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Critiques de Martin Kohan (18)
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Sciences morales

"Le Colegio Nacional a un jour été une école de garçons. En des temps lointains-ceux là où il s’appelait Collège des sciences morales, pour ne pas parler du temps encore plus lointain où il était connu sous le nom de Real Colegio de San Carlos- tout devait y être , par la force des choses, plus clair et plus ordonné."

Tout l'est toujours encore pour quelque temps.

Pour le Colegio Nacional de Buenos Aires, il y a l’intérieur et l’extérieur et l’extérieur n’existe pas. On est 1982 , à la veille de la guerre des Malouines et peu avant la chute du régime militaire. On entendra bientôt des bruits venant de la place d’à côté, et les consignes, très strictes à appliquer par tous seront de ne surtout pas ni écouter, ni voir ce qui pourrait se passer derrière les murs de cet espace clos où règne une discipline quasi militaire.

A l’extérieur, il y a aussi le lieu où habite Maria Teresa avec sa mère, très dépressive, qui ne fait qu’attendre des nouvelles du frère parti à l’armée .. Il y souffre beaucoup, et le manifeste en envoyant des cartes postales sur lesquelles il finit par ne plus rien écrire. Que son nom.

Maria Teresa est surveillante au Colegio nacional . Payée pour traquer le moindre signe de laisser aller chez les élèves qui représentent l’élite de la nation argentine.

Elle ne comprend pas tout, Maria Teresa, ni ce qui se passe avec son frère, ni le système politique, mais elle obéit. A son supérieur hiérarchique, le premier homme qui l’a regardée? Et elle fait même un peu plus qu’obéir, elle imagine et traque un élément subversif au sein de ses élèves, un garçon aurait, peut être ( odeur suspecte qui lui a rappelé le tabac que fumait son père..) fumé dans les toilettes. Suspicion, et traque, encouragée par la hiérarchie. Un nom, il faut un nom. Le dénoncer lui attirera encore plus d’attention de la part de Mr Biasutto..Et peut être que quelque chose changera dans sa vie? C'est aussi bête et naïf que cela. Le romancier ne juge pas, il décrit, et cela suffit.

Pour lui, elle va s’installer dans les toilettes des garçons et y découvrir bien des choses qu’elle ignore encore.

Maria Teresa a été fabriquée par le système et la violence de ce système va la broyer.

La force du roman tient bien sûr dans le fait du parallèle entre l’oppression , l’angoisse, mais aussi le plaisir ressentis dans ce lieu glauque et ce qui se passe au même moment dans le pays lui-même.



J’avais vu le film de Diego Lerman, L’oeil qui regarde, il y a quelque temps, je l’avais trouvé très bien fait ( et une merveille de cadrage, très étudié, qui traduisait très bien l’enfermement ) , c’est une adaptation fidèle . Film et roman sont brillants , mais infiniment tristes et assez sordides...
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Dos veces junio

Dans Dos veces junio, Martín Kohan met en parallèle la coupe du monde de football de juin 1978 qui se jouait alors en Argentine et la défaite de la guerre des Malouines contre la Grande-Bretagne en juin 1982. Il traite ainsi, à travers deux événements historiques qui marquèrent profondément les mentalités argentines, la période sombre de la dictature militaire. Sans jamais tomber dans l’insoutenable représentation de l’horreur qui caractérise par exemple l’écriture d’Enrique Medina, il s’affranchit d’un postulat traditionnel de la littérature argentine : à l’inverse de Manuel Puig et de Ricardi Piglia, il confie la narration aux bourreaux en transcrivant l’ensemble des petites inquiétudes, consternantes, qui traversent l’esprit d’un soldat, convaincu que la torture des subversifs est utile à la patrie, ou encore les conseils d’un médecin aux tortionnaires afin de maintenir en vie leur victime. Au lieu de permettre à la parole subversive de se répandre et de limiter le discours autoritaire à ses représentations les plus schématiques, le roman de Martín Kohan révèle cette parole officielle dans toute son atrocité.
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Le Conscrit

Un autre livre sur la dictature en Argentine.Nous sommes à Buones Aires ,juin 1978.En pleine coupe du Monde de Football,un conscrit,le narrateur doit transmettre un message urgent au médecin militaire Messiano,dont il est le chauffeur.Il s'agit d'une question brutale d'un autre médecin militaire et dont dépend la vie d'une prisonnière et de son bébé.

