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Critiques de Mark Behr (26)
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L'odeur des pommes

Nous sommes en 1973 en Afrique du Sud. Marnus est un garçon âgé de 10 ans qui vit « du bon coté de la barrière ». Un père Général dans l’armée, une mère vouée à sa famille et une grande sœur de 17 ans un peu pimbêche. Une famille croyante et pratiquante, une servante de couleur dévouée … le portait d’une bonne famille d’Afrikaners. Mais, Marnus est à un âge où il se pose des questions. Son ami Frikkie et lui partagent leur temps entre l’école, la pêche dans un pays où l’apartheid les protège. La venue d’un général Chilien qu’il doit appeler Mr Smith et dont il ne faut pas révéler l’identité va bousculer l’enfance de Marnus.



On se retrouve dans la peau de Marnus . Avec toute la toute la naïveté dûe à son âge, on entend les bonnes paroles de ses parents « quand tous ces Noirs et ces Coloured vont se mettre à étudier, les choses ne vont plus être aussi faciles que maintenant », « Ma mère dit que les Coloured sont comme ça. On ne peut jamais leur faire confiance. Après toutes ces années, pendant lesquelles vous leur avez donné un travail et un salaire décent, ils se retournent et vous poignardent dans le dos ».

Sous couvert de la Religion, de morale et de bons sentiments, les différences raciales sont posées avec la soi-disant supériorité des Blancs. Ca fait mal, ça bouscule… et on se retrouve projeté dans un autre monde. Au fil des pages, c’est un portait honteux, écœurant et pourtant bien réel qui nous est dépeint. Par moment, j’ai eu envie de secouer Marnus de lui dire mais ouvre les yeux ! Mais, à 10 ans, il ne peut pas aller contre les idées et les principes de ses parents. Ses parents si parfaits et qui sont un exemple. Le vernis va se craqueler au fil des pages et révéler l’infâme, l’odieux. Je ne vous dirais pas en détail ce qu’il va se passer, il faut le lire…

Le livre intercale l’enfance de Marnus sur une année et ses pensées, bien plus tard, quand il sera soldat en Angola. Cette construction n’était pas, à mon avis, nécessaire et sera mon bémol. Et, je n’ai pas trouvé d’intérêt dans les réflexions de Marnus à l’âge adulte.

Une lecture forte servie par une belle écriture et dont on ne sort pas indemne. J’ai toujours ce goût de pomme pourrie dans la bouche…

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L'odeur des pommes

L'histoire de Marnus , 10 ans, qui découvre avec sa candeur d'enfant les ségrégations raciales en Afrique du Sud. Comme Marnus on regarde par les petits trous du plancher et ce qu'on voit du monde des adultes n'est pas beau.

Malgré la gravité du sujet Mark Behr nous enchante avec les descriptions des paysages sud africains.

Une histoire embarrassante et troublante, une écriture pleine d'images, un très bon roman.
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L'odeur des pommes

Nous sommes en 1973, en Afrique du Sud. Marnus est un jeune garçon de 10 ans de famille afrikaner. Leur situation est confortable, ils ont des domestiques noirs. Son père est un haut général de l'armée et sa mère, une bonne épouse qui a abandonné sa passion de la musique pour se dévouer à sa famille.



Marnus est un garçon sage. Il étudie sans remous, se conforme à ce que ses parents attendent de lui et passent ses moment de liberté à jouer avec Frikkie, son ami d'enfance. Il vénère son père et cherche constamment à gagner son attention et à le rendre fier de lui.



Pourtant le père cache aussi sa part d'ombre. Il reçoit régulièrement des généraux chiliens qui soutiennent l'apartheid et ces rencontres doivent restés secrètes. Marnus et sa soeur doivent donc garder le secret et appeler tous leurs visiteurs Mr Smith.



Ce n'est que plus tard, bien plus tard que Marnus comprendra l'ambivalence de cet homme qu'il admirait...





Ainsi, sans qu'il s'en rende compte, Marnus est conditionné par l'idéologie raciste de son père. La famille traite bien ses domestiques mais conserve une certaine condescendance à l' égard des "Coloureds". Le père, dans ses discuccions professionnelles, n'hésite pas à les rabaisser et combat l'égalité des races.



La morale religieuse sert de bouclier et de prétexte.



Marnus est naïf et la confiance aveugle qu'il a en son père l'empêche de se poser les bonnes questions.



