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3.65/5 (sur 10 notes)

Nationalité : États-Unis
Biographie :

Marina van Zuylen est professeur de littérature française et comparée au Bard College. Elle a fait ses études en France avant d'obtenir une licence en littérature russe et un doctorat en littérature comparée à l'Université de Harvard. Elle est l'auteur de Difficulty as a Aesthetic Principle, Monomania et The Plenitude of Distraction.
Elle a fait l'éloge de certaines des maladies de la modernité - l'ennui, la fatigue, l'oisiveté, la médiocrité - et a écrit sur le snobisme, les troubles dissociatifs et l'esthétique obsessionnelle compulsive. Elle a publié de nombreux articles sur l'œuvre de Jacques Rancière et a écrit sur l'art et l'esthétique pour le MoMA et d'autres lieux liés à l'art. Elle a enseigné à Harvard, Columbia, Princeton et à l'université de Paris VII.



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16 juil. 2020 Remarks by Marina van Zuylen, professor of French and comparative literature at Bard College, at the Teagle Foundation's 75th Anniversary Forum on "Education for Freedom - for All" in October 2019.


Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Que pouvons-nous bien savoir sur la moralité d'une personne ou sa vie intérieure, lorsque nous sommes tributaires de mots aussi érodés et galvaudés que "bon", "bien", "vrai", "juste", pour décrire leur complexité ?
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Éclairer les vies minuscules est le rôle de la littérature. La fiction nous apprend ce que c'est, que d'être constamment sur le fil entre existence et effacement.
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Aimer un autre être, c'est renoncer à un idéal de perfection.
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Les vies suffisamment bonnes qui m’ont le plus appris n’ont pas été vécues comme des performances, ce pourquoi précisément elles étaient les moins notables.
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[𝗢𝗿𝘄𝗲𝗹𝗹 𝗲𝘁 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗼𝗻 𝗱𝗲𝗰𝗲𝗻𝗰𝘆]

La décence ordinaire est tout le contraire de l’éphémère « quart d’heure de célébrité » warholien. Orwell la met en avant précisément pour sa détonante discrétion. Peu importe que ce sens moral spontané se concrétise en actes de générosité retentissants, ou en héroïsme. Il peut tout aussi bien, pour reprendre les mots de George Eliot, « reposer dans des tombes délaissées », une image à laquelle je reviendrai lorsque je commenterai son roman Middlemarch. À ceux qui restent sourds à la valeur discrète de ce sens moral spontané, Orwell préfère les gens qui vivent et pratiquent la bonté sans ostentation. Il utilise Jonathan Swift comme un repoussoir, lui reprochant de négliger un bonheur « notoirement difficile à dépeindre » parce qu’il est ordinaire plutôt qu’utopique :