Un roman très dur et cruel,non conseillé aux âmes sensibles,maïs intéressant.Intéressant surtout par le style,courts chapitres divisés en paragraphes numérotés,tout est mathématisé,comme pour annihiler la dimention humaine et aussi par la narration de cet homme ordinaire,sourd et aveugle à la violence qui l'entoure.
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Sciences morales

Ce court roman argentin a été porté à l'écran l'an passé sous le titre "L'œil invisible". L'action se passe entre les murs d'un collège aux heures les plus sombres de la dictature argentine. La jeune surveillante Maria Teresa a si bien intériorisé la discipline rigoureuse qui y règne qu'elle pousse le zèle jusqu'à traquer d'éventuels fumeurs dans les toilettes des garçons. Enfermée dans un WC, elle est troublée par les bruits qu'elle entend et les odeurs qu'elle capte.



Le film comme le roman rendent bien l'atmosphère oppressante de cette institution quasi-militaire où les jeunes gens sont privés de toute singularité. Tout tourne autour de l'héroïne qui habite chaque scène. Le trouble qu'elle ressent face aux élèves dont la surveillance lui incombe et face au surveillant général est très bien rendu. Les rares excursions hors du collège la mènent dans le minuscule appartement qu'elle partage avec sa mère dépressive.

L'intrigue rappelle "La Pianiste" de Elfriede Jelinek. L'héroïne de "Sciences morales" a 20 ans de moins que celle du roman de Jelinek - adapté à l'écran par Michael Haneke avec Isabelle Huppert. Tout porte à croire qu'elle vieillira comme elle, transformant sa timidité et son ignorance en une sexualité malsaine.
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Dix-sept secondes hors du ring

J'ai découvert Martin Kohan grâce à Bookycooky. Si son livre 'le conscrit' était très fort, j'ai quelques réserves sur ce livre-ci.



J'ai eu l'impression de stagner durant les 2/3 du livre, avec des histoires différentes qui s'entrecoupent en permanence à la limite de l(a)'(im)compréhension. Le style délibérément choisi par Kohan n'aide pas à avancer non plus : certains interlocuteurs ont la détestable manie de répéter sans cesse ce qu'ont vient de leur dire... Cela alourdit considérablement la lecture... A se demander s'il n'était pas payé à la ligne!



Par contre, dans le derniers tiers du livre, tout se met en place avec un net regain d'intérêt, sans tomber non plus dans l'exubérance.



A mes yeux, un livre pas indispensable... J'aimerais encore tenter 'Sciences Morales' du même auteur, livre décrit comme son plus réussi.
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Sciences morales

"Sciences morales" est une métaphore qui démonte le mécanisme transformant des gens ordinaires en oppresseurs et revisite au passage le statut de victime ou bourreau.



Le récit, qui se situe sous les dernières heures de la dictature militaire argentine (campagne des Malouines), en devient universel. Toute l'originalité de la démarche de Martin Kohan tient au fait qu'il nous permet de faire cette analyse uniquement en nous décrivant le quotidien de Maria Teresa, son travail de surveillante au Colegio Nacional, célèbre institut, ses veilles zélées cachée dans les WC hommes, son quotidien auprès de sa mère malade, contexte dans lequel on l'appelle d'ailleurs Marita, la dotant d'une autre identité.

Kohan écrit tout son récit au présent à la 3ème personne, tel un observateur extérieur qui nous dépeint ses personnages sans jugement. La sobriété de son style sied parfaitement à son récit plutôt grave.



Martin Kohan a reçu le Prix Herralde de Novela en 2007 pour ce roman.



Le réalisateur argentin Diego Lerman l'a adapté en 2010 au cinéma sous le titre "La mirada invisible".
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Le Conscrit

Ce livre m’a laissé sans voix et m’a un peu déconcerté !



C’est bien écrit, c’est facile à lire (les 20 chapitres sont divisés en paragraphes numérotés) tout est clair et ordonné, c’est presque banal.



Sauf que la banalité ici a pour objet une dictature où les médecins au lieu de soigner pour guérir, « soignent » pour que les prisonniers résistent le plus longtemps possible à la torture et se posent la question : « à partir de quel âge un enfant peut il être torturé ? »



Et au milieu de tout cela un conscrit qui ne semble avoir aucune notion de bien et de mal, vit sa vie comme si la dictature et toutes ces horreurs n’existaient pas ou ne semblaient pas le déranger. Comment peut ont vivre dans une dictature dans l’indifférence la plus totale ?



C’est la question que pose ce roman, qui nous fait aussi nous questionner sur la nature humaine. C’est un livre sur l’indifférence qui ne laisse pas indifférent



C’est malgré tout un très bon livre qu’il faut lire et que je recommande



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Le Conscrit

A partir de quel age un enfant un enfant peut-il être torturé ?