Pourtant, sa soeur, au retour d'un séjour aux Pays-Bas, se rebelle quelque peu contre le racisme ambient ; le jeune fils d'une domestique se fait atrocement bruler pour un vol sans importance, ... mais Marnus se refuse toujours à voir le mal.



Au point que, quand il assiste à une scène choc, clé du roman, il se refuse à l'accepter et à en parler.







La construction du récit alterne 2 époques. Alors que Marnus enfant nous raconte son histoire, son récit est régulièrement entrecoupé du long monologue d'un soldat qui a perdu toute ses illusions. On comprend très vite qu'il s'agit de Marnus adulte qui nous parle. Parti à la guerre contre les communistes, il a suivi les préceptes de son père mais n'y adhère plus vraiment. On sent vaiment que le jeune homme est désabusé et ne croit plus en sa famille. Pourtant il n'a pas eu le courage de se rebeller.





Récit d'une enfance sous l'emprise d'un père qui véhicule son idéologie raciste en bandoulière, "L'odeur des pommes" est le portrait saisissant d'un pays en plein régime d'apartheid. Marnus est le symbole, le complice muet, d'un régime qui, sous couvert de grandes phrases et de sentences religieuses, conditionne sa population à hair son prochain, cachant en son sein la pourriture de ses pensées, tel une pomme pourrie par les vers.

Si j'ai quelque peu peiné à avancer dans le récit, si ma lecture a été parfois ennuyeuse, je me rends compte après coup, en rédigeant ce billet, toute la portée de ce texte !
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L'odeur des pommes

je m'y suis reprise à plusieurs fois pour finalement abandonner p.68!

Impossible de rentrer dans cette histoire au contexte historique fort et qui doit pourtant être super intéressante... Je trouve que ça n'avance pas, je ne comprends pas les passages en italique, je ne m'attache pas aux personnages... Ce sera peut être pour plus tard!
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L'odeur des pommes

Ce livre relate la déchirure profonde vécue par le jeune narrateur afrikaner dont le monde s'écroule lors d'une nuit qui suit une séance de diapositives. Parmi les figures, qui surgissent au travers des romans, celle de Marnus, le fils de bonne famille de « L'odeur des pommes » formé pour appartenir à l'élite du pays est certainement une des plus pathétiques et l'on frémit pour l'auteur lorsqu'au travers de recherches, on apprend que le récit revêt un caractère autobiographique. D'ailleurs, l'authenticité, servie par un style fluide et une maîtrise narrative, insuffle à ce roman un souffle de vie et l'on entend le timbre de la voix du personnage principal.



Le livre refermé, souvent restent des impressions, les couleurs d'une image forte qui s'impose et ne vous lâche plus : par exemple la nuit africaine épaisse et effrayante dans « L'oeil du léopard » d'Henning Mankell, le joyeux foutoir d'un appartement exigu et moite dans « Une simple affaire de famille » de Rohinton Mistry, les ruelles ensoleillées du quartier Savon envahies de jeunes pousses et d'herbes folles dans « Demain j'aurai vingt ans » d'Alain Mabenckou. Dans « L'odeur des Pommes », c'est la froideur clinique d'une cuisine impeccable, cette propreté sans défaut censée masquer d'odieux remugles. Saisissant.
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L'odeur des pommes

Un livre sur l'histoire de l'Afrique du Sud du point de vue d'un enfant. Intéressant mais la fin hors contexte m'a laissé perplexe.
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L'odeur des pommes

J’ai découvert ce mois-ci la littérature Sud-Africaine en y allant avec des idées reçus. Je ne connaissais pas Mark Behr, et je ne serai certainement jamais allé cet auteur s’il ne s’était s’agit de chroniquer ce livre dans le cadre des rencontres "Palabres autour des arts" sur la littérature Sud-Africaine. Et mon année s’est trouvée illuminée par la lecture de "L’odeur des pommes", et j’en garde encore des séquelles émotionnelles.





Le petit Marnus Erasmus a 10 ans, et son esprit n’a pas de filtre. Il observe son environnement et nous mets, en spectateur d’un film d’horreur, en présence de cette famille de la bourgeoisie d’extrême droite afrikaners, et qui se trouve au cœur du nationalisme Boers. Par la voix de Marnus, enfant en adoration devant ce père, haut gradé de l’armé Sud-Africaine, nous voyons le cœur d’une famille qui vit l’apartheid du côté de l’oppresseur. Mais plus, que le rapport de la famille à son environnement (les divisions par les races, les pressions internationales…), il y a surtout la grande histoire dans la petite, en filigrane, ce que le gamin lui-même n’arrive pas à percevoir et que le lecteur "voit" : les indépendantes de tous bords, les interventions dans les guerres angolaises, l’édification des lois de plus en plus ségrégationnistes. La famille proche c’est Voorster, Bota ; les tenants de la politique de l’apartehid, et l’enfant Marnus, en éponge, boit et renvoi les pensées des proches, des adultes et surtout, nous montre, par sa voix, le monde vu par l’extrême droite Afrikaneers.