𝘔𝘢𝘪𝘴 𝘭𝘦 𝘵𝘳𝘢𝘪𝘵 𝘭𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘮𝘢𝘳𝘲𝘶𝘢𝘯𝘵 𝘤𝘩𝘦𝘻 𝘚𝘸𝘪𝘧𝘵, 𝘤’𝘦𝘴𝘵 𝘲𝘶’𝘪𝘭 𝘦𝘴𝘵 𝘢𝘣𝘴𝘰𝘭𝘶𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘪𝘯𝘤𝘢𝘱𝘢𝘣𝘭𝘦 𝘥𝘦 𝘤𝘰𝘯𝘤𝘦𝘷𝘰𝘪𝘳 𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘢 𝘷𝘪𝘦 – 𝘭𝘢 𝘷𝘪𝘦 𝘰𝘳𝘥𝘪𝘯𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘢 𝘵𝘦𝘳𝘳𝘦 𝘳𝘦́𝘦𝘭𝘭𝘦, 𝘦𝘵 𝘯𝘰𝘯 𝘶𝘯𝘦 𝘷𝘦𝘳𝘴𝘪𝘰𝘯 𝘳𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯𝘢𝘭𝘪𝘴𝘦́𝘦 𝘦𝘵 𝘢𝘴𝘦𝘱𝘵𝘪𝘴𝘦́𝘦 𝘥𝘦 𝘤𝘦𝘵𝘵𝘦 𝘷𝘪𝘦 – 𝘱𝘶𝘪𝘴𝘴𝘦 𝘦̂𝘵𝘳𝘦 𝘥𝘪𝘨𝘯𝘦 𝘥’𝘦̂𝘵𝘳𝘦 𝘷𝘦́𝘤𝘶𝘦. […] 𝘋𝘦̀𝘴 𝘭𝘰𝘳𝘴 𝘲𝘶’𝘪𝘭 𝘯𝘦 𝘴𝘦𝘮𝘣𝘭𝘦 𝘱𝘢𝘴 𝘤𝘳𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘴𝘦́𝘳𝘪𝘦𝘶𝘴𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘢̀ 𝘲𝘶𝘰𝘪 𝘲𝘶𝘦 𝘤𝘦 𝘴𝘰𝘪𝘵 𝘥𝘦 𝘤𝘦 𝘨𝘦𝘯𝘳𝘦 [𝘶𝘯 « 𝘢𝘶𝘵𝘳𝘦 𝘮𝘰𝘯𝘥𝘦 », 𝘥𝘰𝘯𝘵 𝘤𝘦𝘭𝘶𝘪-𝘤𝘪 𝘴𝘦𝘳𝘢𝘪𝘵 𝘭𝘦 𝘱𝘳𝘦́𝘭𝘶𝘥𝘦], 𝘪𝘭 𝘭𝘶𝘪 𝘧𝘢𝘶𝘵 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘵𝘳𝘶𝘪𝘳𝘦 𝘶𝘯 𝘱𝘢𝘳𝘢𝘥𝘪𝘴 𝘴𝘶𝘱𝘱𝘰𝘴𝘦́ 𝘦𝘹𝘪𝘴𝘵𝘦𝘳 𝘲𝘶𝘦𝘭𝘲𝘶𝘦 𝘱𝘢𝘳𝘵 𝘴𝘶𝘳 𝘵𝘦𝘳𝘳𝘦, 𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘥𝘪𝘧𝘧𝘦̀𝘳𝘦 𝘵𝘰𝘵𝘢𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘵 𝘤𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘤𝘰𝘯𝘯𝘢𝘪𝘴𝘴𝘰𝘯𝘴 […]. 𝘐𝘭 𝘦𝘴𝘵 𝘯𝘰𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘪𝘧𝘧𝘪𝘤𝘪𝘭𝘦 𝘥𝘦 𝘥𝘦́𝘱𝘦𝘪𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘭𝘦 𝘣𝘰𝘯𝘩𝘦𝘶𝘳, 𝘦𝘵 𝘭𝘦𝘴 𝘥𝘦𝘴𝘤𝘳𝘪𝘱𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘥’𝘶𝘯𝘦 𝘴𝘰𝘤𝘪𝘦́𝘵𝘦́ 𝘫𝘶𝘴𝘵𝘦 𝘦𝘵 𝘰𝘳𝘥𝘰𝘯𝘯𝘦́𝘦 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘳𝘢𝘳𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘢𝘵𝘵𝘪𝘳𝘢𝘯𝘵𝘦𝘴 𝘰𝘶 𝘤𝘰𝘯𝘷𝘢𝘪𝘯𝘤𝘢𝘯𝘵𝘦𝘴.

En opposant la « vie ordinaire » et son pendant utopique (« un paradis supposé exister quelque part sur terre »), Orwell réhabilite des qualités peu prisées par l’opinion. Comment décrire le bonheur quand il semble ennuyeux et trivial ? La décence ordinaire – c’est ce qui paradoxalement la rend si peu commune – est inclassable. Évoqués sans adjectifs grandiloquents, les personnages « décents » d’Orwell ont cette dimension vaporeuse des tableaux impressionnistes : c’est quand on cesse de leur chercher un contour précis qu’ils apparaissent dans toute leur densité. Ce qui paraît flou n’est pas l’effet d’un manque de définition, mais d’une multiplicité de points échappant à une caractérisation unique. Comme l’écrit Bégout, Orwell était fermement convaincu que les « illusions absolues » des plus ardents révolutionnaires valaient moins que « les relativités insatisfaisantes de la vie quotidienne ». Certains d’entre nous sont victimes de ces causes héroïques. Ce qui est spectaculaire nous séduit car il est aisé de le confondre avec ce que nous croyons vouloir. Orwell, pour sa part, n’hésite pas à embrasser la zone grise de la décence ordinaire. Il est attiré par ce qui est précaire, fragile, modeste – par tout ce qui ne nous dresse pas les uns contre les autres. Alors que la perfection est toujours source de problèmes :