Trouver le médecin militaire qui aura l’autorité pour répondre à cette question. Un conscrit. La banalité d’un être qui ne réfléchit ni sur cette question, ni sur l’Argentine sous la dictature, ni à l’appel de la femme torturée. Cet homme ajoute le « ^ » pour une orthographe correcte. L’ordre dans les mots.



Martin Kohan, une nouvelle fois construit, simplement, sans fioritures mais avec de multiples détails, la froide activité d’êtres humains, leur soumission à l’obéissance, la banalité des « ordures » qui adorent le football, baisent des prostituées, vont à la messe. L’ordre avant tout. L’ordre de la routine, « La vie de routine exige tout d’abord un certain effort, mais, en définitive, une fois l’habitude prise, elle se révèle avantageuse ». Les mots de l’ordre.



L’ordre. Celui des conseils de cet autre médecin sur les viols d’une femme qui vient d’accoucher « Le Dr Padilla a recommandé aux intéressés, avant tout pour leur éviter de passer un mauvais quart d’heure, d’éviter d’user de la détenue pendant une trentaine de jours après l’accouchement » ou « Le Dr Padilla a expliqué que le commerce rectal avec la détenue ne devait pas entraîner de conséquences fâcheuses, dès lors que l’on évitait les mouvements trop brusques ». Les mots et les objets humains.



De petits paragraphes. Des faits, simples, ordinaires. La composition de l’équipe d’Argentine de football, puis avec les prénoms, puis avec leurs positions, puis le club d’origine des joueurs, puis leur date de naissance, leur taille, leur poids. Des informations essentielles, froidement énoncées comme à la radio le matin, entre deux faits divers. Des choses, des faits, pas de questions. Des visages sombres, celle de la défaite de l’équipe. Triste défaite mais l’ordre règne.



L’auteur introduit, en contrepoint, un espace autre, un homme écoutant de la musique au lieu de la retransmission, un homme invisible, un homme sans poids, un non événement, même pas un moment de désordre.



Je souligne les justes paragraphes sur cette relation du conscrit avec une prostituée, son exigence de ne pas faire semblant, puis de feindre le dégoût et l’horreur… L’ordre des prostitueurs.



Et encore des choses à faire. De l’ordinaire pas si commun.



« Je vous conduis chez vous, docteur ? Ai-je demandé de nouveau.

- Non, m’a-t-il répondu. Pas encore. »



Encore des choses importantes. Encore des choses à mettre en ordre…



Des années plus tard. De nouveau le football. Le passé au présent. Pas vraiment le passé. Toujours un certain ordre…



Un livre fort.
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Le Conscrit

Encore une très belle lecture conseillée par Bookycooky!



Livre étonnant par sa structure et son sujet traité. Peut être encore plus que l'indifférence, je pense que le sujet principal ici est la soumission à l'ordre établi (avec la caricature de la hiérarchie militaire) avec la perte de toute réflexion individuelle quant à l'ordre général. Ici, on ne pense que pour des choses aussi dérisoires que la coupe du monde de football!



Ce livre pourrait être inscrit dans les livres scolaires à lire de fin de cycle.
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Sciences morales

Une jeune surveillante dans un collège prend très à cœur la bonne conduite des corps, des tenues, la remise en ordre des moindres signes de subversion dans l’Argentine des années 80.



Perfectionniste à l’extrême, Maria Téresa sera amenée à rechercher la fumée d’éventuelles cigarettes dans les toilettes des garçons. Cette traque, considérée comme un devoir moral, dans des lieux si étrangers à son savoir, est particulièrement bien rendue par l’écriture et les sensibles variations de ces heures d’attentes.



De l’éveil de ses sens, de son corps, au viol par son supérieur, l’implacable discipline imposée aux autres se manifestera aussi, faut-il en être surpris-e, par la radicale violence d’un homme sur cette jeune femme.



Le style incisif mais jamais appuyé de Martin Kohan nous entraine, sans violence des mots, dans une implacable présentation de la spirale des dominations.



Un beau second livre après le déjà singulier Dix-sept secondes hors du ring (Seuil, Paris 2007)
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Le Conscrit

Est-ce une forme de pudeur qui pousse si souvent les auteurs sud-américains, lorsqu'ils évoquent les périodes sombres de leur histoire, à le faire de manière détournée ? Est-ce, sinon, un réflexe de prudence, justement hérité de ces périodes, pendant lesquelles il était recommandé de ne pas trop en dire ?