Le point, sans doute la plus marquant, c’est que l’on lit et l’on est mal à l’aise en se rendant compte que l’on s’attache à cette petite famille aimante. Le père est un homme droit, papa idéal et mari prévenant. La mère a sacrifié ses rêves pour sa vie de famille et assume ses frustrations. Marnus va à la pèche avec son père, joue avec sa sœur. Mais attention, l’écart est interdit. La tante "hippie gauchiste" est sans aucun remord exclue de la vie des Erasmus, la petite finira également par être bannie de la vie familiale. Elle est allée un an en étudiant en Hollande et a eu le "malheur" de voir autre chose. A son retour, son regard sur son père, sur son environnement a changé.



Ce livre m’a mis dans les pas de "l’ennemi". Celui que l’on ne connait pas et dont on a le malheur de voir l’humanité alors que l’on aurait préféré qu’il restât un monstre froid. Mark Behr nous montre cette Afrique du Sud des blancs, non pas les hippies humanistes et autre défenseurs des droits de l’homme, non, ce serait trop simple, mais ces Boers qui estiment avoir conquis cette terre africaine par le sang – des anglais – qui méritent d’en avoir la jouissance exclusive.





J’ai été accroché par ce récit du début à la fin. Un livre dure, diaboliquement humain dans la monstruosité des idées, des propos qui sont déversées par la voix d’un enfant. L’écriture de Mark Behr est d’une puissance évocatrice incroyable. Il nous fait vivre les émotions de Marnus et nous fait percevoir ce que son esprit de gamin n’arrive pas à comprendre. Pour s’en convaincre, un exemple parmi tant d’autres, l’évocation de cette odeur de pourrie que sent l’ami Frikkie – un peu turbulence et cancre – de Marnus quand il touche, une à une, les pommes qui sont dans le panier, et Marnus ne sent pas cette odeur fétide. C’est la main qui pue. Le drame familial, dans le drame historique. Les larmes vous montent aux yeux. Magistral.





On pourrait parler des heures de ce livre. L’analyser sous toutes les coutures, en faire, pages après pages, personnages après personnages, le sujet de plusieurs thèse sur notre humanité, "c’est le plus froid de tous les monstres froids" Nietzschéen et une incursion dans les Mister Hide qui habitent en chaque Docteur Jekyll que nous prétendons être. Pour ce coup-ci, je laisse juste parler l’émotion de lecture qui me tient encore, 3 semaines après avoir achevé la lecture de "L’odeur des pommes" du talentueux Mark Behr.
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L'odeur des pommes

Une satire sans concession de la société sud-africaine de l'apartheid.





Peinture subtile du système d'apartheid, aboli en 1991, ce premier roman de Mark Behr, d'abord publié en afrikaans en 1993, a pour narrateur Marnus, dix ans ; il vit au Cap, dans une belle maison patricienne qui surplombe False Bay. Il a une soeur aînée, Ilse, et un bon copain, Frikkie.



Il vénère ses parents ; surtout son père, plus jeune major-général de l'armée d'Afrique du Sud.qui reçoit souvent des visiteurs étrangers dont il ne faut absolument pas parler à l'extérieur comme ce Mr Smith à l'accent espagnol et venu du Chili au lendemain de la chute du gouvernement Allende. Cette visite va bouleverser Marnus car les non-dits et les silences en feront le complice des adultes.

Plus tard, fidèle à ce père, il endossera l'uniforme militaire et partira combattre en Angola à la fin des années 80 ; cette période fait l'objet du récit en italiques qui entrecoupent celui de l'enfance.



Au travers du regard de l'innocence de l'enfant, le lecteur découvre les indices quotidiens de l'apartheid et le contraste entre les idées racistes de cette famille et ses valeurs morales.

Ce que pense Marnus passe par l'avis de ceux qui l'entoure et dont il digère les propos sans jamais se rebeller ni s'interroger. Sa sœur, influencée par sa tante qui travaille dans un journal libéral puis part en Angleterre, est beaucoup plus critique et saura par petites touches distiller ses révoltes.



