le souffle de l’iode marin vous enveloppe dès vos premiers pas sur la plage.
Qui n’a jamais rêvé de revenir en arrière ? De remonter le temps pour réparer ses erreurs, pour effacer la parole malencontreuse que l’on n’aurait pas dû prononcer, pour oser aborder cette inconnue que l’on ne reverra plus jamais, pour reposer ce verre qui nous a fait perdre le contrôle de la voiture, pour accorder plus d’attention aux êtres que l’on aime avant qu’ils ne disparaissent ?
Personne n’a cette chance. Pas dans la réalité telle que nous la connaissons. Mais la connaissons-nous vraiment, cette réalité multidimensionnelle ?
En théorie, je sais tout d’elle. Elle m’a juré, comme si nous étions au tribunal, de me dire la vérité et rien que la vérité. Elle a répondu à mes questions de manière assez spontanée et directe, à part quand elle recherchait un élément précis, comme une date ou un détail. Elle m’a regardé dans les yeux, sa voix était ferme et posée, et son corps ne trahissait pas d’émotions particulières, si ce n’est une légère appréhension sur les suites de l’enquête, appréhension bien compréhensible. En théorie, je sais tout d’elle. Mais quelque chose m’échappe encore, sans que je sache ce dont il s’agit.
Tout me semble parfait. Je suis ici, avec mon mari, mon amoureux, mon âme sœur, dans la plus belle ville du monde, dans le plus beau quartier de la ville et devant la porte de ce qui va devenir la plus belle boulangerie ayant jamais existé à New York… Je vis un instant de bonheur pur. Alors je referme mon auriculaire sur celui de Maxime et je fais le vœu que rien, jamais, ne vienne perturber ce bonheur. Quand j’ouvre les yeux et croise le regard de Max, je devine que son vœu et le mien ne font qu’un.
Je prends sa main et la couvre de baisers pour lui insuffler de la chaleur, de l’amour, un peu de vie.
Ses lèvres deviennent bleues. Mais son cœur bat toujours. J’ai cru que le mien allait s’arrêter tout à l’heure, quand je l’ai vu inerte, sur le sol. J’ai tellement peur. Peur de le perdre. Peur de ne plus revoir ses yeux rieurs, ses mains pétrir la pâte ou déposer une framboise fraîche au sommet d’une religieuse, ses lèvres se rapprocher des miennes, ses bras musclés recouverts du nuage de farine, ses boucles brunes s’agiter en tous sens quand il chante.
Mon Dieu, qu’ai-je fait ? Je suis la seule responsable de… cet accident. Car c’est un accident. Et c’est ce que je répondrai si on me pose la question. À moins que je ne leur explique qu’il est tombé tout seul dans les escaliers. C’est vrai, il a pu glisser après tout. Ça arrive tous les jours. Je crois même que c’est la première cause de décès, les accidents domestiques.
Mais je ne suis pas une poupée dont tu peux disposer à ta convenance ! Je suis un être humain. J’ai certainement une famille, des gens qui m’aiment et qui s’inquiètent pour moi.
J’aimerais pleurer également, nettoyer dans ma tête ce que le feu n’a pas réduit en cendres. Mais je n’y arrive pas. Mes émotions sont comme bloquées à l’intérieur. Bloquées par une phrase qui surgit, tel un criminel qui fait irruption dans votre maison, en pleine nuit. Une phrase ou plutôt un ordre qui me glace le sang.
« Arrête de chialer, la naine. Tu n’as déjà rien pour toi. Garde au moins ta dignité. »
Pourquoi cela m’arrive-t-il à moi ? Qu’ai-je fait pour mériter ça ? Pour mériter le mépris des gens qui me connaissaient ? Pour mériter d’être ainsi enfermée en moi-même, otage de ma propre mémoire, sans pouvoir en sortir ? Combien de temps vais-je rester ici ?
L’hypnose effraie la plupart des gens qui redoutent que leur esprit ne soit contrôlé par une tierce personne. Pourtant, elle nous permet de disposer d’une clé d’accès à votre mémoire.
Si je me fie au vert tendre des feuilles des mûriers, je dirai que nous sommes au printemps. En mai. Ou en juin.
Il arrive parfois que l’on se réveille avec quelques séquelles, comme des troubles de la mémoire, une aphasie, c’est-à-dire des troubles de la parole, des vertiges, des maux de tête… Ceux-ci se résorbent généralement de manière progressive...