Du réalisme magique d'un Marquez ou d'une Allende aux allusions furtives d'un Bolaño, en passant par les métaphores d'un Bañez, leur inventivité semble sans limites quant aux subterfuges qui leur permettent de suggérer sans jamais la nommer l'implacable réalité.



La méthode de l'argentin Martin Kohan, dans "Le conscrit", est encore différente.

Le récit s'ouvre sur une problématique on ne peut plus explicite : "A partir de quel âge peut-on torturer un enfant ?". Telle est la teneur du message que le docteur Padilla a laissé à son confrère le médecin militaire Mesiano, dont il attend impatiemment une réponse. Seulement, ce dernier n'est pas vraiment pressé de satisfaire la demande de son collègue qu'il tient en piètre estime. Alors, il prend son temps, et avant de rendre visite à Padilla, se rend chez sa sœur, assiste à un match de foot, emmène son chauffeur dans une maison close.



Ce chauffeur, c'est le conscrit, et c'est aussi le narrateur. Un jeune homme qui n'est pas du genre à se poser des questions. D'ailleurs, son père lui a bien expliqué qu'à l'armée, moins on en pose et mieux c'est... Les règles sont simples : "tu salues tout ce qui bouge, et tu ignores tout ce qui se tient tranquille". Le conscrit est de toutes façons heureux de son sort, il a une bonne place, et la confiance du capitaine Mesiano.



L'enfant en attente de torture est relégué à l'arrière-plan, occulté par la voix du narrateur qui, au fil de brefs paragraphes, déroule son quotidien banal, tranquille. Son indifférence à ce qui se passe dans son pays, sous ses yeux, finissant par devenir assourdissante...

La relation des exactions commises dans les geôles du pouvoir de cette Argentine de 1978, entrecoupe son récit par intermittences, comme on lève, l'espace de quelques secondes, un coin de voile, ou comme on entrouvre une porte que l'on referme presque aussitôt, laissant entrapercevoir une violence dont l'ampleur est par ailleurs laissée à l'appréciation de l'intuition du lecteur.



Cette violence que l'on cache, révélant des victimes que l'on n'entend pas, exprimée par l'auteur avec un cynisme sous-jacent mais omniprésent, met extrêmement mal à l'aise.

Alors, pudeur ou prudence... après tout, peu importe. La dénonciation de la barbarie peut prendre des formes multiples, et ce sont pas les plus tonitruantes qui ont nécessairement plus de force.
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Le Conscrit

Je dois dire que j’ai choisi ce livre un peu par hasard car je voulais avant tout découvrir des auteurs inconnus à mes yeux. C’est en fouillant dans les rayons de la bibliothèque que je suis tombée dessus. Le résumé m’a de suite interpellé et j’ajouterais même qu’à sa lecture, ce roman m’a retourné.



Tout d’abord par sa mise en page particulière ; en effet, chaque chapitre porte pour titre un numéro et chaque paragraphe est numéro en chiffres romans. S’alternent l’avancée du personnage principal et des événements totalement banaux dont on ne sait pas trop ce qu’ils viennent faire là jusqu’au moment où cette phrase fait son apparition.

« A partir de quel age un enfant un enfant peut-il être torturé ? »

Cette réponse, il devrait obtenir en retrouvant le médecin. Cette mission devient son but unique et rien ne pourra le faire sortir de sa route. Le Conscrit vit sa petite vie sans vraiment se poser de questions, il est bien considéré, il a une bonne place (celle de chauffeur du Dr Messiano). Il décrit son quotidien dans un récit banal mais c’est ça qui interpelle. Comment peut-on mener à bien une mission sans réfléchir à ce qu’il se passe au delà?



L’auteur a l’art de faire passer des moments durs et éprouvants et les racontant comme on irait chercher un verre de lait dans le frigo. Les événements sont énoncés aussi platement que ça rajoute de la terreur.



Ce livre questionne sur l’indifférence humaine qui finalement ne laisse pas l’homme de marbre lorsqu’il prend conscience de ce qu’il se passe au delà de ses œillères. Je vous le conseille.
Lien : https://lailybrindor.com/201..
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Sciences morales

Ce roman raconte à la manière du pamphlet parce qu'il est à la fois court virulent et qu'il critique avec beaucoup d'audace la dictature en place. Cette histoire se passe en Argentine sous la dictature et en pleine guerre des Malouines. Derrière les grilles d'un collège qui forme les élites de demain, des surveillants zélés mettent en place leur propre dictat sur les élèves. Chacun à sa manière investit son rôle. Ce roman raconte la lente descente aux enfers d'une jeune surveillante qui trompe son ennui en menant une enquête pour découvrir d'éventuels fumeurs. Les toilettes masculines deviennent le terrain de prédilection de la jeune femme qui pense que ce lieu isolé et intime est l'endroit idéal pour fumer en cachette. les pages qui décrivent l'occupation des wc par la gente masculine sont croustillantes. Le sourire devient vite grimace quand le manège de cette petite surveillante un peu pervers va tomber sur plus pervers qu'elle. Martin Kohan démontre comment les rouages d'une dictature déséquilibrent les êtres humains. Un livre qui se lit et se médite.........