« Papa dit toujours que les souvenirs les plus précieux, c'est ce dont on se souvient de son enfance. On n'oublie jamais les choses apprises ou les choses qui se sont passées dans l'enfance. Ces choses constituent les fondations pour l'avenir. » mais, au fil des pages, le vernis se craquelle révélant l’infâme, l’odieux : cet événement très grave de la vie familiale qui va mettre le ver dans le fruit et qui va faire vaciller l’édifice.



Un roman d'apprentissage puissant -à lire pour lui-même mais aussi pour comprendre ce que pouvait être l’Afrique du Sud dans les années 70- dont le lecteur ne sort pas indemne.

Le génie de Mark Behr est de parler cette société afrikaner sans jamais utiliser le mot apartheid.
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L'odeur des pommes

Et bien il ne faisait pas bon vivre en Afrique du Sud lorsqu’on n’appartenait pas à la classe dirigeante ; autrement dit, lorsqu’on n’était pas blanc. Il y a à peine dix ans que cette nation a repris sa place parmi les autres nations en acceptant, enfin, que tous les hommes soient égaux.



Marnus est un petit garçon intelligent, et a de bons résultats à l’école. Il a une sœur, Isle, musicienne, et un copain d’enfance, Frikkie avec lequel il passe le plus clair de son temps. Il vit dans une famille de la bonne bourgeoisie Sud-africaine : Papa est général de l’Armée Nationale, maman musicienne émérite, a, comme il est d’usage dans ce milieu, laissé de côté toutes ambitions professionnelles pour s’occuper de sa famille.



Le narrateur de ce récit c’est Marnus ; l’action se situe principalement dans son enfance, et accessoirement une quinzaine d’année plus tard (dont le texte est en italique) , alors qu’il est à son tour militaire, et qu’il est au front.



Marnus est ainsi conditionné depuis étant tout petit « Maman a dit », « Papa dit que », « le général a dit ».Toute la l’expression de ce gamin passe par l’avis de ceux qui l’entoure et dont il digère les propos sans jamais se rebeller ni se s’interroger. Sa sœur, sera beaucoup plus critique, et saura par petites touches distiller (à petites doses) ses révoltes.

La vie de la famille, se trouvera bouleversée par l’arrivée, en secret d’un haut militaire Chilien, qui sera « Mr Smith ».Les dégâts seront considérables. Marnus n’aura pas le courage de se révolter, de parler.



Dans ce récit, l’auteur dresse une satyre sans concession sur la société Sud-Africaine, à 3 niveaux : les blancs, les noirs qui ne sont rien, et les « coloured » mélange de deux (terme que je n’aime pas mais qui traduit ma compréhension du livre) qui sont encore moins que rien. C’est tout dire.

Pour preuve : « C’est une honte qu’une petite fille aussi adorable ait à vivre dans ce quartier infâme à côté des couloureds » p 92



La famille du petit garçon, bien que très au fait de son appartenance, est décrite comme humainement acceptable. Elle traite mieux ses domestiques, tente d’aider quand elle le peut.

Le petit garçon sera confronté à l’Apartheid au sein de sa cellule familiale, surtout en contact avec le mystérieux ami de son père.



Par exemple : « Le sang qui est resté en Afrique, est le sang des noirs les plus stupides-raison pour laquelle on ne peut trouver un noir bien éduqué » p 106.



Seuls, dans ce récit, les propos attribuer à Marnus, devenu homme, m’ont déstabilisée dans ma lecture. Je ne trouve pas qu’ils aient apportés un plus à la lecture, si ce n’est pour situer un pays en perpétuel conflit contre ses voisins.



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L'odeur des pommes

Un roman qui traite de l'Afrique du Sud... proposé dans un partenariat BOB/JC LATTES.



Je postule, parce que l'histoire de ce pays m'intrigue, m'interroge et questionne mes convictions sur le racisme, l'apartheid, le sort qu'a réservé une identité à une autre.



J'ai lu UN ARC EN CIEL DANS LA NUIT de Dominique Lapierre. Il m'a semblé avoir approché l'inexorable engrenage dans lequel un pays tout entier peut se trouver entraîné quand la colonisation vient - soi-disant - se mêler du mieux-être de ses autochtones. De ses indigènes, comme disent ceux qui les regardent du haut de leur supposée réussite sociale. Imprégnée de l'histoire de ces hollandais qui, en 1652, ont posé le premier pied dans ce pays de noirs, qui petit à petit, bien que minoritaires, se sont investis de tous les droits, y compris de celui de vie et de mort sur ceux qu'ils ont assujettis, je m'attendais à retrouver cette "ambiance" dans le roman de Marck Behr, qui est né et a grandi en Afrique du Sud. Il est né l'année où Nelson Mandela est condamné à perpétuité pour "terrorisme", en 1963.



