Citations de Marin Ledun (375)
- Vous pensez qu'il y a un lien entre...
- J'en sais rien, putain ! le coupe brutalement le [père]. J'en sais rien, mais je n'arrête pas d'y repenser depuis ce matin. Je me dis que tout est de ma faute, que j'ai sûrement fait quelque chose de mal à ce moment-là, un truc que je n'ai pas vu, les mots que je n'ai pas su trouver, j'ai peut-être été trop dur. Je tourne et retourne ça dans ma tête comme si je devenais fou. [Mes filles], c'est toute ma vie. Je les aime plus que tout au monde, vous comprenez ? Je... je...
Richard Revel chuchote à l'oreille de Korvine :
- Femme volage.
Le verdict des voisins.
- De nombreux amants, ajoute Revel. Mari commercial, souvent en mission...
(...)
Une femme que son mari ne satisfait pas.
- Pas une prostituée.
Une femme que tous les hommes aiment.
Revel répète.
- Pas une prostituée.
Une femme perdue, pas une pute.
Une femme qui cherche.
(p. 54)
Mécanique du quotidien : les individus calés dans la tôle de leurs véhicules et les coeurs serrés dans les cages thoraciques.
(p. 15)
Ensemble, ils amassent patiemment des éléments à charge.Ils collectionnent les produits de contrebande. Ils interrogent les témoins, ils recoupent les informations récoltées auprès des fournisseurs, ils brandissent des assignations à comparaître. Ils se battent contre des armées d'avocats. Ils financent des rapports d'expert scientifiques indépendants démontrant le pouvoir de nuisance des grands cigarettiers en matière de santé publique. Ils récoltent des documents prouvant la duplicité de plusieurs députés européens et de rapporteurs de la commission des Finances. Ils amassent les coupures de presse où ces derniers figurent bras dessus, bras dessous avec les dirigeants de Big Tobacco, à l'occasion d'un tournoi de golf à Bâle ou d'un gala de bienfaisance à Biarritz.
Bref, Bartels s'assure que tout le monde puisse fumer et faire fumer en paix.
Bartels excelle dans ce domaine.
Son travail de lobbyiste officiel consiste à user de ses réseaux politiques pour rendre la vie d'European G. Tobacco plus épanouie.
L'Europe entière apprend que la France est le paradis ultralibéral des cigarettiers et l'enfer sur terre de leurs salariés. (596)
L'industrie du tabac est en guerre depuis son origine. Son existence n'est qu'une succession de batailles menées tambour battant contre ceux qui cherchent à la détruire par tous les moyens. L'état de guerre permanent est son essence même. (497)
On se croirait dans un dossier spécial BFM TV sur la paupérisation des petits Blancs de la France périphérique, dans un roman de Nicolas Mathieu sur le chômage dans les Vosges ou dans la "Picardie" du groupe de chanson populaire Les VRP. Venez respirer le grand air, derrière la centrale nucléaire...
p 185
- Puis Clark Gable, Spencer Tracy, Joan Crawford et Claudette Colbert. Jusqu'en 1951. L'industrie du tabac dispensait plus de fric en cigarettes sur les plateaux de cinéma qu'Hollywood en publicité pour ses propres films, mais le véritable âge d'or, ce sont les années 80. Le fric pleuvait. Les règles n'étaient pas encore définies. Les sociétés comme celle pour laquelle je travaille n'avaient que l'embarras du choix . Les producteurs s'arrachaient leurs chèques. Big Tobacco recevait des centaines de scénarios par an, accompagné d'un petit mot qui disait en substance: Nos acteurs fumeront ce que vous voulez, pourvu que vos allongiez la monnaie.
Il est 15 h 58, heure française. Cinquante-six minutes après avoir été percutée par le vol United Airlines 175 entre le soixante-dix-huitième et le quatre-vingt-quatrième étage, la tour sud du World Trade Center s'effondre. Les Etats-Unis sont horrifiés. La moitié de la planète avec eux - l'autre moitié n'a ni la télévision ni Internet, crève de faim ou s'en lave les mains.
L'appartement sent l'encaustique et transpire l'ennui. Le mari, le blanc de l'œil jaunâtre, petite moustache, petit ventre, petite cirrhose, petites ambitions. Il a disposé sur la table basse recouverte d'une toile cirée des photos récentes de leur fille Hélène. Ils sont sans nouvelles depuis le début de l'été.
Mon métier consiste à falsifier, manipuler,abuser,tricher, corrompre pour vendre le plus de cigarettes possible et m'enrichir.Je ne sais que faire cela. ( p 368)
Chez European G. Tobacco, faire plaisir au client n'est pas qu'une promesse, c'est un défi gustatif ! Croyez-moi, nos usines et nos buralistes devraient figurer dans le Guide Michelin ! (83)
Le sentiment de Nora : répression et fermeté sont les mamelles de la République en matière de tabac. Il faut frapper juste, mais frapper fort.
Son démon intérieur, un cocktail détonant mêlant culpabilité et soif de justice. Nora rumine en secret ses minuscules victoires et ses échecs colossaux.
(328)
Il est 15h58, heure française. Cinquante six minutes après avoir été percuté par le vol United Airlines 175 entre le soixante dix huitième et le quatre vingt quatrième étage, la tour sud du World Trade Center s'effondre. Les États Unis sont horrifiés. La moitié de la planète avec eux - l'autre moitié n'a ni la télévision ni internet, crève de faim ou s'en lave les mains.
Même les fantômes commettent des erreurs. (207)
Nous vendons des cigarettes, Eduardo. Nous vendons le meilleur produit du marché. Notre but est d'en fourguer le plus possible aux gens avant qu'ils en meurent, quelle que soit la raison de leur décès. Sida, cancer, infarctus, AVC, accident de la route, je m'en tape ! Nous ne sommes pas un putain d'hôpital ! Nous ne faisons pas de politique. Nous faisons du commerce.
C'est ça, votre putain de boulot : montrer que nos produits sont pour tous les hommes et toutes les femmes en âge de fumer, sans discrimination aucune ! Pédés, gouines, camés, vieux, enfants, sidaïques, cancéreux , catholiques, bougnoules, chinetoques, fascistes, racistes, xénophobes, intégristes, tous, vous m'entendez ! Tous ! Même les homophobes comme vous ! Tous, putain, pourvu qu'ils paient !
Nora renifle à la trace l'odeur âcre de la cigarette et du crime organisé
Les gens ont peur. Les gens sont incrédules. Les gens s'en foutent. Les gens se demandent si le métro sera quand même ouvert demain matin. (47)