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Dix-sept secondes hors du ring

C'est étonnant ce qu' il peut se passer en 17 secondes grâce à l'imagination d'un écrivain.

Le fait sportif qui sert de base au roman est connu et célèbre dans le monde de la boxe.

Mais qui aurait pu imaginer un tel monde parallèle habité par une intrigue qui même si elle ne tient pas en haleine, déclenche de la curiosité et fini par nous emmener à la fin du combat. L'ambiance Amérique du Sud des années 20 rajoute un effet intéressant à l'intrigue.
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Sciences morales

Les deux romans lus, à ce jour, de Martín Kohan, m'ont convaincue que cet auteur argentin maîtrise parfaitement l'art du détournement, d'exprimer indirectement un propos qu'il rend néanmoins limpide...



María Teresa est depuis peu surveillante au Colegio Nacional de Buenos Aires, qui accueille l'élite de la nation argentine. Anciennement baptisé "Collège des Sciences Morales", l'établissement s'honore d'avoir formé plusieurs célébrités de l'histoire militaire et politique du pays. On y enseigne une discipline rigide et patriotique.



Maria Teresa a vingt ans. Sa timidité naïve, sa méconnaissance des hommes et son physique insipide en font une sorte de vieille fille avant l'âge. Elle vit d'ailleurs toujours chez sa mère, qui flirte avec la dépression depuis que son fils a été mobilisé, et qu'il envoie des cartes postales de plus en plus lapidaires, témoignant de transferts de plus en plus lointains.



La jeune femme remplit sa mission avec zèle, désireuse de susciter l'admiration du surveillant général Biasutto, symbole d'une autorité omnisciente et intransigeante, sorte de héros parmi les autorités du collège, qui voit dans les geste anodins élèves des provocations, des actes témoignant d'un esprit de subversion qui couverait, appelant une extrême vigilance. Aussi, lorsqu'elle soupçonne certains élèves de fumer dans les toilettes du collège, les prendre sur le fait devient une obsession. Elle se dissimule des heures durant dans une cabine de W.-C., y devient l'invisible témoin de la vie dans ce qu'elle a de plus trivial, et y prend une sorte de plaisir inconscient, coupable d'un voyeurisme qui s'ignore, nourri d'ignorance plutôt que de perversion. Paradoxalement, son zèle s'accompagne d'une angoisse sournoise et croissante, qui s'exprime lors de la réalisation de certaines de ses missions quotidiennes, lui provoquant des vertiges, ou la plombant dès le matin d'une fatigue insidieuse.



Un jour, le piège qu'elle a créée en se dissimulant dans les toilettes se referme sur elle...



Martín Kohan n'évoque quasiment jamais le contexte de son récit, mais parvient à le rendre criant, et d'autant plus angoissant qu'il est tacite. Quelques indices sont essaimés : une année -1982, celle de la guerre des Malouines qui sonnera le glas de la dernière dictature argentine-, quelques allusions aussi brèves qu'obscures à des listes noires, à des désordres obligeant les collégiens à rentrer chez eux en contournant la Playa de Mayo, proche de l'établissement. Il recrée dans le microcosme du collège les conditions d'un système dictatorial, basé sur la délation, où personne n'est à l'abri des abus de pouvoir, pas même ses collaborateurs les plus empressés. Le personnage de Maria Teresa est le symbole d'une obéissance aveugle : elle applique les consignes sans s'interroger sur leur sens, subit elle-même la violence du système, sans pour autant le remettre en cause...



Sous les apparences de la banalité, de l'anodin, l'auteur exprime une violence sourde, masquée par une chape de déni et de silence. Glaçant.


Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Sciences morales

J'ai préféré Le Conscrit. Ici, l'auteur tourne trop longtemps autour du pot. Bien écrit.
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Le Conscrit

A relire ?
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Le Conscrit

Ce livre, d'une désarmante douceur, fait régulièrement passer des frissons dans les dos quand il met en scène, par touches tellement insignifiantes, des situations, des actes d'une horreur totale.
Lien : http://www.actualitte.com/cr..
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