Ce ne sont que des allusions qui sont faites sur l'histoire de ce pays : la famille Érasmus, dont le père est général, la mère ex-musicienne et cantatrice, les deux enfants, Ilse et Marnus, brillants élèves d'un établissement réservé aux Afrikaners. Cette famille, pieuse et bien-pensante évolue dans le milieu nanti du Cap.



C'est Marnus, le narrateur, qui relate les événements qui vont bouleverser sa vie d'une manière sournoise, insidieuse. Le lecteur est en présence de deux récits, alternés de chapitres en chapitres : soit Marnus a une dizaine d'années et nous conte son enfance, soit Marnus est un jeune soldat en faction dans une Angola en guerre.En filigrane, le poids de l'Apartheid... Ce jeune Afrikaner parle avec naïveté de sa relation avec les Coloured, qui le servent et peuplent sa vie. Mais, sans vraiment comprendre l'importance de ce qui se trame dans le monde des adultes, il va nous rapporter l'intrusion d'un énigmatique M. Smith, dont on apprend vite qu'il est, lui aussi, militaire, qu'il vient du Chili et qu'il soutient le régime de l'Apartheid.



J'ai été gênée par l'innocence affichée de cet enfant (j'ai trouvé cette candeur un peu faussée), même si elle est quelque peu contrebalancée par la réalité de la narration du jeune adulte. Bien sûr, je comprends qu'un petit bonhomme de dix ans n'évoque que ce qu'il constate... mais le texte donne l'impression que l'enfant ne donne pas sens à ce qu'il voit, entend, ressent. Vers la fin du roman, cependant, il lui est accordé d'émettre quelques hypothèses.



L'ODEUR DES POMMES est un roman qui se lit bien, facilement. Le commentaire de J.M. Coetzee le présente comme "captivant et troublant". Je n'ai pas été émue, mais j'ai aimé le découvrir.
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L'odeur des pommes

Né en 1963, Mark Behr est né et a grandi en Afrique du Sud, il a écrit ce roman en africaans, qui a reçu de nombreux prix, et est désormais étudié comme un classique dans ce pays.

Ce roman d’apprentissage relate l’histoire d’un garçonnet âgé d’une dizaine d’années, qui grandit dans une famille blanche du Cap, auprès de sa grande soeur ado, de sa mère, prof de chant classique, et de son père, général haut gradé d’Afrique du Sud, en 1973.

Marnus reçoit une bonne éducation, assez stricte, respectueuse des bonnes manières, de la religion : il est entouré de parents aimants, qui inculquent à leurs deux enfants les valeurs du travail, de l’argent, et les écartent de la triche, du vol, du mensonge. Ils leur apprennent à aimer leur prochain. Bref, de belles notions qui font que l’on se met à apprécier cette famille « bien » et « bien rangée ».

Tout ceci s’entrechoque avec les idées et le mode de vie raciste qui règne en cette période d’arpatheid, et dans cette famille. La mère de Marnus l’appelle notamment avec affection son « petit négrillon ». Son père, qui reçoit un général chilien venu soutenir le régime, tient des discours extrement frappants :

P 105 : » Papa raconte au général que le monde entier est ligué contre l’Afrique du Sud parce que nous avons tout l’or, tous les diamants, et tous les minéraux. [...] Il dit que le monde se cache derrière cette histoire de Bantous, mais nous, au moins, nous n’avons pas tué tous nos Noirs comme les américains ont tué leurs Peaux-Rouges et les Australiens leur Aborigènes. [...] Papa dit qu’un des problèmes, c’est que les meilleurs noirs ont été pris par les marchands d’esclaves. Le sang qui est resté en Afrique est le sang des Noirs les plus stupides – raison pour laquelle on ne peut trouver nulle part un Noir bien éduqué. A-t-on jamais entendu parler d’un Bantou qui aurait inventé qqchose comme le téléphone, la roue ou le moteur à explosion ? Non.Papa dit que c’est parce que les Noirs les plus intelligents et les plus forts ont été expédiés en Amérique. »

Cependant, on n’arive pas à détester cette famille ! En effet, ces relents racistes n’empêchent aucunement à la mère de faire preuve de sensibilité et de compassion, notamment lorsqu’elle apprend que le fils de Doreen, la bonne, a été gravement brûlé par des blancs en représailles d’un vol de charbon. Finalement, dit la mère, « c’est une chose horrible pour qui que ce soit ».