𝘌̂𝘵𝘳𝘦 𝘩𝘶𝘮𝘢𝘪𝘯 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘪𝘴𝘵𝘦 𝘦𝘴𝘴𝘦𝘯𝘵𝘪𝘦𝘭𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘢̀ 𝘯𝘦 𝘱𝘢𝘴 𝘳𝘦𝘤𝘩𝘦𝘳𝘤𝘩𝘦𝘳 𝘭𝘢 𝘱𝘦𝘳𝘧𝘦𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯, 𝘢̀ 𝘦̂𝘵𝘳𝘦 𝘱𝘢𝘳𝘧𝘰𝘪𝘴 𝘱𝘳𝘦̂𝘵 𝘢̀ 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦𝘵𝘵𝘳𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘱𝘦́𝘤𝘩𝘦́𝘴 𝘱𝘢𝘳 𝘭𝘰𝘺𝘢𝘶𝘵𝘦́, 𝘢̀ 𝘯𝘦 𝘱𝘢𝘴 𝘱𝘰𝘶𝘴𝘴𝘦𝘳 𝘭’𝘢𝘴𝘤𝘦́𝘵𝘪𝘴𝘮𝘦 𝘫𝘶𝘴𝘲𝘶’𝘢𝘶 𝘱𝘰𝘪𝘯𝘵 𝘰𝘶̀ 𝘪𝘭 𝘳𝘦𝘯𝘥𝘳𝘢𝘪𝘵 𝘭𝘦𝘴 𝘳𝘦𝘭𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘢𝘮𝘪𝘤𝘢𝘭𝘦𝘴 𝘪𝘮𝘱𝘰𝘴𝘴𝘪𝘣𝘭𝘦𝘴, 𝘦𝘵 𝘢̀ 𝘢𝘤𝘤𝘦𝘱𝘵𝘦𝘳 𝘧𝘪𝘯𝘢𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘥’𝘦̂𝘵𝘳𝘦 𝘷𝘢𝘪𝘯𝘤𝘶 𝘦𝘵 𝘣𝘳𝘪𝘴𝘦́ 𝘱𝘢𝘳 𝘭𝘢 𝘷𝘪𝘦, 𝘤𝘦 𝘲𝘶𝘪 𝘦𝘴𝘵 𝘭𝘦 𝘱𝘳𝘪𝘹 𝘪𝘯𝘦́𝘷𝘪𝘵𝘢𝘣𝘭𝘦 𝘥𝘦 𝘭’𝘢𝘮𝘰𝘶𝘳 𝘱𝘰𝘳𝘵𝘦́ 𝘢̀ 𝘥’𝘢𝘶𝘵𝘳𝘦𝘴 𝘪𝘯𝘥𝘪𝘷𝘪⼃
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Le mépris envers quelqu’un qu’on ne juge pas assez bon s’ancre dans la relation qu’on entretient soi-même avec l’idée de réputation.
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Marina Van Zuylen
La vertu minuscule est la vertu de voir chez l'autre quelque chose qui ne se crie pas sur les toits. C'est pour cela que quand on me dit : "Donne-moi la recette de ces vertus minuscules", je réponds : "justement, il n'y pas de recette". On ne peut pas mettre nos vertus minuscules sur Instagram. Et c'est ça qui est beau : les vertus minuscules, ce sont des choses qu'on fait sans même penser une minute que ça pourrait être glorifié. Les vertus minuscules sont juste là, dans la ratatouille de notre existence.

Dans le journal "Le Soir" du 28 avril 2023
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Le mépris de soi ne naît pas seulement des vexations répétées de notre entourage, mais aussi du dénigrement que nous nous infligeons à nous-mêmes. Si nous ne sommes pas quelqu'un, alors nous ne sommes personne. À peine perceptible, parfois si subtile que nous seuls en avons connaissance (mais avec une certitude viscérale), l'exclusion pénètre la trame profonde de notre identité, présente et future.
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Ce livre se veut un poste d'observation privilégié de qualités discrètes - à commencer par la dignité et l'attention aux autres. Les étiquettes médiocre, passable peuvent détruire une personne. Cela vaut aussi pour les jugements d'auto- dépréciation, qui pulvérisent nos fragiles egos.
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Chapitre 3

L'anxiété sociale et l'art de l'humiliation

J'ai du mal à m'imaginer prendre part à une assemblée quelconque sans me demander, malgré moi, qui a le mieux réussi, qui s'en tire mieux ou moins bien que moi'? D'où nous viennent de tels comportements sociaux, et pourquoi ce sentiment de honte ou de fierté occupe-t-il une telle place dans notre évolution en tant qu'espèce?
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