Et lorsque l’on se met à apprécier ces moments de bonté, on s’aperçoit que le système d’apartheid reprend vite le dessus : personne, hormis la soeur, ne connait le nom de famille de Doreen, la bonne au service de la famille depuis de nombreuses années. Et ces moments terribles sont toujours contrebalancés : par exemple, lorsque que sa fille se moque de jumeaux qui sont moches, elle réagit vivement et insiste pour expliquer « qu’on ne doit jamais juger les gens sur leur apparence. Elle dit que Maria Callas était une bien meilleure soprano quand elle était grosse comme un éléphant qu’après, quand elle s’est mise à ressembler à un Biafrais affamé. Ce qui prouve que les apparences peuvent être extrèmement trompeuses. Si seulement le monde pouvait accepter ça, ce serait un bien meilleur endroit où vivre. » (p.192)

Le personnage de la grande soeur, Ilse, est particulièrement attachant : intellectuelle, sportive, que son frère jalouse un peu, se pose de plus en plus de questions quant à l’éthique de son pays, et partage de moins en moins le point de vue de ses parents ; elle reste cependant bien obligée, par respect pour son père et par éducation, de s’incliner



Le texte est entrecoupé de passages en italique, correpondant à la narration de Marnus devenu jeune militaire lieutenant durant les années 88, pendant les grèves, les violences, les lock-out et la guerre civile avant la fin de l’apartheid.

Un moment est particulièrement touchant p183, lorsque Marnus est en pleine guerre, et discute avec un Noir qui appartient à ses troupes : « – Pourquoi est-ce que vous êtes là ?ai-je demandé, et, un peu surpris, il s’est retourné. Il m’a regardé avec un air troublé comme si j’étais devenu complètement fou.

« Je vous demane pourquoi vous êtes ici …en Angola ?

J’avais cesé de me demander pourquoi il se battait contre sa propre liberté. J’attendais sa réponse, j’attendais de l’entendre dire que la conscription, pour eux, c’était une solution économique, qu’il était ici uniquement parce qu’il était incapable de trouver un boulot décent à cause du système. Il a fini par hausser les épaules et dire :

« Pour faire la guerre, Capitaine, Nous ne sommes pas comme les Cubains qui prennent des femmes pour combattre. ce sont les hommes qui doivent faire la guerre. »

Je lui ai souri et j’ai dit : « Ja…Dieu sait…vous autres, Noirs, vous pourriez bien finir par être comme ces foutus Blancs. »

Il m’a regardé pendant un moment et puis il m’a demandé : « A qui d’autre pourrions-nous ressembler, mon Lieutenant ? ».

Alors qu’il s’éloignait dans le crépuscule, j’ai observé son dos étroit sous l’uniforme et son cou noir avait l’air, de façon inattendue, très vulnérable. »



Marnus, encore trop jeune pour se faire sa propre opinion, a beau écrire ses rédactions qui transpirent le racisme, qui le rendent fier, ainsi que ses parents, et a beau être certain que Noirs et Blancs ne partagent pas le même sang, on ne peut pas lui en vouloir, on s’attache à ce petit bonhomme généreux, car c’est son environnement, issu d’une longue tradition on l’on différencie Blancs et Noirs, riches et pauvres, qui le façonne. Au travers du regard de l’innocence de l’enfant, on découvre les indices quotidiens de l’apartheid : traitement séparés dans les hôpitaux, dans les écoles, etc… Le contraste entre les idées racistes de cette famille et ses valeurs morales est assez dérangeant et saisissant. C’est le portrait d’une famille en apparence normale mais complètement dans la réalité de l’apartheid. C’est tout le paradaoxe de la nature humaine… Ce roman oblige à se poser des questions sur ce que nous aurions été à leur place. C’est bouleversant de découvrir de l’intérieur ce régime. On compatit avec cet enfant qui voit aussi ses certidudes ébranlées. C’est le début du ver dans la pomme qui va entraîner les questionnements de Marnus. Texte très puissant, difficile de s’en remettre.

Très gros coup de coeur.

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L'odeur des pommes

Afrique du Sud. 1973. Le jeune Marnus, dix ans, termine sa dernière année d'école primaire. Il est blanc, fils du plus jeune général de l'armée.

Ses copains, comme lui, appartiennent à la classe dominante ; certes ils fréquentent, par obligation, les Coloured. Tous les Afrikanners ne roulent pas sur l'or. Comme la Bible l'enseigne, la famille aide son prochain.

C'est donc à travers les yeux d'un petit garçon, admiratif de son père, subjugué par les talents musicaux de sa mère, que nous découvrons la bonne société du Cap.

Mêlant les souvenirs de la vie des grands-parents, la crainte et les exactions dans les pays voisins, la douceur voire la futilité des existences chez des nantis, les bonnes actions à l'égard des bons Coloured, les vagabondages de jeunes gamins, le roman laisse peu à peu découvrir le poids des secrets. D'une part. la venue d'un Chilien, sous le nom de Mr. Smith, d'autre part l'amitié de frères de sang avec le cher Frikkie. L'enfant perd doucement la douce ignorance de l'enfance.

L'écriture correspond parfaitement à la vision d'un enfant parcourant tantôt le monde des adultes qui l'entourent, tantôt racontant les histoires rapportées de la vie des grands-parents, ou encore décrivant ses relations avec les autres enfants de l'école, comme les blessures des désillusions.
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L'odeur des pommes

L'odeur des pommes met en scène Manus, afrikaner, alors qu'il combat pour l'Afrique du Sud (mais surtout pour les Etats-Unis) en Angola contre les russes et les cubains. Il se souvient de l'été de ses 10 ans où son père a invité un général chilien pour quelques jours dans la fastueuse demeure familiale. Magnifiques chroniques de deux périodes de la vie de Marnus où racisme et privilèges sur fond de guerre froide influenceront à tout jamais sa vie.
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L'odeur des pommes

Un roman fin et sensible, qui fait comprendre l'idéologie de l'apartheid à travers la vie et les opinions d'une famille africaneer de notables (le père est un général impliqué dans le régime). C'est le fils de la famille, âgé de 10 ans, qui raconte sa vie au quotidien, avec beaucoup de naïveté, d'amour et d'obéissance pour son père et sa mère. Cette naïveté et cette soumission morale rendent plus terribles encore les scènes de ségrégation, les injustices subies par les métis qui côtoient la famille, les opinions racistes des parents. Mais rien n'est manichéen dans ce roman, et si l'on trouve souvent insupportables le racisme et la justification de l'apartheid véhiculés par la famille, ainsi que leur conformisme social et leurs "bons sentiments", on se sent aussi touché par la complexité et les contradictions des personnages : la mère qui a sacrifié son avenir professionnel à son mari, qui est sensible aux souffrances des autres, même des métis qu'elle critique, qui sort de la misère et n'a pas oublié son ancienne condition ; la fille, jeune adolescente qui a eu la chance d'aller voir ailleurs et qui commence à se poser des questions sur le régime politique, sur les certitudes de ses parents ; le père qui se veut viril et sans peur, et qui pleure devant son fils après avoir levé la main sur lui pour la première fois... Un livre et un auteur à découvrir.
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L'odeur des pommes

Soyons honnête, je n'étais pas franchement emballée à l'idée de me lancer dans L'Odeur des pommes, craignant le mélo sirupeux du genre l'apartheid c'est mal. Mais en fait, c'est beaucoup mieux que ça.



Les Erasmus vivent au Cap (décidément, après Deon Meyer, ça n'arrête pas), au début des années 1970, et apparaissent comme un vrai modèle de l'écoeurante société d'apartheid. Le père est le plus jeune général de l'armée sud-africaine ; la mère, ancienne chanteuse d'opéra, rayonne encore d'une beauté stupéfiante ; la jeune fille de la maison suit la trace de ses brillants parents, tout comme son petit frère, le narrateur étonné et naïf de cette histoire.



"Pendant que je suis dans mon bain chaud à examiner les croûtes sur mes genoux, je repense à tout ce qui s'est passé au cours de ces derniers jours. Tout a changé depuis que le général est arrivé chez nous. Rien n'est plus pareil".



Le père reçoit souvent des officiers étrangers, qui séjournent chez eux de façon anonyme. L'arrivée du général chilien perturbe l'équilibre familial apparemment solide, et agit comme un révélateur des tensions d'un système encore loin de chuter (on est trois ans avant les émeutes de Soweto) mais qui vit ses derniers feux. Plus subtil qu'il n'y paraît, L'odeur des pommes, qui est en même temps un roman de la nostalgie de l'enfance et du passage à l'âge adulte, déploie une richesse étonnante de thèmes, depuis l'ambiguïté des relations père-fils (si le thème vous plaît, n'hésitez pas à lire le sublime Sukkwann Island), jusqu'à la complexité des relations maître-serviteur dans un système de relations de domination (les "bons" maîtres rappellent un peu les personnages de Ceux de July), en passant par l'affirmation de soi, avec le très joli personnage de la grande sœur, par l'étude fine des relations de couple, et la dénonciation d'un régime inique (l'agression sauvage du petit garçon de la bonne), avec une écriture sensible, qui suggère sans "surligner" ce qu'on est censé comprendre.



Finalement conquise donc, par ce roman, dont il me tarde de lire le second volet, Les Rois du Paradis.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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L'odeur des pommes

1973, Marnus a dix ans et vit dans une famille unie au Cap, en Afrique du Sud. Son père est général dans l’armée, souvent absent du fait de ses fonctions pour aller rencontrer des militaires de pays voisins.





A côté de sa soeur brillante, Marnus quête l’attention et l’amour de son père. Marnus vit dans une famille qui semble assez stricte, où l’éducation et les valeurs comme le travail, l’amour, la foi ou l’honnêteté sont importantes, une famille bien en somme.



Avec ses mots d’enfant, il raconte son quotidien, emprunt de racisme « ordinaire » au pays de l’Apartheid, de traditions tellement ancrées qu’elles font partie de la normalité. Tous ces actes anodins de la vie quotidienne dits par Marnus avec ingéniosité semblent étranges, voire choquants à nos yeux d’Européens. Mais à mesure qu’il grandit, qu’il se forge ses propres opinions au gré de ses expériences, le portrait lisse se fissure, les failles se révèlent…



Ce livre, présenté comme un classique en frique du Sud, m’a un peu déconcertée. J’ai trouvé l’écriture assez plate, le discours assez naïf mais c’est logique puisque c’est un enfant de 10 ans qui raconte. Cependant il est vrai qu’il semble bien traduire le climat particulier de cette société inégalitaire, tandis que d’autres travers humain (comme la pédophilie) sont également évoqués.
Lien : https://familytripandplay.wo..
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Les enfants de la balle

Un recueil de nouvelles écrites pendant le mondial 2012 en Afrique du Sud!

Toutes les nouvelles tournent autour du foot, mais les sujets évoqués y sont beaucoup plus grave!

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Les rois du Paradis

Délicat, généreux, foisonnant, le deuxième roman de Mark Behr fait écho, à sa manière, à l'oeuvre inachevée de l'écrivain Kabelo Sello Duiker, natif de Soweto, suicidé en 2005, qui avait abordé, lui aussi, la question de l'homosexualité.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Les rois du Paradis

Le roman parcourt la lourde histoire de l'Afrique du Sud et son présent difficile. Mais, en portant un regard mondialisé sur ces questions politiques en moins de 400 pages, Behr pèche par excès d'ambition.
Lien : http://rss.lapresse.ca/c/336..
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Les rois du Paradis

Au début des années 2000, un homme encore jeune, Michiel, retourne dans son pays d'origine, pour assister à l'enterrement de sa mère; il habite maintenant San Francisco et avait quitté brutalement l'Afrique du Sud quinze ans plus tôt à la suite d'un drame dont on ignore tout et qui sera dévoilé au cours de la narration. Son retour est l'occasion de retrouver la ferme familiale nommée "Le Paradis", son père un homme dur et acariâtre, tous les habitants blancs et noirs, et la nostalgie de cette mère belle et bonne; c'est aussi l'occasion d'apprécier l'évolution du pays, en particulier au niveau racial. Il y a de belles descriptions de la région (l'état libre d'Orange), de la ferme, des relations et des souvenirs. On (re)découvre l'histoire de l'Afrique du Sud, la cohabitation de plusieurs langues l'Afrikaans,l'anglais, le sesotho, le zoulou...; ce qui est particulièrement bien rendu par l'auteur: l'ambiance, l'atmosphère qui règne et qui régnait au "Paradis"; ce qu'on peut ressentir en revenant longtemps après à l'endroit de son enfance, les odeurs, ce qui a changé ... et la sensation de se retrouver chez soi. Il y a des révélations de secrets de famille et souvent, insérés dans le récit, des retours à la psychothérapie que suit Michiel à San Francisco. Il est gay, vit avec Kamil, un homme intelligent et sensible, bouddhiste, fils d'une juive et d'un palestinien. C'est un livre passionnant, à la fois nostalgique et plein d'avenir; les relations décrites sont captivantes, c'est très bien écrit ... Un très, très bon moment de lecture.
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